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sur 1844 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bien sûr, j'ai déjà lu et entendu parler à propos des Lebensborn, « fontaines de vie », en traduction littérale. C'était, en réalité, un programme de sélection des nouveau-nés puis des enfants pour créer la fameuse race supérieure aryenne rêvée par les Nazis.
Mais, en me plongeant dans la lecture de Max, le roman de Sarah Cohen-Scali, publié pour les plus de 14 ans mais surtout à ne pas réserver à la jeunesse, j'ai été complètement aspiré par le drame effroyable, cet engrenage inimaginable et pourtant bien réalisé par Himmler et des gens tout à fait respectables, intelligents, cultivés, comme le docteur Ebner et les sages-femmes, les infirmières, tous ceux qui l'assistaient.
Max qui est nommé Konrad - avec un K comme Krupp - à sa naissance, le 20 avril 1936, au foyer de Steinhöring, près de Munich, raconte. C'est lui, ce personnage fictif et pourtant d'un réalisme poignant qui m'a emmené jusqu'au bout que tout le monde connaît, la victoire des Alliés sur les Nazis en 1945, avec d'immenses dégâts matériels et surtout humains impossibles à réparer à cause de la quantité incroyable de victimes de Hitler et de ses sbires.
Max raconte donc et c'est d'une franchise, d'une spontanéité qui fait souvent sourire malgré les perspectives que l'on connaît. Il est dans le ventre de sa mère qui fut violée par un Waffen-SS évaporé ensuite, et il fait durer, retarde au maximum sa venue au monde pour naître le même jour que le Führer, ce fameux 20 avril.
Petit à petit, grâce à Max, je découvre toute l'incroyable organisation méprisant les règles les plus élémentaires de l'humanité afin de sélectionner les êtres « parfaits » à venir. Si on sélectionne, on élimine sans pitié et les prisonniers du camp de Dachau sont là pour nettoyer, embellir les lieux avant de mourir.
Le petit Max observe, décrit mais il est absolument persuadé de l'utilité de ce qu'il constate, soutient complètement le régime nazi, même s'il a peur, parfois, de faire partie de ceux qui sont « réinstallés » ou éliminés car on s'exprime en langage codé, ici.
Quand Max grandit, il est emmené en Pologne, à Poznań, où je découvre une autre facette abominable du plan, la capture des enfants polonais blonds, après sympathisation avec Max. La séquence avec Bibiana, cette femme extraite du camp de Ravensbrück pour jouer la mère de Max, est particulièrement terrible. de plus, les scènes de débauche entre les Frauen, putes allemandes pour les officiers et les Polonaises pour les simples soldats, sont très réalistes.
Changement de décor à six ans. Max est à Kalish, toujours en Pologne, où il est mêlé aux autres enfants embrigadés, scolarisés sous la direction de Johanna Sander. Max se fait passer encore pour un Polonais pour rassurer les autres. Lui qui a été Baptisé Par le Führer en Personne (BPFP), il découvre toute l'horreur de la sélection des filles et des garçons. C'est là qu'il est fasciné par un gars de douze ans, Lukas, qui joue un rôle très important ensuite. Surtout, il permet de comprendre le sort réservé aux Juifs et sa description du ghetto de Lodz est terrible.
Ensuite, c'est la Napola (NAtionalPOlitische LehrAnstalt) à Postdam. J'ignorais ce mot et j'apprends qu'il y en avait ailleurs comme à Rouffach, en Alsace. Dans un ancien hôpital psychiatrique dont on a « réinstallé » les malades, c'est-à-dire qu'ils ont été tués, gazés dans des camions, Max et Lukas sont scolarisés, l'un en primaire, l'autre en secondaire.
Les événements, les rebondissements ne manquent pas, les drames non plus. Même si Max-Konrad qui est toujours un parfait petit nazi, le vit mal, le sort de son pays est en train de basculer et les voilà tous les deux dans Berlin bombardée, avec Manfred, camarade que Max méprise puis accepte. Les couloirs du métro, les caves, l'appartement de la famille de Manfred puis les Russes qui libèrent et violent les femmes tout en chassant les SS, la fin est proche.
Max est un roman dont les principaux protagonistes comme le docteur Ebner, Johanna Sander et d'autres ont bien existé, ont bien appliqué consciencieusement cet odieux Lebensborn mais il est terrible d'apprendre qu'à l'issue du procès de Nuremberg, ces gens-là ont été libérés.
Quant à Max, Sarah Cohen-Scali a eu l'idée géniale de le créer et de lui faire raconter de l'intérieur ces années atroces qu'il ne faut en aucun cas oublier. de plus, l'hommage qu'elle rend aux déportés, aux victimes des camps de la mort, m'a particulièrement touché.
Un grand MERCI à Emma car Max est vraiment un livre à lire !!!

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Quelle audace, quelle originalité et en même temps y a-t-il meilleur narrateur qu'un enfant pour nous parler de ce fameux programme "Lebensborn" initié par Himmler dès décembre 1935 et qui perdura jusqu'en 1945 ?
Ce projet Lebensborn, l'un des plus secrets et terrifiant projet nazi, peut être traduit par "source de vie". Des femmes sélectionnées, jugées "racialement pures" par les nazis mettent au monde dans le secret, de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich. Plus horrible encore, a été ensuite, l'enlèvement d'enfants répondant aux critères raciaux (cheveux blonds et yeux bleus notamment) et leur transfert dans des centres Lebensborn pour y être "germanisés".
Le livre débute donc dans la première maison Lebensborn créée en 1936 dans Steinhöring, un petit village non loin de Munich, lors de la naissance de notre narrateur, ou plutôt la veille à minuit, le 19 avril 1936, quand il est encore dans le ventre de sa mère. Il nous dit qu'il aurait déjà dû naître la veille, mais qu'il a tout fait pour retarder cela, et que, dans une minute, il aura réussi : " Mon voeu, le premier de ma vie à venir, est de voir le jour le 20 avril. Parce que c'est la date anniversaire de notre Führer. Si je nais le 20 avril, je serai béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde."
Le ton est donné. C'est donc cet enfant qui va tout nous raconter depuis sa conception, sa naissance bien sûr, sa grande crainte ensuite dans les mains du Docteur Ebner de ne pas répondre aux critères raciaux, sa vie avec sa maman réduite aux tétées, comment celle-ci a été sélectionnée pour faire partie du programme, jusqu'à l'apothéose. Son baptême, désormais remplacé par la cérémonie du Namensgebung, la "donation du nom" est présidé par… vous l'avez deviné, le Führer en personne, pour le récompenser d'être né le 20 avril comme lui et sa maman a été sacrée championne des donneuses de lait ! Un moment grandiose immortalisé par une photo où ils ont eu le privilège de poser avec le Führer, photo qui va revêtir une extrême importance. Et le principal, il a maintenant un nom et un prénom : Konrad von Kebnersol, K comme Krupp.
Ce bébé qu'on pourrait qualifié de surdoué a vite compris que les gens autour de lui s'exprimaient en langage codé et, contrairement à ses collègues de la maternité, il l'a vite déchiffré et compris que, par exemple, ces jeunes femmes qui n'ont pas convenu à la sélection et qui ont été "réinstallées", n'ont pas été installées ailleurs, mais tout bonnement exterminées. de même que lorsque des chauffeurs viennent chercher "les lapins", "ce sont les bébés qui servent de cobayes et qui sont livrés à l'institut de Vienne, pavillon 15." et d'autres encore... Quelques événements vont intervenir et perturber cette vie qui semblait toute tracée, puis il y aura la rencontre, lors d'une sélection parmi des enfants raflés, avec Lukas, jeune juif polonais, son aîné de quatre ans rencontre qui va tout bouleverser. La suite, à vous de la découvrir.
Contrairement à beaucoup d'ouvrages, ce roman s'inspire de faits réels, certains personnages dont le rôle est important dans l'intrigue ayant d'ailleurs réellement existé. On peut le qualifier de roman ou plutôt de fable historique, une fable glaçante, fascinante, très dérangeante écrite de façon très caustique. C'est une fiction, certes, mais basée sur tellement de faits réels qu'elle fait frissonner. Heureusement, beaucoup d'humour traverse cet écrit et permet de ne pas sombrer. On est, au contraire, scotché à ce personnage qui nous tient en haleine jusqu'au dernier mot. Un roman choc, un roman jeune-adulte, à lire par des ados, tout de même après explications.

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Quelle douche froide ! En entrant dans ce livre, on s'en prend plein la figure du début à la fin. Je connaissais les Lebensborn, ces « fontaines de vie » cachant l'innommable, c'est-à-dire la sélection des meilleurs petits aryens et leur reproduction pratiquées par les nazis… Mais l'entendre « raconter » par un enfant qui le vit c'est parfois insurmontable et glaçant. Belle idée de l'auteure d'avoir imaginé comme narrateur un foetus d'abord puis un bébé et un enfant que l'on suit jusqu'à ses douze ans. Malgré une réflexion d'adulte endoctriné et un vocabulaire soigné, ce narrateur garde la naïveté de l'enfance et cela rend le récit encore plus bouleversant.

J'ai dévoré ces 469 pages en deux soirées tant l'histoire est accrocheuse et ce, malgré les horreurs décrites. Sarah Cohen-Scali nous offre un récit richement documenté qui nous plonge au coeur d'un processus aussi abominable que le furent les camps. Que sont devenus tous ces enfants à la fin de la guerre ? Ces orphelins nazifiés ? Qui s'en est soucié ? Voilà une question qui me taraude depuis que je sais que l'eugénisme a existé à grande échelle en Allemagne et dans les pays conquis. Quel avenir a-t-on donné à ces enfants sacrifiés sur l'autel de la folie humaine ?

Avant de rédiger cette histoire, l'auteur a beaucoup lu sur le sujet et notamment « La chute de Berlin » d'Anthony Beevor. Un ouvrage qui fait référence si j'en crois les nombreux auteurs que j'ai lus et qui s'en sont inspirés. Il faudra que je le lise à mon tour.

Ce roman jeunesse destiné aux 15-16 ans devra faire l'objet d'un accompagnement dans les classes. Introduire le récit d'abord, pour mettre en garde les âmes sensibles sur l'implacable relation des faits et permettre aux élèves de s'exprimer ensuite sur leur lecture. S'il est bon que les jeunes sachent ce qui s'est réellement passé durant la Seconde Guerre mondiale, notre rôle d'adulte est de les accompagner dans leurs découvertes de l'indicible horreur qu'elle a engendrée.

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Hallucinant !
Effrayant !
Je reste sans voix. Je ne trouve pas les mots pour parler de ce livre, là, à chaud, une fois le livre refermé.
C'est un roman, certes, mais basé sur des faits réels.
Comment est-ce possible ? A chaque fois que je lis un livre ayant pour thème la 2nde guerre mondiale, je me pose cette question.
Quel que soit le sujet, que ce soit au sujet des camps, des exterminations, des expériences, des horreurs de cette période, et ici de cette sélection aryenne des enfants, des naissances. A chaque fois je m'étonne.
Et pourtant, L Histoire montre que l'Homme est capable de tout.
D'ailleurs, que ce soit durant la 2nde guerre, ou à d'autres périodes, l'Homme semble ne rien retenir du passé. Encore aujourd'hui je suis épouvantée face à certaines actions d'hommes à l'encontre d'autres humains.
Peut-on parler d'Humanité ?
Merci à l'auteur, Sarah Cohen-Scali, d'avoir écrit cette partie de l'Histoire, vu de l'intérieur.
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1) Les Lebensborn étaient des maternités où des femmes donnaient naissance à des enfants dits « parfaits » de race aryenne, selon les critères de l'idéologie nazie. Au total, on estime que 20 000 enfants seraient issus de ces dispositifs.
2) Pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 200 000 enfants polonais, ainsi qu'un nombre indéterminé d'enfants d'autres nations, ont été arrachés à leurs foyers et transférés de force en Allemagne nazie à des fins de travail forcé, d'expérimentation médicale et de germanisation.
3) Les Napola étaient des internats de l'enseignement secondaire et étaient destinés à devenir les écoles de l'élite du Reich.
4) À la fin de la guerre, l'Allemagne est dévastée et occupée : elle capitule le 8 mai 1945 après la prise de Berlin par les soldats soviétiques. de nombreuses villes allemandes ont subi des dégâts considérables et Berlin est détruite à 40%.

À travers l'histoire de Max, ou plutôt de Konrad von Kebnersol ainsi baptisé par le Fürher en personne, l'autrice reprend ces quatre aspects de l'histoire de l'Allemagne nazie, de sa toute puissance à son effondrement. Max, ainsi je préfère l'appeler, est le premier bébé issu du programme Lebensborn, né un 20 avril comme le Fürher. Comme un fait exprès, il répond à tous les critères de la race nordique. Il est l'échantillon type de la race supérieure. Avec sa gueule d'ange (blond, yeux bleus, peau très clair et crâne dolichocéphal) et son "draufgängertum", il est le modèle à suivre.

Ainsi, nous suivons cet enfant, endoctriné dès sa naissance, sinon avant. Non pas orphelin, puisque sa mère est l'Allemagne et son père le Fürher. Il est fier de ce qu'il est et on le lui rend bien. Il n'hésite pas à dénoncer les traîtres à sa patrie, collabore du mieux qu'il peut, se donne à fond dans toutes les missions qu'on lui octroie. Il déteste les Juifs et les Tsiganes, comme on le lui a bien appris. À priori, il n'est pas un personnage très attachant, et pourtant je n'ai pas aimé le détester. Mais il évolue, petit à petit, jusqu'à penser quelque peu par lui-même et se poser des questions. Sa relation avec Lukas y sera pour beaucoup et lui ouvrira les yeux... Je n'en dirai pas plus, à vous de le découvrir.

Nous sommes bien évidemment dans une fiction, mais la dimension historique est si bien fournie qu'on pourrait se croire dans une histoire vraie. J'y ai cru en tout cas, j'y étais parmi ces gamins endoctrinés. J'ai suivi leur éducation, emplie de propagande et de haine envers les Juifs. C'est affolant mais je n'ai pas voulu en perdre une miette, d'autant qu'au fur et à mesure que l'Allemagne nazie s'affaiblit, un autre aspect de l'histoire finit par prendre le dessus : le relationnel et l'humain.

La narration étant à la première personne, nous vivons les événements en direct. Nous sommes dans la tête de Max, au plus près de sa conscience et de son état d'esprit. Nous grandissons avec lui, doutons avec lui. On finit par s'en sentir très proche, d'autant que nous l'accompagnons depuis qu'il est dans le ventre de sa génitrice (sa mère pourrait-on dire mais il n'en a plus de souvenirs). Avec lui, on assiste à certaines horreurs dont ont été capables les nazis.

Je n'ai rien appris de plus que ce que je savais déjà, pourtant ce roman est foisonnant de détails historiques. Encore une fois, les mêmes interrogations demeurent : Comment peut-on devenir à ce point inhumain et perpétrer de telles atrocités à ses semblables ? Comment peut-on devenir à ce point haineux et cruel ? Comment a-t-il réussi à ce qu'autant de gens le suivent ? [Mais aussi pourquoi décréter blond aux yeux bleus, grand et élancé comme critères de la race supérieure quand on est soi-même petit aux cheveux et yeux foncés ? Rien qu'avec ses propres caractéristiques, qui ne répond en rien aux critères, comment a-t-il fait pour se rendre crédible ? S'il avait suivi ses propres principes, c'est dans un camp qu'il aurait dû finir...]

"Max" est un livre que je voulais lire depuis longtemps, qui m'attendait bien sagement sur une étagère depuis aussi longtemps, j'ai enfin sauté le pas et je ne regrette qu'une chose, comme bien souvent, c'est de ne pas l'avoir ouvert plus tôt. C'est un roman enrichissant, abouti, très bien documenté, original par le choix de son point de vue (celui d'un enfant né nazi), mais aussi captivant et saisissant, qui ne laisse pas indifférent. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le programme Lebensborn, les Jeunesses hitlériennes et la germanisation, je vous le conseille fortement.

J'ai cru comprendre qu'il avait été maintes fois récompensé, et c'est amplement mérité.
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Dès que l'on parle de la seconde guerre mondiale, on pense évidemment à l'abomination des camps.
Mais ce n'est, hélas, pas la seule horreur de cette période.
Il y a aussi le Lebensborn, cette association créée dans les années trente à l'initiative d'Heinrich Himmler, dans le but de faire naître plein de beaux enfants "aryens", pour faire de l'Allemagne un pays à la population la plus pure possible.
Et pour cela, tous les moyens sont bons. Enfin, "bons", c'est une façon de parler...
Des jeunes femmes considérées comme "aryennes" étaient poussées à concevoir des enfants avec des SS qu'elles ne connaissaient pas et qu'elles ne voyaient que pour la reproduction. Les enfants étaient abandonnés à la naissance, élevés dans des établissements spécialement créés, puis donné en adoption à des familles triées sur le volet. On motivait les femmes en leur disant qu'elles faisaient ainsi un cadeau à leur pays, ou, encore mieux : au Führer lui-même !
Et comme cela ne suffit pas, comme il faut le plus possible d'enfants, eh bien, on va tout simplement en voler.
Oui, vous avez bien lu. Voler des enfants. En Pologne principalement.
Des religieuses-infirmières spécialement formées sont chargées de repérer des bébés ou des enfants blonds aux yeux bleus, présentant tous les "bons" critères physiques ; des enfants que l'on qualifie de "germanisables". Ceux-ci sont kidnappés dans la rue ou chez eux, arrachés à leur famille puis regroupés dans des foyers dans lesquels on leur fait commencer une nouvelle vie. Abandon de leur langue, et apprentissage forcé de l'allemand. En fait, abandon complet de leur identité : un nouveau nom leur est donné, ainsi que de nouveaux papiers. Toute trace de leur vie antérieure est détruite et extirpée de leur mémoire, à coups de dressage et de punitions sévères pour ceux qui se rebellent.
Entre 200 000 et 300 000 enfants polonais ont subi ce sort, et l'immense majorité d'entre eux n'ont pas retrouvé leur famille après la guerre.
Penser que l'on ait pu imaginer et mettre en place un tel programme, à si grande échelle, ça fait froid dans le dos, non ?
Sarah Cohen-Scali a bâti son roman sur ce thème nauséabond. Elle a mis ses mains dans la fange pour, sous couvert de fiction, dénoncer et faire réfléchir.
Et elle a terriblement bien fait.
J'avais eu la chance, grâce à Babelio, de la rencontrer pour son livre Orphelins 88. J'avais été impressionnée par la quantité et la qualité des recherches qu'elle avait effectuées pour composer ses personnages et écrire cet ouvrage.
Max a bénéficié du même traitement, sa lecture n'en est que plus glaçante.
C'est une fiction, certes, mais fondée sur tellement de faits réels !
Sarah Cohen-Scali va loin, très loin dans l'horreur, mais ce n'est absolument pas pour un plaisir malsain. Si cela avait été le cas, j'aurais refermé ce livre très rapidement.
Il faut cette dose d'horreurs pour suffisamment bousculer le lecteur, pour qu'il accepte que l'inacceptable est bel et bien vrai, pour qu'il prenne conscience du degré d'abomination de ce programme "Lebensborn".
Lebensborn, un nom bien trompeur ! Formé des mots allemands "Leben" qui signifie "vie" et "Born" qui voulait dire fontaine en langue ancienne.
Fontaine de vie ! Quelle ironie dans ce nom, alors que je ne vois dans ce programme que la négation de la vie. La négation de la diversité de l'espèce humaine. La négation de la cohabitation de différentes cultures.
Fontaine de vie ! Quand on apprend que les enfants nés de ce programme qui ne présentaient pas les bons critères physiques (les "produits défectueux") étaient purement et simplement exterminés.
À travers ce roman glaçant, l'auteur jette un pont entre le passé et le futur.
Elle rend hommage aux victimes de cette barbarie, et secoue le lecteur, déclenchant forcément une prise de conscience. Pour que cela ne se reproduise plus.
Elle a créé le personnage de Max, un bébé du Lebensborn. C'est lui qui raconte, et à travers son histoire, c'est l'histoire de tous ces enfants qui nous est révélée.
Le procédé est très habile et donne une énorme force au récit.
Sarah Cohen-Scali expose à merveille l'embrigadement dont les jeunes enfants peuvent être victimes, l'endoctrinement qui peut s'exercer sur de jeunes cerveaux et le Mal absolu qui peut résulter d'une enfance volée, sacrifiée au nom d'une idéologie.
De l'histoire, je ne vous raconterai rien. Ce n'est pas le lieu, une "critique" n'est pas faite pour ça.
Lisez Max, et faites lire Max autour de vous ! Il est édité en collection "jeunesse", mais attention, le lecteur doit avoir une certaine maturité pour affronter ce texte, et être accompagné dans sa lecture qui ne manquera pas de générer des tas de questions.
Pour finir, je reprends ce que j'ai déjà écrit à plusieurs reprises.
C'est un fait maintenant bien connu : la lecture de romans, mettant en scène des situations et des personnages variés, permet au jeune enfant de développer de l'empathie. En se mettant dans la peau du héros, de la victime, du peureux, du lâche, du solitaire, du riche, du pauvre, du timide, etc. le jeune lecteur vit plusieurs vies, est confronté à des expériences diverses et en arrive à comprendre ce que ressentent les autres. Il comprend que les êtres humains sont variés, et il arrive à se mettre à leur place.
Bref, il développe cette empathie si précieuse et qui fait de plus en plus cruellement défaut dans notre société.
Cette empathie qui me rend totalement incapable d'aller égorger mon voisin même si je ne l'apprécie pas du tout !
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Allemagne, 1936. Programme Lebensborn ou l'eugénisme nazi en action : on sélectionne deux géniteurs impeccablement blonds, grands et solides, au teint et aux yeux clairs, dont les ancêtres sont "irréprochables" depuis au moins 200 ans. Et on les fait s'accoupler un minimum de fois, dans le noir, sans amour, sans tendresse, pour concevoir des bébés 'parfaits', dont les jeunes mamans feront don à la patrie.

Pour augmenter l'effectif des futures troupes, on prend également des bambins dont la morphologie répond aux critères définis (selon des mesures anthropométriques très précises correspondant à l'Aryen idéal), en Allemagne, d'abord, puis dans d'autres pays - où les enfants sont littéralement arrachés à leurs parents. Adoptés pour la plupart, dans un premier temps, ces jeunes sont ensuite envoyés dès six ans dans des établissements éducatifs très stricts, où ils sont abreuvés de propagande.

Cette fable historique s'attache au parcours de Max/Konrad, le narrateur. Si cet enfant, tout premier-né du programme Lebensborn, est fictif, le programme fut hélas bien réel, lui... Max s'exprime dès sa naissance avec un langage d'adulte et possède une maturité époustouflante. Mais cette forme de récit est particulièrement bien adaptée aux propos du récit. On suit ce symbole nazi du milieu des années 1930 à la prise en charge par les alliés de toutes ces jeunes victimes.

Un roman bouleversant qui se dévore, grâce auquel j'ai encore beaucoup appris sur le nazisme, ses théories, ses pratiques. Je ressors à chaque fois de ce type de fictions documentées plus abasourdie, écoeurée, révoltée par des épisodes dont j'ignorais beaucoup.

Edition jeunesse, dès 15-16 ans.

(PS : Encore dans les années 1970, ces maternités étaient considérées comme une simple rumeur, donnant lieu à une grande puissance fantasmatique (...) jusqu'à ce que Georg Lilienthal, un jeune historien spécialiste de la médecine SS, y consacre sa thèse en 1985. - source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lebensborn)
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Voici un excellent roman jeunesse. Il est écrit à la première personne par le narrateur, un jeune garçon né dans un lebensborn, et endoctriné par le régime nazi. Le sujet n'est pas facile, mais comme toujours l'auteur s'en sort à merveille. J'ai beaucoup aimé le ton employé. C'est précis sans être ennuyeux, et surtout glaçant.
Un excellent roman jeunesse sur un chapitre tragique et peu connu de l'histoire.
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Qu'il aurait été dommage de passer à côté de ce livre ! "C'est en lisant les commentaires sur le livre" la race des orphelins" d'Oscar Lalo que j'ai appris l'existence de ce "Max" qui est tout simplement un livre époustouflant !
Le programme Lebensborn mis en place par Himmler en 1933 est un pan honteux de l'Histoire et un pan peu connu.
Max est issu de ce programme. Sarah Cohen-Scali nous raconte d'une façon extrêmement intelligente la vie de ce petit être créé sur mesure pour répondre aux exigences de "la race aryenne".
Je suis vraiment admirative devant l'originalité de ce récit. Tout y est pour accrocher le lecteur qui ne peut que lire sans reprendre son souffle.
C'est un coup de coeur pour toutes les informations qu'on y trouve, c'est un coup de coeur pour l'originalité, c'est un coup de coeur pour la petite histoire dans cette grande Histoire.
Je vois que c'est un livre destiné aux jeunes adolescents, oui il est écrit pour eux mais il est destiné à tout le monde, on ne s'ennuie pas, on apprend avec beaucoup de plaisir. Un grand bravo à l'auteur.
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Que dire d'un roman qui a déjà plus de 300 commentaires ?
Que je l'ai dévoré malgré un sujet difficile ?
Que j'ai été particulièrement émue par l'histoire de ce petit garçon qui a été endoctriné dès la naissance à devenir un aryen de pure souche ?
Que je connaissais l'existence des « Lebensborn » mais que ce roman m'a permis d'en découvrir le fonctionnement et que j'ai trouvé ça passionnant tout autant que révoltant ?
Que j'ai été touchée par les mots simples et la vision enfantine de cette période de l'Histoire ?
Oui, tout ça à la fois, mais j'ajouterais que l'écriture est complètement addictive et que le sujet mérite une fois encore d'être étudié car c'est l'ignorance et la peur qui sont les racines de la haine et de la violence et ce, quelle que soit le lieu ou l'époque.
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