AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 1961 notes
Un cri de (ré)volte. C'est en 2084 que l'histoire de ce livre se passe, la date n'est pas choisi au hasard, mais oubliez Orwell car le monde imaginé par Damasio n'a pas sombré dans le totalitarisme primaire. C'est le règne de la social-démocratie, de la paix sociale achetée au dépend de la liberté véritable, le règne de la norme et du consensus. Un monde de tranquillité pour la majeur partie des habitants de Cerclon, ceux qui ont accepté de rentrer dans le système. Un système où son nom dépend de sa réussite, A étant le présidant, et ZZZZZ le dernier du Clastre. Un système créé pour une cité conceptuelle située sur un satellite de Saturne, pour fuir la Terre et la guerre. le modèle à suivre pour l'humanité. Mais un monde de vide pour les gens de la Volte, petite organisation qui essaye à sa manière de réveiller les consciences. Les vielles méthodes réfléchis et pacifistes ne marchent plus, la Volte va passer à l'action. "Réfléchir, c'est fléchir deux fois". Emmenée par ses leaders charismatiques comme Captp le professeur philosophe, Kamio le peintre humaniste, ou Slift l'impulsif et insaisissable habitant de la Radzone, elle va tout tenter pour changer le monde, en créer un nouveau. Une lutte difficile, contre le système, contre soi même, qui ne se fera pas sans couler de larme et de sang, pour la liberté. "Sachons nous ouvrir pour agrandir cette poche, qui est poumon - et vent pulsif. Osons même, parfois, élargir la cicatrice et refuser le cocon consumériste, les consolations et les soins. Parce que ça fait mal, d'être libre."

Evidemment le Cerclon de 2084 ressemble en beaucoup de chose à nos sociétés occidentales, en poussant plus loin leurs défauts, pour les rendre plus voyants. le principe même de la SF. Et les questionnements qui vise le lecteur seront nombreuses tant il y a matière à la réflexion dans ce livre. Avec un coté un peu trop bavard parfois, trop didactique, petit pêché de jeunesse. Ces aspects politiques et philosophiques sont extrêmement présents et poussés dans le livre, des constats sur la servitude volontaire, l'auto-censure, la normalisation et le contrôle. Et une réponse ! Pas la réponse, juste une réponse. Tout cet aspect là est enrobé dans une histoire qui prend au tripe et portée par des personnages très attachants, épris de liberté, vivant. "Vagabonder, bondir, vagabondir pour exister !".

Dans le style, c'est Damasio. C'est original, c'est varié, c'est très soigné, c'est beau, c'est brut, c'est vivant et recherché. Une maîtrise parfaite de la langue française, des jeux de mots, un travail sur les sons, des néologismes, de l'argot, des métaphores en veux tu en voilà. Un travail d'orfèvre. Ça ne ressemble à rien d'autre qu'à du Damasio. Il vous prend parfois l'envie de relire un paragraphe que vous venez de finir, juste pour le plaisir. Cette écriture jouissive mais exigeante ajouté à de vrais réflexions très poussées, teintées de philosophie de Nietzsche, Deleuze ou Foucault, rends le livre assez exigent. Pas à lire en période de fatigue, il demande une concentration optimale. le jeux en vaut la chandelle malgré ses imperfections et quelques longueurs.

La livre est narré à la première personne, mais pas toujours par le même personnage. le système narratif polyphonique était déjà là, bien avant La Horde du Contrevent, en moins poussé cela dit. La majeur partie du récit étant vu à travers les yeux de Captp. Ce procédé ambitieux permet de belle expérimentation dans le style d'écriture comme dans la structure narrative. Au niveau des personnages aussi il est difficile de ne pas faire un lien entre certains Volté et membre de la Horde. Et sur le plan de la philosophie du bouquin, bien qu'un peu moins lyrique ici, plus terre à terre que dans la Horde, on retrouve ce même sentiment de lutte, de liberté. Ce même combat contre soi même. "Déchirez la gangue qui scande “vous êtes ceci”, “vous êtes cela”, “vous êtes…”. Ne soyez rien : devenez sans cesse. L'intériorité est un piège. L'individu ? Une camisole. Soyez toujours pour vous-mêmes votre dehors, le dehors de toute chose."

Un auteur unique, un esprit contestataire qui fait du bien, des idées, plein d'idées dont je n'ai même pas parlé. Attention, en plus d'être exigent, le livre va très loin dans sa philosophie (ré)volutionnaire, pas de faux semblant, pas de compromis. "Change, plutôt que tes désirs, l'ordre du monde. Tes désirs sont désordres." La liberté, juste la liberté, à n'importe qu'elle prix. Pour réveiller l'esprit de révolte qui sommeil en chacun de nous.
Commenter  J’apprécie          160
« Mais moi, ça m'a fait du bien » - moi qui fait partie des petites gens, de ce grand nombre, de ces agrégats de petites peurs qui sont l'histoire, moi qui ne fait pas partie d'un Bosquet, qui n'est pas un de ces êtres d'exception qui font l'histoire, moi qui ne veux pas le pouvoir mais la puissance, moi qui aimerai entendre mes gosses me répondre à « Qu'est-ce que tu veux faire de ta vie ? » : « une oeuvre d'art ! », moi qui suis un peu molte, moi qui ne trouble pas le silence avec des clameurs - ça m'a fait du bien de volter un peu… de me rappeler que je ne suis pas une Jane Norme, que je ne suis pas clastrable.
Merci encore M. Damasio pour cet attentat. Avec La Zone du Dehors « je viens de n'être ! ».
Commenter  J’apprécie          150
Vous qui aimez la SF, vous qui aimez la "pensée philosophique" ( pléonasme certes...mais ce roman en est un recueil ) vous qui aimez l'anarchie....qu'est la liberté...la vrai s'entend...celle qui est inconfort et lendemain inconnu, vous qui aimez le discours politique...le vrai...le discours philosophique donc...Saisissez vous de le livre qu'Alain DAMASIO a commencé à écrire à 22 ans, il faut avoir cet âge pour avoir la fougue, l'inconscience courageuse et la lucidité, qu'il a "maturé' 5 ans, pour produire cette flamme.
Ce roman est habité par la flamme de la jeunesse , celle qui bâti "ses lendemains", mais aussi de la sagesse de celui qui "pense", une lucidité sur chacun de nous, si misérable dans ses craintes et si grand dans sa capacité de résistance.
Il est hélas aussi prémonitoire, commencé en 1992, certains passages sont familiers déjà de notre esclavagisme volontaire....
Un livre Énorme, tout comme le deuxième qu'il a produit , la horde du contrevent, ou l'on sent parfois poindre "l'envolé" . Si le deuxième nous faisait décollé dans le lyrique brut et la poésie, en nous emportant au gré du souffle habillement dirigé, celui ci nous fait atterrir sur un futur , comme tous les futurs, il sera se que nous en feront, alors pas de révolte suggérée mais une "volte" sur nous même...pour rester debout.
Commenter  J’apprécie          150
Bon ,désolé mais j'ai jeté l'éponge aux 2 tiers.... ce qui fait quand même 400 pages...il faut de l'énergie et donner de soi pour lire cet auteur et ça passe plutôt bien quand l'histoire avance mais là, c'était trop pour moi.
je tiens quand même à signaler des véritables inventions dans l'histoire comme ces noms qui vont de 1 lettre ( les membres du gouvernement ) à 5 lettres ( les classes populaires)....interessant!
Commenter  J’apprécie          141
Alain Damasio s'est imposé dans le paysage littéraire française grâce à l'exigence de son écriture et la grande originalité de son univers. Lire "La zone du dehors", premier roman réécrit, est donc un retour aux sources et une découverte des premières inspirations de l'écrivain.

Ici, on nous propose une société dystopique, non pas policière, mais avec une sorte de ventre mou démocratique où les citoyens sont contraints à une forme de conformisme. Mais on retrouve beaucoup d'éléments traditionnels : une hiérarchisation des citoyens suivant des règles opaques, un groupe de rebelles, des chefs manipulateurs et cynique, la disparitions des noms au profit de séries de lettres imprononçables... On reste en territoire connu mais tout de même réinterprété de manière originale, ce qui est plaisant.

L'écriture d'Alain Damasio est toujours efficace, avec des jeux de la langue française qui nous proposent des passages ludiques et prouvent le talent de l'écrivain dans le domaine. le contrepoids, c'est que le livre est parfois très bavard. On perd le côté romanesque pour entrer dans des discours de philosophie politique. L'auteur fera beaucoup référence à Nietszche ou Foucault. Ce n'est pas désagréable et c'est très bien écrit, mais c'est parfois un poil trop long ou bavard.

Mais c'est aussi pour construire une pensée critique forte : celle d'une société qui est capable de manipuler ses citoyens sans en avoir l'air, en les transformant en leurs propres bourreaux, des avocats d'une cause qui les aliène. Les discours du Pouvoir en place sont d'ailleurs de vrais trésors de rhétorique : ils mettent constamment en avant des valeurs comme le respect, la solidarité, la bonne entente, l'ordre social... pour mieux stigmatiser les éléments moins dociles. Une sorte de "Diviser pour régner", pourrait-on dire.

J'ai beaucoup apprécié la construction narrative du récit. L'auteur a choisi une alternance de points de vue, une structure qu'il approfondira dans "La Horde du contrevent". Il maîtrise très bien cet exercice, qui lui permet de mettre à profit son talent stylistique, car chaque personnage est très reconnaissable. C'est un réel tour de force. Ensuite, cela permet d'approfondir son univers en proposant d'autres visions de l'action qui a cours, par exemple lors de la rencontre en Capt et P, joute verbale où chaque personnage partage ses pensées sur l'autre menée avec une aisance proche de la perfection.

Les personnages sont de manière globale convaincants. On a droit pour chacun à un tour dans leur psyché, ce qui les rend très attachants et crédibles. Il y a juste un manque de représentation dans les personnages féminins qui peut être assez gênant. La seule est Boule de Chat, une jeune femme qui sert plus faire-valoir à Capt, ce qui stoppe vite ce qu'elle commence à développer comme personnalité.

Un roman intéressant par sa structure et son propos. On y voit poindre les premiers marqueurs du style Damasio : une écriture créative et exigeante, une vision engagée de l'imaginaire et un parti pris narratif qui ne tombe pas dans la facilité. Malgré ses quelques défauts (une tendance à se montrer trop bavard ou des personnages féminins absents), le roman est à lire pour aussi découvrir un point de vue éclairant sur la manipulation politique.
Lien : https://lageekosophe.com/
Commenter  J’apprécie          131
100 ans séparent le 1984 de Georges Orwell au 2084 d'Alain Damasio. Et l'avenir n'est pas plus joyeux. le monde totalitaire connu chez Orwell s'est simplement déplacé sur une autre galaxie, et s'est intensifié sous un autre nom. Mais qui apporte les mêmes problématiques.

Bienvenue à Cerclon I. Après une attaque biochimique, une quatrième Guerre Mondiale et un monde détruit, la population a commencé à se déplacer dans une société où il fait bon vivre. On ne travaille que 4 heures par jour, on est à la pointe de la technologie, on ne vieillit plus avant 70 ans, la publicité gère notre vie. En un mot, voici un monde parfait !
Mais quand tout semble si bien géré, la population n'arrive plus à savoir vivre. Bourré de micro-technologies pour simplement ressentir sa vie. le monde semble bien malheureux. C'est pour cela qu'un groupe s'est formé : La Volte, afin de faire évoluer la société. Lui donner à nouveau un sens !

Dans ce roman de SF, le genre n'est qu'un support pour amorcer le réel sujet du livre. Ici, on traite de la politique. Des engagements politiques qu'une société fait pour le soi disant bien-être de sa population. Ce roman très impliqué nous raconte un monde qui pourrait être le notre. Un monde où les hommes ne sont plus que la matière première pour créer des machines. Vidé de leurs viscères ils deviennent des carapaces. En utilisant le corps du peuple, on permet de le maintenir là où l'on veut. On le contrôle de l'intérieur. Ici pas de malveillance, un simple contrôle de la totalité de notre vie.

Mais la Volte est là, pour créer cette étincelle nécessaire dans tous les romans qui traitent d'un sujet aussi complexe que la liberté. Se réveiller pour pouvoir vivre une vie que l'on a choisi, que l'on a décidé et que personne ne va « valider » pour nous.

Ce roman est d'une richesse très intense. Ce monde, cette bulle qu'on a créé nous permet une immersion totale dans un univers qui nous fait frémir. La plume de l'auteur nous entremêle. Car elle prête sa voix à de nombreux personnages, tous différents pour qu'on puisse se rendre compte d‘une même situation sous différents angles.

J'ai vraiment été soufflée par cette écriture, cette puissance et la complexité du récit. Car loin de nous dérouter, elle renforce notre voyage initiatique dans cet univers. Mais … Et c'est là que le bas-blesse, je trouve que cette lecture est fastidieuse. Il m'a fallu près de 200 pages pour pouvoir trouver un véritable intérêt à l'histoire. Pour ma part, j'ai eu du mal à me plonger dans le livre. Et je trouve que ça conditionne le reste du récit. Je finis donc ce roman en étant mitigé sur mon ressenti.

Mais la plume, comme la profondeur de l'histoire me dit que ce n'est qu'une erreur. Et pour la réparer, je vais m'empresser d'aller lire « La horde du contrevent ».
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          120
En voyant l'année pendant laquelle Alain Damasio fait se dérouler son intrigue, 2084, on pourrait être tentés de passer son tour en se disant "encore un auteur qui tente simplement d'attirer le chaland et de rendre son récit alléchant en faisant une référence plus qu'évidente et éculée au roman d'Orwell." Si tel était le cas pour vous, laissez-moi vous dire que vous passeriez à côté d'un chef d'oeuvre.
Dans la société décrite par Damasio, Cerclon, l'individu n'existe plus. Votre nom n'est plus qu'une suite de lettre qui correspond à votre rang dans la société. A étant le président, Qzaac le paria des parias. Votre place dans la société est déterminée tous les deux ans par le clastre. Chaque citoyen attribue une note aux autres, l'occasion de descendre son patron que l'on déteste ou son voisin que l'on trouve un peu louche.
Sur Cerclon, chacun de vos gestes est surveillé. Les caméras mises en places par le gouvernement sont omniprésentes mais ne suffisent apparemment pas. Et oui, pour asseoir un contrôle le plus total sur une population, il faut liguer les gens les uns contre les autres, les pousser à se surveiller entre eux. C'est le rôle des tours panoptiques, mises à disposition de tous les délateurs en puissance.
Au milieu de toute cette oppression et de cette masse amorphe, il y a Captp, le Bosquet et les membres de la Volte qui tentent, par tous les moyens, d'éveiller les consciences de leurs concitoyens. Comment peut-on faire bouger les lignes, sortir du cadre dans une société où l'on a martelé à ses habitants que rester dans la norme et imposer toute cette surveillance était pour leur bien, pour maintenir une société sûre, sans danger et démocratique ? C'est ce que vous découvrirez en vous immergeant dans l'univers de la Zone du Dehors.
Je me suis délectée de la façon dont Damasio joue avec les mots. Tantôt âpre, tantôt liquoreuse, l'écriture de cet auteur fut un vrai coup de coeur pour moi.
De plus, lorsque l'on a l'habitude d'avoir un seul narrateur dans la grande
majorité des romans, le fait que Damasio donne la parole à 7 de ses personnages présente un réel intérêt. Les changements de points de vue sont indiqués par une ponctuation. Assez déroutant au début, on s'habitue finalement plus vite qu'on ne le croit.
Enfin, ce roman de Damasio n'a pas qu'un intérêt littéraire. Il a aussi, selon moi, une fonction sociétale. Adepte de dystopies, cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi dérangée et bousculée par une lecture. Beaucoup d'éléments évoqués font évidemment écho à notre monde d'aujourd'hui. Damasio a la volonté de pousser le lecteur à remettre en question des choses établies et acceptées par la force des choses ainsi qu'à réveiller le Volté qui sommeille en nous tous et toutes.
Commenter  J’apprécie          110
J'ai mis du temps à commencer ce roman, sûrement parce que j'ai lu les avis partagés des babéliotes et j'avais peur d'être déçue, « la Horde du Contrevent » étant un de mes romans préférés. « La zone du dehors » est un livre étonnant et ambitieux par les idées qu'il véhicule. Je dois avouer que j'ai été complètement envoutée pas l'histoire, mais j'ai aussi décroché (parfois) à d'autres moments, trop philosophique, trop politique.

La Terre a été dévastée aux trois quarts par une quatrième guerre mondiale bactériologique. Les Européens ont fui les territoires contaminés dans lesquels il n'est plus possible de vivre. Certains ont émigré en Afrique, d'autres ont quitté la planète pour coloniser d'autres planètes.
L'histoire commence en 2084 sur une des lunes de Saturne. Sous les apparences d'une démocratie, les habitants de Cerclon sont manipulés, contrôlés, et disciplinés, anesthésiés dans le confort et les plaisirs immédiats. « Une aliénation optimum sous les apparences d'une liberté totale. » Cette société basée sur l'ordre, la méritocratie et la délation exclut une partie de la population qui se retrouve marginalisée et déchue d'une partie de ses droits.

Face à ce gouvernement hypocrite et autoritaire, un mouvement contestataire se lève, la Volte, menée par Brihx, Obffs, Slift, Captp, Kamio, nom de code, le Bosquet. Ils ont un idéal : en proposant des idées novatrices, construire un monde libre où la vie aurait un sens.
La Zone du dehors, c'est l'histoire de ses révoltés et de leur mouvement.


J'aime beaucoup l'écriture d'Alain Damasio, à la fois inventive, poétique et tranchante. La zone du dehors est un roman engagé, subversif, une critique acerbe de notre société moderne individualiste qui nous invite à la réflexion et à l'introspection. Un hymne à la liberté et à la vie.
Mais rentrer dans cet univers demande des efforts, car ce n'est pas une lecture facile, mais s'engager dans cette dystopie vaut le coup. J'ai beaucoup aimé ce roman et je vous le recommande chaleureusement.


Commenter  J’apprécie          110
Difficile de décrire ce livre et d'en apporter une critique. Damasio a un style unique, bien à lui, extrêmement construit, parfois en développement, parfois en fulgurance. Dans ce livre est exploité ce formidable désir qu'est la soif de liberté. Parfois un tantinet long, ce roman n'en reste pas moins extrêmement efficace, un véritable distributeur de claques.
Commenter  J’apprécie          111
5 étoiles pour les idées mais 3 pour l'aspect littéraire. J'ai vraiment peiné à le lire ; mais ayant lu les Furtifs et la Horde du contrevent - à la recherche d'un nouveau Damasio dont j'estime l'engagement - j'ai acheté celui-ci. On y retrouve l'univers de Damasio mais que c'est long !

Sur terre après la quatrième guerre mondiale qui a commencé par l'anéantissement de l'Ukraine (mais oui, il a écrit ça en 2000), les armes chimiques, les bactéries, le nucléaire ont rendu l'existence sur terre quasi impossible. Une partie de l'humanité a migré sur Saturne au sein de Cerclon. L'ordre, la hiérarchie, la surveillance de tous par tous, les greffes transhumanistes, la consommation de masse et au final les castes y règnent en maître au sein d'un univers de manipulation qui se prétend le summum de la démocratie.

Dans un monde totalement minéral et métallique, les humains vivent sous un cube radioactif qui centralise toutes les informations sur leurs vies. Chaque année, chacun reçoit une note (synthèse de tous les avis des autres sur Iui ou elle) qui le reclasse au sein de la société. Selon sa place un digicode gravé sur son ongle lui autorise l'accès ou pas de certains espaces. Tous semble l'accepter si cela doit garantir leur « tranquillité ».

Sur Cerclon un groupe uni comme les doigts de ma main baptisé le Bosquet à partir de leurs initiales Brihxt, Obffs, Slift, Captp, Kamio et Boule de chat sont le coeur d'un mouvement : la Volte qui essaie de combattre et réveiller les habitants de la société ultra sécuritaire et hyper normée de Cerclon. Diruptif, transgressif, les membres du Bosquet aiment sentir les limites, sortir de la zone sous oxygène, tester les grands dehors plein de tempêtes de pierres et sables, refuser le monde préfabriqué où on veut qu'ils tiennent une place qu'ils n'ont pas choisie.

Dénonçant tous les travers de notre civilisation, Damasio nous exhorte de retrouver notre liberté d'agir. Très inspiré par Nietzsche, Foucault, il démontre (avec de trop longues digressions) que nos sociétés capitalistes dont le seul but est de vendre des produits organisent la vie de l'ensemble des citoyens dans le seul but de voir persister ce modèle économique que prédation qui ne profite qu'à quelques uns. Pour rendre cela possible, les dirigeants de Cerclons (et les nôtres) garantissent un certain niveau de vie et de loisirs à la plus grande majorité - (les autres : rebelles, créatifs hors cadre, improductifs… étant considérés comme dangereux pour leurs concitoyens). En gros, pour conserver le pouvoir et les privilèges qui l'accompagnent les élites autoproclamées endorment les capacités des citoyens à vivre pleinement leur propre vie. Pris dans le ronronnement du flux constant des promotions, réseaux d'informations, fêtes …les habitants de Cerclon ont perdus tout esprit critique.

Retrouver sa liberté d'agir, rêver, contester, ne plus se soumettre, recréer un monde vivable pour tous c'est le combat de la Volte. Rien de naïf, cependant' dans les propositions de Damasio tout est argumenté intelligemment et même les nouvelles cités construites par les voltés se trouvent confrontées à des problématiques sérieuses.

Ce récit d'un combat réjouissant est captivant malgré, je me répète, de terribles longueurs et des pages entières que j'ai survolé incapable de les lire avec intérêt.

Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (5213) Voir plus



Quiz Voir plus

La Zone du Dehors

En quelle année se déroule l'histoire ?

3084
2789
2084
2114

14 questions
86 lecteurs ont répondu
Thème : La zone du dehors de Alain DamasioCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..