Avec les cyber-communications dans la foire d’empoigne libérale, nous sommes tous conviés à cette incessante course à la « visibilité ». Faire figurer son nom et son image à n’importe quel prix dans le grand trombinoscope planétaire. C’est devenu l’obligation pour toute structure quelle qu’elle soit, et c’est presque la règle pour les personnes singulières. Lorsqu’on considère combien il est en fait difficile de conserver au cours de sa vie une petite poignée de vrais amis, cette course compulsive à la notoriété, cette fascination générale pour les vedettes et le vedettariat, n’expriment qu’une peur panique devant la sensation de vide que cette civilisation moribonde creuse derrière elle, durant une agonie qui n’en finit plus.
Qui a fait au moins une fois dans sa vie l’expérience d’une assemblée populaire ne peut qu’être frappé par le sentiment inhabituel de puissance et par l’ivresse de liberté qu’elle confère à chacun de ses membres. Pour mesurer ce dont on parle, il faut avoir éprouvé ce que peut donner la conjugaison des idées, l’addition des expériences, l’abondance des moyens spontanément rassemblés et la richesse de talents représentés, ne serait-ce que par quelques dizaines de personnes réunies dans une même détermination.