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EAN : 9782360134359
155 pages
Riveneuve éditions (16/03/2017)
2.33/5   3 notes
Résumé :
- Des témoignages et des photos livrés par Thérèse Chasseguet considérée comme la mémoire vivante du label Barclay où elle a fait toute sa carrière de chef de projet artistique.
- La "vraie histoire" du premier label français, autour de la rencontre originelle entre Edouard Ruault (futur Eddie Barclay) et Nicole Vandenbusche qui lui ouvre les portes des USA et des premières intuition face au microsillon
- Des anecdotes sur les artistes passés par Barcl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Chic, me susurrais-je ! de la variétoche, du temps des Carpentier ! Il faut vous dire que la quatrième de couv' évoquait les débuts du label, les fêtes à Saint-Tropez, les "malles à souvenirs", les "photos rares", la bande à Barclay, Brel, Ferré, Aznavour, Dalida, Jean Ferrat, Eddy Mitchell, Daniel Balavoine, Michel Delpech, et un portrait plein de nuances de Monsieur Eddie. Je posais le bouquin sur la table et je dévalais quatre à quatre les escaliers de la cave pour ressortir la boule à facettes qu'on avait rangée dans les cartons en quittant Aubagne . (NDR : La découverte de la boule à facettes est à ma génération ce que l'arrivée de l'ordinateur est à la suivante, la rapidité en moins, la poésie en plus)

L'ambiance était installée, j'ai commencé à tourner les pages de mon bouquin. Mais éclairé à la boule à facettes, on voit pas bien, même avec des loupes, faut pas se mentir. J'ai été pris de doutes. Alors au bout d'un moment, j'ai rallumé, et j'ai repris ma lecture. Et j'ai bien du me rendre à l'évidence : "Où qu'ils sont, les Brel, Aznavour, Dalida, Ferrat, Balavoine, Lavilliers, et autres Eddy Mitchell", que j'ai crié à la cantonade en tapant sur les murs ?

Comme j'habite près du commissariat, la police est arrivée assez vite. J'ai arrêté de taper et je suis allé ouvrir. J'ai aussitôt rassuré les fonctionnaires, expliquant à quel point j'approuvais cette notion de "forces de l'ordre", et en quelle grande estime je tenais l'uniforme, qu'on devrait, à mon humble avis, rétablir à l'école, et imposer chez PSA Peugeot-Citroën. J'ai ajouté que, souvent, j'avais pensé à faire des dons pour les or... " C'est pas pour ça qu'on vient", m'a interrompu le plus grand. "Alors d'accord les mecs, j'ai dit en pointant le grand du doigt, on va jouer franc-jeu vous et moi : il y a que Michel Delpech comme chanteur, dans ce bouquin. Et encore : pas avant la page 104 !" Ils m'ont dit qu'ils s'en tapaient, sauf un : il aimait bien Michel Delpech et il a voulu "saisir" mon livre "pour les besoins de l'enquête". Moi, on me la fait pas : la loi, je connais ! J'ai aussitôt appelé Maître Kiel-Maunory, mon avocat. "Ils n'ont pas le droit, qu'il m'a fait, passez-les moi je vais régler ça !" J'ai tendu le téléphone au grand, qui paraissait être le chef naturel de la bande, et presque aussitôt, ils m'ont rendu le livre. Et puis ils sont partis avec mon Nokia 6.

Je suis descendu chez madame Lebrun, la vieille du deuxième, pour lui demander de me laisser téléphoner. Elle peut rien me refuser, la mère Lebrun, parce que j'arrose ses fleurs quand elle part en vacances, et aussi je nourris Michel, son lapin, un Géant des Flandres. Elle restait près du téléphone, la Lebrun, on sentait qu'elle aurait bien voulu savoir. Je lui ai demandé de sortir de la pièce, le temps d'appeler mon avocat pour lui expliquer la situation. Elle est partie à petits pas, l'oreille contre la porte, aussi traînante que celle de son lapin Michel. J'ai contacté Maître Kiel-Maunory. Il a rappelé les policiers pour leur dire de me rendre mon téléphone.

Ils sont revenus dix minutes après, toutes sirènes hurlantes. La voisine d'en face est sortie en peignoir, une serviette sur la tête. Ils parlaient encore avec mon avocat sur mon Nokia, mais je m'en fiche, j'ai un forfait "Promo Sosh" ! "C'est pour vous", ils ont fait en me tendant mon portable. "Allo ? j'ai dit. Maître ?". Il ne m'a rien caché : sur le fait qu'il n'y avait pas vraiment Eddy Mitchell, Dalida ou Balavoine dans le livre, il m'a dit que je ferais mieux d'arrêter d'être naïf, et que je pourrais toujours lire Closer si je voulais ce genre de prose. "Autre chose ?", j'ai demandé. "Oui. Je vous enverrai mes honoraires", il a répondu. J'ai raccroché.

Les policiers m'avaient rendu mon portable, je tenais toujours la porte entrouverte. J'ai essayé de fermer, mais celui qui aimait Michel Delpech maintenait son pied dans l'entrebâillement. "On peut entrer ?" il insistait. Moi j'hésitais, faut me comprendre, ma mère était suédoise. "Pourquoi ?" j'ai demandé. "Simple routine, il a fait, si les gens appellent à nouveau le 17 parce que vous faites du tapage, on sera comme qui dirait déjà sur place." Ça m'a paru du bon sens.

J'ai invité les fonctionnaires à s'installer sur mon canapé. Ils ont demandé si on pouvait mettre BFM, rapport à Bourdin, pour qu'ils s'occupent. Je n'y voyais aucun inconvénient : dans la télé, le pire succède souvent au mauvais. Alors je leur ai laissé la télécommande et j'ai repris ma lecture. Pourtant je n'étais pas à ce que je faisais ; j'étais incapable de me concentrer, comme si je sentais que quelque chose se passait dans mon dos. Me retournant d'un coup, j'ai surpris celui qui aimait Michel Delpech : il lisait par dessus mon épaule ! "Vous êtes pas gêné dis donc !" j'ai dit "C'est bien votre bouquin ?" qu'il m'a demandé comme si de rien. "C'est un document", j'ai répondu. "Mais encore ? Ca raconte quoi ?" "Essentiellement une suite d'entretiens avec des collaborateurs, arrangeurs, directeurs artistiques du label Barclay. Ca brosse l'histoire du label ainsi qu'un portrait intime de son fondateur, Eddie, sa manière de bosser... Mais enfin, qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?" "Et Michel Delpech alors ?" il voulait savoir "Ah ! Delpech ? Comme d'hab ! j'ai répondu. Admirable ! tout en pudeur !" "Ah ! Michel, Michel ! C'était un gars bien !" qu'il a soupiré. Puis il s'est mis à pleurer à chaudes larmes. Ça faisait de la peine, faut pas se mentir ! Alors je l'ai pris contre mon épaule et je l'ai bercé, tout en fredonnant tout doucement, jusqu'à ce qu'il se reprenne : "Ma pauvre Céci-ile, j'ai soixante-quinze ans, etc." A un moment, il m'a embrassé et j'ai senti ses larmes qui roulaient sur ma joue. Les autres autour se sont mis à applaudir.

Ils sont restés quatre jours chez moi, les policiers. Je passais mon temps, toujours, à faire la vaisselle et à courir au Petit Casino d'à côté pour faire les courses, parce que j'ai un tout petit réfrigérateur. Ils mangeaient surtout des sardines. le soir, on chantait le Chasseur, le Loir et Cher, le Chanteur et surtout Ce Fou de Nicolas, titre pour lequel le policier-fan-de-Delpech avait un faible. "Je le revois dans mes bras Nicolas", qu'il geulait en initiant une sorte de sirtaki. Ah oui ! Fallait voir ça, effectivement ! Et même qu'on avait du mal à le faire taire ! de temps en temps, les fonctionnaires me priaient pourtant de taper un peu au mur pour justifier leur présence, rapport au commissaire qui risquait de leur demander des comptes. Mais moi, je ne savais plus comment faire pour les occuper, tous ces policiers, et même si je les aimais bien, je commençais à en avoir marre de chanter du Delpech du matin au soir. Alors j'ai profité qu'ils regardaient Bourdin un matin sur BFM pour appeler mon avocat. Faites le 17, il m'a dit, ils enverront une patrouille pour vous débarrasser de ceux-là. Autre chose, j'ai dit ? Je vous enverrai mes honoraires, il a répondu.

La deuxième patrouille est arrivée, bien sympathique aussi. Je leur ai expliqué mon histoire, le concours Masse Critique, le bouquin, la quatrième de couv', la boule à facettes, les coups dans le mur, la patrouille de police-secours, le fan de Michel Delpech. Ils comprenaient d'autant mieux que l'un aimait Léo Ferré, l'autre adorait Léon Zitrone, et le troisième était un fan inconditionnel de Jacques Brel dont il possédait un exemplaire du 45trs de la Valse à Mille Temps dédicacé par l'artiste en 1961 à Roubaix. Comme ils s'entendaient pas trop avec les collègues de la première patrouille, je les ai installé dans ma cuisine, d'où ils pouvaient écouter Bourdin, sur RMC, avec mon petit transistor.

A tous, on s'est repassé le bouquin de mains en mains. le soir, l'avis général était mitigé : on contestait pas l'honnêteté de l'auteur, mais la 4ème de couverture décevrait les amateurs de Léo Ferré et de Jacques Brel, et autres boules à facettes, on disait. Par contre, le fan de Michel Delpech était enthousiaste à partir de la page 104. C'est lui surtout qui rappelait le 17 pour se plaindre que je tapais au mur afin de prolonger son séjour. Enfin, on convenait que l'admirateur d'Eddie Barclay "en nuances" pouvait être content partout. le policier qui aimait Léon Zitrone, fit remarquer qu'on ne disait rien sur celui-ci, qui pourtant aimait à noter "Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe ! L'essentiel, c'est qu'on parle de moi !" Comme je ne savais plus comment terminer la situation et finir mon post, j'ai appelé Maître Kiel-Maunory. "Remerciez les éditions Riveneuve pour leur confiance, et les équipes de Babelio qui effectuent vraiment un sans faute à chaque fois", il m'a dit. "Et pour les policiers ?" j'ai demandé. "Soit vous gardez ceux-là, soit vous appelez le 17, mais attention : s'il y a un fan de Balavoine, de Ferrat, d'Aznavour, de Mitchell ou de Dalida parmi la patrouille, vous allez vite vous retrouver à l'étroit !" Autre chose ? Oui, une dernière : je vous enverrai mes honoraires.
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Revenons à un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…le vrai temps des 45 et 33 tours et faisons connaissance avec celui qui fut surnommé « l'empereur du microsillon ».

J'ai sélectionné cet ouvrage dans le cadre de la Masse Critique car ma curiosité a été piquée par le fait de lire une biographie d'Eddie Barclay, personnage dont le nom m'évoquait un label de disques, mais aussi une vie mondaine tumultueuse ponctuée par les célébrissimes fêtes blanches à Saint-Tropez.

Je me suis trompée deux fois !

Cet ouvrage n'est pas une biographie.
L'auteur, l'une des anciennes assistantes artistiques d'Eddie Barclay, construit son ouvrage autour de témoignages-interviews de proches de l'aventure de la maison de disques Barclay ; un portrait avec différents éclairages : celui de l'arrangeur, celui de l'exploitant à l'international, celui de la direction, celui de l'exploitation des studios d'enregistrement, celui de l'artiste (le regretté Michel Delpech), celui du directeur artistique… « la bande à Barclay » celle dont la réunion a permis cette fabuleuse aventure musicale au service des artistes.
Ils évoquent l'alchimie Barclay, mais aussi le travail et la méthode de travail qui reposait sur la confiance accordée à ses collaborateurs.

La parole est laissée à Eddie Barclay en début de chaque chapitre avec une citation… « il y a la chance bien sûr. Mais il y a les amis, plus précieux que la chance, une valeur or… » p.65

Et de cette histoire du label Barclay vécu par des « collaborateurs » se dégage un Eddie Barclay bien différent de celui « fabriqué » par la presse people.
J'en retiens surtout un musicien de jazz, à la baraka et au feeling incroyable, qui rencontrant celle qui allait devenir sa femme, transforme une histoire d'amour en une maison de disques indépendante, où vont se croiser Brel, Ferré, Aznavour, Dalida, Ferrat, les Poppys, Balavoine, Delpech, Quincy Jones, des jazzmen et aussi des musiciens classiques.
Ce fut aussi un précurseur n'hésitant pas à miser sur des innovations techniques qu'il faisait venir des Etats Unis.

Quelques clichés de cette période faste pour d'industrie du disque agrémentent les témoignages.

Ce livre ne pouvait qu'être touché par la grâce Barclay et fait passer un agréable moment hors du temps à son lecteur.

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Présenté en grande partie sous forme d'entretiens, « Une histoire de haute fidélité (1945-1984) » de Thérèse Chasseguet tente de mettre en avant l'image du patron bienveillant et visionnaire de la légendaire maison de disques française Barclay, décédé en 2005, mais aussi son côté humain voire paternel, au travers de témoignages d'artistes, arrangeurs et techniciens qui ont travaillé pour le sémillant Édouard Ruault : le chanteur Michel Delpech (disparu l'année dernière), l'ingénieur du son Gerhard Lehner, le compositeur et arrangeur Jean-Michel Defaye et quelques autres, jusqu'à sa propre secrétaire, Denise Molvinger. Les aspects controversés du personnage et de son entreprise sont cependant largement occultés pour ne laisser transparaître que la face reluisante de la médaille. L'écriture de l'auteure elle-même (qui fut cheffe de projet artistique dans la maison de disques), chargée de superlatifs à l'égard de Barclay, est presque toute entière dédiée à cette opération de « réhabilitation ». Les entretiens sont d'ailleurs parfois assez orientés et on peut regretter cette marche forcée vers la glorification du label qui a vu passer Ferré, Brel, Aznavour et tant d'autres, ainsi que de son fondateur, au détriment d'une chronique plus nuancée. Il reste que cet ouvrage, somme toute assez court, présente des personnages plutôt attachants et illustre bien le côté « grande famille » des disques Barclay, même si certains jalons de l'histoire sont quasiment passés sous silence, comme la mort tragique de sa seconde épouse Nicole, qui joua un rôle déterminant dans l'entreprise, ou les frasques sentimentales de cette figure du monde de la musique. A vouloir à tout prix prendre le contre-pied des clichés communément véhiculés par les médias, Thérèse Chasseguet tombe dans le même travers que les tabloïds : donner une image monochrome d'Eddy Barclay, pas plus réaliste finalement que celle du jet-setteur aux multiples femmes.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais il y a les amis, plus précieux que la chance, une valeur or… p.65
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