Né à la fin du XIXe siècle, psychiatre, morphinomane,
Géza Csáth voulait avant tout être écrivain. Sa vie fut courte et tragique : entre dépendance à la drogue, des épisodes de folie, le meurtre de sa femme, enfin le suicide.
Les nouvelles de ce recueil révèlent des paysages intérieurs d'une poésie inquiète, d'une angoisse sourde, d'une insatisfaction viscérale et inexplicable. Un arrière fond de fantastique, une folie toujours possible. L'enfance est un moment clé, qui pourrait apparaître par moments comme un paradis perdu, mais même là, le serpent rôde ; c'est peut être à partir de là que la mélancolie, une perception dévoyée, un douloureux questionnement s'installent, et minent les personnages jusqu'à l'issue fatale. Les individus sont seuls, une relation à l'autre semble impossible.
Toutes les nouvelles ne sont pas si torturées, parfois un certain humour, même s'il est cruel, est présent, comme dans le chien, où un homme par vanité s'offre un chien qui est une cause de déplaisirs et de tourments. Mais la plupart du temps les choses dérapent, souvent jusqu'à la mort.
C'est étrange et dérangeant, on peut peut-être établir un lien avec les contes de
Jean Lorrain ou de
Marcel Schwob, mais en plus cruel. Il y a aussi l'influence de contes d'Andersen, dans leurs aspects les plus inquiétants. Un univers très personnel, et qui laisse une forte trace.