Dans la tête de Sherlock Holmes, tome 2 : L'affaire du ticket scandaleux

Ce second tome de cette magnifique bande dessinée est la suite directe du précédent qui, après la collecte des indices et une enquête brillante, se concluait par un passage à l'action imminent pour libérer les personnes kidnappées.
Une seconde partie digne d'un film d'action à la "James Bond" avec une incursion dans l'antre des ravisseurs qui se révèlera périlleuse et spectaculaire, j'ai beaucoup apprécié les nombreux détails visuels qui accompagnent les scènes d'action.
On peut dire que l'ensemble de l'intrigue et son cheminement est parfaitement dans l'esprit du Sherlock Holmes de Conan Doyle, quelques références à des romans ou nouvelles étant même semées dans ces deux tomes, un régal à tous les niveaux pour ce qui me concerne.
Là encore nous avons la même qualité pour ce qui concerne l'objet et les graphismes, les couleurs sont toujours dans les tons bistre et sépia que je trouve magnifiques, et la mise en page est toujours aussi inventive.
Je suis de retour dans l'univers de la BD depuis six mois après une longue éclipse d'une quarantaine d'années. Après une vingtaine de titres lus, je constate que cela n'a plus rien à voir avec mes lectures d'antan, tout est si différent que je peux parler de redécouverte.

Suite et fin de « L'affaire du ticket scandaleux ». Une enquête menée tambour battant par le plus asocial, le plus exalté et le plus insupportable de tous les détectives : Sherlock Holmes.
Et nous sommes aux premières loges, puisque nous logeons dans la tête du génial enquêteur. Nous voyons comment d'une simple broutille, d'un mot, d'un soupir, d'un bout de chiffon, il parvient à suivre le fil ténu d'une piste pour finir par confondre l'auteur du méfait.
On se sent vaguement ridicule, un tantinet insignifiant confronté à cette incroyable force de déduction, à cette logique implacable. Pauvre docteur Watson, obligé de supporter les foucades, l'outrecuidance, et la jactance du prodigieux Holmes ; qui commet un crime de lèse-majesté en brandissant fièrement un bout de papier froissé trouvé par hasard dans une poubelle. Car la veine, le coup de chance, la vague intuition, le flair sont haïs par l'impressionnant Holmes. Avec lui, tout est question de logique, de méthode, de raisonnement, de synthèse…
De peur de trop en dire, je ne vous dirai rien de cette histoire embrouillée. D'ailleurs, ai-je bien tout compris ? Je ne s'en suis pas sûr. Sachez simplement qu'il y a une certaine moralité dans ce récit qui prend naissance en Chine au moment de la guerre de l'opium en 1860. Durant ce conflit, les nations occidentales, et plus précisément le Royaume-Uni, n'ont pas fait honneur à leur civilisation.
Les dessins sont extraordinaires. Toute la complexité de la vie, des passions et de la haine mise en coupe réglée par l'impayable Holmes…
Le récit s'achève comme il a débuté : par un rêve d'opium, par cette brume légère où court se perdre l'esprit survolté du solitaire, incompris, et esseulé Holmes…
Une sacrée BD…

(Critique pour les deux tomes)

Magnifique BD, d'une inventivité visuelle folle !

Sherlock Holmes reprend du service dans cette étrange affaire, où la fâcheuse mésaventure d'un homme qui s'est vu offrir un ticket pour un mystérieux spectacle cache en fait un complot de grande envergure...

L'enquête elle-même est dans le plus pur esprit Sherlock Holmes avec ses rebondissements, indices et révélations qu'on suit avec grand plaisir. Mais c'est la forme qui représente le plus grand intérêt de cette adaptation. À mesure que l'enquête avance, on suit (très littéralement) le fil de pensées de Sherlock Holmes, où s'accumulent de nombreuses petites bulles d'indices.

La mise en page est époustouflante, chaque page nous en met plein la vue : le medium bande dessinée est exploité à son plein potentiel. Les lecteurices sont même mis·es à contribution pour résoudre l'enquête - un petit conseil, préférez la version papier à la version numérique pour profiter pleinement de l'expérience...

Du grand art !

Chaque bande dessinée a ses codes, ses traits, ses spécificités esthétiques.
Le 2ème tome de « Dans la tête de Sherlock Holmes » est un OVNI débarqué de la planète virtuosité.

L'inventivité du style enchante, l'élégance folle des traits fait que chaque page s'apparente à une fresque, tant les détails sont étonnants, cohérents et harmonieux

La 1ère de couverture donne le ton avec une image en transparence dans la tête de Sherlock qui annonce, qu'il est temps de passer à l'action.
Alors les pages deviennent brûlantes, tel le cerveau de Sherlock qui chauffe à l'approche de la résolution de cette énigme.
Dans chaque planche l'on se retrouve visuellement dans sa matière grise, une machine explosive qui carbure en permanence.

Nous suivons le fil de son raisonnement, approchons de près les reliefs qui composent son sens de l'analyse et son incroyable capacité de déduction.

Certaines pépites se détachent de cet épopée nous faisant sourire ou provoquant un étonnement admiratif au vu de tant de maîtrise.

La palette des couleurs va du sépia au graphite foncé en passant par des magnifiques bleus de Prusse et de vert céladon.

L'étau se resserre et le lecteur, ébahi a l'impression de faire partie du duo Sherlock/Watson.
Car cette bande dessinée est une véritable expérience sensorielle. Avec leur boîte de couleurs magiques et une créativité extraterrestre, les auteurs ont un don unique pour donner forme, couleur, goût, odorat et sonorité à moindre mot qui composent l'intrigue.

Cet album ne se feuillette pas, il se vit!

J'avais craint, à la lecture du premier tome, que les bonnes intentions ne restent que de bonnes intentions et que l'intrigue qui peinait à décoller ne s'enlise. À la lecture de ce second tome, ces craintes ont été soufflées d'un revers de la main dès les premières pages. Il a fallu attendre longtemps avant de découvrir la suite de l'histoire, et bien ça valait vraiment le coup d'être patient !
Graphiquement d'abord, les idées ingénieuses du premier tome sont encore poussées plus loin, le trait est fin, parfois travaillé comme dans les vieilles gravures, le ton sépia apporte un aspect vintage qui colle à l'ambiance. Les trames de gravure, les volutes, la finesse des détails nous font naviguer à travers un univers baroque et grouillant. La mise en page est originale, faite de labyrinthes, la circulation peut se faire dans tous les sens, l'enquête est constituée d'un ensemble de petites briques que le dessin s'amuse à mettre en scène, les indices s'accumulent, se percutent, s'imbriquent, on sent le foisonnement de l'esprit de Sherlock à travers ces pages fouillies et en même temps, cette construction est d'une logique implacable, c'est le graphisme qui donne sa personnalité au héros, foisonnant, s'attachant aux moindres détails.
Pour ce qui est de l'enquête, même si le mobile du criminel est assez abracadabrantesque, elle fonctionne parfaitement avec la personnalité de l'enquêteur, farfelu, mais obstiné et méticuleux. de plus, l'action n'est pas négligée, ici, ça pulse, le récit devient bien plus palpitant, ce crescendo qui n'était pas évident dans le premier tome, monte en puissance jusqu'à l'apothéose finale.
Mais le plus merveilleux, c'est le concept annoncé dans le titre : Dans la tête de Sherlock Holmes. La grande réussite de ce diptyque a été de proposer une idée de narration originale. Dans plusieurs pages, on trouve au centre un profil du visage de l'enquêteur découpé en petites parcelles comme la coupe d'un immeuble mansardé ou de labos scientifiques, et là dedans, ça remue, ça s'agite, ça bouillonne, Sherlock partage ses réflexions avec nous, c'est assez impressionnant.
Dans la tête de Sherlock Holmes est une lecture ludique, foisonnante, baroque et inventive, et le graphisme est d'une grande richesse, tout ce qu'il faut mous avoir envie de nous attarder interminablement sur ces pages. Magnifique !