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EAN : 9782882506368
144 pages
Libella (05/03/2020)
3.25/5   22 notes
Résumé :
L’enfance de Louise, dans les années soixante-dix en France, est marquée par les difficultés financières de ses parents, leur peur de l’avenir, leur désarroi et leur tristesse, une forme de désolation qui contamine tout, jusqu’à la couleur des ciels. Face à cette réalité, Louise oppose une détermination forte : elle ne vivra pas la vie de ses parents. Elle ne sera ni pauvre ni triste ni résignée.

Guidée par un attachement farouche à sa liberté, rebell... >Voir plus
Que lire après Un jour d’été que rien ne distinguaitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Dans les années 1970, Louise passe son enfance dans une ferme avec des parents tristes, sombres, pauvres.
A l'école du village, elle se sent freinée dans son identité quand son institutrice lui dit qu'une fille ne joue pas au foot mais plus tard, elle déclarera qu'elle se sent pleine de vie, libre, pleine d'énergie. Pas de différence avec un garçon.
Très poétiquement, on rencontre et on voit "Une fille" décrite par la narratrice. La fille regarde la Garonne. C'est un passage très intense dans le livre, très beau, avec des mots envoûtants.
Louise continuera son parcours scolaire, collège lycée, études de philosophie. Elle se révèle être une très bonne élève et nous avoue que c'est une façon d'échapper à la condition misérable de ses parents.
Elle rencontre des garçons, se montre très libérée, observe son amie Myriam qui suit un parcours classique de femme avec des enfants. Louise cherche sa voie dans la liberté d'être sans savoir qui elle est réellement.
Un livre atypique , philosophique avec une écriture très imagée surtout au début du roman.
C'est un court roman de 140 pages édité chez Notabilia. J'apprécie toujours la présentation avec une petite page rouge au début, des pages ivoires qui rendent l'écriture douce pour l'oeil.
L'illustration de la couverture est très en accord avec le contenu du livre. On y voit un garçon et une fillette sur un vélo. le visage du garçon est recouvert d'un gribouillage. C'est mon interprétation personnelle.

Merci à masse Critique privilégiée et à Charlotte Guéna. Je suis ravie d'avoir pu y participer.
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Ses parents étaient tristes, elle percevait les difficultés qu'ils rencontraient et qu'ils s'efforçaient de cacher. Une scène dans la cuisine qu'elle n'aurait pas dû voir, ses parents en pleurs, des mots qu'elle n'aurait pas dû entendre ; traites, huissier, pauvreté, humiliation. Alors elle s'invente une présence pour se consoler, la jeune fille du fleuve qui est à ses côtés. Mais en même temps que son enfance, la jeune fille du fleuve va disparaître.

J'ai beaucoup aimé ce livre, tout d'abord par la qualité de l'écriture, des mots remplis de poésie qui rendent bien compte de l'âme de Louise. Louise refuse l'avenir que son statut de fille impose, la place qu'elle doit tenir, elle entre en résistance, une envie de liberté sans limites.
« Il y avait une sorte d'évidence de la vie en moi. La vie qui opérait ses forces, ses luttes, ses poussées. La vie qui affirmait ses droits, sa puissance illimitée. Je me souvenais combien j'avais envie de m'avancer, de prendre place, de m'affirmer. Une envie folle de rire, de courir, de respirer. »

Ce qu'elle aime par-dessus tout, montrer aux garçons qu'une fille peut être meilleure qu'eux.
« Pourtant, je n'aimais pas particulièrement la victoire. Je n'avais pas le goût du triomphe ou de la domination. Ce n'était pas pour dominer que je voulais battre les garçons. Mais je n'acceptais pas cette différence qui était faite entre eux et moi. Cette idée que quelque chose nous distinguait. Comme si nous étions autres, nous les filles. Autres. Et que c'étaient eux la norme. Eux, l'Étalon. »

Un livre sur la place des femmes, mais ce sujet est abordé, ici, d'une manière très originale. Des chapitres courts qui s'allument comme des flashes sur la vie de Louise.

À force de vouloir être différente, Louise devient invisible, inexistante aux yeux des garçons. Elle ne comprend pas la femme qu'elle est devenue. Sa vie ne ressemble pas à ce qu'elle désirait. Elle ressent le besoin d'un autre, un témoin à ses côtés, une personne qui lui parle, la rassure, lui dise qu'elle existe. Et puis un jour, la jeune fille du fleuve va revenir…

Il y a des livres qui vous parlent le roman de Stéphanie Chaillou en fait partie. Je remercie Babelio et les éditions Noir sur Blanc pour cette belle découverte.
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***

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Notabilia pour l'envoi de ce roman.

Louise grandit dans une ferme, seule fille après trois garçons. Ses parents connaissent des difficultés financières et elle se refuse alors de devenir comme eux : triste et accablée. Elle se veut libre, seule décisionnaire de ce que sera sa vie... Mais à quel prix ?

Je ne connaissais pas Stéphanie Chaillou. Cette découverte de l'auteur se fait donc avec son quatrième petit roman.
Avec une écriture très poétique, voire même philosophique, elle nous offre un personnage entier et vrai.

Louise est une enfant, une jeune fille puis une femme qui refuse la place qu'on impose au sexe faible. Elle rejette toute forme de domination, de différence et de soumission à l'homme. Elle poursuit sa quête, celle qu'elle s'est promise : trouver qui elle est, par sa simple intelligence...

De cette entière liberté, Louise trouvera également une profonde solitude. Comme si la fidélité à elle-même la coupait du reste du monde.

Un très joli roman qui en ce 8 mars, journée de la femme, prend tout son sens...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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« Un jour d'été, les femmes se sont levées et elles sont parties.
Aussi simplement que cela.
Par le seul mouvement qu'elles ont impulsé à leur corps soudain, pour le lever, le mettre en marche. Ce mouvement qu'elles avaient en elles. Qui était là dans le creux de leur chair, de leur esprit, leur volonté. Mais qu'elles ne savaient pas vraiment, dont elles n'étaient pas certaines, qu'elles soupçonnaient peut-être, à quoi elles songeaient parfois, mais sans jamais pouvoir l'affirmer, se dire qu'un jour elles le feraient, que ça deviendrait réalité » (Un jour d'été que rien ne distinguait, pp.140-141).
Il est des textes autour desquels la pensée tourne, longtemps encore après leur lecture, comme sidérée, observant sa propre, habituellement si bavarde, vanité, impuissante, là, à ajouter son grain de sel. Des textes qui, peut-être, sauf à juste dire à ses amis « Lis ça ! », auraient besoin de silence, de l'effacement du commentaire. Pour ne pas risquer d'en mutiler le sens. Pour ne pas en abîmer l'empreinte, forte, sur soi-même. le dernier livre de Stéphanie Chaillou, à l'instar du précédent, « le Bruit du monde » (paru chez Notabilia, en 2018) appartient à ces écrits, rares, dont on perçoit aussi très vite à quel point l'encre qui les a tissés est imprégnée du sang de l'auteur.e, Des personnages comme des doubles, des porte-parole peut-être, mais dont l'itinéraire de vie, fait de mots, de liberté littéraire, acquiert une valeur exemplaire. La narratrice du « Jour… », Louise, ressemble beaucoup par son origine sociale et, en partie, son évolution, à Marylène, l'héroïne du « Bruit du monde », née dans une famille de paysans pauvres. Mais au combat de Marylène pour s'arracher à sa condition, et réussir, par les études et l'éloignement, à s'inventer un autre destin que celui que sa « place » sociale semblait lui imposer, Louise, elle, ajoute un « refus » plus radical, celui d'être « fille », le cela-va-de-soi de ce qui serait réservé ou interdit à son sexe, fonctions, activités et désirs, la fausse « évidence » des distinctions de genres. Cela commence dans la cour d'école, où sa maîtresse lui signale que le foot, en dépit du plaisir qu'elle éprouve à pratiquer ce sport, c'est pas fait pour les filles. Cela continuera dans sa famille, au collège, au lycée, où elle n'arrive pas à comprendre comment son amie Myriam peut se résoudre à un rôle de fille-objet, proie du désir des garçons, et y trouver plaisir. Ainsi, dit-elle, page 86, « depuis longtemps déjà, je ne vivais pas que j'étais « une fille »… Je n'adhérais pas à l'imaginaire que recouvrait ce vocabulaire. Cette fable qui voulait donner des ordres à ma culotte, me mettre une barrette dans les cheveux, repasser les plis de ma jupe, repasser mon cerveau aussi, tempérer mon ambition, mes amusements. » Dans ce refus instinctif de l'assignation à une prétendue « identité féminine », cette volonté de ne pas respecter « l'ordre des hommes », l'accompagne dès l'enfance, créée par son imagination, la vision d'une fille au bord de la Garonne, penchant son regard sur le cours du fleuve, comme si elle y cherchait une image d'une vie détachée des contingences. Cette « fille », compagne de ses rêves, elle la perdra à l'adolescence et au début de l'âge adulte, l'appellera comme « témoin » de son mal-être et de sa colère, la retrouvera, finalement, après avoir vécu, dit-elle, comme « voilée », au bord de la mer, le regard dirigé vers un horizon élargi, l'infini d'une liberté à conquérir. Une fille porteuse d'un savoir occulté par les conventions sociales, qui revient dans sa vie après une rencontre décevante avec son ancienne amie Myriam, désormais mariée et mère, soumise à une existence non choisie. La pauvreté de leur échange joue comme une révélation, un appel au surgissement de cette puissance jugulée, comme si, dit-elle, page 122, « il ne se passait pas autre chose que ce que nous mangions, buvions, baisions, travaillions, habitions. Qu'il n'y avait pas une présence en nous, irréductible, une force vive qui ne se laissait pas définir, ni circonscrire, une instance sauvage dont le visage échappait perpétuellement – animation souterraine, théâtre peuplé de femmes mortes, de fleuves, de filles au cheveux blonds et de bêtes assoifées »… On ne peut, derrière ces images, s'empêcher de se rappeler l'imaginaire de quelques grandes héroïnes durassiennes, à la recherche déjà d'un arrachement au destin imposé, l'Anne-Marie Stretter d' « India Song » ou du « Vice-consul », hantée par le chant plaintif et les souvenirs de la vision d'une «fille », la mendiante du Mékong, ou l'héroïne de « Détruire, dit-elle », attirée par la forêt proche, l'observant comme une métaphore obscure de ses désirs de liberté. L'écriture de Stéphanie Chaillou, dans sa scansion si singulière, s'éloigne, bien sûr, du style de la grande Marguerite. Mais on y trouve souvent, dans ses mots et ses silences, entre les lignes ou dans un rythme parfois proche des battements du coeur, une puissance comparable, au service de l'émotion… et de l'intelligence.
Un mot encore, puisque certaines lectrices, dont on a lu les commentaires, ont pu faire part de leur perplexité, de leur manque de sympathie pour Louise. Un personnage qui dérange inhibe l'identification, Louise peut donc ne pas être sympathique à tout le monde, frustrant ce désir d'empathie. Mais c'est aussi parce que ce roman, son histoire, est vraiment dérangeant - et d'ailleurs prémonitoire d'un mouvement plus général de « refus » des femmes - qu'il appartient pour nous au meilleur de la littérature. Et si, pour rester « sympathiques » à tout le monde, certaines femmes, comme cette Louise de fiction ou les très de chair et d'os Adèle Haenel et Virginie Despentes - au récent « C'est terminé. Désormais on se lève et on se casse ! », comme un écho aux phrases du roman de Stéphanie Chaillou citées en exergue – se résignaient à rester assises (ou couchées…), assignées à un rôle dévolu par les hommes, le monde resterait ce vieil univers patriarcal, où règnent encore tant d'inégalités entre les sexes. On les aime, nous, cette Louise, et « ce jour d'été que rien ne distinguait » comme un prélude aux lendemains qui chantent, pour toutes les femmes !
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Cet élégant petit livre envoyé par les Edts Notabilia par l'intermédiaire de Babelio (je les en remercie) me laisse perplexe.Il me semble faire écho au"Bruit du monde" paru en 2018.
La jeune fille, Louise dans ce roman , ressemble étrangement à Marylène; son seul désir :ne pas ressembler à sa mère, ne pas avoir le destin en principe dévolu aux femmes: se marier , enfanter, eteindre ses rêves etc...
Gamine, sur les rives de la Garonne,il lui semblait apercevoir la silhouette d'une "fille" qui regardait au loin , vers l'avenir ... un phare en quelque sorte.
Mais la vie suit son cours dans les années 70, Louise fait de belles études tout en n'ayant jamais pu s'adapter à ses condisciples. En cause , un mal-être qui l'englue, et on retrouve son inaptitude à la joie de vivre, due à la simplicité de vie de ses parents, des déboires financiers sur une exploitation agricole certes mais pas la misère sociale et intellectuelle. Les enfants étaient aimés (le soir la maman disait: bonne nuit mes chéris).
Mais Louise a honte , de son père, de sa famille, d'une ancienne camarade de classe.
Puis soudain tout s'éclaircit, la "fille", son double réapparaît sur les rives de la Garonne et elle sait que son chemin est le bon, qu'elle peut se défaire de ses angoisses; elle voyait juste quand elle avait choisi de s'évader du monde qui lui était promis.
Tout cela ne m'a pas rendu Louise très sympathique c'est vrai, mais l'écriture de S. Chaillou est très belle, poétique parfois .Ses mots sur les maux sont justes.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
J'ai beau ne pas me sentir différente des garçons, mes camarades de classe. Beau savoir que nos cœurs sont semblables, que les aspirations de nos cœurs sont semblables. Savoir qu'en chacun de nous il y a la même faim, la même soif, les mêmes terreurs, la peur du noir, des loups-garous. Je découvre soudain que nous n'avons pas les mêmes horizons, les mêmes espoirs. La maîtresse me rappelle qu'ils sont des garçons et que je suis une fille. Que j'ai un corps, un cœur et une âme de fille.
Louise, ce n'est pas pour toi le foot.
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Pourtant, je n'aimais pas particulièrement la victoire. Je n'avais pas le goût du triomphe ou de la domination. Ce n'était pas pour dominer que je voulais battre les garçons. Mais je n'acceptais pas cette différence qui était faite entre eux et moi. Cette idée que quelque chose nous distinguait. Comme si nous étions autres, nous les filles. Autres. Et que c'étaient eux la norme. eux, l’Étalon.
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Ce besoin que j'avais d'un autre. Un témoin à mes côtés. Une personne qui me parle, me rassure, me dise que j’existe, que je n'étais pas un rêve, un souffle, une palpitation vaine et éphémère.
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Inventer une présence qui me consolait. Qui me protégeait de ce malheur dont je ne faisais pas le tour, dont il était impossible de faire le tour, de circonscrire, parce qu’il semblait avoir tout pris, tout envahi. Comme si le monde en entier avait été recouvert d’un voile de chagrin. Un voile invisible, mais que l’on percevait pourtant, que l’on sentait, sans pouvoir dire où il était exactement, en quoi il consistait, mais qui modifiait la qualité des choses et des êtres pourtant, leur enlevait leur éclat, les étiolait.
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Je ne sais pas si j'étais heureuse. Si le terme est adéquat. Je n'étais ni heureuse, ni malheureuse . Mais mes parents étaient tristes. Il y avait, à l'intérieur d'eux, une forme d'absence qui ne les quittait pas. Une torpeur qui les enlevait au monde, à la joie.
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