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Nous sommes à dix jours de la prochaine grande exposition
LÉONARD DE VINCI organisée par le musée du Louvre à partir du 24 octobre prochain.
En avant-goût de l'exposition, je reviens sur la magnifique exposition qui se tint au Louvre en 2012 : « LA SAINTE ANNE – L'ultime chef-d'oeuvre de
Léonard de Vinci »
Elle venait d'être restaurée.
UN RENONCEMENT PUIS UNE DÉCISION
La « Vierge à l'Enfant avec Sainte Anne » est l'une des trois toiles que
Léonard de Vinci apporta avec lui lors de sa venue en France en 1516.
L'oeuvre de Léonard occupe une place unique dans l'art occidental. Exposé à une pression publique et médiatique, le musée du Louvre avait renoncé en 1994 à engager le travail de restauration sur la « Sainte Anne ».
Devant l'état de dégradation de l'oeuvre, et la connaissance de nouvelles techniques scientifiques, la restauration est enfin décidée. le résultat allait s'avérer exceptionnel comme j'ai pu le constater en visitant en 2012 cette exposition consacrée à la renaissance de ce chef-d'oeuvre.
UN PEU D'HISTOIRE
Au tout début du Cinquecento, le thème de la « Sainte Anne trinitaire » est très répandu à Florence. Léonard jouit d'une immense réputation après l'exécution de l'extraordinaire « Cène » peinte pour le réfectoire du couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie. Elle est aujourd'hui très dégradée.
En 1501, l'artiste a déjà en tête ce thème de la « Sainte Anne » sur lequel il méditera jusqu'à la fin de ses jours. Deux ans plus tard, l'oeuvre est commencée, dans le même temps que la fameuse Monna Lisa, la « Joconde ».
Pour sa plus grande partie, la toile est certainement peinte au cours du séjour milanais de Léonard entre 1508 et 1513, avant son départ pour Rome travailler pour Julien de Médicis.
Il continuera à oeuvrer dessus, ainsi que sur les deux autres tableaux, la « Joconde » et le « Saint Jean-Baptiste », apportés avec lui lors de sa traversée des Alpes pour la France à l'automne 1516. Sur l'invitation de François 1er, Léonard s'installe au manoir du Clos-Lucé, près d'Amboise, où il décèdera au printemps 1519.
LE COMMANDITAIRE
Qui est le commanditaire de la « Saint Anne » ?
Il n'y a aucune certitude à ce sujet : le roi de France Louis XII dont le thème de la Sainte Anne aurait pu honorer son épouse Anne de Bretagne ; Isabelle d'Este ; César Borgia ou un mécène italien. On pense même que Léonard, par défi pictural dont il était coutumier, aurait pu, de sa propre initiative, se lancer dans le processus de création du tableau.
L'OEUVRE
Léonard manque de temps…
Une quinzaine de dessins préparatoires aux figures sont connus. Curieux de tout, il se préoccupe d'ingénierie militaire et de recherches diverses sur l'hydraulique, l'architecture, la géologie, les mathématiques ou l'anatomie du corps humain. Son activité artistique passe parfois au second plan malgré les nombreuses commandes qui restent souvent inachevées, ou ne se terminent jamais, comme l'importante fresque murale « La bataille d'Anghiari » commandée pour la salle du Grand Conseil du Palazzo Vecchio de Florence..
Cette « Sainte Anne », trinité terrestre, est une scène familiale. L'oeuvre peut être vue comme une synthèse des préceptes artistiques en peinture de l'artiste : rendu vaporeux des corps en clair-obscur, entrelacement des postures variées, analyse psychologique des visages.
L'intériorité des personnages a tout particulièrement intéressée le maître : la Vierge est assise sur les genoux de sa mère Sainte Anne qui abaisse son regard avec ce sourire bienheureux si cher à Léonard. Elle se penche tendrement et saisit dans ses bras l'enfant Jésus, comme pour l'éloigner de l'agneau avec lequel il joue qui symbolise son futur sacrifice.
LA RESTAURATION
Lors de mes précédentes visites au Louvre, ce chef-d'oeuvre m'apparaissait défraichi, terne, envahi de retouches de vernis anciennes ayant fait disparaître les contrastes, décolorées les couleurs.
En 2012, en visitant l'exposition du Louvre après la restauration de la Sainte-Anne, je suis resté scotché longtemps devant cette nouvelle « Sainte Anne » qui m'apparaissait telle que la voyait Léonard avant de mourir. Je découvrais l'art pictural de la maturité de l'artiste.
La toile, construite sur d'imperceptibles transitions de lumière et d'infimes variations de couleur, avait retrouvée ses transparences dans les robes et les voilages, ses teintes vives et froides. Les bleus de lapis-lazuli et les rouges violacés s'exprimaient à nouveau. L'exquis modelé des figures enfouis sous d'épaisses couches de vernis jaunâtres apparaissait dans son état de fraicheur initial.
Cette merveille est, à mes yeux, la plus belle des cinq toiles que possède le Louvre aujourd'hui. Celles-ci seront l'élément central de la prochaine exposition
LÉONARD DE VINCI qui s'annonce dans une dizaine de jours.
Pour les amoureux de l'oeuvre de
Léonard de Vinci, je ne peux que fortement conseiller le catalogue édité par les éditions du Louvre en 2012 qui est éblouissant dans la description de l'oeuvre de l'artiste, le travail de restauration de la « Sainte Anne », et l'abondance de l'iconographie.
(Pour ceux qui souhaitent voir mon choix d'iconographie de cette critique, celle-ci est visible sur mon blog.
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