Bologne, 1310.
Alors que le procès des Templiers s'est déroulé trois ans plus tôt à Paris et que les chevaliers de l'Ordre se terrent où ils peuvent hors du royaume de France, voilà qu'un étudiant en médecine amène en pleine nuit le corps supplicié de l'un d'eux à son professeur de médecine, Mondino di Liuzzi.
L'étudiant est accusé d'avoir provoqué un incendie et assassiné un chevalier du Temple ; il ne peut compter que sur Mondino di Liuzzi pour garder son identité de Templier secrète et l'aider à prouver son innocence.
Et me voilà plongée dans cette Bologne que je connais fort mal, à suivre ce duo improbable d'un chirurgien et professeur de médecine reconnu, Mondino, et d'un chevalier du Temple clandestin, Gherardo.
L'histoire ne manque absolument de rien, pratiques sulfureuses et dépravations attribuées à tort ou à raison aux Templiers, mendiants repoussants, chevaliers cachés poursuivis par l'Inquisition (mention spéciale au terrifiant Uberto de Rimini, un illuminé comme on a dû en faire beaucoup, malheureusement), factions des Guelfes et des Gibelins continuant à s'opposer pour le contrôle de Bologne, hommes de main sans scrupules pourvu qu'ils bénéficient d'une indulgence signée par l'archevêque voire, soyons fous, par le pape lui-même, pièges, errances dans des souterrains secrets, courses-poursuites, jusqu'aux cachots et à leur paille humide dont pourraient tâter nos héros, avec un brin de torture pour faire bonne mesure, sans même parler d'un soulèvement "populaire" ourdi par...
Pour moi, ça aura en tout cas fait un peu beaucoup, et je suis sortie groggy de cette lecture sans temps morts et avec force descriptions très très détaillées.
Parce que c'est bien écrit, mené tambour battant, mais que ça ne m'a pas laissé le temps de respirer.
Pour autant, l'auteur a écrit deux autres ouvrages autour de Mondino di Liuzzi (qui a réellement existé, vers 1270-1326) et de son "étudiant" Gherardo, que je lirai quand j'aurai repris mon souffle !
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Après un début un peu laborieux , ce roman est agréable à lire .
Dans un style simple , avec une écriture sans fioriture , Alfredo Colitto nous fait suivre les aventures du médecin Mondino et de Gerardo , un de ses élèves .
Tous deux , accusés de meurtres , veulent prouver leur innocence et trouver l' assassin de trois chevaliers Templiers .
Beaucoup de morts , de sang et d'affrontements dans une histoire sans aucune longueur , avec beaucoup d'action .
"L'élixir des Templiers" n'est peut-être pas le chef-d'oeuvre du siècle mais il offre un agréable divertissement pour qui a envie de se plonger dans la Bologne de 1310 , à l'époque de l'Inquisition et des alchimistes .
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Mondino profita de cet instant pour s’approcher rapidement du plan sur lequel il avait posé son scalpel, saisit celui-ci d’un geste déterminé et revint se poster entre le jeune homme et la porte. Il jeta un coup d’œil à la table de dissection et remarqua les moignons du cadavre et sa robe imbibée de sang sur le torse.
— Je n’ai pas crié, répondit-il. Mais je n’ai pas l’intention de couvrir un homicide. Explique-moi ce que fait ici mon pire élève en compagnie d’un cadavre. Après quoi j’appellerai les sbires et nous réglerons cette affaire selon la loi.
— Cet homme, Angelo de Piczano, dit l’étudiant qui s’était retourné et regardait le scalpel sans trahir aucun signe d’inquiétude, a été tué d’une façon horrible, qui fait penser à des sortilèges et au commerce avec le Malin.
— C’est toi qui l’as tué?
Le jeune homme écarta les bras.
— Bien sûr que non. Si tel était le cas, croyez-vous que je serais venu solliciter votre aide?
Messire
Le 12 janvier de l'an du Seigneur1305, vous avez commis, en compagnie d'autres Templiers, un acte d'une cruauté extrême à l'égard d'un homme innocent, dans l'espoir de lui arracher un secret qui aurait pu vous rendre richissime, comme vous procurer l'immortalité.
Bien que vous ne fussiez pas certain qu'il fut en possession de ce secret, vous l'avez néanmoins torturé d'une horrible façon puis tué, sans toutefois avoir obtenu de révélations de sa part. Le fait qu'il ne s'agissait pas d'un Sarrasin ennemi de la foi mais d'un chrétien comme vous n'a pas suffi à retenir votre coupable main.
Cette fois, il avait la certitude de se trouver en position de force, mais lorsque le Français se leva et se pencha vers lui en posant ses poings sur la table, il manqua d’air.
— Je n’ai pas besoin de vous rappeler ce qui s’est passé la dernière fois que vous m’avez refusé un service, répliqua Hugues de Narbonne en plantant son regard gris dans le sien.
— Les temps ont changé, rétorqua Remigio en s’efforçant de dissimuler sa peur. Des procès sont en cours contre votre ordre, le grand maître de Molay est en prison et risque de finir sur le bûcher, l’Inquisition vous recherche. Il suffirait que je crie pour que vous ayez tous les sbires de la ville à vos trousses.
— Pourquoi ne criez-vous pas, dans ce cas? le défia le Français.
Remigio se contenta de le fixer, sans répondre.
Le secret que vous souhaitiez tant découvrir se trouve à présent dans la ville de Bologne, en Italie. J’aimerais également m’en emparer, mais j’ai besoin de votre aide. Plutôt que de chercher à convaincre d’éventuels complices qui pourraient se révéler indécis et peu fiables, je préfère m’adresser à quelqu’un qui, comme vous, a déjà tué sans hésiter pour le dérober.
Si ma proposition vous intéresse, rencontrons-nous le premier samedi du mois de mai 1311, après les vêpres, devant le mont des Oliviers, dans le lieu que l’on appelle ici Sancta Hierusalem Bononiensis. Je vous expliquerai ce que j’attends de vous en échange de ce que je vous offre.
Considérez l’objet qui accompagne cette missive comme une preuve de la véridicité de mes propos.
Sur ma foi,
Un ami.
À l’automne 1310, trois chevaliers du Temple, respectivement à Naples, Chypre et Tolède, reçurent chacun une copie de cette lettre, rédigée dans un latin exempt d’erreurs mais contenant quelques variations concernant le lieu et le jour du rendez-vous.
Ils en demeurèrent étonnés et inquiets. Tous trois savaient à quel événement leur mystérieux « ami» faisait référence. Aussi furent-ils enclins à croire à l’authenticité de ses déclarations. En effet, dans le tube de cuivre qui contenait le parchemin, chacun d’entre eux trouva, enveloppé dans un carré de soie noire, un objet qui possédait le charme répugnant d’un reptile : les os d’un doigt humain, recouverts d’un réseau de vaisseaux sanguins, sans peau ni ongle.