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EAN : 9782718605449
226 pages
Galilée (03/11/2000)
5/5   2 notes
Résumé :
« Si la même chose était appelée tantôt d’un nom et tantôt d’un autre, disait Kant, aucune synthèse de l’imagination ne pourrait avoir lieu.
C’est pourtant ce qui se passe en poésie, nous le lisons bien, où règnent la périphrase et l’équivocité, dans la fièvre et pour la gloire, de l’imagination, cette “reine des facultés” (Baudelaire). Cependant, même “surréaliste”, le poème ne dit pas n’importe quoi, égarement sans effet dans le monde et dans les lettres. E... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Peut être, est ce parce que j'ai écouté cet auteur en direct dans une émission de radio, et que son livre m'a été offert, que je me suis mise à le lire, pensant que ce n'était pas mon genre de lecture. Je suis tombée des nus, sur ses propos si profonds au sujet de l'oxymore, que j'ai ressenti une forme de ressentiment, de l'inacceptable à l'acceptable, à travers les mots, dont l'idée ne précède pas la pensée.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Jeu de l’amour et du hasard… Peut-être n’y a-t-il que deux coups qui s’entrecoupent ?
Le coup du hasard clinaménique et le coup de génie, le coup de foudre…
Providence ou clinamen, il faut choisir, « chute des atomes » dans un univers que
l’imagination « se représente » à la fois, étrangement, vide et infini. Ou plan-divin-dela-création ?
Un poème change le clinamen en clinamène grâce à « chrysanthème ». Le clinamen
nous fait une fleur, si nous écoutons la langue. Le rapprochement de choses (l’entrechoc
des « atomes ») fait sens pour un être-parlant par rapprochement dans la signifiance. Le
clinamène pollinise au hasard.
Mais dans la représentation, ce « clinamen » est équivoque : vu d’ici, c’est-à-dire
phénoménologiquement, on peut l’imaginer brutal (« violent »), comme le choc des
boules de billard dans le livre de Hume ; ou caressant comme une danse. Les atomes se
heurtent ou se frôlent. L’inclination est un penchant. J’incline-à, avant de m’incliner.
L’humain cherche à « domestiquer » le chaos des particules. Il intervient, comme dit le
M. Plume de Michaux. J’incline à distinguer trois modes d’intervention.
Le « recoupement » pour établir les faits – qui en ont bien besoin.
L’accélérateur de particules, grand shaker ultramoderne, pour refermer le dossier
alchimique, et passer de la prima materia (Paracelse) à la « matière noire » de
l’Univers.

Et la saisie du fortuit par l’art (un poème-de-circonstance, une « photographie »), et
faire sens avec « le hasard objectif » (Breton)
.
La vie est insensée, malgré la numérologie (Alfred Kern) : les millions d’espèces
délirées par la Vie… et : un coup de météore abolit les dinosaures.
Pour ce qui est de notre vie, dite humaine, le renversement (les chutes de cheval
racontées par Quignard, dont celle de Paul de Tarse), et le lent retournement
palinodique se distinguent. La voie droite n’est pas unique.
Le coup de foudre conduit, ou leurre, l’amour. Œdipe a-t-il commencé d’être Œdipe
avec le parricide et l’inceste ; ou dans la peste (Plêgê sophocléenne) et la rencontre de
Tirésias ?
Sagesse de palinodie qui prend toute une vie en « recherche de vérité », invente une
nouvelle générosité de fin de vie, de fin de monde, de sauve-qui-peut dans le chaos de
sauvetage.
Suis-je dans le coup ?
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Dans le tourbillon de la vie
Les Principes de Descartes (1647)1
sont un des plus étranges livres de philosophie.
Descartes y parle de tout, y explique tout.
La Troisième partie, singulièrement, et dans la région des paragraphes 50 sqq.
spécialement, les tourbillons apparaissent. Le paragraphe 52, « Qu’il y a trois
principaux éléments du monde visible », nomme « raclure » le « premier élément du
monde visible » ; puis apparaissent les « petites boules », qui jouent un grand rôle.
L’élément de cette vision, s’il en est un, consiste en la relation d’un centre et d’un
tourbillon. Tout le visible est fait de tourbillons centrés.
Bien entendu, je n’ai aucun commentaire philosophique à faire. Mais je songeais à
m’autoriser de Descartes, écrivain français, pour employer le tourbillon
(« métaphoriquement », si vous y tenez vraiment) comme une figure de notre existence.
Le soi est tourbillonnaire, « sur soi », de plus en plus vite ; et bientôt à vitesse de
lumière (que Descartes ne cherchait pas à connaître, puisque la lumière était
instantanément partout, au Fiat Lux). Nous sommes des milliards à tourbillonner,
derviches, de plus en plus fortement étourdis, vertigineux, solipsistes, reclus en notre
self. La psychologie, de consultations individuelles en cellules professionnelles de
secours social tout-terrain, entretient, entraîne et fouette le tournis général ; lui-même
donné en spectacles innombrables de télé-vérité à tous les écrans de notre « vivre en
direct » : équivalemment milliards d’opinions horaires à somme nulle, établissant le
régime « post-truth / non-truth », disons « trumpiste », de l’oralité humaine : ce sont nos
big-data, le mauvais infini, que les autres, les Big-Data scientifiques, engloutiront.
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Noli me tangere


Un autre aspect du suspect (Descartes) : il imagine par fiction (expérience de pensée).
La plus fameuse est celle du « morceau de cire ». Il le jette au brasier, le dissout
mentalement (en même temps que factuellement, en chauffant sa bougie). Alors il pose
la question philosophique pérenne, celle de l’identité : « la même chose demeure-telle ? » (Deuxième Méditation métaphysique). Réponse : « il faut avouer qu’elle
demeure ».
Cette permanence substantielle (sous les accidents de la vie) est pour ainsi dire
indélogeable. Quelque puissantes que soient la sophistique, la dialectique… et la
poétique, comment traiter avec l’identité (pour ne rien secouer du côté de la
politique…) ? L’opération poétique fait voler l’identité en éclats… : principe de nonidentité. Mais… « l’être » s’ouvrant à l’être-comme (et avec les « proches », si
« éloignés » qu’ils soient) demeure, non sous-jacent. Je est un autre ? Sans doute,
mais… l’être n’est pas imprédicable.
Un autre principe chez Descartes imagine l’étrange fiction d’une sorte de manchon de
néant entourant tout corps. Si aucun corps (aucune chose, dans le parler vulgaire) ne
pouvait venir au contact d’aucune autre (reculant à « l’approche », en quelque sorte,
d’un rien), le visible subsisterait-il ?
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En archéologie grecque, la catégorie (katêgoria) accuse le coup : elle est l’accusé de
réception. Qu’il y ait du Donné par Don d’un Donateur, c’est incertain. Mais il y a
réception. Comment ? Pour quelle réceptivité (Empfindung), ce fut la question de Kant,
qui ne pensa pas que la passivité humaine, la sensibilité, ne fût rien par elle-même ;
mais, « pour-soi » justement, catégoriale. On connaît la suite (Critique de la Raison
pure ; « le concept sans intuition est vide ; l’intuition sans concepts aveugle »). Je ne
pensais pas vous emmener là ; mais puisque j’y suis un instant, j’y reste ; et vais vous
faire rouvrir Descartes, cet « écrivain français qui partit d’un si bon pas » (Péguy), par
un côté moins fréquenté, celui de sa vision des Principes.
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La poésie ce sont les mots ; la philosophie ce sont les idées. Les mots si on a la chance de savoir les employer, font tout… Ils font même les idées. Tandis que les idées ne font pas les mots.
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Vidéo de Michel Deguy
Lecture par Anna d'Annunzio Entretien avec Philippe Rey & J.M.G. le Clézio (en duplex des Etats-Unis) Entretien animé par Julien Viteau
« La poésie de Jean Fanchette est exigeante, elle est authentique dans chacune de ses paroles, dans la richesse de son rythme, la valeur de ses mots. Il n'est pas indifférent que dans le monde moderne, imbu de théorie et assourdi de certitudes, ce soit cette voix très ancienne, qui charrie toute la complexité et l'originalité de la culture mauricienne, il n'est pas indifférent que ce soit cette voix-là qui nous donne foi dans la poésie. » J. M. G. Le Clézio
L'Île Équinoxe, anthologie poétique de Jean Fanchette, (Île Maurice 1932 – Paris 1992) poète, éditeur et neuro-psychanalyste rassemble, selon le plan laissé par avant sa mort, les différents recueils composant son oeuvre poétique. Empreints de rigueur formelle, ces écrits disent la nostalgie de l'île d'origine, abandonnée très tôt pour la patrie d'exil : « Je ne suis pas d'ici. Je ne suis plus d'ailleurs. » Cet arrachement ne laisse plus au poète qu'une « identité provisoire ». L'Île Équinoxe est traversée par la voix vibrante d'un homme qui, grâce à l'aventure du poème, peut se réapproprier un monde perdu.
« Je suis debout dans la trouble lumière Arrimé à de petites choses, une odeur, une couleur L'odeur du vent traverse l'espace salé de la lagune qui habite en moi, Qui bat dans mon sang vagabond d'hémisphères » L'Ile Equinoxe : Poèmes 1954-1991, Jean Fanchette
À lire – Jean Fanchette, L'Île Equinoxe, (préface de J.M.G. le Clézio, postface de Michel Deguy), réédition chez Philippe Rey, 2023.
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