Si je vous dis :
Eric Meyer est un homme égocentrique, manipulateur, pervers, jouisseur, indifférent, cruel. Il collectionne les maitresses et s'en vante, il les a même invitées à la fête de son 20e anniversaire de mariage avec Isabelle. Il a provoqué une tentative de suicide chez sa dernière maitresse en date en répondant d'une manière ignoble à la lettre d'amour qu'elle lui avait adressée.
Sa femme le quitte enfin et sa fille lui a tourné le dos depuis longtemps.
Ah oui, j'ai oublié : il se drogue, également.
Vous vous exclamerez :
Quel homme abominable, un être abject ! Quel sujet pour un roman !
Et je vous répondrai:
Tout n'est pas perdu. A la faveur de cette crise majeure provoquée par la tentative de suicide de sa maitresse et le rejet de sa femme, il va se retrouver chez le psychiatre Kaplan.
Et c'est là que je comprendrai pourquoi cet homme est devenu ainsi.
Ce très beau roman, bien écrit de surcroit, nous plonge dans les couloirs d'un asile. Meyer aura plusieurs conversations essentielles avec Kaplan mais aussi avec d'autres patients.
Tout un apprentissage, pour cet homme qui ne voyait que lui et qui adorait écraser les autres. Mais à quel moment est-il devenu ainsi ? A quel moment a-t-il quitté les rives bienheureuses et verdoyantes de l'innocence pour aborder une terre sèche et aride, celle du culte de soi?
« Rien n'est plus difficile que de revenir au port. Vous savez ce que c'est, le port ? le port, c'est notre vérité. C'est tout. Et pourtant, c'est tellement difficile, n'est-ce pas ? »
J'espère que chacun a trouvé son port, sa vérité, son essence. le monde meilleur dépend de cela. Car quand on est en accord avec soi-même, le bonheur est là. Enfin, c'est ce que je crois.