Le « Laelius de Amicitia », traduit par
Christiane Touya comme « l'amitié », sera familier au lecteur de la Boétie, qui en a emprunté les idées et beaucoup d'expressions. On y trouve moins d'emportement — moins d'anarchisme avant la lettre — que chez ce dernier.
La Boétie était étudiant en droit à la rédaction du Contr'un et
Cicéron un politicien chevronné, âgé de 63 ans environ, à la rédaction de l'amitié, et il avait connu des revers de fortune, les succès et la trahison : « Deux sortes de situations conduisent la plupart des gens à révéler leur pusillanimité ou leur faiblesse :
le bonheur, qui les rend méprisants ; le malheur, qui les fait fuir. L'ami qui, dans ces deux circonstances, se montre fidèle, digne et constant, doit être considéré comme une perle rare, un quasi-dieu ». Il envisage d'ailleurs la fin de l'amitié, et, pour prévenir cette expérience douloureuse, il conseille de ne jamais accorder son amitié prématurément.