Ne vous fiez pas à la couverture : dessin et couleurs ne sont vraiment pas engageants (les illustrations intérieures sont mieux choisies). Par contre le livre est une petite merveille pour les 8-10 ans, comme beaucoup d'ouvrages de la collection "Zig Zag" (Editions du Rouergue).
Les métiers des papas des camarades de Paolo sont variés : un coiffeur, un plombier, un coursier, un gardien, etc. et même un qui "reste sur le canapé et fume des cigarettes et [sa fille] dit que c'est un super métier et c'est ce qu'elle fera quand elle sera grande." (p. 5-6). le père de Paolo, lui, est en prison. Pourquoi ? son fils ne le sait pas, alors il imagine : est-ce un voleur, un violeur, un assassin ? Quoi qu'il en soit, Paolo ne veut plus le voir, il refuse de lui rendre visite en prison. La tristesse l'accable, il n'aime plus les filles, "son coeur est vide". Un jour Magnolia l'invite à assister à un spectacle de son père qui chante Claude François. Ce papa-là était un copain d'école du père de Paolo, il émousse la curiosité du jeune garçon et lui donne envie de réapprendre à connaître ce père rejeté.
Deux jolis extraits émouvants :
• "(...) je crois que je n'ai pas de sentiments. Je crois que je suis vide. La preuve, depuis que mon papa est en prison, je n'ai pas pleuré. Pas une seule larme. Rien. Même quand Foulcamp est morte. Foulcamp, c'était notre chatte." (p. 28).
• "Ma mère m'attend. Elle est allongée sur le canapé avec sa vieille couverture. Mon papa l'appelait "sa moumoute à querelle" parce que, chaque fois qu'ils se disputaient, ma mère dormait devant la télé enroulée dedans." (p. 73).
Un petit roman vraiment touchant.
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Les camarades de classe de Paolo ont un papa, et tous ces papas ont un métier. Paolo a un papa, lui aussi , mais il ne sait pas vraiment quel est son métier. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il n'est plus à la maison, mais en prison. Est-il voleur, criminel, ou kidnappeur ?
Ce récit montre l'importance d'adultes référents pour les enfants : ici l'absence du père (emprisonné) et celle de la mère (engluée dans les difficultés qui en résultent) pèsent particulièrement sur Paolo.
Les non-dits sur les raisons de l'absence de ce père (ce qu'il a fait pour arriver à la case "prison") sont désastreux, amenant le jeune garçon à deviner le pire, et à rejeter ce père qu'il s'imagine monstrueux.
Cette histoire est belle et triste ; elle est racontée avec finesse, même si sa fin m'a laissé une petite impression d'inachevé.
Adapté au jeune public auquel il est destiné, ce récit peut aussi amener les adultes à chercher à voir les effets de leurs actes sur les enfants, pas seulement à travers le contre exemple du père de Paolo, mais aussi sur ce que l'entourage tente de leur cacher, croyant ainsi - souvent à tort - les protéger.
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La claque !
Un petit texte brut, à vif, écrit avec les poings et les dents serrés.
J'ai été immédiatement happé par les pensées de cet enfant qui se sent à la fois vide et en rage contre son père prisonnier. Son imagination comble les blancs avec une noirceur brutale. Tout son mode se retrouve teinté de gris, tout est faux et décevant.
Apparemment sans issue, cette situation va superbement évoluer. L'enfant perdu va grandir et apprendre, jusqu'à offrir un final lumineux.
Un roman prenant, touchant, percutant !
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Avant la prison, mon père, il était assureur. Je trouvais que c'était un joli boulot. Quand on est assureur, on doit assurer. Être sûr. Un assureur, c'est quelqu'un qui sait ce qu'il fait. Il a du courage pour les autres. C'est rassurant, un assureur. Peut-être qu'il n'en avait pas assez, mon père, du courage. Que toute sa vie, il a fait semblant. D'assurer. Au fond, la vérité, c'est qu'il est peureux. Un lâche. Un voyou. Une racaille.
Je suis le fils d'un prisonnier. Maintenant, c'est ça son métier. Prisonnier.
Avant la prison, mon père, il était assureur. Je trouvais que c'était un joli boulot. Quand on est assureur, on doit assurer. Être sûr. Un assureur, c'est quelqu'un qui sait ce qu'il fait. Il a du courage pour les autres. C'est rassurant, un assureur. Peut-être qu'il n'en avait pas assez, mon père, du courage. Que toute sa vie, il a fait semblant. D'assurer. Au fond, la vérité, c'est qu'il est peureux. Un lâche. Un voyou. Une racaille.
Je suis le fils d'un prisonnier. Maintenant, c'est ça son métier. Prisonnier.
Ma mère m'attend. Elle est allongée sur le canapé avec sa vieille couverture. Mon papa l'appelait "sa moumoute à querelle" parce que, chaque fois qu'ils se disputaient, ma mère dormait devant la télé enroulée dedans. (p. 73).
(...) je crois que je n'ai pas de sentiments. Je crois que je suis vide. La preuve, depuis que mon papa est en prison, je n'ai pas pleuré. Pas une seule larme. Rien. Même quand Foulcamp est morte. Foulcamp, c'était notre chatte. (p. 28).
[...] je crois que je n'ai pas de sentiments. Je crois que je suis vide. La preuve, depuis que mon papa est en prison, je n'ai pas pleuré. Pas une seule larme. Rien. Même quand Foulcamp est morte. Foulcamp, c'était notre chatte.
A l'occasion de la parution de 'Comme une famille' (Nathan), l'autrice Rachel Corenblit nous présente en quelques mots son livre, à travers la critique d'une lectrice Babelio.
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