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sur 972 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est pas si facile d'être une femme libérée comme disait le grand philosophe Cookie Dingler !!! Olympe de Gouges était de ces femmes-là. Catel et Bocquet dans ce roman graphique de 500 pages, remettent en lumière la vie tumultueuse de cette jeune femme, très tôt marié et très tôt devenue veuve Aubry, célèbre pour son franc parler, sa passion pour les lettres et le théâtre. Indépendante, cultivée, libertine, elle clame haut et fort que la femme est l'égal de l'homme et prêche pour être sur un pied d'égalité. Elle dénonce aussi l'esclavage et se bat pour son abolition. Révolutionnaire, non ?
Et c'est ce qui causera sa perte, il ne fait pas bon en cette dernière décennie du dix huitième siècle, de dire haut et fort, ce qui nous parait des évidences deux siècles plus tard (quoiqu' il y a encore du boulot). Les coupeurs de tête (merci Mr Guillotin) s'en donnent à coeur joie, arrêté, jugé, raccourci en vingt quatre chrono. Pardon, je m'égare.
On suit avec plaisir ce destin hors norme car le travail scénaristique est parfaitement maitrisé, on croise tout du long de grands personnages de l'époque (Franklin, J.J. Rousseau, les comédiens du Français, les principaux protagonistes da la révolution française et.), on apprécie les répartis cinglantes et pleines d'esprit de miss Olympe, on est touché par la protection maternelle pour son fils Pierre, intéressé par les intrigues et influences du pouvoir. Un roman graphique en noir et blanc dense, qui rend un bel hommage à cette femme idéaliste et passionnée.
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Marie Gouze naît à Montauban en 1748, de Anne-Olympe et de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, qui n'est autre que l'amant de cette dernière. Elle ne voit qu'occasionnellement son papa puis plus du tout lorsque sa maman se remarie avec un certain Cassaigneau. Une enfance plutôt calme dans la bourgeoisie montalbanaise. Attirée par les lettres et par Valette, un poète protégé de Voltaire, à 17 ans, elle se fiance néanmoins, poussée par sa famille, à Louis-Yves Aubry, officier de bouche du Compte de Gourgues. le mariage est célébré en 1765. L'année suivante, elle donne naissance à son fils Pierre. Malheureusement, une crue ravage la ville, provoquant noyades et fièvres. Louis-Yves meurt peu de temps après. Désormais veuve, elle sort, s'intéresse au théâtre, fréquente les salons. Celle qui se fait maintenant appeler Olympe de Gouges s'affirme et affirme sa nouvelle indépendance...


Un travail considérable (pas moins de 400 planches complétées de nombreuses pages de biographies et d'une chronologie) pour le portrait d'une femme hors du commun. Féministe engagée, défenseure des droits de la femme, militante contre l'esclavage et la peine de mort, militante pour le droit de vote et le divorce pour les femmes, femme de lettres se déclamant indépendante de corps et d'esprit, partisane de la monarchie constitutionnelles et de la république, Olympe de Gouges incarne toutes ces femmes. Esprit rebelle devant s'opposer à bon nombre de détracteurs, elle n'aura de cesse, tout au long de sa vie, de lutter contre les inégalités sociales. José-Louis Bocquet dresse un portrait pour le moins fouillé, fortement documenté et très instructif (à partir de travaux d'historiens et de textes autobiographiques). Un album qui, sur cette longueur, manque parfois de souffle tant l'auteur s'attarde sur les événements. Il restitue néanmoins parfaitement le portrait d'une femme libre, anticonformiste et, rappelons-le, auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791). Une biographie intéressante dans un contexte historique qui l'est tout autant. Graphiquement, Catel donne vie à cette femme passionnée avec plus ou moins de précision. Les dialogues et le texte sont si denses que, finalement, l'on ne s'attarde peut-être pas beaucoup sur le dessin.
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UNE FEMME CONTRE LES INJUSTICES D'UN MONDE MÂLE.

Que sait-on, aujourd'hui, d'Olympe de Gouges ? La question peut sembler un rien provocante, tandis que son nom est aujourd'hui sur bien des lèvres, pour peu que l'on soit attaché à l'égalité universelle entre les sexes. Mais il n'en a pas toujours été ainsi et la quasi redécouverte de ce personnage certes haut en couleur, révolutionnaire par bien des aspects (et sans doute plus sur ces aspects-là que ceux ayant l'estampille historique ad hoc), aussi intéressant qu'attachant ne date en réalité que de la fin du siècle passé.

C'est en particulier par ce pastiche - sérieux et sincère mais jugé de fort mauvais goût en son temps - de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen, qu'elle allait rebaptiser Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne que la citoyenne Gouges allait se refaire une réputation d'outre-tombe. Mais ce serait vraiment réduire de beaucoup une vie aussi brève que palpitante à ce seul vibrant libelle.

Née Marie Gouze d'une mère, Anne-Olympe, mariée jeune à Pierre Gouze, bourgeois de Montauban et maître boucher, mais d'un géniteur très probablement issu de la haute noblesse, le marquis et académicien Jean-Jacques Lefranc de Pompignan (lequel était aussi le parrain de sa maîtresse. Il n'y avait cependant que trois ans de différence d'âge entre eux), le ci-devant marquis ne voulu jamais reconnaître cette "bâtarde", au contraire de Gouze.
Mariée très tôt comme il était d'usage à l'époque - elle avait dix-sept ans - à un homme choisi par sa mère devenue veuve une première fois mais remariée, elle fut presque aussitôt débarrassée, d'une mauvaise fièvre, de cet homme qu'elle n'aimait point, dès l'année suivante. Elle eut le temps d'en avoir un fils mais ne se remaria jamais, malgré une longue, belle et très libre histoire avec un noble lyonnais aisé du nom de Jacques Biétrix de Rozières, qui lui assurera son train de vie presque jusqu'à la fin et malgré leur séparation un peu avant la révolution.

Libre de coeur et de corps, elle le fut aussi d'esprit : bien que très attachée à l'esprit des lumières, elle détesta cordialement Voltaire qui avait eu la mauvaise grâce de flétrir le nom de son académicien de géniteur, par toute une série de libelles d'abord, le coup de grâce ayant été donné à la suite d'une pièce du montalbanais intitulée Didon -très vitement surnommée "Dindon"- à laquelle Voltaire répondit par une autre pièce au doux titre de "Le Fat puni" où chacun pu reconnaître sans mal le fameux marquis, devenu très dévot depuis son remariage avec une dévote très fortunée...

C'est aussi que la jeune femme, qui prendrait bientôt pour pseudonyme celui sous lequel nous la connaissons aujourd'hui, Olympe de Gouges, adopte les engagements de son temps et puisqu'elle déteste Arouet elle adorera Rousseau (elle s'appliquera même à suivre au plus près les préceptes défendus dans l'Emile pour l'éducation de son fils Pierre) ! Pourtant, nul doute que son caractère, sa verve, son sens de la répartie et son amour du théâtre (que Jean-Jacques jugeait comme le pire des arts) s'approchait bien plus de celui de l'auteur de Zadig que de celui des Rêveries du promeneur solitaire...

La vie de la jeune provinciale bascula véritablement lorsque, à l'âge de vingt-cinq ans, elle suivit son amant à Paris. Y apprenant presque tout (elle savait alors à peine écrire) et très vite, elle y rencontrera une bonne partie de la vie intellectuelle et artistique de son temps : les Condorcet (Sophie de Condorcet, l'épouse du grand scientifique, anti-esclavagiste et éminent révolutionnaire, fera découvrir, à Olympe, par ses traductions, une autre féministe de l'époque, la très virulente Mary Wollstonecraft), Louis-Sébastien Mercier (dont on redécouvre peu à peu l'oeuvre injustement oubliée), Talma (qui fut, probablement, le plus grand comédien de son époque), le couple Helvétius (qui tenait l'un des salon les plus réputés), le fameux chevalier de Saint-Georges (qui l'aida dans sa prise de conscience du drame de l'esclavage), elle croisera Benjamin Franklin, admirera Mirabeau presque autant qu'elle adula Rousseau (qu'elle ne fit jamais qu'apercevoir), sera admise auprès de Philippe d'Orléans, futur Prince du sang et bientôt rebaptisé "Philippe Égalité", connaîtra Pilâtre de Rozier, précurseur de l'aéronautique (elle assista à ses cours) et bien d'autres encore, importants hier, oubliés aujourd'hui.

Passionnée par les arts de la scène, elle posséda son propre théâtre amateur ; elle rédigea plusieurs pièces à thèmes, en faveur du divorce par exemple, mais la pièce qui aurait pu faire sa renommée avait pour sujet un propos lui tenant particulièrement à coeur : l'esclavage, dont elle fut une ardente et sensible adversaire. Mais les comédiens de la comédie française - qui étaient alors seuls à Paris à détenir un privilège royal, imposant un dictact honteux aux autres salles -, s'ils acceptèrent cette oeuvre à leur répertoire furent de si mauvaise grâce à la représenter qu'elle sombra dans l'oubli presque aussitôt jouée. Il faut dire que nombre d'esclavagistes avaient leur propre loge et les contrarier aurait pu être dommageable pour les finances de l'institution...

Lorsqu'arriva la révolution, Olympe prit résolument parti pour les girondins (favorables, pour aller très vite, à une monarchie constitutionnelle, pour un pouvoir décentralisé, une certaine autonomie laissée aux provinces, prônant généralement un certain libéralisme tant de moeurs qu'économique et politique. Ils votèrent contre la mort du roi). Elle-même était propice au maintien de la royauté, au sein d'une monarchie constitutionnelle. Il faut dire aussi qu'elle avait trop d'amis aristocrates - bien que généralement parmi les plus "éclairés" qui soient - pour ne pas s'inquiéter des chemins mortifères vers lesquels la Révolution semblait se diriger, sous la houlette des Marat, Collot d'Herbois (une sorte d'ennemi intime d'Olympe), des Fouquier-Tinville, Danton, Desmoulins, Saint-Just ainsi que son plus symbolique représentant d'alors, Robespierre.

Après s'être attiré l'ire de Marat jusqu'à son assassinat, elle fit tant et si bien contre Robespierre par toute une série de libelles et d'affiches qu'elle finit ainsi par s'attirer les foudres du Comité de Salut Public, l'accusant, suite à la dénonciation de son afficheur, de défendre le régime monarchique par le biais d'un texte qui n'eut même pas le temps d'être placardé "les trois urnes" dans lequel elle tâche de défendre une position modérée ne rejetant ni l'aristocratie ni la royauté dans les enfers révolutionnaires. Après quelques mois de prison, y poursuivant malgré tout, avec courage, son oeuvre polémique et ses diatribes à l'encontre de Robespierre qu'elle compare à un Tyran, elle sera jugée et condamnée à mort le 2 novembre 1793, en plein dans cet épisode sanglant de la Révolution Française nommé, par décret du 5 septembre de cette même année, la Terreur. Elle sera guillotinée le lendemain. Elle avait Quarante-cinq ans.

Ce beau "pavé" de quelques cinq cent pages (en comprenant les notices bibliographiques), avec Catel Muller au dessin et José-Louis Bocquet au scénario n'a pourtant pas pour illusion de rendre in extenso la vie hautement trépidante d'une jeune femme engagée de la fin de ce XVIIIème siècle si remuant. On pourra peut-être lui reprocher de ne présenter que cette "France d'en-haut" de l'époque - même si la future Olympe est d'extraction sociale "moyenne", malgré un géniteur de la haute noblesse provinciale -, de trop centrer l'histoire sur et autour d'Olympe, passant très vite sur les remous politiques et sociaux de l'heure, mais le parti-pris est aussi défendable que parfaitement assumé par les deux auteurs. Par ailleurs, l'ascension de cette jeune femme fut telle qu'elle n'eut guère le temps de demeurer véritablement au sein des classes sociales les plus basses. Mais cela ne l'empêcha jamais d'en connaitre et d'en ressentir la misère et les souffrances.

Bien que l'on redécouvre depuis une trentaine d'année l'oeuvre militante de cette femme, (on retiendra tout particulièrement le "Ainsi soit Olympe de Gouges" de Benoîte Groult, une biographie facile d'accès et présentant un choix de ses textes engagés), énergique, altruiste, digne et fière, il était bon que soit publié une telle biographie (que l'on pourra estimer romancée mais qui colle d'aussi près que possible à l'existence passée de Marie Gouze) au dessin très vif, facilement lisible, donnant mieux à comprendre les atmosphères, les caractères de l'époque que n'aurait pu le faire un dessin au style plus réaliste mais peut-être plus ampoulé ou trop éloigné des canons du genre. Quant au texte, il allie extraits d'oeuvres, bon mots véridiques et dialogues contemporains parfaitement intégrés sans jamais céder à une sorte d'esthétisme linguistique improbable, travers fréquent des bande-dessinées à caractère historique.

Sans oublier les incontournables repères biographiques de fin d'ouvrage, de même qu'une belle galerie de portraits de femmes et d'homme qui croisèrent, directement ou indirectement, la vie d'Olympe, se concluant sur une assez complète bibliographie, il est important de préciser que tout "roman graphique" puisse-t-il être, ce réjouissant et utile volume se place sous l'angle du sérieux historique.

On reprochera peut-être cet angle donné à l'ensemble qui donne le sentiment, une fois le livre achevé, que l'oeuvre d'Olympe, sa vie, ses engagements eurent plus d'importance en son époque que l'histoire ne le montre, malgré toute la meilleure volonté du monde. Olympe de Gouges fut sans aucun doute un esprit merveilleux, enthousiaste, jamais las de la lutte contre les injustice - toutes les injustices - employant son temps, son énergie, ses biens (et un peu ceux de ses proches...), ainsi que tous les moyens de communication de son siècle pour faire évoluer les mentalités, les hommes et les lois. Mais ce n'est pas lui faire injure que d'estimer son action comme secondaire dans le flot tumultueux des cinquantes dernières années du siècle des lumières.

On ne peut, somme toute, lui reprocher que l'irréprochable - ce contre quoi elle lutta de toute son âme -, qui est d'avoir été femme dans un monde qui ne laissait place qu'aux hommes pour toute autre chose que la maison, la maternité et l'éducation des jeunes enfants. Venue trop tôt avec des idées trop neuves (et plus encore pour le siècle abominablement réactionnaire à venir), il n'est que justice de montrer enfin ce que furent ces quelques trop rares esprits féminins dont l'histoire a cependant pu garder autre chose qu'un simple nom dans un registre d'état-civil...

Au-delà de ses combats, essentiels, - celui pour les femmes et celui pour les esclaves en tête - c'est aussi l'exemple d'un esprit libre, d'une parole libre et d'une vie aussi libre que le permettait la société de son temps qu'il est bon de retenir, de mettre en avant. Un tel message demeure universel : plus que jamais s'en souvenir !
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Olympe de Gouges coécrit par Catel et Bocquet est un livre que l'on qualifie de roman graphique, c'est-à-dire une bande dessinée généralement longue, sérieuse et ambitieuse, destinée à un lectorat adulte, la BD étant en fait quelque chose de ludique, frivole que l'on réservera aux enfants.
Au passage, je signale que ce roman à près de 488 pages et pèse 1 049 grammes (c'est mon amie Lydia qui l'a pesé), donc, il faut être bien calée pour le lire, sinon il s'échappe des mains.

Ce que j'en pense :
Ce roman graphique est très intéressant car on y trouve une étude très détaillée de la société de la deuxième partie du XVIIIe siècle. Les auteurs s'attardent (un peu trop à mon goût) sur son enfance en province pour démontrer les écarts de la société de l'époque, avant d'entrer dans la vie d'Olympe à Paris.
La vie d'une femme engagée, qui lutte conte les inégalités sociales, les riches et les pauvres, mais aussi les hommes et les femmes, les inégalités raciales aussi (cf. la pièce où elle dénonce l'esclavage et se bat pour son abolition, ce qui est l'avis de peu de personnes à l'époque, beaucoup vivant de la traite des noirs), et elle n'hésite pas à publier ses écrits, ses pièces qui seront jouées au théâtre Français, mais aussi ses affiches qui ne plairont pas à tout le monde.
Elle n'abandonnera jamais son combat, et avec elle on rencontrera Condorcet, Bernardin de Saint Pierre, Benjamin Franklin, Danton, Louis XIV, Robespierre, ainsi que les comédiens du théâtre Français qui ne la voit pas d'un bon oeil, car elle est trop libérée pour eux, ainsi que l'on verra défiler l'histoire de la Révolution …
On lui doit une oeuvre maîtresse : « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Elle dérange beaucoup et finira sous la machine infernale du Dr Guillotin…
Cette femme intelligente, cultivée, en avance sur son temps, pour laquelle les termes Liberté, Egalité et Fraternité ne sont pas que des mots, qui se battra toute sa vie pour les droits de la femme et la liberté d'expression, m'a toujours fascinée mais je ne savais d'elle que son engagement politique. Je n'ai lu aucun de ses textes et je découvre une autre facette de ses talents. Que dirait-elle de ce qu'est devenue la révolution et la patrie des droits de l'homme ? A-t-on vraiment avancé dans le domaine des droits de la femme ?
Un roman graphique intéressant mais pesant au sens propre comme au figuré, avec des dessins en noir et blanc dont on finit par se lasser, car ils sont loin d'être légers, fins comme dans le manga de Fuyumi SORYO. En effet, le trait est assez lourd, épais, il relègue un peu trop le texte au second plan.
Note : 7/10

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Qui ne connaît pas aujourd'hui Olympe de Gouges, figure emblématique de la Révolution française et auteure de la fameuse « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » qui paya de sa vie sa trop grande franchise et son indépendance ? A la fois fille des Lumières, femme de lettre, républicaine, libertine et féministe avant l'heure, Olympe se distingue par son parcours et sa personnalité atypiques qui lui valent d'être mise à l'honneur par José-Louis Bocquet (au scénario) et Catel Muller (au dessin) dans ce roman graphique éponyme. Et quel ouvrage ! Lourd de près de 500 pages et agrémenté d'un dossier historique complet, le roman expose avec un luxe de détails et par le biais de dessins en noirs et blancs simples mais soignés ce que fut la vie de cette femme d'exception, de son enfance insouciante à Montauban au milieu du XVIIIe siècle à son combat lors de la Révolution pour la modération et le droit des femmes. Ce sont donc pas moins de cinquante ans d'histoire qui défilent devant les yeux du lecteur qui en apprendra autant sur Olympe du Gouges que sur le contexte politique et social de la France de la Révolution.

Le portrait est aussi complet que passionnant : épouse et mère à dix-huit ans, veuve presque aussitôt après et bien décidée à ne pas se laisser à nouveau enchaîner par les liens du mariage, la jeune Olympe ne tarde pas à migrer vers Paris où elle se découvre une véritable passion pour le théâtre. Son libertinage notoire et ses écrits jugés trop engagés (elle s'est notamment déclarée en faveur de l'abolition de l'esclavage) lui vaudront autant d'amis subjugués par sa personne que d'adversaires acharnés à la faire tomber. le climat sanguinaire qui règne lors de la Révolution aura finalement raison d'elle et provoquera en 1793 son emprisonnement puis son exécution. Bocquet et Catel reviennent sur tous ces épisodes, et bien d'autres encore, avec un souci du détail remarquable et en prenant bien soin d'alterner scènes intimes entre Olympe et ses proches et scènes plus « historiques » dans lesquels elle est amenée à côtoyer les plus grands et où est abordé son engagement politique. « La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. », voilà ce qu'elle défendra becs et ongles, jusqu'à la mort.

Un roman graphique dense et complet qui rend un bel hommage à cette femme hors du commun et à son combat pour la fin de l'asservissement des femmes et l'obtention du droit de vote. Un combat qui, comme on le sait, sera gagné bien tardivement en France puisqu'il faudra attendre 1944 pour que ce droit leur soit enfin accordé.
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Olympe de Gouges : une femme importante dans l'Histoire de France mais qui était boudée quand j'étais au collège (et même au lycée). Qui s'en souvient ? Très franchement, si je n'avais pas eu cette prof (certes un peu cinglée) en 4ème, ultra féministe, je crois que je ne me serais même pas arrêtée sur cet ouvrage.
Quel dommage !!

Pour ceux qui aiment l'ambiance fin XVIIIème siècle, je vous le conseille !
Tout y est, ce qui a permis de dérouiller un peu ma mémoire : Voltaire (vs Rousseau!), l'affaire Callas, les saignées, l'éducation des femmes, la fuite du roi à Varennes, les sans-culottes,...
Et la façon dont le récit progresse permet de voir clairement le passage de l'Ancien Régime à la Terreur.

Au-delà de cet aspect pédagogique, j'ai trouvé que les débats très animés qui avaient lieu à cette époque résonnent très actuels (aujourd'hui encore...).
Pas seulement ceux sur la question de l'abolition de l'esclavage de la liberté et du suffrage universel, mais aussi ceux autour du fanatisme religieux et de la misère du peuple :
" (...) la colère gronde : le pain est trop cher et les salaires trop bas ! "

Bien sûr, tous ces évènements sont vus par le prisme de la vie d'Olympes de Gouges. Une femme aux moeurs choquantes pour son époque, et pas seulement à cause de son libertinage. C'est aussi une femme qui s'est battue pour ses idées et son pays toute sa vie.

A découvrir !
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Olympe de Gouges, Charlotte Corday, des femmes dont je n'avais jamais entendu parler lors de mes cours d'histoire sur la révolution française. Cela prouve bien qu'il y a encore du travail pour mettre en lumière le destin des femmes illustres - même si Charlotte Corday est davantage connue pour avoir tué Marat -, qui assument leurs idées, leurs actes, leur liberté, leur indépendance et jusqu'au-boutistes dans leur volonté de justice et d'égalité. Le format roman graphique permet de bien appréhender l'Histoire, la société et l'esprit dans lesquels elles ont évolué.
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Tout le monde connait le nom d'Olympe de Gouges. Beaucoup de femmes éprouvent à son égard une certaine reconnaissance, à juste titre. Mais, il faut bien avouer qu'en dehors de sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, la plupart d'entre nous en sait bien peu sur sa vie et son oeuvre. Cette bande-dessinée scénarisée par José-Louis Bocquet et illustrée par Catel est l'occasion de combler ces lacunes.

Le scénario retrace toute la vie d'Olympe depuis son enfance provinciale jusqu'à sa mort sur l'échafaud, évoquant la femme de lettres et d'idées qu'elle était tout en n'omettant pas les aspects plus personnels de sa vie.
Ce récit permet de se rendre compte que ne parler d'Olympe de Gouges qu'à travers le prisme du féminisme est réducteur. Si elle a, bien sûr, mené ce combat pour le droit des femmes avec acharnement et passion, elle s'est également impliquée dans d'autres combats sociaux et politiques. On découvre notamment qu'elle était très engagée en faveur de l'abolition de l'esclavage et a même écrit une pièce sur le sujet.

Cette bande-dessinée permet également de réviser son Histoire de la Révolution française. le contexte socio-politique et culturel est parfaitement rendu. Au cours du récit, on croise de grandes figures de l'époque comme Rousseau, La Fayette, Condorcet, Talma, Franklin... mais on prend également plaisir à découvrir d'autres personnalités moins connues (en tout cas, je ne les connaissais pas) telles Théroigne de Méricourt, Jean-François Pilâtre de Rozier, Anne Catherine de Ligniville Helvétius.

Le dessin de Catel, à la fois simple et direct tout en étant détaillé est agréable. Les personnages sont expressifs et parfaitement identifiables malgré leur grand nombre. Sans être extraordinaire, le trait est parfaitement lisible et permet à ce pavé de se lire très facilement.

Ce roman graphique permet de se replonger dans cette exaltante période de l'Histoire et permet de mieux connaitre une grande figure intellectuelle dont les combats ont contribué à façonner la France actuelle. En ces temps troublés, où dans les médias on s'interroge beaucoup sur ce que sont les valeurs de la France, se souvenir d'Olympe de Gouges, de son sens de l'égalité, de son goût pour les belles lettres, de son Humanisme, est peut-être un début de réponse.
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3ème RV avec cette association de bienfaiteurs que sont les créateurs de cette BD. J'ai surtout adoré Joséphine Baker. Me voici donc partie avec Olympe de Gouges (1748-1793), morte guillotinée sous la révolution. Féministe avant-garde, libertine, femme de lettres et théâtre, dénonçant l'esclavage. Encore un sacré portrait de femme passionnée et passionnante ! Comme toujours bien documenté. A quand la 4ème association ? de la qualité comme cela, on en redemande.
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Une oeuvre graphique très complète, un gros pavé (plus de 480 pages) pour raconter la vie foisonnante de Marie Gouze dite Olympe de Gouges, une des pionnières du féminisme. Ses idées avant-gardistes et son engagement personnel lui coûteront la vie, elle sera guillotinée à l'âge de 45 ans, victime de la terreur.

Native de Montauban, elle est vraisemblablement la fille adultérine de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, mais a été déclarée fille de Pierre Gouze, maître boucher. Sa jeunesse se déroule dans un milieu bourgeois ; à 17 ans elle est mariée par ses parents et à 18 ans elle devient mère et veuve. Dès lors, avide de liberté, elle souhaitera être maitresse de son existence, de ses relations et de ses amours, quitte à mettre sa réputation en péril.

Avec un caractère bien trempé, rebelle et volontaire, Marie désormais Olympe de Gouges va nouer de nombreuses relations dans la haute société et fréquenter des salons littéraires. Devenue écrivaine elle va écrire des pièces de théâtre et de nombreux pamphlets politiques, revendiquant le droit des femmes et des déshérités. Toute sa vie elle va défendre des valeurs humanistes et se battre contre le racisme, l'esclavage et toutes les formes de violence. Longtemps restée dans l'oubli et reléguée en arrière plan, Olympe de Gouges est depuis plusieurs décennies considérée comme une des premières féministes. N'a-t-elle pas rédigé avec ferveur "La Déclaration de la Femmes et de la Citoyenne" et déjà revendiqué le droit de vote, droit que les femmes n'obtiendront avec réticence presque deux cents ans plus tard !

Les auteurs Catel et Bocquet ont réalisé dans cette biographie très touffue un énorme travail de documentation. Les événements et bouleversements se succèdent rapidement et l'on croise une foule de personnages historiques connus. le lecteur peut parfois avoir du mal à se repérer dans cet ouvrage (ce fut mon cas) même si à la fin de l'album des fiches explicatives, très bien faites, sont à disposition. Tout en noir et blanc, avec des traits appuyés, les graphismes sont agréables ; les dialogues sont fluides et savoureux et l'histoire foisonnante comme le fut la vie d'Olympe de Gouges. Un pertinent portrait de femme et de féministe convaincue.

"La femme nait libre et demeure égale à l'homme en droits."
(1er article de la Déclaration de la Femme et de la Citoyenne)

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