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EAN : 9782882534460
192 pages
Luce Wilquin (13/08/2012)
3/5   3 notes
Résumé :
Il ne parle à personne. Normal : il n'a pas de bouche. Il ne parle à personne, sauf à son grand-père, mort avant sa naissance. À lui, il adresse de longues suppliques, des invectives, des appels silencieux. Parce que l'aïeul en question s'est tranché les veines dans une vigne, quelque cinquante ans plus tôt, sans qu'on sache pourquoi. Ensuite, tout le monde s'est tu - gentil petit secret de famille -. Sauf que le narrateur, ce Je bouche cousue, n'en peut plus. Il ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je me suis demandée comment j'allais bien pouvoir faire cet article. le faire comme à l'habitude, quelque part ça ne me donne pas envie car ce livre je ne l'ai pas aimé et je suis très déçue. le titre me parlait, la quatrième aussi, la couverture aussi… Mais dedans… Je me suis ennuyée. Ce que je retiens surtout de la quatrième de couverture c'est « de longues suppliques, des invectives ». Tout ce roman, autobiographique, n'est que tourments, colère, injures dans un style qui me laisse vraiment perplexe… Des phrases qui ne sont pas terminées, qui en effet démontrent le mal-être de l'auteur, mais c'est très agaçant, surtout car c'est à longueur de temps. Des phrases interminables qui prennent parfois plus d'une page, peut-être même deux (page 46 et 47). Des mots répétés sans cesse, comme un bégaiement. Un écrit comme l'on parle, une pléthore de mots grossiers et crus. Enfin tout ce que j'aime ! J'ironise bien entendu.

Alors j'ai bien compris que cette façon de faire était un reflet de l'esprit tourmenté de cet homme face à un mensonge perpétré depuis la mort de son grand-père. le suicide du grand-père a été passé pour un accident, sa grand-mère a fait en sorte que tout reste sous silence, avec pour complice toute la famille. Il en a souffert et éructe à tout va toute cette douleur, de façon pour moi trop agressive. J'ai trouvé tout cela bien trop exagéré, non que je dénonce une exagération de ses souffrances, mais pour moi c'est trop, trop cru, trop de colère, trop de pathos, pas assez de pudeur. Et puis toutes les personnes qui l'entourent ou qui sont mortes sont les fautifs de l'échec de sa vie. « Tout ce que je traîne d'interrogations, d'incertitudes, de doutes sur l'amour, je te le dois, René. » Non, je n'y arrive pas. Je suis navrée pour l'auteur d'être totalement passé à côté et pourtant cela aurait pu me plaire, si le style, la manière, le vocabulaire avaient été différents. Je ne suis pas convaincue que la meilleure façon d'accoucher de ses souffrances soit par la voie de l'agressivité verbale et de la vulgarité. C'est vrai que tout ça est souvent mêlé à une certaine violence pour s'en défaire… Chacun sa manière me direz-vous. Certes, mais en tout cas, cette façon-là ne me séduit pas. Pourtant il ne manque pas d'ironie et d'autodérision, ce qui aurait pu me plaire… Ici on comprend bien tout le mal que cette histoire de famille lui a fait, passant de la dépression, à l'alcool, à la drogue. Ce qui, à mon avis, explique ce style d'écriture. C'est très réaliste, c'est certain. Sa tourmente est réelle. C'est d'ailleurs douloureux de lire autant de mal-être. Tout n'est pas « mauvais », il y a des moments que j'ai appréciés, mais qui pèsent si peu dans la balance, malheureusement…

Si vous souhaitez lire la déchéance, la douleur, l'égarement, la rancoeur, l'amertume et la colère d'un homme face à quelqu'un qu'il n'a pas connu et qu'il rend responsable de ses tourments de vie, enrobé de vulgarité, ce livre est pour vous. « (…) comment veux-tu que j'aille aux putes, Maman, ou que je tombe amoureux quand il y a dans mon slip la bite d'un homme mort, d'un homme qui s'est tranché les veines, quand la première femme de ma vie, Maman, m'a menti, m'a menti si longtemps, comment veux-tu que je puisse, que j'aille aux filles, aux putes, que je ne sois pas impuissant ? » J'ai bien saisi le manque éprouvé de son grand-père mais je n'ai pas aimé la forme utilisée. Il y a quand même de l'espoir, mais il arrive un peu tard…

J'ai voulu être honnête en donnant mon avis. Cependant je ne dis pas que je ne relirai pas cet auteur car j'ai quand même vu une belle écriture parmi ce que je n'ai pas aimé. Je ne sais donc pas si ce style est propre à ce roman ou à toute le reste de ses ouvrages. Il es particulier celui-ci, dans le sens où il est comme un accouchement douloureux d'une vie et d'une mort. A voir donc…
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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(critique publiée sur mon blog dont vous trouverez le lien plus bas, histoire de voir le même texte illustré et mis en page !)

Le roman de Manu Causse on l'attendait depuis pfffiou oh bah au moins hein ! Et comme l'homme est un être adorable charmant et ponctuel il a débarqué un soir devant le théâtre le livre sous le. Dédicacé pour toute la poufferie du 4 de la rue. Merci Manu. Bien sûr on s'est battues à coups de chignons et d'ongles pour savoir qui de nous trois le lirait en preum's. J'ai gagné.

Emmanuel n'a jamais connu ce grand-père. Emmanuel, René, à qui on a offert son prénom en cadeau. Pour la mémoire. Emmanuel, René, André et aussi celui du père. le timide, le taiseux. René il est mort il y a longtemps donc. Il s'est taillé les veines dans les vignes. Un coup de couteau et ça a coulé comme le vin.

Et puis tout le monde s'est tu.

Emmanuel aussi. Il ne parle à personne. Ou presque. Ou seulement à René dans sa tête. Ou dans ses rêves. Il fait des rêves humides. de l'eau des rêves. de l'au delà. Emmanuel il tente de sur-vivre dans ce monde qui est loin d'être le sien. Il voyage avec le grand-père fantHomme en bagage bien lourd à porter.

Et puis il y a (enfin ?) l'enterrement de la grand-mère. La femme du. Et c'est soudain le déclic pour Emmanuel. Il parle. Mais il en dit trop. Il fuit alors le monde des vibrants et va s'enterrer dans le sien. Fantôme errant à son tour. Il s'ombre. Alors il part à la recherche de son Lui. Et puis d'une elle. Une qui roule en 2 cv et qui parle anglais. Celle de la colline.

Son roman, il l'a écrit comme il parle Manu. Les phrases sont courtes. Et épurées. Ne se finissent parfois pas. 31 chapitres et une fin. C'est à la fois léger et bouleversant. Je l'ai lu en plusieurs fois. Volontairement. Pour digérer les lourdeurs d'un passé où le silence des morts fait trop souvent du mal aux survivants… Pour respirer entre les chapitres. Reprendre de l'air quand j'étais -avec le narrateur- au fond de l'eau. Au fond de l'autre.

Je pense à mes morts, à nos secrets, à nos silences.

On pense aussi à nos morts en lisant ton eau, Manu. On voudrait les sortir des tombes pour qu'ils parlent. A nos places. Ne plus souffrir des silences. Et fuir les secrets. Ton roman est troublant parce que bien sûr Emmanuel tu le connais bien. Et nous pas assez… Alors ça fait mal. Un peu. Parfois.

"Je ne suis même pas triste. La tristesse est un territoire que je contemple de loin, à l'abri de mon mur, de mon enceinte ; je ne la ressens pas. Je ne ressens rien, à vrai dire, que le besoin d'empiler une à une les pierres de mon éloignement.

Le mur devient si grand, si fort, qu'il se suffit à lui-même. Je vieillis, prends de l'âge – je sens le temps qui passe sur ma peau, le temps qui m'érode, n'arrache que la surface de moi où je vis ; je suis un homme, un homme-mur, qui n'a besoin que de lui-même – l'espace clos et vide qu'il nomme lui-même.

Je parcours sans trêve le cercle qui m'enferme, inspectant les pierres, le mortier, les abris ; je fais le tour de ma muraille de Chine, de ma prison.

Ma prison me libère. Non pas d'elle, mais du reste du monde. Je romps avec ma famille – sans éclat, par petites touches figées ; mes amis me semblent fades, je ne m'éloigne pas d'eux, je les regarde ; eux oublient de m'appeler. Nous nous perdons de vue, des yeux, nous prenons nos distances."

L'eau des rêves est très pure. Limpide. Buvable et désaltérante. Et puis de temps en temps elle vient te piquer la bouche d'un relent infect. Un mot de trop. Un mot pas dit. Des mots tus. Et là tu craches.

L'eau des rêves c'est comme une petite musique. Avec un refrain qui revient. Qui renaît de René. C'est une eau qui fait flot et cascade aussi. Qui coule sur le lecteur mais sans jamais le noyer.

J'aimais le Manu de son blog. Celui qui me fait rire la plupart du temps. J'aimais le Manu du Petit guide des Transports à l'usage du trentenaire amoureux. Celui de Visitez le Purgatoire (Emplacements a Louer) ou de Solo Rock aussi. Je découvre celui de l'eau et je l'aime encore plus. Page après page on suit le narrateur dans sa descente en eaux troubles, on est avec lui. En lui.

Parce que L'eau des rêves c'est un voyage dans nos intérieurs. le genre de roman pas forcément remboursé par la Sécu non, mais si tu es en thérapie généalogique alors là ouais. Je le prête comme promis aux colocs. Mais je le laisse ensuite traîner aussi chez mes parents…

Merci Manu.
Lien : http://www.au4ruedepouffe.fr..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
J’ai peur de la partie de toi dans mes veines, j’ai peur de ne pas être là, de ne pas être fiable, fiaple, d’être comme toi la terre friable, l’argile sans eau qui se détache et s’écroule, j’ai peur que quelque chose, un jour, me pousse à agir comme tu agi, j’ai peur de ces matins où je ne me reconnais pas dans la glace, où je ne reconnais pas le monde, où mes pensées se précipitent dans la gorge, la liste des choses à faire insurmontables, le goût de leur inutilité, l’image de cette particule de silice que sera notre monde, notre vie, notre univers, tout au bout, voilà, René, j’ai peur de la mort, de la mort de notre monde, je la porte sur ma poitrine, j’ai peur de la mort si familière, la mort qui rôde dans mes veines comme un vieux chien de chasse qui n’en peut plus de raballer, en cet instant où tu te lèves te dresses devant moi assis au coeur du monde sous le cyprès, en cet instant je sais ton nom, René, ton non.
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1,2,3 BD ! Chez les libraires ! vous présente les BD coups de cœurs d’ Ismail et la librairie Combo à Roubaix. - Le syndrome de l'iceberg de Paul Rey Éditions Sarbacane - Nos coeurs tordus : Vidal Séverine, Manu Causse Editeur. Bande d'ados - Le coeur en braille. Joris Chamblain (Scénario); Anne-Lise Nalin (Dessin) chez Dargaud 1,2,3 BD c’est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture.
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