Le Problème à Trois Corps est l'un de ces romans délicats à chroniquer et commenter. Il est tellement vaste, tellement riche et m'a provoqué tellement d'émotions. Je n'exclus pas que mon billet soit un peu « brouillon », mais je vais tenter d'organiser un peu mes idées. Accrochez-vous.
Nimbé au coeur de la révolution culturelle chinoise, le récit débute en exposant une partie de la population chinoise, les intellectuels, mis à bas par un mouvement les accusant de réactionnisme. Si cet aspect peut, plus loin dans la lecture, paraître peu pertinent, les stigmates qu'il laisse sert de socle pour la suite du destin des protagonistes principaux.
En Chine, toutes les pensées libres et contestataires après avoir pris leur envol, finissent toutes un jour ou l'autre par s'écraser sur le sol, car la gravité de la réalité est trop lourde.
Physique, astrophysique et informatique
Plusieurs années plus tard, nous rencontrons Wang Miao. Ce dernier, chercheur en physique appliquée, est contacté par Shia Qiang, détective travaillant pour la police. En effet, des évènements inhabituels se déroulent dans la sphère académique chinoise. Miao est sollicité par ces offices militaires pour exposer son avis d'« expert ». C'est le point de départ d'un changement total de vie pour ce dernier.
Le titre du roman fait référence au problème à N corps, « problème mathématique fondamental pour l'astronomie classique, c'est-à-dire dans les cas où les effets de la relativité générale peuvent être négligés » (Wikipédia). Si au premier abord ce problème peut paraître incongru au regard des évènements inhabituels relatifs à la physique, il va rapidement prendre l'importance, car il est au coeur de la résolution de ces évènements.
Je trouve d'ailleurs que les pistes de résolution ont été habillement exposées, notamment par le fait d'un jeu vidéo en réalité virtuelle. Dès que j'ai commencé à comprendre où l'auteur voulait nous mener, je me suis juste inclinée devant le talent de ce dernier.
Le problème à trois corps est probablement le livre de Hard SF le plus rigoureux que j'ai eu à lire, mais j'ai paradoxalement trouvé ces aspects assez aisés à appréhender, peut-être est-ce en raison de mes études en informatique ? Rassurez-vous, je n'ai de loin pas tout compris, mais suffisamment pour ne pas être perdue.
Plus les choses sont transparentes, plus elles sont mystérieuses. L'univers lui-même est transparent : votre regard peut porter aussi loin que le permet votre instrument de vision. Mais plus vous regardez l'univers, plus il vous semble mystérieux.
Philosophie
Je trouve que ce roman permet de se poser de nombreuses questions philosophiques sur notre statut d'humain, notre place dans le monde et dans la société. A de multiples reprises, j'ai commencé à reconsidérer des aspects concrets de notre univers, à la lumière des concepts évoqués, tant ils me paraissaient tangibles
Est-ce la philosophie qui doit guider l'expérience ou l'expérience qui doit guider la philosophie ? l'interrogea Ye Zhetai.
Le mot de la fin
Difficile de trop en dire, vous aurez compris que j'ai sincèrement et profondément apprécié ma lecture, au point qu'elle se hisse dans mes coups de coeur. J'ai été transportée dans un autre monde, dans d'autres perspectives.
Je comprends et conçois que ce soit une lecture un peu trop alambiquée pour certains, trop tiré par les cheveux. de même, je n'ai pas nécessairement évoqué les failles de ce roman. Il y en a, mais j'ai tellement été happée, que bizarrement, cela a effacé ces moins bons aspects.
Je vous laisserai sur cette citation un peu nébuleuse, mais qui résume parfaitement les perspectives résilientes de la fin du roman
Le vide n'est pas le néant, le vide est une forme d'existence. Tu dois te remplir de cette existence du vide.
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