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EAN : 9782330081713
240 pages
Actes Sud (06/09/2017)
3.28/5   16 notes
Résumé :
Océan Arctique, 1960. Dans un vieux rafiot au mouillage devant l’île de Jan Mayen, le médecin du bord doit répondre de la folie inexplicable qui a gagné l’équipage. C’est au coeur des ténèbres dans un paysage fermé, glacial et désertique.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Oh qu'il est embrumé ce roman, à l'image des nombreux souvenirs évoqués par le médecin du bord qui se perd entre la réalité, les différentes traversées qu'il a effectué pour La Centrale, une compagnie maritime, ses souvenirs des jours précédents un drame survenu à bord du navire sur lequel il est, et ses divagations certainement dues aux médicaments qu'il consomme en excès.
La quatrième de couverture nous allèche avec l'annonce d'un drame ayant eu lieu à bord d'un bateau , mais il faudra attendre la fin du roman pour savoir de quoi il s'agit et ma réaction a été de me dire que c'était beaucoup de bruit pour rien.
Le drame en question n'a finalement pas grand-chose de mystérieux, l'ambiance à bord est effectivement étrange mais la plupart des questions qu'on se pose resteront sans réponse.
De la fameuse compagnie, on ne saura rien, des motivations du principal suspect concerné par le drame non plus, de la mission plus ou moins secrète de la Compagnie, on n'aura que des bribes d'infos et encore, ça semble tellement peu crédible que ça en est ridicule.
J'avais tellement envie de naviguer dans les eaux de l'Arctique, d'avoir des images de paysages fantastiques dans la tête, d'évoluer sur le pont ou dans les cabines avec les membres d'équipages…mais je n'ai rien ressenti de tout ça, le style est inutilement embrouillé, les dialogues sont insérés aux paragraphes, sans effort de ponctuation….bref, grosse déception.
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C'est un mystère aussi épais qu'un brouillard polaire. Apparemment, il s'est passé des choses atroces à bord de l'Eradinus mais de quel ordre ? Calmons-nous et plantons le décor de Polaris, le premier roman traduit en français du catalan Fernando Clemot. L'Eradinus est un vieux navire qui mouille devant la sinistre île de Jan Mayen, située à la limite des océans Arctique et Atlantique. A son bord, un équipage très cosmopolite d'où émerge la personnalité du docteur Christian, un médecin auquel la Centrale (propriétaire du rafiot) a confié d'autres tâches (obscures) que celles de soigner. Dès le début du livre, on comprend que Christian raconte le récit de l'expédition à deux enquêteurs de la Centrale, chargés de comprendre comment la situation a pu dégénérer. le médecin entreprend un monologue relancé de temps à autre par ses interlocuteurs et censé nous éclairer. Mais hélas, l'esprit de Christian est confus et son accoutumance aux médicaments renforce l'idée que son état mental est bien sujet à caution. Il digresse souvent, par rapport à sa propre existence, la maladie et la mort de son frère ou encore sa collaboration avec l'armée allemande pendant la guerre. Autre élément qui opacifie la bonne compréhension des événements : l'absence de ponctuation dans les dialogues totalement incorporés au texte. La narration avance lentement avec une tension constante, dans un climat oppressant. Au fur et à mesure, l'on approche de la vérité, mais on se doute bien qu'elle ne répondra pas à toutes les questions. Etrange bouquin dont il est nécessaire de ne pas sauter une seule ligne de peur de rater un élément important de l'intrigue. A l'Arctique de la mort, ce n'est d'ailleurs pas tant la résolution des mystères qui compte mais bien davantage l'atmosphère à couper au couteau de ce huis-clos sur l'eau.
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Nous transportons notre ruine sur le dos.



Dans une lumière incertaine et insensiblement vacillante, entre jour et nuit, une sorte de vaisseau fantôme erre sur les eaux froides du grand nord. Quelque part au large de la Norvège. Ailleurs aussi. A son bord, parmi les marins qui forment tant bien que mal un équipage, le docteur Christian, qui semble égaré sur cet océan et ce rafiot. Au-dessus de tous, il y a la Centrale. La Centrale, un organisme lointain dont les consignes ne se discutent pas. Compréhensibles ou incohérentes, sensées ou pas, elles ne se discutent pas. Quant à l'objectif de cette mission dans le froid, il restera aussi obscur et secret que le reste. Peu importe ce qu'est au juste la Centrale, ce qu'elle poursuit et qui la fait vivre. Inutile de chercher à la comprendre, inutile de chercher à saisir même ce qu'elle est, car « la Centrale était une entité invisible ». On se soumet à ses ordres. On les suit. C'est tout.

Les ordres ont conduit le capitaine à mettre le cap sur l'arctique, en renonçant aux misérables escales initialement prévues, sans mettre le pied à terre, ne serait-ce que quelques courts instants. le seul lien qui reste avec le monde des humains, ceux qui vivent à terre, dans un monde raisonnable où jour et nuit ne se confondent pas, semble être la radio et ses ritournelles.

La radio était un nid de guêpes qui servait à nous rappeler que nous étions vivants, que nous avions eu une vie antérieure, que nous avions entrevu le bonheur à un certain moment.

Mais que se passe-t-il donc à bord du Polaris ? Qu'est-il venu faire sur ces eaux si peu hospitalières ? Que fait, ou qu'a fait le docteur Christian et pourquoi doit-il explorer les rêves des membres de l'équipage ? Dès les premières pages nous embarquons pour un huis clos maritime et polaire où tout devient question, énigme. Petit à petit, nous parvenons à prendre quelques amers, à percer le brouillard invisible qui nous entoure (Nous recommandons au passage d'éviter de lire la 4ème de couverture, ou de l'oublier sitôt parcourue, de renoncer à ce qu'elle vous en dise plus. Qu'elle en dise trop).

On ne sait plus bien s'il s'agit d'un récit librement conté, d'un monologue ou d'un interrogatoire. Narrateur et personnage se confondent et se fondent et la mémoire apparaît épaisse, embrouillée et obscure, traversée d'éclats de souvenirs qui blessent, réels ou fantasmés. Coupés du monde, nous plongeons au milieu d'âmes mortes qui s'accrochent au vide qui les envahit, cherchant malgré tout à échapper à ce qu'on ne peut fuir. Trouver la petite lumière qui rassure, voire console, avant que le temps ne la souffle. A l'apparente errance de la navigation répondent la fuite et l'inévitable traversée.

Que fuyez-vous docteur Christian ? Vous créez des liens de mémoire immédiate et vous ne cessez de retourner sur les lieux qui vous obsèdent. On dirait que vous hébergez en vous une douleur qui flambe comme si vous la reviviez. Elle est là, n'est-ce pas ? C'est une blessure infectée, qui ne cesse de vous élancer, prête à éclater.

Avec ou sans carte (elles jouent un rôle important dans Polaris et dans sa genèse), Fernando Clemot navigue ici sur des eaux peu fréquentées par la littérature espagnole. Il nous entraîne dans un monde sombre et incertain, plein de rumeurs qui condamnent ceux qui les entendent. Un monde où quelques humains survivent, à la limite des mers et au coeur d'eux-mêmes. En lisant Polaris il se pourrait que vous croisiez un capitaine à la recherche d'un monstre ou d'une chimère, de sa baleine blanche (le capitaine Achab, poursuivant Moby Dickà bord du Péquot, armé par Herman Melville) ou le Sphinx des glaces (un roman trop peu connu de Jules Verne, une suite aux Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Poe), mettant lui aussi le cap sur le coeur des ténèbres (Heart of Darkness de Joseph Conrad). Mais s'il connaît ses classiques, sur lesquels il a pu par ailleurs écrire, Fernando Clemot, qui est aussi universitaire et patron de la prestigieuse revue littéraire Quimera – une revue qui navigue sur les mêmes eaux que le Matricule des Anges – a l'art d'imposer son univers et son écriture et de nous laisser avec peu de résistance pour un voyage dont on risque bien de revenir différent.

Polaris, premier roman traduit de l'auteur, n'est pas son coup d'essai, loin s'en faut. Nous espérons d'autres traductions, notamment de la langue des noyés (La lengua des los ahogados) paru depuis en Espagne et dont on nous a dit le plus grand bien.
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Par où commencer?
La plus grande précision utile est la ponctuation et la présentation particulière du texte. Les phrases s'enchainent, sans réels espaces, surtout lors des dialogues, et dès le départ, le lecteur est un peu malmené.

On débute dans le vif du sujet car on prends l'interrogatoire du Docteur en cours.
Beaucoup de choses sont confuses, les personnages se multiplient, les époques également car le Docteur, lui même un peu dément ou confus, mélange pas mal de choses.
Le cadre n'est pas posé dès le départ, le lecteur sait juste qu'un évènement tragique à eu lieu mais pas encore de quoi il s'agit, et que l'intrigue se déroule sur un bateau. Les 2 personnes chargées de l'interrogatoire ont l'air pour le moins suspectes également.

Ensuite l'histoire se déroule (au sens propre) lentement, zigzagant entre le passé du Docteur, les évènements qui ont conduit à son traumatisme dans le passé et les éléments plus récents s'étant déroulé sur le bateau.
Je ne vais pas en dire plus pour ne pas spoiler l'intérêt que le lecteur peut avoir à cette lecture. Car en dehors du fait de vouloir en savoir plus, j'ai trouvé ce livre très confus (est ce une volonté de l'auteur de nous faire partager l'état mental du Docteur?) et assez plat, comme une mer calme ou rien ne pointe à l'horizon.
Jusqu'au bout, j'ai espéré une fin monumentale, une chute vertigineuse qui me fasse dire : "Waouw" et..... et bien non.
Les explications du comment du pourquoi des "lettres de missions" m'ont laissée dubitative de part leur côté peu réalistes,...on reste dans le flou et je n'ai pu m'empêcher de tourner la dernière page en me disant...."Tout ça pour ça"....
Dommage, l'idée de départ était bonne.
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Un roman sombre et oppressant, d'autant plus oppressant que le lecteur n'a, au départ, que très peu de point de repères. Que s'est-il exactement passé sur l'Eridanus ? Coincés dans le mess de ce bateau, mouillant au milieu de nulle part, au-delà du cercle arctique, trois personnages s'affrontent. L'un d'eux possède sans doute les clés de l'histoire, mais son récit digresse pour parler aussi de lui...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La salive comme l’urine et la sueur vieillissent avec nous, nos jus s’encrassent et fermentent. Le temps y dépose tous nos malheurs et nos vices, c’est la sentine du navire, les nuits blanches et les cauchemars s’y déposent aussi. Or ces baisers de María Aparecida étaient tout le contraire, ils avaient le goût de mes premiers baisers, goût de savon et de collège, de carrelage propre, de fêtes de nos enfances : et d’espérance. La jeunesse, c’est toujours l’avenir, la puissance au-dessus de la lourdeur de l’immanence que nous confèrent les années. Nous avons dû rester sous ce porche presque jusqu’à l’aube. Je lui ai juré que je reviendrais sans tarder pour qu’elle devienne ma femme, je ne sais pas si elle m’a cru, mais elle avait toujours ce rire effréné qu’elle avait déjà le matin de cette rencontre. J’ai insisté, je ne l’oublierais jamais, je l’ai embrassée encore plus fort, je crois que nous avons pleuré tous les deux en nous séparant.
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Pourquoi aimez-vous tellement les cartes, docteur ? Elles nous permettent d’anticiper ce que nous allons voir, de même que le portrait d’une personne nous permet de la reconnaître ensuite avec plus de profondeur. Sur une carte, tout y est : elle imite la surface du territoire de la même façon que la peau irrite notre contour. Les plans ont des rides et des cicatrices, ils ont du caractère, ils montrent les profondeurs et les tiédeurs d’un lieu. Cette représentation a la même vie que l’objet représenté : elle tremble avec le froid, avec l’incertitude. Je suis médecin, et quand j’étudie une radio, je ne vois pas seulement des ombres. Je peux y voir la personne ; je reconnais sa douleur, ses limites, comment ses souffrances sont représentées sur cette image. Le plan a la même fonction. Il n’est pas seulement l’imitation d’un territoire, c’est l’imitation de l’homme, des formes de l’univers entier, sa synchronie et le chaos, tous les extrêmes de ce que nous connaissons se reproduisent dans les couleurs et les courbes de niveau.
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J’avais lu les premières en diagonale et un détail m’était resté. Je l’ai retrouvé, en bas de la première page : en 1917 et en 1920 deux tempêtes rasèrent l’île et tuèrent cent vingt-cinq pêcheurs qui travaillaient sur ces côtes. J’imaginai un instant cette terrible tempête d’antan, et les derniers pêcheurs enfermés dans leurs abris, serrés les uns contre les autres comme du bétail, dans le noir, morts de peur. Je tremblais, j’en avais la chair de poule, j’avais ma dose. Ce que je lisais ne m’aidait pas à me lever, bien au contraire, je n’avais aucune envie d’aller dans un lieu plus perdu que Fugloy ou que ce pré de Crête, ou plus perdu que n’importe quel endroit où la mort était déjà, car le lieu importe peu, le lieu le plus solitaire du monde se remplit de mort si l’homme y débarque. Il suffit de voir ce qui s’est passé sur cette île maudite, sur ce bateau. Nous transportons notre ruine sur le dos.
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Les voix se taisent et sur le pont les bruits s’estompent : je peux enfin méditer sur la nature de la pièce où je suis enfermé. Seule lumière : la petite lampe sur la table qui éclaire à peine les angles de la cabine. Justement celle que Kalendzis occupait : c’est là que je l’ai soigné il y a quelques jours, on y respire encore des relents de viscères.
Nous sommes dans l’entrepont inférieur, sous la ligne de flottaison, et bien que nous soyons très proches d’elle, la chaleur des moteurs qui ne fonctionnent pas depuis des jours ne nous réchauffe plus. Nous sommes au mouilage et on ne perçoit pas davantage les vibrations habituelles de la coque ou du pont. On n’entend plus aucune voix en profondeur de la salle des machines et personne ne semble circuler aux étages supérieurs. On dirait que le bateau est mort, pétrifié, je sens ses fluides qui ruissellent derrière les cloisons. Toutes les humeurs descendent, comme dans un cadavre : l’eau, l’urine des latrines, la graisse. Tout cela s’écoule vers les profondeurs du bateau, converge paisiblement vers sa propre sentine. J’imagine la glissade de chaque grumeau, de chaque goutte, la vapeur, le trop-plein des tuyauteries, des joints et des pompes. Toute cette pourriture doit se condenser sous mes pieds, dans un vaste cloaque, comme le ventre d’un animal, comme la vessie d’un immense corps assoupi : tel est l’Eridanus : un cadavre flottant en décomposition, oublié de Dieu et de la loi des hommes.
Sur le visage de Vatne, pas une once d’humanité non plus. Je le regarde. Il pourrait être l’image d’un démon aux traits crispés, narquois, avec un regard de bas en haut, un peu biaisé, les yeux saillants, presque rongés par des rides qui assiègent ses paupières. Les latrines de Vatne, ce sont ses cernes boursouflés : c’est là que convergent ses fluides, la fatigue rancie de tabac qui suinte de ses poumons noirs, des raisins secs ; la ruine d’une vie qui se dégrade comme l’huile de friture, comme la semence caduque qu’on a épongée dans sa chaussette. De l’autre type, Dodt, je ne distingue que les jambes croisées et les chaussures. Pendant tout ce temps, je n’ai jamais vu son visage : il se cache dans un triangle d’obscurité, entre le coin et la porte. Vatne fume cigarette sur cigarette avec calme et suffisance.
Croyez-vous que c’est à ce moment-là que tout a commencé, docteur Christian ?
En effet. C’était bien à ce moment-là.
Qu’avez-vous fait quand le capitaine vous a lu la lettre de mission ? Qu’avez-vous ressenti ?
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La mer nous rend plus réservés, peut-être qu’alors l’homme est plus homme que jamais, voilà pourquoi c’est insupportable. Adieu l’empathie, les bonnes manières, et tous les attributs qui font de nous un être social. Tout le monde ne pense pas comme vous, docteur. Un bateau est un lieu où l’on travaille coude à coude, il y a des grades et des codes, un monde à l’intérieur d’un monde qui vous est étranger. Il y a aussi de la souffrance, mais c’est un lieu propice à l’amitié et à la camaraderie. Je ne le vois pas sous cet angle.
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