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Jean-Claude Garcias (Traducteur)Frances FitzGerald (Préfacier, etc.)
EAN : 9782809701968
275 pages
Editions Picquier (20/08/2010)
3.78/5   18 notes
Résumé :
Entre mars et décembre 1965, 200 000 soldats américains sont envoyés au Vietnam.

En 1966, Dang Thuy Tram s'engage comme volontaire pour participer à la lutte contre les Américains. Elle a 23 ans, elles est médecin et tient un journal de sa vie de guerre. Elle a en charge un hôpital de campagne dans la région de Quang Ngai. En juin 1970, l'hôpital est bombardé, Dang Thuy Tram et ses compagnons sont repérés par une patrouille américaine. Sa longue et p... >Voir plus
Que lire après Les carnets retrouvés (1968-1970)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
♫ C'est une fille d'une brigade
Où chacun s'appelle Camarade ♪ ♪
♪ Et chaque fois qu'elle part en mission
C'est au nom de la Révolution ♪ ♫

Pourquoi mais pourquoi à chaque fois qu'on retrouve des carnets ça se termine toujours tragiquement, hein, pourquoi ?! (et là je pense tout particulièrement à l'inoubliable May Dodd de Mille Femmes Blanches, à part qu'au moins là c'était une fiction)
Donc ici pas de dérogation à la règle, ça va piquer au bout des cils. Enfin au moins, avec Les Carnets retrouvés, on apprend dès la préface que l'auteure, Dang Thuy Tram, ne survivra pas à son engagement. Engagement de femme en guerre (celle du Vietnam), femme médecin, nounou, confidente pour tous ces soldats qui lui arrivent amochés, comateux voire mourants, ceux qu'elle tente désespérément de sauver en les opérant à l'aide de trois gouttes d'anesthésique qu'elle a parfois l'aubaine de trouver.
De déménagements sous la mitraille, transports de blessés et de moribonds, reconstructions vite fait mal fait de nouveaux hôpitaux au coeur de la jungle vietnamienne, Dang Thuy Tram consigne tout dans des carnets et, à travers ses pages, en plus de son terrifiant quotidien, on apprend à connaître une jeune fille qui – à l'instar du camp adverse – ne comprend rien à cette guerre, à cette invasion barbare des troupes américaines mais qui, contre toute peur (peur ? terreur oui) et cauchemar s'engage en temps que médecin dans le Front National de Libération.
Jeune, idéaliste, elle se prend de passion pour tous les soldats qui arrivent plus ou moins (souvent plus que moins) esquintés dans son hôpital de fortune où chaque perte est ressentie comme une douleur personnelle.

A la lecture de ces Carnets retrouvés, comment ne pas aimer et admirer Dang Thuy Tram dont on suit la vie presque au jour le jour à travers le journal qu'elle tient scrupuleusement chaque fois que l'occasion lui est donnée d'avoir une minute à elle. Elle nous fait si bien partager ses émotions, positives comme négatives, qu'on ne met pas longtemps à être embarqué avec elle dans l'atrocité de cette guerre, alors forcément on s'attache à cette praticienne qui sans s'être posé la moindre question ni n'avoir jamais pesé le pour et le contre tant c'était une évidence pour elle d'être au coté de son peuple et de lui venir en aide autant que possible, s'est engagée de pied ferme dans un conflit dont elle ne reviendra pas.
Le journal entier est un crève-coeur mais la dernière entrée fini d'achever le boulot. On sait que c'est la dernière fois qu'elle écrit dans ce carnet, elle non.
Malgré tout, une fois ce livre lu, il ne peut pas en rester que des cendres, et si elle a péri dans l'absurdité de la guerre du Vietnam, tant que Dang Thuy Tram aura des lecteurs, sa merveilleuse flamme n'est pas prête de s'éteindre.
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Dang Thuy Trâm est un jeune médecin du Nord Vietnam, issue d'une famille bourgeoise ( père chirurgien et mère chargée de cours à la faculté de pharmacologie).
A la fin de ses études, pour suivre l'homme qu'elle aime, elle s'engage parmi les communistes qui combattent les américains dans le sud.
Ces carnets ont été écrits de mai 1968 à juin 1970, elle y raconte sa vie de jeune médecin dans un hôpital de la province de Quang Ngai où elle est affectée ou à la rencontre des blessés dans la campagne sud vietnamienne. "Ce carnet n'est pas seulement voué à ma vie privée, il relate aussi les épisodes brillants du combat et les souffrances accumulées d'hommes et de femmes de fer et d'acier sur cette terre du Sud".
Ces carnets ont été retrouvés par un agent secret américain qui , au lieu de le brûler, l'a conservé pendant des dizaines d'années, l'a fait traduire par son frère avant de le restituer à la mère de Thuy en 2005. Cela a du être incroyable pour cette mère, de pouvoir plus de quarante ans après, lire le témoignage de sa fille: la difficulté de son travail (" Vivre, c'est affronter la tourmente, sans se dérober") et à se faire reconnaître comme bonne communiste, son amour pour ces jeunes soldats courageux, les souvenirs de sa famille, de son Nord bien aimé, ses rêves de retour...

Ce livre est un témoignage unique et fort.
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J'ai mis 5 étoiles à ce livre sans doute parce-que j'ai trop d'imagination.. C'est le journal intime d'une jeune femme, cadre du parti communiste vietnamien clandestin, médecin dans la zone la plus dangereuse du Vietnam en guerre, celle qui est ratissée sans pitié par les GI's et par l'agent Orange. Ecrit, la plupart du temps, à la lueur d'une bougie dans des terriers minuscules servant d'abris aux vietminh, avec en arrière-pensée, sans doute, la crainte que ces carnets puissent être lus par le parti ou par l'ennemi. Donc, ces carnets ne peuvent révéler beaucoup sur tout ce qui concerne la guerre, les combats; on y trouvera essentiellement les états d'âme d'une jeune femme malheureuse en amour, insatisfaite socialement, qui s'interroge.
Et comble de difficulté pour le lecteur occidental, les comportements, l'expression des sentiments, les liens sociaux révélés dans ces témoignages sont à cent lieues de nos codes. On se perd parmi les grands et petits frères, les petites soeurs. Certaines résolutions ressemblent davantage à une harangue qu'à une confidence (peut-être un choix de la traduction): "Soyons calmes et perspicaces en toute situation. Protégeons notre amour pur et noble jusqu'à la mort."
Vous voilà donc prévenus avant de vous précipiter sur cet ouvrage!

Une fois admis que ces carnets ne peuvent être aussi excitants qu'un roman ou qu'un essai sur la guerre, il est intéressant d'essayer de deviner les non-dits et ce qui se passe autour, car ce n'est pas souvent que l'on a l'occasion de lire des témoignages de combattants vietminh, sur le terrain.
Et là on a une preuve éclatante que les Américains ne pouvaient gagner cette guerre. On découvre des gens qui ont presque tous perdu un ou plusieurs membres de leur famille lors d'opérations sauvages de râtissage, des gens qui se battent pour ne plus être humiliés, des gens qui bien souvent sont forcés par le parti, d'étudier en plus de leurs activités habituelles. Donc des gens qui, bien souvent, ont quelque chose dans la tête.. et toutes les raisons de se battre jusqu'à la mort. Et le lecteur connait l'ennemi: les Américains, soldats sans conviction venus "libérer" un pays qui n'est pas le leur..

La fin est poignante pour le lecteur qui connait déjà le destin de cette jeune femme. Elle ne sait pas qu'elle va mourir, mais malgré tout son courage et sa détermination, j'ai cru sentir comme une sorte de pressentiment à travers ses dernières lignes.
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Nous connaissons tous des films, des séries télévisées, des romans, qui parlent de la guerre du Vietnam du point de vue américain. Des personnages bien connus de la littérature américaine sont des vétérans de la guerre du Vietnam et en conservent les traumatismes. Mais pouvez-vous me citer un film, une série télévisée, un roman qui nous montre la guerre du point de vue des vietnamiens ?
Ce livre est un document unique parce qu'il n'est pas un roman, mais les carnets d'une jeune doctoresse vietnamienne, engagée volontaire, morte en 1970. C'est une lapalissade de dire que ces carnets n'étaient pas destinés à être publiés, et que la jeune femme écrivait avant tout pour elle, pour sa famille aussi. Elle y parle donc de ses sentiments amoureux pour M, de la complexité de leurs relations, de ses amitiés avec ceux qu'elle rencontre, de sa difficulté à intégrer le parti communiste. Elle relève même dans son carnet son évaluation par le parti. Comme il peut nous sembler lointain, pour nous, de France, en 2016, ce désir de se fondre ainsi dans une organisation. Comme cela peut nous sembler compliqué, ces relations sociales dans lesquelles les « grandes soeurs », ou les « petits frères » sont souvent évoqués, sans qu'un lien de parenté les sous-tendent.
Ce qui dominent, cependant, c'est la violence des combats, les conséquences, palpables, quotidiennes. Combien de fois Thuy devra-t-elle soigner un blessé, et ne pas parvenir à le sauver ? Combien de fois devra-t-elle pratiquer une amputation ? Je ne vous parle même pas de l'hôpital, qui sera attaqué à plusieurs reprises, et qui devra déménager, des villages, détruits. Il n'est pas de famille qui n'ait perdu au moins un des siens. Il n'est pas de famille qui ne se sente concernée directement par cette guerre qui se passe sur son territoire et n'ait envie de lutter contre les américains, malgré leur puissance de feu. Oui, certains faits ne sont pas faciles à lire, mais nier le caractère sanglant et dévastateur des combats n'est pas rendre service. Les guerres « sanitaires » n'existent pas, quoi que certains prétendent.
Les carnets retrouvés sont une oeuvre à lire pour ceux qui veulent en savoir plus sur la guerre du Vietnam.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Le docteur Dang Thuy Tram (26 novembre 1943-22 juin 1970) était une jeune femme chirurgien du Nord-Vietnam qui, en décembre 1966, au sortir de la faculté, choisit d'aller servir dans le Sud, où, depuis plus d'un an, la guerre faisait rage. Après une longue marche sur la piste Hô-Chi-Minh, elle est versée dans un hôpital de campagne de la province de Quang Ngai, théâtre d'affrontements particulièrement atroces. Thuy va connaître l'enfer : la forêt, la boue, la pluie, la peur.
Ce journal intime qui s'interrompt brutalement le 20 juin 1970 par la mort de Thuy .
On ne sort pas intact de cette lecture et l'absurdité de la guerre , de toutes les guerres vous éclate à la figure . Un livre/témoignage que tous un chacun devrait lire afin de ne pas oublier que les plus grandes victoires ou défaites ne sont que le résultat du sacrifice de personnes comme Dang Thuy Tram , Anne Frank ou Jean Moulin .
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Incapables de repérer les maquisards parmi la population qui leur apportait son soutien, les Américains utilisèrent leur formidable puissance de feu contre les villages. La tactique des Marines consistait à bombarder ou arroser d'obus les hameaux d'où provenaient les coups de feu ainsi que ceux dont ils pensaient qu'ils fournissaient de la nourriture et du travail à l'ennemi. « Les Marines américains n'hésiteront pas à détruire immédiatement tout village ou tout hameau qui donne asile aux Viet Công », lisait-on sur un tract lâché au-dessus des villages.
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La Conférence de Paris *. Va-t-on revivre la même chose qu'en 1954 ? Je suis l'actualité politique avec passion, sachant que la victoire à la Conférence sera déterminée par la victoire sur le champ de bataille. Préparons nos esprits à entrer dans la phase ultime de la bataille et nous verrons bien qui survivra à la fin. Que je meure ou que je vive, les jours de joie sans bornes arriveront et une paix véritable s'installera dans notre pays. Voilà déjà plus de vingt ans que le feu de la guerre et le malheur règnent sur notre doux pays. Tant de larmes et tant de sang ont été versés. Nous sommes prêts à payer n'importe quel prix pour l'indépendance et la liberté.

* Les pourparlers de paix de Paris, en 1968, devaient mettre fin à la guerre au Vietnam. Les Accords de Paris qui en résultèrent furent signés en janvier 1973 par le gouvernement du Nord-Vietnam, le Gouvernement révolutionnaire provisoire, les Etats-Unis et la République du Vietnam. Mais la guerre continua.
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Il y a plus d'un an que j'ai quitté ma ville natale, cette année sera-t-elle la dernière loin de la maison ? Soudain je me souviens des jours d'avant le soulèvement du Sud, des jours pleins de bonheur et d'espoir. Comme je voudrais que ces jours reviennent, comme je voudrais ressentir la joie des
vainqueurs, entendre le chant de la révolution que l'on se transmet à travers les générations : « En route, camarades, en route… même s'il faut mourir, prenons le pouvoir pour le peuple. »
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Finalement Bôn n'a pas survécu. Il avait perdu trop de sang et il ne lui restait pas suffisamment de forces. Oh, Bôn, ton sang a imprégné le sol de ta patrie, il a rougi toute la route qui mène à la bataille. Ton cœur a cessé de battre pour que le cœur de la nation batte éternellement.
Bôn est mort, ses yeux se sont fermés comme s'il dormait. Assise à côté de lui, je caresse doucement ses cheveux, j'ai l'impression qu'il est toujours en vie et mes larmes tombent sur ses cheveux. Non, ne meurs pas, tu seras toujours vivant dans mon cœur et dans celui des compagnons qui ont combattu à tes côtés dans cette guerre impitoyable.

2658 – [p. 120]
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J'ai appris de mes contacts avec les gens qu'il ne fallait pas être trop confiant. L'affection doit être démontrée par l'action et pas seulement par des mots dans une lettre. Retiens bien cela, Thuy. La vie est pleine de ces êtres insignifiants qui cherchent à se faire une place, de cette graine de petits ambitieux qui rivalisent et se jalousent pour un peu plus de prestige, un peu plus de pouvoir. Tu n'as pas à t'en étonner, sois seulement sur tes gardes et plus vigilante que jamais.
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