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Le monde humain tome 1 sur 2
EAN : 9791093098593
112 pages
Bibliotheque (22/10/2020)
4.61/5   14 notes
Résumé :
En un siècle, une plaine indienne s'est transformée en une métropole de plus d'un million d'habitants, la ville de Chicago. Les abattoirs représentent le symbole de cette révolution industrielle, avec ce qu'elle incarne de prouesses technologiques et de sacrifices. L'auteur en tire une réflexion sur les conséquences de la modernité sur la relation entre l'homme et l'animal.
Que lire après Le monde humain, tome 1 : Abattoirs de ChicagoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le bien-être animal est une notion qui me glisse entre les doigts dès que j'essaie de la saisir entièrement. Il est évident que je suis contre la cruauté envers les animaux. Les chevaux mutilés, les chats pris pour des ballons de foot, les poulets entassés en batterie qui ne respirent jamais l'air extérieur, le gavage d'oies. Les faits parlent d'eux-mêmes et toute personne saine d'esprit reconnaît dans cette situation quelque-chose qui est proche de la démence. Dis-moi comment tu traites l'animal et je te dirai qui tu es. 😉

Et puis, à l'autre bout de la problématique, il y a les variations de différents mouvements liés à l'alimentation tels que le flexitarisme, végétarisme ou végétalisme. Tous apportant leurs lots de réponses quant à la question du bien-être animal mais réveillant aussi d'autres interrogations dont une qui me taraude particulièrement : Puisqu'il est prouvé que les plantes ont une sensibilité, qu'est-ce qui légitime la priorité du bien-être animal sur celui de la flore ? Est-ce une empathie pour ce qui nous ressemble uniquement? Notre méconnaissance de la nature ? Voire sa négation ?

N'ayant pas de réponse définitive à ce sujet, je continue d'ouvrir le champ des possibles et vous livre un compte rendu de ma lecture de l'ouvrage Abattoirs de Chicago de Jacques Damade.

Quiconque veut penser l'évolution du Monde va rarement voir du côté de cette métropole américaine du Middle West américain. Elle a connu une évolution galopante en à peine moins de deux siècles. L'auteur français retrace l'histoire de cette ville qui naquit entre les marécages et des villages d'indiens. On y élève du bétail ici et là dans de grandes plaines quasi désertes. On parle alors de de 3 à 5 habitants par kilomètre carré. Et puis, il y a un point de basculement qui va révolutionner l'élevage et l'emmener vers un monde productiviste : l'arrivée du chemin de fer !

“ Non seulement le train permet d'acheminer les troupeaux, mais il est partie prenante dans la création et le développement des abattoirs. Ce sont en effet neuf compagnies de chemin de fer qui acquièrent, vers 1864, 1,3 km² de marécage au sud de Chicago et créent le 25 décembre 1865 l'Union Stock Yard & Transit Co […] On y aménage le long des voies ferrées un immense parc à bestiaux et on y centralise les abattoirs. C'est un moment important, crucial pour les abattoirs de Chicago, il constitue un changement d'échelle, il s'adapte à l'immensité du Middle West et correspond à l'essor du capitalisme. “

Plus rien n'arrêtera la course effrénée de production de viande. Jacques Damade revient en détail sur les différentes étapes de cette industrialisation alimentaire, de l'arrivée du train, en passant par celle des méthodes de conservations réfrigérées, jusqu'à la mécanique brevetée d'abattage des porcs, tout y est. Les abattoirs de Chicago ont inventé, avant l'heure, la division du travail. Chaque élément est minutieusement pensé afin d'écouler un maximum de viande en un minimum de temps. On produit alors plus qu'il n'en faut sans se soucier de cette surproduction. On arrivera bien à rentabiliser les invendus. Au pire ils seront jetés sans surcoût.

L'auteur français arrive à démontrer que les origines de la folie capitaliste, au départ de cette ville américaine, et ce dès la fin des années 1800. le reste n'est qu'une reproduction de ce modèle à l'échelle planétaire rendu possible grâce aux avancées technologiques qui ne cesse de perdurer. le fait d'avoir la généalogie du capitalisme à travers l'Histoire des abattoirs de Chicago montre à quel point ce schéma est d'une inhumanité crasse pour la Nature et l'Homme. le nouveau bétail est maintenant l'Homme pressé comme un citron chez qui l'on extrait jusqu'à la dernière goutte de production afin que l'industrie du divertissement puisse nous apporter quelques fragiles instants de satisfaction. Nul besoin d'être devin, par exemple, pour prédire un record d'audience numérique pour la prochaine coupe du monde de football qui se déroulera au Qatar. Cachez-moi cette réalité que je ne veux pas voir et apportez-moi des pop-corn.

En conclusion, le livre Abattoirs de Chicago donne du grain à moudre dans la réflexion sur la place du vivant dans son ensemble. Il y a dans notre rapport à l'animal quelque-chose qui en dit long sur ce que nous sommes. de là, à tout envoyer en l'air et à devenir et à devenir végan, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Voilà un livre, court, clair, qui mériterait d'être enseigné dans les Collèges et Lycées.
Certes, il est un peu « intello » mais les enseignants sauront le faire « passer »
Chicago y est présenté comme une « allégorie » comme un exemple, le début du monde actuel, « Chicago où tout a commencé »
L'histoire de Chicago et de ses abattoirs est comme « la pierre de Rosette » qui permet
De révéler « ce qui nous arrive, nous entoure, nous enveloppe »
Car c'est à Chicago et dans ses abattoirs selon Damade que commence un certain rapport au monde animal mais aussi à notre propre (in)humanité .Les abattoirs ont servi de modèle pour toutes les autres industries : tuer en masse, produire en masse, consommer en masse des objets de plus en plus inutiles.
« le système mis en place à Chicago s'est aujourd'hui diffusé sur toute la planète. La mentalité qui met l'argent et le plaisir immédiat comme valeurs suprêmes, nous conduit au mépris de toute protection de la nature et risque de nous entraîner vers le chaos ».
Et que dire du style : parfois prose très simple, parfois descriptions épiques !
Les sujets abordés, dans ce petit livre sont innombrables.
Notre rapport à la nature, aux animaux, à l'écologie de façon générale
Notre rapport à la maitrise et à l'efficacité
Pourquoi tout ce processus nait dans cette région des Etats-Unis et non en Europe.
Doit-on rapprocher l'industrialisation des abattages d'animaux à l'industrialisation des massacres des camps de concentration et d'extermination nazis durant la seconde guerre mondiale ?
Et tant d'autres.
Un livre de questions qui devrait être inscrit sur les listes des programmes de l'éducation nationale
N'avons-nous pas tous, un cerveau et ne sommes –nous pas, tous, capables de penser. ?
Je rêve. Sans doute.

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Comment en sommes-nous arrivés là ?
Comment en presque seulement quelques années, une région marécageuse peuplée de quelques Indiens a-t-elle pu donner naissance à une ville de plusieurs millions d'habitants qui a fait fortune grâce à l'abattage en masse d'animaux destinés à nourrir la population toujours plus croissante de cette jeune nation qu'étaient les Etats-Unis du milieu du 19ème siècle.
Jacques Damade nous raconte comment de l'abattage de quelques porcs, les abattoirs de Chicago sont devenus l'exemple même de l'industrie de masse, jusqu'à ce que les hommes employés des abattoirs eux-mêmes en perdent tout sens de réflexion, et même s'ils n'y perdent pas la vie y laissent toute parcelle d'humanité.
Quid de la place de l'homme et de sa conscience perdues dans les méandres du profit à toutes fins ?

Merci à Babelio et aux éditions La Bibliothéque pour ce joli livre reçu dans le cadre de la masse critique

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Merci Babelio et les Editions La Bibliothèque de m'avoir permis de découvrir cette Histoire. L'Histoire de la création de la ville de Chicago, de ses origines amérindiennes à la ville industrielle qu'elle est devenue, grâce à ses abattoirs.

Le sujet est délicat. La condition animale prend de plus en plus de place dans notre société actuelle.
Cet ouvrage nous montre comment l'avancée technologie a permis à l'humain de tuer plus d'animaux (et parfois plus que nécessaire, puisqu'ils l'exportent) au nom du progrès, du développement et du profit.
Et remet en question tous ces progrès avec nos modes de pensée actuelles.

C'est un essai très bien écrit, très détaillé et documenté. Je pense qu'il me faudra plusieurs lectures pour pouvoir tout assimilé. C'est très intéressant et instructif de découvrir comment une ville se crée, s'organise, se modifie avec la modernisation.

L'humain y a gagné en technologie mais y a-t-il gagné en humanité ?
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Le thème de ce dernier m'a tout de suite parlé, j'ai eu envie d'en savoir plus sur la construction de Chicago, aux portes du Middle West, sur le pourquoi de cet endroit et surtout sur le comment. Apprès Cincinnati, Chicago devient le lien d'abattage privilégié des USA de par sa position géographique, proche du lac Michigan et peu peuplé au début. Les Indiens sont vite délogés, les débuts de l'industrialisation se font ressentir dans l'abattage de masse et le développement des vois ferrées, ce que j'ai particulièrement apprécié dans cette lecture, c'et le parallèle fait avec ce qu'il se passe en Europe sensiblement à la même époque, la différence culturelle se fait déjà ressentir dans ce très jeune pays qui prend son essor et s'envole très vite

Jacques Damade expose clairement son point de vue et il est difficile de ne pas y adhérer, ses descriptions sont fortes et ses références très nombreuses. Même si le parallèle avec les les camps de concentration m'a fortement déplu, j'ai vu où il voulait en venir, la "déshumanisation" des animaux était déjà en marche et on voit ce que cela a donné aujourd'hui même si on tend doucement vers le mieux....

Si jamais la question animale vous intéresse, je vous recommande cet ouvrage, mais attention aux âmes sensibles car certaines descriptions et parfois certaines illustrations ne sont pas faciles.

Par ailleurs, j'ai également beaucoup aimé la description du développement du rail en Amérique, c'était très intéressant et édifiant. le style de Jacques Damade est intéressant et cultivé, il parvient à passionner son lectorat rapidement.

J'ai hâte de lire le second volume de ce récit sur l'histoire de ces abattoirs de Chicago, ville que j'ai eu la chance de visiter en 2019 et qui ne peut laisser le visiteur indifférent.
Lien : http://taste-for-troubles.ov..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Comment les hommes tiennent-ils dans ce pandémonium, plongés dans le sang, les odeurs, le boucan, les cris, la cruauté, le rythme de la machine, rouages d'une broyeuse de vies animales ? Oh! On le sait bien, il y a des métiers durs, impitoyables, mineurs, pêcheurs, soldats, où les épreuves montrent qu'on résiste, qu'on ne faiblit pas, cette échine qui ne se rompt pas, cette masculinité entêtée, instinctive et il y a la machine, la chaîne, cet élément supérieur à chacun qui doit effectuer son tour comme un principe absolu. On tient la cadence, on fait face et on ne subit pas la honte de perturber l'ensemble, même il y a une fierté, une fascination, un désir d'être rouage de ça, de ce machin, de ce truc qui tourne, tue, hurle, pue, surveillé par des gardes-chiourmes. C'est à l'intérieur de l'abattoir. Et surtout on vit la peur au ventre de perdre sa place »
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« Une nouvelle ère s’ouvre. On ne se baignera plus dans le fleuve du temps .Les horloges vont se multiplier et les cloches des églises perdre de leur importance. On entendra les sirènes et les pointeuses. Le temps uniformisé, monotone est en route et toute une organisation de nos vies se met en place de façon croit-on naturelle à laquelle il semble absurde de résister. Et cela avec une universalité dont les droits de l’homme eux même ne disposent pas.
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Leur vie déjà ne signifiait plus une vie animale, mais un coût.
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L'étymologie est un roman et chaque déformation raconte une histoire.
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Videos de Jacques Damade (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Damade
Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits. Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés. Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés. Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
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