Ah, Léopoldine ! Un prénom associé pour toujours à
Victor Hugo : son père s'appelait Léopold ; son fils aîné s'appelle Léopold ; comme il meurt deux mois après sa naissance, l'enfant suivant, une fille, s'appellera Léopoldine.
Que n'est pas Léopoldine pour
Victor Hugo ? Non seulement sa première fille, mais encore le trait d'union entre lui, le mari volage, et
Adèle Hugo, l'épouse bafouée, mais surtout, après sa mort tragique dans la Seine le 4 septembre 1843, la muse qui lui inspirera quelques-uns des plus beaux
poèmes de la langue française, celle, enfin, avec qui il cherchera à converser lors des séances de spiritisme de l'exil.
Avec un réel talent, l'auteur met en lumière la façon dont
Victor Hugo, que ce drame a rendu sensible à toutes les misères, a transposé dans
Les Misérables une part de sa propre vie. La partie des Misérables consacrée à Cosette et à son amour pour Marius est en effet une réécriture de la romance de la fille chérie de
Victor Hugo : la relation entre Jean Valjean et Cosette reflète ainsi ce que Victor éprouvait pour Léopoldine ; la date et la tenue de mariage de Cosette sont étonnamment proches de celles du mariage de Léopoldine ; la valise qui contient les habits de Cosette enfant et dont Jean Valjean ne se sépare jamais évoquent celle qui contient la jupe que portait Léopoldine le jour où elle s'est noyée, etc. On découvre aussi que
Juliette Drouet, la maîtresse de
Victor Hugo, a également perdu sa fille du même âge ; cela rapproche encore plus les amants, à tel point que
Victor Hugo attribuera à Fantine, la mère de Cosette, plus d'un trait de Juliette...
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps est un célèbre vers du non moins célèbre poème "
Demain dès l'aube".
Florence Colombani l'a choisi comme titre de son ouvrage, qui constitue une courte et agréable biographie de
Victor Hugo, mais qui ne suffit pas. Une invitation, donc, à lire de plus amples biographies, comme celles écrites par
Alain Decaux ou
Max Gallo.