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EAN : 9791022101127
84 pages
Presses Électroniques de France (15/10/2013)
3.69/5   13 notes
Résumé :
La mort de Pompée, pièce de Pierre Corneille en cinq actes et en vers fut jouée pour la première fois en 1643 au théâtre du Marais. L'auteur profita de la mise en scène de cette tragédie historique et politique pour y écorner Richelieu.
Le premier acte s'ouvre sur un conseil (de guerre) dont l'ordre du jour est l'attitude à adopter vis à vis du vaincu de Pharsale qui vient demander asile en Égypte. Faut-il l'accueillir au risque de fâcher César (qui a permis ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bon, cette pièce a nettement plus parlé à mon intellect (c'est bien) qu'à mes passions (moins bien).

Elle raconte en détail une scène que l'on retrouve au début du film « Cléopâtre » de Mankiewicz : Pompée, vaincu par César à la bataille de Pharsale, se réfugie en Égypte à la cour de Ptolémée (Corneille écrit Ptolomée). Ce dernier trouve plus judicieux de le décapiter et d'offrir sa tête à son adversaire afin d'entrer dans ses bonnes grâces. Mauvais calcul car César pique une crise à l'idée qu'un grand Romain ait pu être traité de la sorte par des barbares. Pour échapper à la colère De César, Ptolémée va alors tenter de l'éliminer. Encore une belle réussite pour lui ! Il faut dire qu'il est vachement bien conseillé par Photin, le chef du Conseil d' Égypte.

Donc, ça a parlé à mon intellect. C'est-à-dire que ces évènements, largement historiques, sont intéressants à connaître, et les raconter en alexandrins ne gâche rien.
C'est aussi tout le contexte historique à l'époque de la création de la pièce qui est enthousiasmant : Richelieu et Louis XIII sont morts il y a peu, Mazarin aurait le vent en poupe mais les aristos qui se nomment eux-mêmes les Importants complotent pour le désavouer ; pas question pour eux de voir à nouveau leurs privilèges malmenés par un premier ministre autoritaire.
Corneille suit un peu le sens du vent : certaines scènes de la pièce appuient les idées des Importants en critiquant le partage du pouvoir (Ptolémée et Cléopâtre pour Louis XIII et Richelieu). Pourtant il dédiera la pièce à Mazarin quand celui-ci aura mâté son petit monde.

Donc ça parle moins à mes passions. Eh oui, je n'ai pas été transporté comme par les déchirements de Rodrigue ou l'extrémisme patriotique d'Horace. La faute en grande partie au fait que le tragique ne transparaît pas au moment des dures décisions. Les actions sont rapportées par des seconds couteaux possédant peu d'âme pour eux-mêmes. La faute aussi à une ambiance générale de générosité et de clémence qui ramollit tout. César voulait pardonner à Pompée (véridique ?). Il pardonne à Ptolémée à la demande de Cléopâtre. Cornélie, épouse de Pompée, vient même mettre en garde César du complot tramé contre lui par Ptolémée ; la raison ? elle ne peut pas encadrer César mais elle piffe encore moins le petit pharaon qui a fait assassiner son mari. Mais elle aura César un jour, elle l'aura ! C'est un peu fort de café, ou plutôt passionnellement fade.

Bref, historiquement intéressant mais théâtralement évitable.

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Ca commençait mal quand Corneille livre une analyse préliminaire où il donne ses sources, ce qui est classique, mais avec de longues citations latines "désolé pour les dames, elles se feront expliquer". Oui, je sais, j'ai une vision anachronique, mais ça m'a énervée... le début est assez lent, avec de longs monologues de récit qui n'avancent pas l'action mais exposent les faits. Il est vrai que la pièce tourne autour d'un personnage qui n'apparaît jamais sur scène, qui ne nous est évoqué que par sa mort projetée puis réalisée. le titre est donc un anti-spoiler, mais comme le dit Corneille lui-même, on connaît à l'avance les personnages et les événements, la pièce ne peut donc pas reposer sur le suspense.
Au contraire, il y a quelques jolies scènes de joutes verbales, au rythme bien plus rapide, notamment les confrontations entre le frère et la soeur, où les vers se succèdent du tac au tac. Dommage peut-être que Cléopâtre ne soit pas dépeinte comme une grande intrigante. Elle est ambitieuse, oui, elle l'assume, mais elle reste humaine, elle pleure pour son frère, veut l'épargner, même si c'est un obstacle dans sa route vers le pouvoir. Ce n'est donc pas un monstre comme d'autres personnages féminins de Corneille ; je regrette que ce qu'elle gagne en humanité, elle le perde en intérêt dramatique. D'autant que Cornélie est là comme figure de l'héroïsme et de la vertu, incarnation de la Romaine. Pour les autres personnages, les conseillers sont assez interchangeables, Ptolémée semble un pleureur capricieux, et César un trop bon amant pour être un si grand général.
Ce n'est donc ni l'intrigue, ni les personnages qui m'ont particulièrement convaincue. Néanmoins, j'ai trouvé la dédicace intéressante : au-delà de la flatterie, et même de la courtisanerie qui s'en dégage puisqu'elle est adressée à Mazarin, on peut voir qu'elle se poursuit dans la pièce : un grand dirigeant doit écouter ses conseillers, seulement les plus fidèles, il doit savoir bien s'entourer, mais il décide finalement seul. C'est ce qui oppose Ptolémée, trop influençable, à César.
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Possédant les oeuvres complètes de P. Corneille, j'ai souhaité découvrir une des tragédies qui, contrairement aux quatre ou cinq qui sont passées à la postérité, sont peu connues. Mon choix s'est porté un peu au hasard sur "La mort de Pompée", jouée pour la première fois en 1643. A part quelques adaptations mineures (signalées clairement par l'auteur lui-même), l'intrigue de cette pièce suit de très près la vérité historique.

Pompée, grand général romain, fut battu par son rival Jules César en 48 avant J.-C. Il tenta de se réfugier en Egypte mais, dès qu'il aborda le rivage égyptien, il fut sauvagement assassiné sur l'ordre du pharaon Ptolémée (ou Ptolomée). Par cet attentat, le roi espérait entrer dans les bonnes grâces De César. Erreur: par calcul politique ou par solidarité entre Romains, César fit mettre à mort les meurtriers et détrôna le pharaon ! le personnage le plus touchant dans cette tragédie – où Pompée lui-même n'apparait jamais – est sa fidèle épouse Cornélie.

Question: pourquoi cette tragédie n'est-elle plus jouée ? Ma réponse est simple: personnellement, j'ai trouvée la pièce ennuyeuse. Ses longues tirades n'ont pas du tout la vigueur qu'on trouve, par exemple, dans le Cid. "La mort de Pompée" risque de rester oubliée.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
CLÉOPATRE
Je l'aime ; mais l'éclat d'une si belle flamme,
Quelque brillant qu'il soit, n'éblouit point mon âme,
Et toujours ma vertu retrace dans mon coeur
Ce qu'il doit au vaincu, brûlant pour le vainqueur.
Aussi qui l'ose aimer porte une âme trop haute
Pour souffrir seulement le soupçon d'une faute ;
Et je le traiterais avec indignité,
Si j'aspirais à lui par une lâcheté.
CHARMION
Quoi ? Vous aimez César, et si vous étiez crue,
L'Égypte pour Pompée armerait à sa vue,
En prendrait la défense, et par un prompt secours
Du destin de Pharsale arrêterait le cours !
L'amour certes sur vous a bien peu de puissance.
CLÉOPATRE
Les princes ont cela de leur haute naissance :
Leur âme dans leur sang prend des impressions
Qui dessous leur vertu rangent leurs passions.
Leur générosité soumet tout à leur gloire :
Tout est illustre en eux quand ils daignent se croire ;
Et si le peuple y voit quelques dérèglements,
C'est quand l'avis d'autrui corrompt leurs sentiments.
Ce malheur de Pompée achève la ruine :
Le roi l'eût secouru, mais Photin l'assassine ;
Il croit cette âme basse, et se montre sans foi ;
Mais s'il croyait la sienne, il agirait en roi.
CHARMION
Ainsi donc de César l'amante et l'ennemie...
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[Photin, conseillant à Ptolémée d'abattre Pompée pour plaire à César]
Vous ne pouvez enfin qu'aux dépens de sa tête
Mettre à l'abri la vôtre, et parer la tempête.
Laissez nommer sa mort un injuste attentat :
La justice n'est pas une vertu d’État.
Le choix des actions ou mauvaises ou bonnes
Ne fait qu'anéantir la force des couronnes;
Le droit des rois consiste à ne rien épargner,
La timide équité détruit l'art de régner.
Quand on craint d'être injuste, on a toujours à craindre;
Et qui veut tout pouvoir doit oser tout enfreindre,
Fuir comme un déshonneur la vertu qui le perd,
Et voler sans scrupule au crime qui lui sert.
(Acte I, scène 1)
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CHARMION:
Quoi! vous aimez César, et si vous étiez crue,
L’Égypte pour Pompée armerait à sa vue,
En prendrait la défense, et, par un prompt secours,
Du destin de Pharsale arrêterait le cours?
L'amour certes sur vous a bien peu de puissance.
CLEOPATRE:
Les princes ont cela de leur haute naissance;
Leur âme dans leur sang prend des impressions
Qui dessous leur vertu rangent leurs passions;
Leur générosité soumet tout à leur gloire;
Tout est illustre en eux quand ils daignent se croire;
(Acte II, scène 1)
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Vidéo de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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