Tristan Tzara a toujours aimé les petites coupures.
Il faut entendre la chose littéralement : Dada otage des médias ne vous est restitué qu'en petites coupures. la presse ne donne jamais la totalité, mais bribes, caricatures et mensonges. Pas un créateur n'échappe à ce traitement. Dès les premiers instants de Dada à Zurich, la presse indique à Tzara comme un exact thermomètre, la fièvre qu'engendre son mouvement. Il collectionne les petites coupures, comme autant de traces de la bombe à fragmentation Dada. La presse est un instrument de manipulation ? On peut la retourner contre elle-même. Elle joue un rôle de plus en plus central, conservateur, réactionnaire, elle a le pouvoir d'empêcher, non même plus de changer le monde mais de le sauver, elle est donc l'ennemi avec lequel il faudra ruser. Joyce n'est pas loin avec sa devise : " Silence, exil, ruse". Peut-être même s'amusera-t-on quelque peu.
Historien de l'art spécialiste de Dada, Marc Dachy est l'auteur, entre autres, de plusieurs ouvrages de références sur le sujet. Il est également directeur de collection, fondateur et animateur d'une revue dédiée à la création contemporaine, Luna Park, ou encore traducteur. Son expertise du dadaïsme l'amènera à évoquer le lien que les membres du mouvement entretiennent avec les stupéfiants et les docteurs.