Arthur C. Clarke n'était globalement pas aussi clairvoyant que
Jules Verne mais si on assemblait les intuitions que contiennent toutes ses nouvelles, on obtiendrait une vision foudroyante de nos années de désespoir écologique. Et même au-delà… En effet,
Arthur C. Clarke saute directement de la situation catastrophique qui est la nôtre au renouveau futuriste –notre horizon ? La transition écologique semble être une affaire classée depuis longue date. Les courses compétitives voient désormais s'affronter des voiliers spatiaux propulsés grâce à l'énergie solaire. Plus besoin d'une énergie fossile suicidaire pour décoller de la Terre. Une observation patiente, méthodique et acharnée aura suffi, ainsi que l'explique
Arthur C. Clarke :
« Tendez les mains vers le soleil, disait-il. Que sentez-vous ? de la chaleur, bien sûr. Mais il y a aussi de la pression, bien que vous ne l'ayez jamais remarquée tant elle est ténue. Sur toute la surface de vos mains, elle représente seulement une vingtaine de microgrammes.
Mais dans l'espace, même une pression aussi minime peut être importante, car elle agit constamment, heure après heure, jour après jour. A l'inverse du combustible des fusées, elle est gratuite et en quantité illimitée. Si nous voulons l'utiliser, nous le pouvons. Nous pouvons faire des voiles pour capter les radiations du soleil.
[.. ;] Certes, l'accélération sera minime –environ un millième de g. Ça n'a l'air de rien, mais voyons ce que cela représente.
La première seconde, nous avancerons d'un demi-centimètre ; un escargot normalement constitué pourrait faire mieux. Mais au bout d'une minute nous aurons couvert une vingtaine de mètres et dépassé un kilomètre et demi à l'heure. Pas mal, pour quelque chose qui n'est propulsé que par la lumière du soleil ! Au bout d'une heure, nous sommes à une bonne soixantaine de kilomètres de notre point de départ et nous faisons du cent trente à l'heure. N'oubliez pas que dans l'espace il n'y a pas de frottement, donc, une fois qu'on a mis un objet en mouvement, il n'y a pas de raison qu'il s'arrête jamais. Vous allez être surpris quand je vous dirai quelle vitesse notre bateau à voile, avec son accélération d'un millième de g, atteindra au bout d'une journée de voyage dans les trois mille kilomètres par heure ! S'il démarre en orbite –ce qui, bien sûr, est nécessaire-, il peut atteindre la vitesse de libération en deux jours environ. Et tout ça sans brûler une goutte de combustible !»
De même, cette nouvelle d'abord anodine prend son élan en douceur pour atteindre les sommets de l'épique à la manière clarkienne, sur des variations subtiles de la mélancolie et dans la solitude la plus glaciale. Comme si, à jamais, il fallait payer le prix des erreurs commises par les générations lointaines…
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