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4,35

sur 6085 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Yaaaak ! Êtes-vous fait de l'étoffe dont sont tissés les vents ? Prêt à contrer ?
C'est grâce à mon amie Nicola que j'ai tenté le grand saut. Pas celui en parachute, mais dans le domaine du contre, de la horde, la horde du contrevent.
Je n'aurai sans doute pas tenté l'aventure seule tant ce livre m'intimidait. Mais à la faveur d'une lecture commune, des ailes m'ont poussé et j'ai fait le grand saut dans le vide.
Fffflousschh !!!! dérapage sans trop de casse dans le sable, attention aux projections de gravier au passage.
Je redoutais cette lecture et après avoir ingurgité mes 701 pages, le voyage a tenu ses promesses en termes d'enchantements et d'embûches.
Le démarrage s'est avéré laborieux et ardu, Damasio n'épargne pas son lecteur et en guise d'introduction, il lui plonge la tête directement dans le sable, en vérifiant que les grains crissent aimablement sous les dents. J'ai eu la sensation d'être emmurée sous une gangue de sable, lorsqu'à la plage des gamins vous enterrent sous le sable mouillé et que vous arrêtez de rigoler au bout de 2 minutes quand vous avez l'impression qu'il va être difficile de s'en sortir sans une aide extérieure. le sable je l'ai avalé, recraché, comme une sensation de vent violent qui me le remettait dans la bouche sans se lasser. Après cette première mise en bouche originale, le lecteur atterrit brutalement dans la flaque de Lapsane, où là, l'idée est plutôt de vous plonger la tête sous l'eau pour vous empêcher de respirer. Cette eau, elle va s'infiltrer en vous par tous les pores de la peau. Mais dommage pour vous, une fois la tête sortie de l'eau, ne vous croyez pas aussi facilement sorti d'affaire, vous ne pourrez que constater qu'un immense siphon s'est formé, prêt à vous aspirer.
Heureusement, entre deux sablés, une petite noyade et un combat mortel, M. Damasio vous a prévu des petites récréations bienvenues.
Comme le vent, unique héros de cette horde, mon ressenti a beaucoup fluctué lors de cette lecture, tantôt happée, ferrée, tantôt détachée par des pseudos considérations technico-vento-métaphysiques, un charabia sans queue ni tête qui m'a fait lever les yeux au ciel et survoler certains paragraphes.
Parfois un peu trop de testostérone à mon gout, la majorité des personnages sont masculins et les femmes réduites à des rôles très classiques, bonnes à faire la cueillette, la popotte, jouer à l'infirmière, râleuse, en passant de la chaudasse de service à la pure intello qui n'est intéressée par rien d'autre que la science et son nombril … Quand les stéréotypes ont la vie dure, même dans les autres mondes…
Les personnages masculins sont bien plus attachants et sympathiques ; la verve de Caracole, la bienveillance de Sov, l'intégrité de Pietro, la douceur de Steppe, la fraîcheur d'Arval, la relation joyeuse et fusionnelle des jumeaux Hosrt et Karst. En revanche, la volonté sans faille de l'imperturbable, bas du front et violent Golgoth ne m'a pas convaincue.
Le bilan est une lecture que j'ai trouvé trèèès longue, ardue, avec des personnages qui manquent parfois de nuances (je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression de creuser ma propre tombe là, peut-être rapport aux nombreux fans dont je sens les yeux dans mon dos me lancer des éclairs/voire tirer des balles).
Cependant, j'ai été bluffée par la maîtrise de la langue française de Damasio et ses innombrables jeux de mots, son incroyable scène de joute verbale par Caracole, son inventivité à créer des mots, les détourner de leur sens premier (de quoi donner un sacré fil à retordre aux traducteurs, je serai curieuse de savoir comment ils s'en sortent pour les palindromes).
L'auteur a su créer un univers unique, une multitude de personnages, je salue en particulier des éléments typographiques vus dans aucun autre livre auparavant (en ce qui me concerne tout du moins, si des lecteurs connaissent d'autres livres avec ce type d'audaces, racontez-moi !) : des pages numérotées à l'envers comme un compte à rebours de leur fabuleuse quête, des personnages identifiés à chaque paragraphe par un symbole permettant au lecteur de savoir à chaque fois qui s'exprime).
La quête de l'Extrême-Amont a pour moi quelque chose de mystique, chacun y cherche son graal, son paradis, la définition de ce dernier étant bien sûr différente pour chacun. le décompte jusqu'à l'atteinte de l'objectif s'égrène comme les pages. Les chiffres défilent comme le temps, en parabole de la vie, pleine d'idéaux lors de notre jeunesse, d'objectifs, qui se muent au fil des ans en cortège de désillusions, d'embuches, de renoncements, des décès des gens aimés qu'on croyait éternels.
Trois semaines de lecture marquantes et inconfortables, parfois intenses, ou décousues. Je sais que je vais en garder des magnifiques plans-séquences, des mondes bruts et terrifiants avec leur part de mystère...
Une aventure marquante, qui même si elle ne m'a pas complètement embarquée me laissera de beaux souvenirs. Tous en goutte derrière Golgoth !
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Alors, par où commencer ?

Dans La Horde du Contrevent, vous devrez oublier tout ce que vous savez, jusqu'à votre vocabulaire, vous serez perdus au début, puis vous plongerez la tête la première dans ce monde si différent du notre.

Dans ce monde, fait d'une bande de terre orientée ouest-est encadrée par des terres stériles et glacées au nord et au sud, le vent balaye tout depuis l'Extrême-aval, jusqu'à l'Extrême-amont. le but de la Horde, contrer ces vents, parfois très violents, jusqu'à l'Extrême-amont pour découvrir toutes les formes du vent et pour découvrir la source de celui-ci. Cette Horde est la 34ème et jusqu'ici, à la connaissance de chacun, personne n'a réussi à rejoindre cet Extrême-amont mythique.

Ce roman de science-fiction nous emmène vraiment dans un monde inédit. La première rencontre avec ce monde est même un peu rude, on ne comprend pas toujours tout, même les mots nous sont parfois inconnus, on n'a pas de repère, les personnages sont très nombreux, en bref, il faut s'accrocher pour passer les premières pages de cette rencontre pour pouvoir réussir à plonger dans ce roman riche d'une imagination incroyable.

Nous suivons les 22 des personnages qui composent la Horde, mais majoritairement un peu moins d'une dizaine d'entre-eux. Cependant, même si au départ le suivi est difficile car chaque personnage est annoncé par le glyphe qui le représente, on s'attache vite à ces personnages tous si différents les uns des autres, si profonds, si riches, certains forts en caractère, d'autres beaucoup plus modérés. du point de vue des personnages, il n'y a rien à dire, ils sont vraiment très bien construits.

Du point de vue de l'histoire, maintenant, je ne sais pas trop quoi en penser, et c'est d'ailleurs ce qui a fait baisser la note que j'ai attribuée à cette lecture. C'est un long roman (700 pages) et on s'attend vraiment à quelque chose d'exceptionnel. En ce qui me concerne, j'ai plus ou moins deviner la fin 300 pages avant celle-ci, donc en y arrivant, je me suis dit "tout ça pour ça", ce qui n'est pas une très bonne manière de finir un roman. Alors certes, la fin était plus complexe que ce que j'avais anticipé mais l'idée générale était là, et j'ai trouvé ça fort dommage, j'aurais aimé être surprise, me dire "alors ça, je ne m'y attendais pas".

Du point de vue de la lecture, même si elle n'est pas toujours évidente et qu'il vaut mieux être au calme pour se plonger vraiment dedans, l'univers est tellement riche et original, qu'il nous emmène complètement avec lui. On veut savoir ce qui va se passer, on veut savoir ce que va devenir la Horde et ce qu'elle va découvrir.

Donc, au final, pour moi, même si cette lecture n'est pas un coup de coeur, elle est tout de même une belle découverte, et j'ai vraiment aimé me plonger à chaque fois dans cet univers.
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“Furvent, ceux qui vont mûrir te saluent!”

Cela faisait un moment que j'avais envie de lire ce livre qui selon la 4ème page de couverture “est déjà un classique des littératures de l'imaginaire.”

Ah bon?

D'un côté j'ai bien aimé la trame de fond : on suit l'histoire de la 34ème Horde dans sa quête pour trouver la source du vent. Les 23 personnages sont intéressants... sauf Golgoth (impossible de ne pas penser à Goldorak!!). Quel homme détestable.

J'ai bien aimé aussi l'alternance des narrateurs (d'ailleurs merci à Gallimard pour le pratique marque-page) mais il faut un certain temps pour associer les signes aux personnages (leurs tatouages respectifs). Les changements de style ne sont pas toujours évidents à détecter sauf pour Golgoth (injurieux, grossier, obscène, …) ou Erg ou encore Caracole.

Une fois passé la flaque de Lapsane Certains passages sont assez poignants (retrouvailles avec les parents entre-autres) et il y a caché dans le texte quelques perles de réflexion sur le sens de la vie.

La numérotation inversée des pages est originale est bien à propos. Ce que j'ai trouvé moins original c'est le nombre incalculable de mots-valises. Cela commence avec le titre : contrevent n'est pas à prendre ici au premier degré : c'est un mot-valise. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est : Ok pour le titre mais pour tout le bouquin...

J'en viens donc au coeur de ce qui ne m'a pas plus du tout : le style de l'auteur. Entre les mots-valises, les mots inventés et les termes “géolométéorologiques” je me suis un peu perdue. Il y avait des phrases qui étaient totalement incompréhensibles. Bref, cela a rendu la lecture lourde et pénible (en ce qui me concerne).

Quelques questions restent en suspens : qu'est-ce le vif exactement ? Je n'ai pas bien compris. Et cette histoire de chrones... impossible de m'en représenter un. À quoi cela peut bien ressembler un chrone ? Dans une des descriptions j'ai pensé au vaisseau spatial (en plus petit bien entendu) du film "Premier contact" (D. Villeneuve, 2016) et puis je me suis dit que non. Dans l'ensemble j'ai eu un peu de mal à me représenter les scènes... c'était étrange.

Bref, avis mitigé.

Challenge pavés 2016-2017
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Je n'ai pas du tout accroché à la Horde du Contrevent. Ça me désole un peu, surtout que je semble être une des rares voix discordantes dans le lot de commentaires positifs qu'a reçus le bouquin. Je voulais vraiment l'aimer, d'autant plus qu'il m'avait été chaudement recommandé. Je tiens à préciser que je ne l'ai pas détesté non plus. le livre n'est pas sans qualité, l'histoire est très originale. Visiblement, l'auteur Alain Damasio l'a travaillée et retravaillée. Ça fait du bien de lire du fantasy qui présente autre chose qu'une lutte entre le Bien et le Mal ou bien un être maléfique qui désire étendre sa domination sur le monde. Pas d'elfes ni d'orcs, mais une magie (si on peut l'appeler ainsi) assez différente de ce qu'on a l'habitude de lire. Toute cette histoire de vents et de contrevents, de gens dont le métier consiste à utiliser cet élément, elle est très rafraichissante.

L'intrigue? Un groupe doit remonter l'aval pour trouver les trois dernières formes de vent. Une quête quasi mythique et presque impossible - dangereuse en tous cas – dans le genre « trouvons les origines du monde ». Ça m'a vraiment intrigué. Bien sur, le parcours est semé d'embûches, d'énigmes, de pièges, de trahisons. le tout dans un univers unique et probablement riche mais que, toutefois, j'arrivais difficilement à visualiser.

Malheureusement, l'originalité n'est pas tout. Comme dans beaucoup d'oeuvres de fantasy – et de science-fiction et d'horreur – les qualités littéraires ne sont pas toujours au rendez-vous. D'abord, selon moi, le style de l'auteur (descriptions minimalistes, récit centré sur l'action) est très ordinaire. J'ai l'impression qu'il veut compenser en utilisant un vocabulaire parfois trop recherché inutilement, pas toujours approprié aux situations ou aux personnages. Ensuite, l'idée de suivre une troupe de 23 protagonistes est audacieuse et ambitieuse. Malgré le petit index au début, il est difficile pour le lecteur de se faire une tête de plusieurs personnages. C'était trop d'un seul coup. Même si l'auteur ne met pas l'accent sur tous dès le début, le fait de savoir qu'ils sont là et qu'ils interagissent à l'occasion suffit à mélanger. Aussi, la psychologie des personnages n'est pas des plus étoffées. J'ai rarement vu un chef de mission tellement à la merci de ses émotions ! Et que dire du fait que la narration change de l'un à l'autre des personnages à chaque cinq pages ! Dans plusieurs cas, ce n'était pas nécessaire car je ne sentais pas la « voix » de plusieurs d'entre eux. Un autre protagoniste ou même une narration externe aurait tout autant convenu.

Je suis persuadé que cette mauvaise impression que je me suis fait du roman et qui m'a accompagné m'a fait loupé un tas de trucs intéressants qui auraient peut-être réussi à m'accrocher. Dommage. Doublement, car je me considère comme un lecteur averti. Peut-être dans quelques années j'essaierai de relire cette brique – près de mille pages, il y a de quoi désespérer certains lecteurs – ou d'autres romans de Damasio.
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Ce livre est largement salué sur le site, ma déception fut donc à l'aune de mes attentes et si je suis allé au bout, ce fut entre douleur et ennui.
Sur quelques pages, l'exercice m'aurait amusé, délayées sur plus de 700 ces variations sur le vent ont fini par m'asphyxier.

J'ai bien évidemment admiré la virtuosité de l'auteur... tout en la déplorant stérile.
Car au bout du bout, à quoi aboutit-on?
Hormis ce foisonnement lexical autour du vent, que reste-t-il?
Une sorte de quête philosophique très proche de ce que Robert Silverberg avait parfaitement illustré avec son "Les Royaumes du mur" de façon un rien plus concise et beaucoup moins absconse.

Souffler n'est pas jouer.



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Elle décoiffe cette histoire, j'en suis toute ébouriffée !

Comme disait l'ami Michemuche, tellement intriguant dans sa chronique irrésistible , j'ai pris ma place dans la horde ...et...

Quelle aventure mes amis ! une quête genre "quête du graal" , espèce d'absolu dans un univers absurde, où des humains encordés contre une tempête force 10, remontent vers un but impossible à atteindre . C'est rude, impitoyable, forcément mortel, cette expédition au bout de soi-même.

Comme tous les voyages au centre de la terre , comme dans les mines du roi Salomon, comme toutes les aventures d'Indianana Jones, c'est finalement soi qu'on cherche au bout du voyage. La quête a toujours plus de valeur et de sens que le but de la quête .

Finalement , c'est de la vie , notre vie dont il est question . Ce roman n'est pas trop difficile à décoder . J'aime assez la métaphore de la vie et du temps qui passe, de la lutte contre les éléments .

Et du coup, je suis légèrement agacée par cet auteur qui se regarde écrire sans simplicité et qui en fait peut-être un peu trop. Trop de symbolique, trop d'artifices sans intérêt pour raconter dans un genre un peu steampunk, pas sobre, notre condition à tous, les épreuves de notre vie de poussières d'étoiles qui se recombinent sans cesse, disparaissent et revivent sous d'autres formes.

Bateaux sur terre, méduses volantes, éoliennes et deltaplanes, puits sans fond, siphons étranges et cascades de glaces, Bibliothèque énigmatique, tribus nomades et sédentaires, l'autre à la fois miroir de soi et inconnu effrayant, c'est tout ça à la fois.

Toutefois c'était pas trop mal le voyage au bout de l'enfer de Monsieur Damasio. de l'aventure, de la souffrance, de la passion. Comme dirait le Golgoth, on va en chier tous sur cette putain de planète, faut juste pas se perdre en conjectures stupides, et aller au plus direct .

Bon vent !

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C'est avéré, prouvé, incontestable : La horde du Contrevent est un livre-univers et un chef-d'oeuvre. C'est écrit en quatrième de couverture , de quel droit pourrions-nous donc contester ces assertions ? Qu'à cela ne tienne, je suis à nouveau candidate au lynchage. Vu que j'ai déjà soutenu que Citizen Kane était un film plutôt médiocre, plus rien ne me fait peur.

Livre-univers, mouais... Outre que l'expression ne veut, à mon sens, absolument rien dire, je n'ai pas souvenir que le monde de la horde du Contrevent soit spécialement détaillé, travaillé, fouillé. On n'en sait pas grand-chose au début, on n'en connaît pas grand-chose à la fin. Admettons. L'intérêt de la chose se révélerait donc forcément ailleurs que dans le développement du monde de la horde.

Le coeur de l'ouvrage tiendrait donc dans l'ambition d'Alain Damasio : écrire une fiction tout droit sortie des travaux de Deleuze et d'un postulat que celui-ci a posé : exister, c'est être en mouvement. Alors, je vous le dis tout net, le jour où j'ai entendu Damasio parler de ça, je me suis dit : "Ah ! Voilà quelqu'un d'ambitieux ! Voilà une idée passionnante !". Oui, mais c'était peut-être là un objectif un peu trop ambitieux, justement.

Car la lutte de la horde, groupe d'hommes et de femmes coincés dans un monde âpre et venteux et dont l'objectif est de marcher contre le vent - qui est une vraie merde et pourrit le monde, c'est pas bien original - pour en trouver l'origine et s'en délivrer se transforme peu à peu en grand n'importe quoi. Je ne dis pas que je n'ai pas suivi avec un certain intérêt cette marche délirante envers et contre tout. Jusqu'aux trois-quarts du roman, je trouvais ça correct malgré les défauts, et j'espérais vaguement qu'Alain Damasio allait m'emmener quelque part. Bref, que ce livre avait une signification quelconque.

Or, au bout d'environ 500 pages, ce qui pouvait passer pour de regrettables digressions se transforme en une chose floue, flasque et impalpable. J'ai alors compris pourquoi le monde de la horde n'était pas autrement développé : tout reste approximatif pour que l'auteur puisse transformer à son gré telle ou telle création de son imagination, sans aucune cohérence. Les chrones, par exemple, on sait pas bien ce que c'est, et ma foi, c'est bien pratique pour l'auteur qui peut faire discourir ses personnages sur le sujet via des assertions sans cesse fluctuantes. C'est le genre de truc qui m'agace vachement. Mais le pire, c'est qu'on a droit à moult leçons pompeuses de pseudo-philosophie ou de pseudo-science (avec un joyeux amalgame de la théorie de la relativité, de la théorie du big-bang et de la théorie des cordes), via un langage fleuri et terriblement prétentieux. Pourquoi est-ce que je qualifie le style de prétentieux ? Parce que derrière le vocabulaire soi-disant recherché et les interminables circonvolutions verbales, le fond du discours est complètement creux. Quand Proust écrit une phrase de dix pages, c'est pour servir de façon magistrale son observation et son analyse de la nature humaine. Quand Damasio écrit une phrase de dix lignes, c'est juste pour faire son intéressant.

Comme on ne va pas passer trois heures sur ce que je considère comme un roman médiocre, deux ou trois choses pour terminer. D'abord, le personnage de la Mantrisse... ah, pardon, du Corroyeur. Parce qu'il est quand même gonflé, Damasio, d'avoir grossièrement plagié la Mantrisse de la série BD Aldebaran (elle-même issue, mais plus subtilement, de Solaris de Stanislas Lem). Ensuite, la fin... Cette fin, on la devine dès qu'on a lu la quatrième de couverture, c'est un peu embêtant. Encore que jouer sur un aboutissement déjà annoncé, ça aurait pu se révéler intéressant, pour peu que l'auteur ait travaillé bien davantage la forme de son roman. Malheureusement, ce n'est pas le cas.

L'intention de départ (je parle pas du truc des multiples narrateurs, mais bien du postulat philosophique de Deleuze) était bonne, mais elle s'enlise lamentablement dans les séductions d'un discours alambiqué et pompeux. Cette idée, avancée par le personnage de Caracole (je crois), qu'exister c'est lutter contre "les forces de gravité en nous - la paresse, la fatigue, la quête du repos" et "l'instinct de répétition - le connu, le déjà-fait, le sécurisant" n'est finalement pas, à mon grand regret, développée.

Donc, si je veux y réfléchir plus sérieusement, j'irai lire Heidegger et Deleuze, dussé-je en mourir. Si je veux réfléchir à la théorie des cordes, j'irai lire Stephen Hawking - dussé-je mourir une seconde fois. Et si j'ai envie de lire de la bonne fiction philosophique, je crois bien que H.G. Wells, Philip K. Dick, Stanislas Lem et Arthur C. Clarke m'attendent quelque part...
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Mon avis :
C'est un beau livre, où l'imagination et la poésie se mêlent à une quête très fantasy.

Cependant, il y a quelques longueurs, quelques mésaventures un brin "artificielles" qui servent surtout à démontrer la virtuosité stylistique de l'auteur.


Bref, c'est très bien écrit et c'est un livre envoûtant, mais il ne l'est pas resté jusqu'au bout, pour moi du moins...
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2021, l'année où je retrouve du temps pour lire, affamée des contrées décalées, ou si peu,toujours dépaysantes, oniriques ou absurdes, parfois loufoques, souvent clairvoyantes sur notre société, et d'autant plus percutantes, des littératures de l'imaginaire, s'il faut les classer dans un genre...Je découvre Babelio et Damasio, file à la médiathèque sans me souvenir d'un titre en particuliers; me retrouve main droite "les furtifs", main gauche "La horde du contrevent" (ou inversement!: les furtifs penchent plutôt main gauche à vrai dire!!). La couverture orange des éditions la Volte, le format, le confort de l'objet m'attire davantage que le petit folio bien corné couverture et premières pages et pour cause s'y loge l'index des personnages, de la horde. Je fais une expérience de lecture qui classe ce livre dans mon top 3 (sur pas énormément :p) de mes lectures depuis mars 2021.  Bien m'en a pris, en ce qui me concerne, de découvrir cet auteur en commençant par Les furtifs.
.
 

Sans doute par rapport à cette belle découverte, je contre, avant tout, l'envie d'abandonner ma lecture de la horde du contrevent pendant une bonne première moitié de livre, soit 350 pages tout de même. Et puis il est très rare que j'abandonne un livre, on en retire toujours quelque chose, alors qu'un livre abandonné c'est du temps perdu! Et puis, j'avais envie d'apporter mon retour argumenté ici, même en demie-teinte.
.

  J'ai cessé de contrer, à partir de la deuxième moitié du livre, emportée par un souffle épique, dans un univers grandiose. Ma lecture fastidieuse et chaotique a pris de la fluidité et du plaisir. Je me suis sentie davantage portée par la première phrase du livre, si forte et poétique:   "A l'origine fut la vitesse, le pur mouvement furtif, le "vent-foudre". Puis le cosmos décèlera, prit consistance et forme, jusqu'aux lenteurs habitables, jusqu'au vivant, jusqu'à vous."..."Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents".
.


  La première partie du livre m'a semblé une succession de péripéties que mon imaginaire avait quelque mal à illustrer, et qui laissaient froids mes affects; j'ai eu vraiment du mal à m'attacher à cette quête et à ses protagonistes. Un fréole devait s'être posé sur mon épaule et me chuchoter à quel point tout cela semblait absurde et buté, pourquoi ne pas s'abriter même un peu, qui est ce tordu de Golgoth? Lassée de ce vent omniprésent entrecoupé de scènes avec des ennemis encore plus puissants qui s'en prenaient à cette pauvre Horde, mais pourquoi? Oui, pourquoi sont-ils aussi méchants? Ennemis et combats dignes de ceux de Dragon Ball et Satan Petit-Coeur (avec des majuscules bien entendu, toute ma prime jeunesse:-) ), à chaque fois annoncés dantesques (Silène, le corroyeur) et qui l'étaient en effet...Sauf qu'à ce jour les rouages de tant de hargne à contrer les contreurs restent flous, et moi je ne suis pas touchée par un spectaculaire de surface. Pause oniriques et bienvenues avec les descriptions de majestueux et mystérieux chrones, et avec le vaisseau fréole. Mais je trouve très longue la présentation de la Horde par Caracole à ce moment-là, je trouve des longueurs à de nombreux moments à vrai dire. Je suis finalement soulagée de quitter ce vaisseau, où là encore les enjeux entre les personnages sont, et resteront flous. Et je pars patauger dans une sacrée flaque, venteuse et morne à souhait, avec de très très gros dangers...J'ai jeté un oeil à la BD, plutôt curieuse, car , -est-ce moi qui lisais en diagonale? ou est-ce les descriptions qui manquent de précision?-  j'ai eu vraiment du mal à me représenter le siphon, la tour pétrifiée...(la BD est très convaincante je n'y attarderai peut-être bien!).  
Sinon, les hordiers sont humains, pourtant au sein de la horde, il ne se passe pas grand chose, dans cette première partie. Ils ont des petites histoires de coeur, de fesse, ou les deux à la fois qui m'ont parues bien anecdotiques auxquelles je suis restée parfaitement hermétique. Je ne m'en souvenais pas d'un chapitre à l'autre. Aucun ne se détachait du lot, Sov ou Pietro, Aoi ou Callirhoé, qui parle? Il faut se référer au symbole de chacun, sauf que je n'en avais toujours retenu quasiment aucun p 230, sauf peut-être les principaux, et que je trouvais très inconfortable de devoir toujours regarder l'index du début du livre. Et quelle importance que ce soit Sov ou Pietro qui parle? Ils narrent le même récit. Je n'ai pas du tout eu l'impression extraordinaire de voir les choses de différents angles et avec différentes sensibilités, un effet qui m'avait conquise lors de la lecture des furtifs où Damasio utilise pourtant le même mode narratif, mais avec davantage de richesse. 
.

 
   Malgré tout, je suis arrivée à Alticcio ! A partir de là j'ai cessé de lire à la verticale (vous voyez quand on lit les premières lignes d'un paragraphe, puis qu'on dégringole jusqu'à la fin en lisant un mot de temps en temps, en yamakasi du paragraphe, se disant qu'on a déjà compris l'ensemble et que sinon c'est pas si grave, qu'on passe à la suite! Next!). Je me suis même mise à relire plusieurs fois des passages que j'avais mal compris ou visualisés (récurrent avec Damasio). J'ai souris de ce combat sous forme de joute rhétorique entre Caracole et son concurrent où l'auteur s'est manifestement fait un petit plaisir avec ses compères de jeux préférés c'est-à dire les mots. Sortis de combats à gros coup de pogne et de blaast dans la face, à moi aussi ça me fit du bien, un peu de variété, même (surtout!) incongrue!   Emballée, pesée en un rien de temps cette deuxième partie. Des images dingues en tête, dans ces espaces illimités, l'imaginaire qui turbine enfin, c'est bon, je suis montée dans le navire, et me demande jusqu'où il ira...se fracasser puisque cette quête revêt plus que jamais un goût de vaine absurdité. J'ai moins de mal à identifier des personnages moins nombreux il faut bien le dire, par contre, je ne m'y attache toujours pas du tout, et leur destinée quoique pour le moins extraordinaire, fait naître des images esthétiques, inattendues, un beau spectacle en somme, mais qui ne m'émeut pas un instant. Ces personnages, je ne les comprends pas toujours, et du coup j'ai du mal à les identifier comme familiers, même dans une scène de retrouvailles qui se veut émouvante, que je ne peux expliciter sans spoiler, pour moi les réactions sonnent faux, ou alors c'est là que m'a manqué un supplément d'âme pour vraiment apprécier cette lecture.    
.
   

Damasio nous amène au final sans surprise. "Et oui." J'aurais préféré un "Naaan!!!" bien entendu. Toujours difficile de s'enfoncer dans un récit aussi dense et de trouver la conclusion qui surpasse l'ensemble. Ici la fin a plus fait tinter en moi un appel à un tome 2 qu'allumer la lanterne éclairante d'une compréhension aboutie de cette grande quête. J'ai énormément pensé, dès le début du livre, au livre de Christopher Priest "le monde inverti" lu quelques mois avant. Même contexte spatio-temporel non défini, où une corporation formée dans ce but part en quête, envers et contre tout (avec l'excuse dans le monde inverti, d'une urgence, vitale, tout de même...D'ailleurs quelle est l'excuse dans ce livre là?) d'un bout de terre inexploré, l'Etrême-Amont ici, l'Optimum dans le monde inverti. La horde pour moi, pâlit de la comparaison...La fin du monde inverti m'ayant décroché le "Naan!!!" et toutes mes questions (ou presque) ayant trouvé une réponse, j'ai été repue. 
  Je crois aussi que j'ai trouvé que Damasio s'était un peu éparpillé, trop de générosité peut-être, trop d'impétuosité créative mal canalisée? le vent, le vif, les glyphes des théories un peu fumeuses  qui s'entremêlent (mais je me tais j'ai pas tout lu, je me trompe c'est peut-être plus clair quand on s'y plonge réellement). Dans "les Furtifs" l'ensemble des théories, de l'esthétique, la politique, est soudée autour de ces êtres, forme de vie qui dépasse l'entendement, une vie qui ne sait être qu'en mouvement.
 Je ne voulais pas monter une chronique qui ne ferait que mettre les furtifs en regard de la horde, n'empêche il y a tant de prémices dans la horde à un livre écrit pourtant 15 ans après, il suffit de citer cet extrait p 349 pour comprendre à quel point l'auteur a déjà la graine de son futur roman sous la plume: "_Et comment on les reconnait tes animaux tactiques, ils ont quelle gueule? A plumes, à bec, à poils ? Ils sont faits en peau de vent, avec  des écailles de blabla et des griffes en roseau? _[Ils sont faits] en glyphe comme sur le cocon des chrones. Ce sont de petits segments de vent, furtifs en diable, qui scintillent dans l'espace et s'effacent aussitôt..."
.


  Je n'emporterais sans doute pas La horde du contrevent sur une île déserte mais je serais contente de le trouver caché dans le sable, je prendrais le temps de le relire avec plaisir, j'ai imprimé l'index des personnages dans ma ptite tête maintenant. J'aurais alors la patience (que faire d'autre, sur mon île?) de relire tout ce que la yamakasi de paragraphe en moi a impitoyablement coupé court. Et je serai conquise, qui sait? Je gratterai désespérément le sable en quête du tome 2.
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Voici un univers qui est difficile à suivre et à comprendre, au départ très déroutant mais une fois qu'on s'y est fait on se laisse guider par le monde qu'Alain Damasio a créé, un monde battu par des vents violents où on suit la 34ème Horde se diriger droit vers l'Extrême Amont. Une histoire à part, tout comme les personnages auxquels on s'attache vite, qui nous font rire, que l'on reconnait dans leur façon de s'exprimer et de réagir. Ce livre, c'est une aventure très originale où on voit les hordiers combattre mais aussi nous exposer leurs reflexions sur la vie, la nature humaine, leur but,…
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La horde du contrevent

La horde est composée de combien de personnages?

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Thème : La Horde du Contrevent de Alain DamasioCréer un quiz sur ce livre

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