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EAN : 9782919160259
106 pages
Les éditions Utopia (14/01/2017)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Entre le privé et le public, nous assistons un peu partout dans le monde à une renaissance des communs. En réalité ils n'ont jamais disparu et on estime que près de deux milliards de personnes appliquent le principe de communs pour des biens et services de leur vie quotidienne, le concept de commun, qui demande la coexistence d'une ressource définie, d'une communauté déterminée et d'un mode de gouvernance collectif, renvoie à la prise de conscience des limites d'une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'auteur : le Mouvement Utopia, qui se définit ainsi : "Trait d'union entre le mouvement social, le monde politique et le monde intellectuel, le Mouvement Utopia est une coopérative politique d'éducation populaire qui vise à élaborer un projet de société solidaire et convivial, écologiquement soutenable, dont l'objectif est le buen vivir"

C'est-à-dire qu'il y a le même écart entre Pascal qui fait des légumes bio, en circuit court, à 10 bornes de chez toi et Daucy, qu'entre le PS et Utopia...Ennemis désignés : la croissance, la consommation et le travail...autant dire que ça me parle. Juste, comme ça en passant, signer Utopia, c'est bien, c'est collectif, solidaire pas narcissique mais c'est pas incarné...et quand c'est pas incarné c'est toujours un peu suspect...D'où, sans doute, l'obligation d'une préface signée Benjamin Coriat (économiste, membre fondateur du collectif les "Économistes Atterrés", ce qui, nous sommes bien d'accord, devrait constitué normalement un pléonasme)

Ce petit ouvrage se divise en deux parties : dix idées reçues sur les "communs" (qui se définissent par : une ressource, une communauté, un mode de gestion collectif respectueux des droits humains et de la planète, en dehors et du privé et du public) et sur la propriété, suivies de dix propositions pour étendre les communs, leur périmètre et en inscrire l'usage dans le droit...L'ensemble est quand même sommaire, à voir comme une série de pistes à explorer, notamment sur la notion de propriété (mais comme dans la plupart de ce genre d'ouvrages, type "Mille et Une Nuits", les sources sont nombreuses et bien référencées) et sur le périmètre des communs (la monnaie, internet, le climat...). Si je devais formuler une critique je pointerais le flou, voire la grosse pudeur des auteurs à critiquer la gestion étatique (faut pas hésiter les gars, l'état, lui, ne vous ratera pas...) comparativement au(x) capital (istes)

Alors bien sur, quand on est convaincu, on y trouve son compte...Quand on soutient Sens Commun (ou plus si affinité), faut prévoir quelques débats vivifiants...

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Un monceau de conneries étayées par un tissus de mensonges tenus par des incompétents n'ayant visiblement jamais lu les bouquins qu'ils citent pour avancer un projet délirant rappelant les pires heures de la Révolution Russe et s'inscrivant dans un monde fantasmagorique et irréel où l'on parle sans fléchir de Pachamama/Terre-Mère issue des vapeurs psychédéliques des néo-shamans d'Amérique du Sud comme solution universelle aux problèmes modernes.

J'avais déjà pris en flagrant délit de désinformation le mouvement Utopia sur sa page Facebook à propos de l'industrie nucléaire, où la seule source disait exactement l'inverse de ce qu'ils prétendaient. Ici, même gloubi-boulga incohérent où l'on mêle Pierre-Joseph Proudhon et Elinor Ostrom au milieu d'une pure diarrhée littéraire. Je ne sais même pas par où commencer tant chaque page est imprégnée de désinformation et de pur mensonge.

Commençons par parler des "communs" avancés dans cette propagande de pacotille. Tirés de l'oeuvre d'Elinor Ostrom, les "communs" sont un espace de propriété privée gérée par négociation et mise au service d'une communauté sans le contrôle étatique. Ces communs sont nés de la Conquête de l'Ouest Américain, où colons, prospecteurs et éleveurs devaient s'organiser et trouver des terrains d'entente en l'absence de toute présence étatique, dans le plus pur esprit de la tradition constitutionnelle américaine. Elinor Ostrom n'est pas la seule à s'être intéressée aux communs, et son travail s'inscrit dans la suite de celui de Garrett Hardin et s'est rédigé en parallèle de celui de Robert Ellickson, pour ne citer qu'eux.
Ostrom décrit dans son travail un groupe d'individus, disposant pleinement, et légalement de leur propriété privée, décidant volontairement de se regrouper au sein d'une communauté pour gérer collectivement l'ensemble des propriétés privées mises en commun. Dans le travail d'Ostrom, il n'est jamais question de spoliation de propriété, et chaque propriétaire peut à tout moment décider de se retirer et jouir individuellement de son bien.
Pour le mouvement Utopia, les communs sont un ensemble de biens gérées par un groupe d'individus mais dont la propriété leur a été enlevée. Cette vision spoliatrice, c'est ni plus ni moins celle des Kholkozes et des Kibboutz, c'est à dire une vision collectiviste, communiste pure et dure et donc totalitaire, où l'individu disparaît au profit d'une communauté ("l'internationale", "la révolution", "le parti", "la nation"...).
En outre, le travail d'Ostrom portait avant tout sur la mise en commun des connaissances, et s'est révélé parfaitement adapté à la "révolution numérique" avec les licences Creative Commons, logiciels libres, et autres copyleft, mais elle ne s'est pas réellement attaquée à la question de la propriété matérielle. Ce sont d'autres économistes commentant son travail qui, en mettant en avant certains principes, ont entrepris de démontrer les possibilités et surtout les limites de ce genre d'application à la gestion de ressources naturelles (en particulier en prenant pour exemple les pêcheries de l'Union Européenne). A aucun moment, ni dans le travail d'Ostrom ni dans celui de ses collègues il n'était question un seul instant de spolier la propriété de quiconque. Chez Utopia, les communs ne peuvent exister sans cette atteinte à l'un des Droits les plus fondamentaux de notre civilisation.

Ce genre de manipulation/mensonge constitue le fil de ce bouquin, où il n'est jamais question d'Economie, ni de Droit. A la place, il n'y a que des réflexions de comptoir sur des mesures intellectuellement proches du zéro. Sur tout le pan de l'agriculture, on perçoit clairement que les auteurs n'ont jamais mis les mains dans la Terre et ne savent absolument pas comment est élevée la viande ni comment poussent les légumes qu'ils consomment. Ils ne font que fantasmer une agriculture bio de proximité, un retour à la terre (mère, évidemment) digne des plus grands délires hippies et, il faut le rappeler, des plus grands délires d'Heinrich Himmler, qui au-delà de son antisémitisme, était un fervent défenseur du retour à la terre (le soldat SS étant conçu dans son esprit malade comme un paysan-soldat). C'est exactement le même délire que l'on retrouve ici, et si j'ai atteint le point Godwin, ce n'est pas sans arrière-pensée: nulle part dans ce bouquin il n'est question de l'individu en tant que représentant unique de l'espèce humaine, singularisé par son expérience, son vécu et sa pensée. Non, il n'y a ici que le commun, envisagé avec la même approche socialiste totalitaire que celle des régimes nazis, soviétiques et fascistes, où l'individu n'est rien et le groupe est tout, sauf qu'on recouvre le tout d'un vernis pseudo-environnementaliste s'apparentant surtout à un néo-luddisme acharné qui aurait trop lu Michel Onfray.

Seul auteur mentionné en dehors d'Ostrom, Proudhon est abordé par les auteurs qui osent affirmer que personne (à part eux, évidemment) n'a compris ce que le célèbre anarchiste voulait dire. L'affirmation, tout comme le ton, est péremptoire et de fait, le raisonnement est non seulement fallacieux mais en plus totalement contradictoire. Proudhon expliquait que la "propriété, c'est le vol", parce que l'acquisition d'un bien exclut de fait tous les autres. Ce n'est rien de plus qu'une punch-line littéraire qui sera contrebalancée, comme les auteurs du mouvement Utopia le disent eux-mêmes (en essayant platement d'éviter leur propre contradiction), par l'affirmation "La propriété, c'est la sécurité et la liberté" (parce qu'elle permet l'indépendance et l'autarcie, chères aux vrais anarchistes).
Mais surtout, comment peut-on invoquer Proudhon sur des questions juridiques alors qu'il n'était pas juriste, et complètement oublier Charles Comte et Frédéric Bastiat? Probablement parce que d'une part, s'ils les avaient lus, ils n'auraient pas rédigé un pamphlet aussi stupide, et d'autre part parce que s'ils les avaient mentionnés, leurs belles explications seraient totalement tombées à l'eau.

Rédiger une critique point par point de cet ouvrage de 100 pages nécessiterait la rédaction d'un bouquin de 200 pages au moins, aussi je m'en tiendrais là pour cette critique Babelio. Néanmoins, je tiens à revenir sur un dernier point, en guise de conclusion.
Les auteurs semblent vouloir surfer sur la vague de critiques adressées au "néolibéralisme" et au "capitalisme" par de multiples critiques à l'égard de ces notions. Mais en réalité, ils prennent bien le soin de ne jamais les définir, comme tous ces auteurs malhonnêtes qui critiquent des mécanismes qu'ils n'ont visiblement jamais étudiés et encore moins compris, comme Thomas Piketty et consorts. S'ils avaient pris la peine d'étudier des auteurs comme Adam Smith, Carl Menger, Ludwig von Mises ou Friedrich Hayek, ils se seraient rendu compte que tous ces auteurs majeurs du Libéralisme ont inscrit la théorie économique dans un cadre social où l'économie n'est pas au service de l'enrichissement aveugle, mais au service du progrès de toute l'Humanité.
Le Mouvement Utopia et tous ces pseudo alter-mondialistes confondent sciemment économie de marché et accaparement criminel: le problème n'est pas qu'il y ait des riches, mais qu'il y ait des pauvres et des miséreux. Or, partout où il y a la véritable misère, celle où l'on crève de faim et de maladies bénignes, on se rend compte que ce n'est pas un problème lié à l'économie de marché, mais dû à l'accaparement des richesses par certains individus qui prétendent agir au nom de la communauté et disposent en son nom d'un pouvoir de coercition ou tout au moins d'une impunité.
Cette constatation devrait être un avertissement contre ces pseudo-mouvements humanistes qui pullulent aujourd'hui et s'en prennent indistinctement aux riches et à la finance comme on s'en prenait autrefois aux juifs. Notre monde est certainement perfectible, mais ce n'est pas avec des idéologies totalitaires de ce genre que l'Humanité s'en sortira.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'est aussi un argument entendu maintes et maintes fois, par exemple à propos des logiciels libres : quelque chose de gratuit/libre/commun...serait moins performant que quelque chose de payant/privé/propriétaire...On entend souvent à propos des logiciels libres que quatre types dans un garage ne peuvent pas faire aussi bien que Microsoft avec des milliards de dollars de budget. Depuis quelques années, on l'entend un peu moins. Linux, Firefox ou Wikipédia ont montré au grand public que, grâce à l'intelligence et aux connaissances collectives d'un grand nombre d'utilisateurs, on peut faire aussi bien qu'avec les outils propriétaires.
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La notion de "droit naturel" se définit par l'ensemble des droits que posséderait par nature chaque individu du fait de son appartenance à l'humanité [...] Le "droit naturel" s'oppose au "droit positif" édicté par la puissance publique, lequel ne peut être que changeant selon les lieux, les régimes et les époques. Le droit naturel cherche à éviter l'arbitraire du jugement humain. Mais comment ne pourrait-il pas dépendre de l'idée que l'on se fait de la nature humaine, qui peut aussi varier suivant les époques, la géographie et les croyances ?
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Plus que le fruit d'un "droit naturel et imprescriptible", notion aux contours plus que discutables, la propriété privée résulte d'une construction sociale et d'une approche politique destinée à permettre à certain d'utiliser un territoire ou une ressource et d'en interdire l'accès à tous les autres. Et ce pour une durée souvent illimitée et transmissible par héritage. Cette naturalisation de l'appropriation et de la transmission de la propriété a pour vocation d'interdire de penser la propriété et donc de lui donner une fonction sociale et politique.
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Entre l'avoir, l'être, le savoir, le faire, le paraître et le pouvoir, qui absorbent toutes nos énergies, l'avoir l'emporte aujourd'hui car il donne le pouvoir, permet le paraître, domine le faire et dispense d'être et de savoir.

Edgar Pisani
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En France pendant 135 ans (de 1844 à 1969) les brevets sur les molécules thérapeutiques (les médicaments) n'étaient pas autorisés. On a ainsi longtemps privilégié l'accès aux soins du plus grand nombre au moindre coût, aux dépens de la récompense individuelle des inventeurs.
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Videos de Benjamin Coriat (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Benjamin Coriat
Anne Perrot :" la concurrence...à tout prix ?" ."La concurrence...à tout prix ? "Débat avec Benjamin Coriat, professeur d'économie et membre du CA du collectif des Économistes atterrés et l'économiste Anne Perrot, membre correspondante du Conseil d'analyse économique.https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/la-concurrence-a-tout-prix
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