On fait la connaissance de trois filles, amies dans l'enfance et l'adolescence qui ont un ami en commun Hannibal avec lequel elles partagent tout jusqu'à quel point, l'avenir le dira. Elles ont quitté (fui ?) le village huit ans auparavant pour tenter leur chance à Paris.
Soudain, alors que la fille d'Auguste Meyer, l'artiste du village, qui donnait des cours aux enfants du village, décide d'aménager la maison et de creuser une piscine, et devinez sur quoi on tombe : le cadavre d'un jeune lycéen, Hannibal, disparu sans donner de nouvelles depuis huit ans. La relation entre Auguste et sa fille était loin d'être au beau fixe.
Ces travaux avaient déclenché la réprobation d'Hélène son médecin, car l'artiste en question ne voulait pas qu'on touche à son oeuvre, afin qu'elle meure d'elle-même après sa mort…
Zineb, peu à l'aise dans son corps du fait de son éducation, est en mode survie comme ouvreuse dans son cinéma à Paris ; contrairement à Dolorès, elle espérait bien que Hannibal était encore en vie car elle recevait des courriels étranges censés émaner de lui.
Dolorès, la fille d'Hélène, dont la beauté est à couper le souffle, et qui n'aime qu'elle-même allergique à l'ordre et au rangement, fait des études de lettres, latin et grec… « Elle était une latiniste et une helléniste chevronnée et, de ce fait, savait d'où provenaient les mots »
La troisième Bianca, (dont la mère perpétuellement au régime et addict aux clubs de sport, est tellement obsédée par son physique qu'elle a recours à la chirurgie esthétique) inonde les réseaux sociaux avec ses conseils en tous genres, maquillage, vêtements de marque, meubles (qu'on lui offre en échange de ses commentaires), car elle est influenceuse, provoquant la haine d'un de ses followers (je préfère abonnés même si cela en jette moins !) qui signe @dixansauparavant…
Alléchée par le résumé, j'ai tenté l'expérience après avoir pas mal hésité et je suis passée complètement à côté de ce roman. Les personnages sont superficiels, les trois amies qui ne le sont plus sont tellement nombrilistes, uniquement préoccupées par elles-mêmes n'ont pas réussi à provoquer une once d'empathie, durant cette lecture, mais qu'on se rassure ce n'est pas parce que c'était mieux avant ou parce que je vieillis mal car la mère de Dolores qui est béate d'admiration devant le « grand artiste » Auguste Meyer sur lequel elle a veillé jalousement jusqu'à la fin, ne m'a pas plu non plus.
En gros, tout au long du roman, on est dans « parlez-moi de moi, il n'y a que cela qui m'intéresse », les trois jeunes femmes sont complètement déconnectées de la réalité et prennent leur distance dès qu'elles ne sont plus au centre, c'est moins vrai pour Zineb qui est la moins égocentrique du groupe.
Le seul personnage intéressant finalement c'est le policier qui interroge les trois filles, lui au moins, ne vit pas dans le virtuel… L'ancien rugbyman déchu, à la suite d'un accident est ce que l'on pourrait appeler un loser magnifique est intéressant aussi ainsi qu'Élise la petite fille d'Auguste.
On devine trop vite qui était Auguste Meyer, d'artiste fou à pervers il n'y a qu'un pas… C'est dommage car l'histoire aurait pu être intéressante si l'auteure,
Judith Da Costa Rosa avait creusé davantage, et proposé une réflexion plus sociétale. Elle décrit une relation entre Dolorès et sa mère tellement pathologique qu'on sent bien qu'il s'est passé quelque chose, mais elle ne creuse pas laissant le lecteur interpréter lui-même.
L'auteure nous offre aussi une belle description de la démence aux corps de Lewy, malade neurologique dont est atteint Auguste qui sent un peu le vécu.
Je ne sais pas si c'est moi qui vieillis mal, mais j'avoue que cette société basée sur l'image, l'apparence, le corps, la superficialité me laisse vraiment perplexe. On s'est trompé d'auxiliaire : au royaume de l'image, on est dans l'avoir au lieu de rester dans l'être.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure. Pour un premier roman, alors qu'elle est âgée de vingt-quatre ans, c'est plutôt prometteur.
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