L’auteur, Jean-Louis Cianni, s’est retrouvé au chômage à l’âge de 49 ans, après avoir été directeur de communication dans une compagnie aérienne pendant de nombreuses années. Dévalorisation de soi, solitude, absurdité et inhumanité de l’administration, sentiment d’inutilité sociale, il va connaître tous les affres d’un statut de chômeur vécu comme une injustice et contraire à sa « philosophie » de la vie.
Mais c’est justement l’étude des philosophes, de Socrate à Diderot, en passant par Spinoza, Diogène, Schopenhauer et bien d’autres, accompagnant chaque étape de son programme, qui va lui permettre de faire face à l’épreuve, de relativiser, trouver une consolation et surtout reconquérir l’estime de soi.
Entre les biographies de ces hommes, dont certaines remontent à l’antiquité, qui ont cherché la sagesse et la vérité à travers les épreuves de la maladie, la cruauté de l’amour, la solitude, la misère, l’enfermement, la condamnation à mort, et l’analyse de son vécu de chômeur du 21ème siècle, il retrouve le souffle qui lui permet de se sentir à nouveau humain. Il prend également conscience de sa surestimation de la vie professionnelle sans, pour autant, en nier la nécessité.
Un ouvrage à la démarche intéressante puisqu’il aborde la philosophie non pas comme une simple discipline intellectuelle mais comme une véritable sagesse qui apporte des réponses à toute personne confrontée à une expérience douloureuse. Et qui offre un témoignage enrichissant sur une partie de la population – les chômeurs - souvent incomprise et dévalorisée.
Une source exigeante de remèdes et d’espoir pour tous ceux qui se sentent le courage d’aller puiser dans les paroles des philosophes.
Commenter  J’apprécie         90
La tristesse, voilà l'ennemie des hommes. La tristesse conçue comme réservoir des passions négatives : haine et mépris des autres et de soi-même, envie, regret, honte, colère, vengeance, cruauté...Ce cortège interminable de tristesses qui nous tire vers le bas. Vers le niveau inférieur de la puissance d'être. Cette tristesse qu'on subit, qu'on exploite, qu'on renforce. L'esclave, le tyran, le prêtre : les trois figures humaines des passions tristes. Aliénation. Manipulation. Superstition. A ce catalogue du ressentiment Spinoza oppose la force de la joie.
Recherchez un emploi réclame ainsi de vous une énergie sans faille mais, au bout du compte, c'est pour vous déshumaniser, pour vous chosifier. [...] Il faut une force physique de colosse et un feu intérieur de maître spirituel pour résister au découragement, à la culpabilité, à l'usure, à l'exclusion. Pas étonnant que certains lâchent prise et quittent tout pour aller dans la rue.