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EAN : 9782916940557
217 pages
Inculte éditions (06/04/2011)
3.5/5   9 notes
Résumé :

Présent au sein du collectif inculte depuis sa création en 2004, Claro est tout à la fois un traducteur et éditeur renommé ainsi qu’un écrivain audacieux. Dans la droite lignée de son anthologie critique regroupée dans Le Clavier cannibale (inculte, 2009), l’auteur du très remarqué CosmoZ (Actes Sud, 2010) offre ici son premier recueil de fictions, sous les auspices de ses contemporains, de Burro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les yeux fermés, je suis du genre à plonger les mains dans l'acide, et sans gants. C'est que l'univers de Claro ne m'indiffère pas. Il a croisé mon chemin par le biais de ses traductions de la grande littérature américaine, celle qui est déjantée et qui surprend son lecteur. Puis, j'ai découvert ses romans, du moins un avec cette dose de LSD nécessaire à la littérature de l'âme, avant de parcourir des nouvelles, des poèmes, des essais. Inculte que je suis, dans une édition qui porte bien son nom, Inculte, je m'en ressers un verre dès que l'occasion se présente. Bien que l'univers soit totalement décalé, pour ne pas dire étrange ou survolté, je survole ses jeux de mots et de mains, le clavier cannibale avale les phrases et couche sur papier ses pensées, ses mystères.

Je me dis que forcément il faut être sous LSD pour capter l'essence des propos de Claro, moi je suis à fond dans le malt ou le houblon, alors j'ai par moment des difficultés à le suivre, mauvais carburant ou inculture chronique. Mais j'y reviens, sans honte, même si je n'arrive pas à me regarder dans le miroir, si la honte d'une vie, ce serait donc une sorte d'addiction aux pensées de Claro et ce genre d'addiction ne se soigne qu'en thérapie. Sauf que je ne veux pas d'un psy grincheux qui sourcille de mon silence. Je m'allonge sur le canapé, cuir noir odeur de poussière, me met à nu devant mes maux, elle nue dans ses mots, je lui parle de son cul, de ma littérature libidineuse, de ce besoin de lécher les pages des romans pour enlever la poussière des vies antérieures.

Je me dis que les mots de Claro sont une mélodie, des accords mineurs qui se passent de majeurs, pourtant le majeur est l'âme de la vie, une musique sous acide lysergique, avec des mélopées libres d'un saxophone furieux, des riffs épris d'une guitare sauvage, des hallucinations sonores d'une vie de poussière, le clavier mécanique d'un mélomane inculte. Je me dis que Christophe Claro c'est comme Frank Zappa ou Glenn Gould. A la première écoute, à la première lecture, je ne comprends pas grand chose. Je sens l'anguille sous roche, le serpent entre tes cuisses et si de prime abord, je ne capte pas l'essence même de sa pensée, n'effleurant qu'à peine la page comme je caresserai le bout de ton sein droit, j'y reviens m'abreuver de son flot comme je reviendrai me ressourcer pour boire à la fontaine de tes cuisses.
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Une superbe introduction, en 24 nouvelles et 3 courts essais à la magie des mots / concepts de Claro.

Malgré l'intitulé gentiment trompeur ("Essais") figurant sur la couverture, ce recueil publié en 2011 chez Inculte comporte 24 nouvelles (même si certaines font plus que flirter avec la visée théorique...) et 3 essais de Claro, dont 19 textes parus auparavant dans diverses publications relativement confidentielles.

Le leitmotiv issu du superbe essai sur Beckett ("Beckett en corps") peut s'appliquer à une bonne part de ce recueil hilarant : "C'est vraiment un texte très drôle même si on ne comprend pas tout."

Pour ne citer que mes préférés, parmi les 21 textes courts, on pourra ainsi se plonger dans l'archéologie savante - et (presque) érotique - de la machine à écrire ("Underwood Requiem"), dans une ode noire à la création de mythes ("La vérité sur Homère et les crapauds accoucheurs"), un panorama alphabétique, en forme de litanie, sur la composition musicale - qui peut aussi se lire, avec un rien de mauvaise foi, comme une authentique célébration de Frank Zappa ("Écrire la musique"), une variation éléphantine qui crée comme une résonance avec le monumental "CosmoZ" ("Jumbo en cage"), un inventaire autrement plus tranchant et coupant qu'un "à la Prévert", à partir de ce que peuvent inspirer sans doute certaines agressives affiches aéroportuaires ("Ce qu'on met dans sa valise avant de partir en Utopie"), un hommage enjoué à Edgar Rice Burroughs (même si le Lord Greystoke mis ici en scène évoque davantage celui de P.J. Farmer) et à William S. Burroughs ("Tarzan dans la jungle molle"), une démonstration de la filiation qui fit engendrer le wallpaper informatique par la mire télévisuelle ("Tout dire sur la mire"), une formidable lecture socio-politique de la saga de Pollux et de ses amis - peut-être mon texte préféré dans ce recueil, à ranger parmi les très grandes nouvelles de la littérature ("Le Manège désenchanté : Ce qui ne tourne pas rond"), et enfin, une autre manière d'envisager des injonctions contradictoires à la Kipling ("Ce qui n'est pas possible").

Suivent trois "récits retors", nouvelles sensiblement plus longues, d'où "La souffrance des choses", petit miracle alliant en un mélange détonant E.T.A. Hoffmann, Raymond Devos et le Brocanteur Errant en neuf pages, et "American Cream", ironique lecture de la mondialisation culturelle en un joli renversement d'archétypes, se détachent avec bonheur. Et attention au ketchup qui pourrait dégouliner, il peut tacher...

Les "trois usines surchauffées" qui concluent le recueil, trois essais enlevés, drôles et incisifs à la fois, sur Flaubert, Beckett et Artaud, achèvent de convaincre que l'on tient là, sous son air faussement modeste, un très grand recueil pour amoureux des mots, de la pensée critique et de la littérature.
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Plonger les mains dans l'acide est un titre bizarre pour un livre bizarre, collage bout à bout de textes de fictions et d'essais, inégaux en longueur et en intérêt. Composé de trois blocs, Plonger les mains dans l'acide a au moins le mérite de dérouter le lecteur, et de ne jamais l'amener là où il s'attend à aller.

(...)

Et bien Plonger les mains dans l'acide aussi c'est parfois très drôle, parfois émouvant, toujours intrigant, même si clairement, on ne comprend pas tout.

Lire la critique complète sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2011/08/chronique-livre-plonger-les-mains-dans-lacide/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La vérité exige que je précise que c'est moi qui avait convoqué Pranx. Je tenais à me débarrasser de mes livres, que j'avais fini par juger trop bruyants, trop chahuteurs. Tout en s'épaulant quasi religieusement sur les étagères, ils se menaient entre eux, je le sentais bien, une guerre sourde, et les souvenirs que je gardais de certaines de leurs pages émettaient en se frottant les uns contre les autres un son désagréable, papier de verre sur de la plaie fraîche, rire gras étouffé par un goulot de bouteille, bref, mes livres se manifestaient à mon insu, et je voyais venir le moment où ils finiraient par dégager une odeur d’œuf pourri. Aussi décidai-je de m'en débarrasser.
Pranx était une sorte de brocanteur que j'avais croisé à plusieurs reprises dans un café où j'allais, une ou deux fois par semaine, séduit par l'immense bloc amnésique que représentait à mes yeux le comptoir, dont le bois rayé et le zinc usé étaient comme l'abscisse et l'ordonnée d'une courbe imperceptible que ne pourraient jamais troubler les éructations des clients qui s'y greffaient. J'aimais ce contraste et, dans mon silence légèrement teinté de caféine, je me sentais complice du bois, du zinc, à mon tour pur tracé.
Mais je n'étais pas sourd et j'avais fini par comprendre que Pranx achetait et vendait des livres, vidait greniers et bibliothèques, et ce sans état d'âme, à l'inverse de ses collègues qui ne pouvaient s'empêcher de titiller quelque naïf secret clitoridien enfoui au fond du con de ces poussiéreux ouvrages qui, cela allait de soi, remplaçaient l'épouse partie depuis longtemps. Leur approche libidinale des livres m'avait toujours dégoûté, et je savais gré à ce Pranx d'être l'indifférent maquereau de leur destin.
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L'étude de l'éthylisme en milieu animal en est encore à ses bas balbutiements. Pose ton rocher, camarade bousier, et viens trinquer ! Bois donc un coup, industrieuse abeille, et fais de ta ruche un night-club bourdonnant !
C'est en 1945, à l'institut Zodnas, dans la banlieue de Bâle, que le médecin Ernst I. Stallberg - levons notre verre à sa santé, encore et encore - releva pour la première fois des symptômes de dépendance à l'alcool c'est bon pour la santé chez un représentant de l'espèce animale, plus précisément chez une araignée je vais te faire goûter un truc incroyable qui avait coutume de tisser sa toile au-dessus de sa paillasse et que l'éminent scientifique pas plus haut que le bord merci se refusait à détruire, tant ladite toile, pas dégueu ce petit blanc, captant chaque matin les timides rayons du soleil égayait ses laborieuses recherches on va peut-être en recommander une par ses complexes chatoiements tu m'en diras des nouvelles. Ivre, moustique, tu es ivre ! et tu piques l'éléphant et l'éléphant vire rose, ah comme la nature est bien faite ! L'araignée, ainsi que s'en rendit vite compte Stallberg, faisait régulièrement merci pas de glaçon un détour par les cuisines de l'institut avant de venir ravauder sa création de la veille et , apparemment, prélevait à chaque fois tu prends quoi ? quelques infimes millilitres d'alcool, sûrement disponibles sous forme de gouttelettes négligées par la femme de ménage non ça c'est mon verre qui s'enfilait un petit canon à l'aube avant d'attaquer sa matinée de travail fait gaffe t'as failli renverser la bouteille non mais fais gaffe.
Stallberg procéda alors à des analyses poussées sur l'araignée et lui découvrit un taux d'alcoolémie moi je peux en boire une dizaine sans que ça me fasse grand chose qui en faisait une fière rivale des mineurs lorrains t'as dit que tu payais ton coup.
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Écrire sur la musique c'est taper des monosyllabes : rock jazz hip-hop rap soul funk dance house grunge blues raï, et bien sûr il y a le reggae, la salsa, le gospel, le flamenco et le raggamuffin, mais si tu décomposes ça sera toujours une syllabe plus une syllabe, parce qu'écrire sur la musique c'est comme taper sur les touches d'un clavier, c'est une touche à la fois, même si tu tapes vite, tu peux aussi faire des combinaisons de touches, on appelle ça des raccourcis clavier, mais personne n'est dupe, surtout pas ton ordinateur qui plante deux fois sur trois, alors sois sage sois fou mais si tu écris sur la musique ne te prends pas trop pour Glenn Gould quand tu t'assois à ton bureau, parce que Glenn Gould n'écrivait pas sur la musique, lui, il laissait écrire la musique sur Glenn Gould et ça s'entend, tu peux l'entendre ahaner et pester, mais il aimait ça, chacun son clavier.
Si tu veux vraiment écrire sur la musique, tu sais ce qu'il te reste à faire, tu te lèves et tu montes sur l'estrade, tes mains sont dans ton dos et tu te tiens bien droit, puis tu articules en regardant un point situé quelque part entre Alpha du Centaure et Bételgeuse, tu prends ta respiration et surtout celle des autres et tu te lances, tu dis tout, tout et très vite, et dis Dallapiccola Dandrieu Danzi Daquin Davis Delibes Diabelli Dittersdorf Donizetti Dukas Dusapin Dvorak Dutilleux Dylan Dylan Dylan - c'est comme la gamme c'est comme le morse, et tu le sais oui tu le sait la révolution ne sera pas télévisée, the revolution will not be televised mais la dictée, elle, en revanche, sera musicale, si tu veux vraiment écrire sur la musique.
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Le cul est le cul est le cul, pénétra-t-il la substance du monde dont rien dont rien ne laissait paraître qu'elle fût à ce point divisée en son milieu afin que toutes sortes d'objets puissent y trouver une place de choix. Comme tout fondement, qu'il soit métaphysique, modestement physique, ou ostensiblement pornographique, la base où asseoir ces nouvelles certitudes reposait pour lors sur la place centrale du vaste canapé de cuir rouge, lequel trônait à la façon d'un missile dans un coin de la salle d'attente. Elle ne va pas tarder à vous recevoir, avait lipstiqué la voix de la standardiste, et vous pourrez alors entrer dans le saint des saints, cette dernière expression délivrée comme s'il s'agissait d'une formule étrangère, nécessitant un accent différent. Il consulta la cadran galbé de sa montre et vit l'aiguille des minutes se roidir à l'instant de fendre le zéro pourtant introuvable sur n'importe quel cadran horloger. Derrière lui, à son insu, en plein mur, un hublot laissait couler à la verticale de sa paroi extérieure une unique goutte de pluie brûlante qu'il aurait volontiers léchée s'il avait su voler, chose inconcevable pour lors. Dans son cerveau passé en mode veille, diverses tâches en souffrance émettaient une très faible luminosité. Entre un agenda renouvelé automatiquement par la time machine de son ordinateur interne et un book de pics directement téléchargées d'un serveur nippon spécialisé dans la pixellisation des vulves européennes, magnifiquement posé sur la table du souvenir tel un cendrier rond en ivoire dont la légère dépression située en périphérie semble attendre la belle et bonne et consumable volonté de la cigarette, un cul emblématique dont il avait oublié le pedigree et l'indice de résistance lui servait de satellite, point trop gibbeux et suffisamment marmoréen pour qu'il puisse, à volonté, ou dans l'inconscience de la détente, y glisser soit un doigt n'ayant servi à rien d'autre qu'à un défilement d'écran tactile, soit un stylet en caoutchouc conçu dans des buts qu'il était inutile de définir avant usage.
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Vidéo de Christophe Claro
Pourquoi l'échec serait-il forcément négatif. N'y aurait-il pas un peu de plaisir coupable à échouer ? Avec ce nouvel essai, L'échec paru aux éditions Autrement, Claro pose la question de Comment échouer mieux. "Seul l'exercice de l'échec permet d'élargir le champ des possibles. Si, comme le disait Beckett, il importe d'échouer mieux, c'est sans doute parce que créer ne veut pas dire réussir, mais plutôt soutirer à l'obscurité un aveu de lumière. Au risque, consenti, d'aboutir à une impasse – c'est là non une malédiction, mais une chance". Pour ce faire, Claro aborde entre autres Kafka, Pessoa, Cocteau et Hitchcock, des grands noms qui ont un point en commun, celui d'avoir échoué. Avec beaucoup d'humour et une grande sensibilité, l'auteur nous invite à réfléchir et à repenser nos limites ainsi que nos faiblesses et les regarder avec un nouveau prisme pour que ces derniers nous aident à avancer.
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