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EAN : 9782919067183
208 pages
Vagabonde Editions (12/04/2016)
3.79/5   7 notes
Résumé :
À Amagasaki, dans le quartier des exclus du miracle économique, parmi les vagabonds, les prostituées et les voyous, deux personnages (Ayachan, belle captive tatouée d'un oiseau de paradis, et le narrateur, « homme sans aveu ») content la cruauté, mais aussi la splendeur de leur vie secrète: « Si la mort est le but de la vie », qu'importent l'argent, la réussite sociale, qui ne sont que temps perdu et masque illusoire de la peur de mourir. Entre deux confrontations a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le thème de ce roman est assez convenu et j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire de laissés pour compte de la société japonaise. le personnage principal qui se considère lui-même comme une "nullité", refusant le conformisme et la vie de salaryman, vient s'échouer dans un immeuble sordide de la banlieue d'Osaka où son travail consiste à confectionner des brochettes à partir de la viande qu'on lui livre. Il loge dans l'endroit où il travaille, une chambre empuantie par l'odeur de viande qu'il débite à longueur de journée. On assiste alors à ses rencontres de passage, celles des autres habitants de l'immeuble ou les visiteurs réguliers, tous appartenant plus ou moins à la pègre d'Osaka. Mais, au milieu de ce taudis, il découvrira l'amour avec une femme, elle aussi exploitée par la mafia.
Devant leur destin relativement compromis, ils choisiront dans un premier temps de se donner la mort...
Pourtant, petit-à-petit, on se laisse aller à cette ambiance et on finit par s'intéresser à la relation amoureuse de ces 2 exclus.
La littérature japonaise nous a déjà largement habitué à ce genre d'intrigue et, personnellement, je m'attendais à quelque chose de plus fort, avec plus d'émotion. Il en reste une histoire qui se lit agréablement et qui montre une facette d'un japon malheureusement très réel.
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Dans le Japon flamboyant, celui de l'époque du miracle économique que tout le monde montrait en exemple, un homme avait échoué loin du rivage des vainqueurs et des conquérants. Avec un diplôme universitaire en poche et une carrière en tant que salarymen qui lui tendait les bras, ce dernier avait pourtant tout pour réussir. Cependant, quelque part sur le trajet tracé d'avance de son existence, le personnage principal du livre se perdit… Sans doute que la vie servile de l'employée de bureau ne convenait pas à cet homme désabusé. Alors, le narrateur, dont on ignore le prénom comme pour mieux le cacher, prit la fuite. Ce dernier se dérobera au lieu qui l'entoure, à l'époque, à la vie… Cet homme ira jusqu'à renoncer à sa propre personnalité, à ce qui faisait qu'il était lui et s'installera dans le quartier des « traîne-savates » de la ville d'Ama.

Aussi, c'est dans un immeuble habité par les voyous, les prostituées, les laissés-pour-compte que le narrateur se réfugiera. Qu'il est difficile de fuir et de se cacher ! Tous les voisins ne remarqueront plus que lui, l'homme à la parfaite éducation, l'homme qui n'avait rien à faire dans ce lieu maudit, l'homme qui voulait s'oublier et se faire oublier, mais qui ne comprenait pas pour autant ce qui se passait autour de son Nouveau Monde… Toujours est-il que le narrateur est attiré par l'odeur moite de ce milieu cruel des « traîne-savates », comme s'il s'agissait du parfum « Chanel N°5 » porté à l'époque par une Marilyn Monroe endormie.

« La femme aux cheveux rouges était revenue dans la chambre d'en face. Cette femme semblait avoir mon âge. Je veux dire par là qu'elle avait vécu à peu près autant que moi dans ce monde. Et si pour finir elle se faisait tatouer le dos, c'était après avoir épuisé toutes les autres possibilités et sans doute cherchait-elle à renaître du fond du désespoir, mais les plaintes déchirantes qui s'échappaient de la chambre prouvaient assez que ce ne sont pas les mots qui nous poussent à agir. de quel douloureux destin cette femme était-elle prisonnière ? »

Le narrateur, qui dans un premier temps jouera le rôle d'observateur d'un petit groupe d'hommes et de femmes qu'il ne comprend pas, finira par devenir aussi acteur de cette société dans la société, mais un acteur par intérim… L'homme sans nom trouvera l'amour, le dégoût, la peur, mais trouvera-t-il ce qu'il est finalement venu chercher ? Un peu de vie, mais aussi de mort… Et quoi d'autre encore ?

« Double suicide manqué aux 48 cascades d'Akamé », est un roman fascinant qui semble se dérouler à une époque ancienne et malheureuse alors que l'histoire se situe dans le Japon du miracle économique. Il n'y a pourtant ni miracle ni paradis, diront certains… La nostalgie est présente tout au long du livre. J'aime ce sentiment. J'aime les histoires de vies brisées. J'aime l'émotion qui se dégage de ce roman à l'ambiance triste et surannée. Elle est poignante cette aventure de l'homme qui a raté le coche de sa vie et qui se laisse entraîner sans résister. Et que dire de l'écriture de Kurumatani Chōkitsu, si ce n'est qu'elle est magistrale, à la fois dure et poétique ? Rien. Ah que ce texte me parle ! Dans ce roman, il y a du sexe torride, de la folie…

« Non, elle s'était déjà déclarée plus tôt, cette force qui me poussait et me baladait dans un endroit à l'autre. Dès Tokyo. À vendre des annonces jour après jour, je n'avais qu'une seule peur : j'étais en train d'enterrer ma vie. J'en éprouvais de la rancoeur, le sentiment d'une chose irrémédiable. Et comme je n'étais même pas capable de me raccrocher à une femme, je me raccrochais à ma propre nullité. »

Avant de conclure, il me faut dire quelques mots sur l'auteur. Ainsi, c'est le premier roman de Kurumatani Chōkitsu traduit en français, malheureusement mort il y a environ un an à l'âge de 70 ans. J'espère que d'autres traductions suivront… Quoi qu'il en soit, ce livre contemporain est, comme je l'apprends sur le site de l'éditeur, représentatif de ce qui est appelé au Japon le roman Je : Watakushi shôsetsu. Pour plus d'explications, je vous invite à aller voir le site de l'éditeur. Enfin, « Double suicide manqué aux 48 cascades d'Akamé » a été adapté en 2003 au cinéma par Arato Genjirô et tout comme le livre il fut récompensé par des prix japonais.

C'est le deuxième auteur japonais pour la première fois traduite en français que je découvre en quelques mois et encore une fois je suis subjugué… Un livre à lire et à découvrir pour tous ceux et celles qui aiment la littérature japonaise, mais aussi pour ceux et celles qui aiment les histoires fortes…
Lien : https://deslivresetdesfilms...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je savais déjà, par la moelle des os, que j'étais un être froid. Je n'avais plus rien à attendre de moi-même. Mais cela, personne ne me l'aurais fait avouer. Homme égaré sans retour, en butte au blâme et au mépris, j'aurais pu me débrouiller tout seul en marchant de côté comme un crabe ; par impudence, je m'étais laissé embobeliner et voilà que je revenais à l'existence en costume et souliers. Ce coup-ci, pas de doute, j'étais dans mon rôle de jeune premier mollasson qui ne sait pas ce que c'est que la honte.
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Elle s'était déjà déclarée plus tôt, cette force qui me poussait et me balladait d'un endroit à l'autre. Dès Tokyo. A vendre des annonces jour après jour, je n'avais qu'une seule peur : j'étais en train d'enterrer ma vie. J'en éprouvais de la rancoeur, le sentiment d'une chose irrémédiable. Et comme je n'étais plus capable de me raccrocher à une femme, je me raccrochais à ma propre nullité. Un rosse, un mauvais sujet, voilà ce que j'étais.
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- On m'a achetée avec de l'argent. Et ça, ça veut dire que je ne suis plus moi. Humainement, je suis morte. je suis comme une marchandise qu'on vend et qu'on achète. On peut faire de moi ce qu'on veut, me laisser vivre, me tuer, me manger en brochettes comme toute cette viande de bestiaux que tu as découpée, je m'en fous. Je suis déjà morte.
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A force d'errer dans un monde irréel, nous avions atterri à Akamé, c'est tout. Avoir atterri là ne nous inspirait aucun respect. La "force des choses", comme on dit : l'impulsion du moment. Une impulsion qui nous avait propulsés, et nous avions atterri là.
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Mais quand on est vraiment embêté, on ne peut en causer à personne. Quand on peut en causer, c'est qu'on n'est pas encore vraiment dans la mouise.
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