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EAN : 9782374252667
134 pages
Rue de l'échiquier (18/03/2021)
3.93/5   7 notes
Résumé :
Le biomimétisme bénéficie d'une forte reconnaissance médiatique et institutionnelle depuis le début des années 2010. Mais en quoi ce concept - consistant à s'inspirer de la nature pour écoconcevoir des produits, des procédés ou des systèmes, dans le respect des limites planétaires - pourrait-il nous aider à faire face à cette crise de notre rapport au vivant, dont la Covid-19 n'est qu'un symptôme ? Car selon Emmanuel Delannoy, il n'y a pas de crise du vivant : il n'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Biomiméthique de Emmanuel Delannoy
Répondre à la crise du vivant par le biomimétisme

« Il n'y a pas de crise du vivant. Il n'y a qu'une crise de notre relation au vivant. »

Je remercie les Editions Rue de l'échiquier pour l'envoi de ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse critique non-fiction.

D'abord la forme : tout est beau dans cet objet-livre. Sa taille, la texture de la couverture, le grain du papier, son coloris, le choix des différentes typographies, l'aération des chapitres, la transition poétique entre chaque, chaque détail a été soigneusement pensé et il s'en dégage une bienveillante douceur. Rien d'étonnant alors à découvrir en quatrième de couverture un logo avec la mention : « imprimé en France avec amour et passion ».

Le fond à présent. J'ai choisi ce livre parmi d'autres dans la liste proposée en n'ayant que peu de connaissances sur le sujet : le biomimétisme est une démarche qui s'inspire du vivant, tel que le Velcro, par exemple, invention issue de l'observation de la graine de bardane.
Selon l'auteur, sa définition du biomimétisme serait l'ensemble des approches visant à faire rentrer l'économie dans le vivant, contrairement à ce qui se fait actuellement où, par tous les moyens, même scandaleux, on tente de faire plier le vivant à l'économie.

L'essai se compose de deux parties : d'abord un sombre constat de l'état des lieux dont la crise sanitaire actuelle n'est que l'un des révélateurs. Ensuite, un panel de solutions, qui pourrait éviter l'apocalypse annoncée, à condition qu'on le veuille bien. Responsabilisation de l'ensemble des partenaires, prise en compte des limites de la biosphère, courage politique … C'est pas gagné.
Il n'est plus temps de moins polluer, de moins faire mal ; le zéro impact, zéro carbone, zéro déchet, n'est plus suffisant : pour espérer continuer à exister sur cette planète en tant qu'espèce humaine, il faut inverser les flux.
Un des paragraphes particulièrement éclairants est celui sur l'entropie générée par le transfert de l'énergie : le problème n'est pas l'augmentation de la population mais bien l'augmentation de sa consommation énergétique. Pour se représenter notre dépendance (addiction) à l'énergie, a été inventé le concept d' « esclave énergétique ». Il indique que chaque occidental dispose d'environ 500 « équivalents esclaves » pour lui fournir l'énergie qu'il consomme.

Effondrement de la biodiversité, phénomènes d'emballement des événements climatiques, surexploitation des ressources, la fin est proche à tel point que pour certains milliardaires américains, la seule issue possible serait dans la conquête de nouvelles planètes.
« Heureusement, la technologie va nous sauver ! » Plus d'insectes ? Qu'à cela ne tienne ! Vive les drones pollinisateurs ! Apporter une solution technique à un problème qui est d'ordre culturel ou comportemental, engendre automatiquement une cascade de nouveaux problèmes qu'on tentera à nouveau de résoudre par la technologie. Pour citer l'auteur, « ceci démontre sans doute que le mouvement perpétuel existe … ».

Le dernier chapitre de cette première partie présente les aveuglements de l'économie, face aux externalités positives de l'activité humaine non mesurables monétairement. Inversement, elle a depuis toujours négligé les conséquences négatives de ses actions, qui indépendamment sont peut-être négligeables, mais prises dans leur ensemble deviennent catastrophiques.

Alors, que faire ? La seconde partie développe les potentialités globales du biomimétisme. Elle met d'abord en garde contre une dérive éventuelle qui utiliserait la méthode pour améliorer les capacités destructrices actuelles du vivant : ce serait un comble. Elle propose ensuite un ensemble de pistes pour transiter d'une économie prédatrice vers une économie régénératrice. Un autre modèle de développement basé sur le respect du vivant, plus que le respect, la gratitude envers ce qui est.
Comme l'a écrit Hubert Reeves (cité par l'auteur) : « Nous menons une guerre à la nature. Cette guerre, si nous la gagnons, nous sommes perdus. » Tout est dit.
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Un grand merci à Babelio et aux Éditions Rue de l'échiquier pour cet ouvrage partagé à l'occasion de la dernière opération Masse critique.
Le biomimétisme très en vogue depuis quelques temps comporte ici une subtilité dans le titre en rappelant que cette tendance n'était pas par nature une démarche en faveur de la protection de l'environnement et de la biodiversité mais pouvait tout aussi bien aller dans ce sens ou au contraire participer à la destruction des ressources naturelles et du vivant.
Ainsi l'auteur choisi volontairement d'y associer la notion d'éthique, donnant ainsi le mot de biomim(éthique).
J'y ai retrouvé des références à de récentes lectures comme celle du dernier livre de Baptiste Morizot, Manières d'être vivant ou de Virginie Maris, Philosophie de la biodiversité. Mais la bibliographie est assez riche et d'autres références intéressantes sont proposées.
Je regrette toutefois un manque d'accompagnement à l'appropriation de cette discipline tant sur le plan historique que sur celui de sa méthodologie. Autant le livre la défend à juste cause et en promeut une version éthique, autant on n'appréhende pas pleinement le processus opérationnel de cette discipline dans l'univers économique actuel.
Toutefois, le propos est riche et vient compléter avec conviction les sujets plus connus du développement durable et de l'économie circulaire.
On ne peut s'empêcher enfin d'y déceler une promotion d'une activité de consultant de son auteur au sein du cabinet Pikaia.
Mais la lecture est agréable, le propos interpelle et le sujet est d'envergure constituant une voie à explorer évidente.
La conclusion n'évoque que 2 scénarios, blanc ou noir, ce que l'histoire n'observe quasiment jamais, occultant ainsi toutes les variantes qui ne manqueront pas d'émerger, conférant un pouvoir à l'humanité qui ne me semble pas si réaliste que cela, car nous sommes loin d'avoir tout appréhendé des richesses et potentiels du vivant.
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⭐️⭐️⭐️⭐️/5

Le biomimétisme qu'est-ce que c'est ? C'est une manière originale et unique de traiter les problèmes que nous rencontrons et qui nous entourent. le but est de s'inspirer de l'écosystème qui nous entoure pour trouver des solutions. Et alors que la biodiversité est toujours plus en danger et que le coronavirus prend le dessus au niveau mondial, Emmanuel Delannoy décide dans cet ouvrage de nous ouvrir les portes de cette notion complexe mais essentielle. Devenir l'allié de la nature plutôt que son ennemi ne serait-ce pas la solution à nos problèmes environnementaux ?

C'est de manière très claire et succincte que l'auteur propose une réflexion poussée sur cette question, sur notre relation avec le vivant et notre environnement et sur l'attitude à adopter dans un monde qui se veut de plus en plus complexe.

Merci à @babelio_ et @ruedelechiquier pour cette belle découverte littéraire ❤️
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
P122 : le biomimétisme est une approche philosophique et conceptuelle interdisciplinaire prenant pour modèle la nature afin de relever les défis du développement durable dans ses dimensions sociales, environnementales et économiques.

P29 : Diversité et complexité sont les piliers du vivant.

P30 : la perspective prochaine d’un « printemps silencieux » est plus que jamais d’actualité.

P31 : La crise de la biodiversité n’est qu’une catastrophe parmi d’autres

P33 : A plusieurs reprises, l’humanité a fait « le choix du feu ».

P39 : Il y a, profondément ancrée dans notre inconscient individuel et collectif, notamment dans celui des sociétés occidentales, l’idée selon laquelle plus, c’est forcément mieux (et réciproquement).
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Le philosophe australien Glenn Albret utilise d'ailleurs le terme "symbiomimétisme" pour désigner la façon dont nous pourrions nous inspirer des relations de symbiose dans le vivant pour inventer d'autres manières d'agir. Selon lui, c'est même par là que nous pourrons sortir de l'anthropocène - qui est avant tout un récit de destructions - pour tendre vers une nouvelle ère : le "symbiocène". p94
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Une organisation humaine épanouissante et "adulte" ne sera jamais une société dans laquelle l'individu s'effacerait dans le collectif, ni dans laquelle le collectif ne serait qu'un agrégat instable d'individualités autocentrées, mais une société dans laquelle le collectif sera reconnu et respecté par les individus parce qu'ils pourront y exprimer leurs différences et leurs personnalités. p78
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...en comparant la quantité d'énergie totale, toutes sources confondues, consommée chaque année par un individu, avec celle qu'il aurait été capable de produire de lui-même par sa seule puissance musculaire, l'auteur [Richard Buckminster] invite à calculer "l'équivalent esclave" de notre consommation énergétique, c'est à dire le nombre d'individus humains qu'il faudrait rassembler pour fournir l'énergie nécessaire à nos modes de vie en l'absence des énergies fossiles [...]. Chaque français aurait ainsi à sa disposition, en moyenne, l'équivalent énergétique de 400 à 500 esclaves. p35
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En d'autres termes, en cherchant à réduire le hasard et la variabilité, pour mieux contrôler les risques connus, nous avons paradoxalement accru notre vulnérabilité aux risques inconnus. p29
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Videos de Emmanuel Delannoy (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Delannoy
Alors que, depuis quelques années, le biomimétisme bénéficie d'une forte reconnaissance médiatique, pour certains, cette notion reste encore floue. Afin de nous éclairer, Emmanuel Delannoy détaille dans cette vidéo les enjeux mais aussi les limites du biomimétisme. À partir d'exemples concrets, l'auteur de l'essai « Biomiméthique » nous explique en quoi s'inspirer de la nature pour concevoir des produits, des procédés ou des systèmes tout en respectant ses limites pourrait nous aider à faire face à la crise du vivant. Il défend également une approche éthique de cette pratique pour voir émerger un nouveau rapport au vivant.
« Biomiméthique » de Emmanuel Delannoy, un livre à retrouver sur : https://www.ruedelechiquier.net/essais/333-biomimethique-.html
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