Génération surdiplômée

Il faut saluer le travail remarquable des deux auteurs qui ont écrit ce livre. Il s'appuie sur une méthodologie rigoureuse et fondée sur des entretiens qualitatifs sérieux. Cette enquête se focalise sur les jeunes actifs diplômés du, pléonasme, haut enseignement supérieur (bac+5 grande école voire doctorat). Ces jeunes gens qui représentent environ 20% de la fameuse génération Y (personnes nées entre 1981 et 1996). Ils et elles se distinguent par leur capital académique, social et culturel très important et, pour certains, leur capital économique déjà élevé. Tous ne sont pas des fils et filles à papa. Ce qui est important dans ce livre c'est qu'il objective une classe sociale dont l'influence médiatique s'est accrue au cours des dernières années à la faveur des grandes tendances économiques et sociétales telles que l'essor du numérique ou les préoccupations environnementales. Les auteurs identifient deux sous-ensembles, grosso modo les champions de la nouvelle économie (start-uppeurs, ingénieurs big data, consultants) d'une part et les néo-altermondialistes qui veulent rendre le monde meilleur. de par leur nombre, les 20% forment un groupe suffisamment significatif pour évoluer dans un système clos, en rupture avec le reste de la société. Citoyens du monde, leur terrain de jeu est le réseau des grandes métropoles mondiales. Peut-on parler de séparatisme ?
Pour conclure, je dirais que Monique Dagnaud et Jean-Laurent Cassely ont pris un bateau pour explorer un groupe d'îles très spécifiques au sein de L'Archipel Français.

Un ouvrage passionnant qui attirent l'attention sur les 20% de la population française qui a obtenu un master ou un diplôme d'une grande école.
L'analyse s'appuie sur une série d'entretiens réalisés auprès de 37 diplômés bac+5 et plus de moins de 40 ans et sur une enquête quantitative Ifop d'un échantillon de 902 personnes : cette méthode rigoureuse permet de dresser un portrait précis d'une génération hautement diplômée dont l'engagement et l'influence sont déterminants.
Ces 20% sont toutefois un « archipel » 😉 : ils se divisent en trois catégorie. Si les plus riches (environ 1%) forment une élite dirigeante, les autres se répartissent soit en une sous-élite, dont l'impact est techno-économique, soit en une alter-élite, dont l'impact est davantage visible sur le plan socioculturel.
Cette analyse est très agréable à lire grâce aux témoignages qui incarnent les catégories décrites et aux exemples issues de la vie quotidienne qui permettent de saisir finement les signaux faibles qui transforment la France, depuis la consommation de viande ou la pratique sportive, au recours à la couche lavable, au TGV ou à Uber, en passant par l'achat de vêtements éthiques et la pratique du yoga ou de l'anglais.

Une enquête très bien construite et facile d'accès (quoique dense) qui fait émerger le concept des 20%, une classe éduquée qui se détache d'un côté des 1% de l'élite économique et de l'autre des 80% avec un niveau de diplôme inférieur à Bac + 5. Elle dessine de nouveaux rapports de domination et créé une typologie de ces surdiplômés entre élite, sous-élite et alter-élite. Un très beau travail de sociologie, aussi bien dans le monde travail que celui de la culture ou de l'engagement.