La démarche est sensible, un travail artistique et d'écriture sur la mémoire pour les anciens et sur les attentes, les espoirs, pour les plus jeunes.
L'auteur
Simon Boulerice et l'illustrateur Rozé offriront un regard, une écoute, un temps de parole, dresseront une passerelle entre leurs "élèves" et l'Art, et un monde qui pourrait finir par les ignorer, les oublier. Au point de s'oublier eux-mêmes et de ne plus rien attendre.
Avant celui là, il y a eu "
Bagages, mon histoire", même allure, même format, un recueil de paroles d'ados immigrants remises en forme pour obtenir d'eux des poèmes, de quoi lancer une série de documentaire autour du poème avec en vis à vos des productions, les portraits illustrés des auteurs amateurs.
Encore avant, "
Haïti, mon pays" et des poèmes d'enfants avant pourtant le séisme de 2010.
Même volonté, de créer des instantanées, des portraits visuels et écrits qui seront lu par tous, cette fois avec les résidents d'une maison pour personnes âgées.
Les couvertures accrocheront d'emblée, de beaux portraits lumineux, qui donneront envie d'ouvrir le livre à défaut d'aimer la poésie.
"... Je suis cette petite fille
habillée d'abeilles
qui attend Noël..." d'Eunice Sebastiao, 80 ans.
" Je suis une petite fouineuse
dans une fratrie de chenapans
je participe à l'effervescence de la maison..." de Christiane Bois, 76 ans.
" ... je me rends à l'école pour ma pratique de piano
je fais résonner les touches d'ivoire
blanc noir blanc noir ... de Monique Paquette, 85 ans.
"Quatre ans en 1944
abominable sirène
vite ! tous à l'abri !
on se love dans la pénombre et dans l'effroi
ici tout est moite
comme mes mains quand je dois prendre la parole..." de Pierre Pieprzyk, 78 ans.
"31 août 1962
Je débarque de la Belgique
le plat pays de Brel
chaleur exorbitante
petit appartement de la rue Charlemagne
on se marche sur les pieds ..." de Daniel Léonard, 71 ans.
On est porté par les mots, le contexte du souvenir, la restitution de la mémoire des sens, l'odeur du tabac d'une pipe, du bon pain chaud, du chocolat, le goût des tomates, on est ému, nous serons dans une cuisine à faire du pain, dans une classe pour les leçons du maitre d'école ou du maitre de piano, dans une forge avec l'ancien...
Et oui, les anciens ont eu au dessus d'eux d'autres anciens et ont été des enfants.
Les visages dessinés sont baignés d'une belle lumière qui fera profiter l'ensemble d'un joli supplément.
Quels pourraient être les souvenirs, les "madeleines" des enfants d'aujourd'hui?
À noter aussi de Rozé, "
Mingan mon village", poèmes d'enfants écoliers Innus, suivant la même présentation sous forme de portraits.