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EAN : 9782844181817
416 pages
La Part Commune (17/06/2010)
4/5   2 notes
Résumé :
De ses séjours multiples à L'Ile Grande (Côtes d'Armor), Denise Le Dantec donne à lire ici un ouvrage qui, pour se présenter comme un journal, transcende les genres littéraires, pour devenir une oeuvre au sens strict : tantôt poétique, tantôt descriptive, et même documentaire, tantôt philosophique.
À la recherche des traces de son passé, dont elle mesure la fragilité, le retrait progressif, mais sa résistance aussi, l'Ile Grande devient entre autres la métap... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'Ïle Grande, sise dans les Côtes-d'Armor, en Bretagne, inspire Denise le Dantec puisqu'elle y revient régulièrement au cours de ses pérégrinations et dans ses écrits. Proche de Trébeurden où gîtent Kenneth et Marie-Claude White qui couvent amoureusement le concept de géopoétique et anciennement l'institut international de géopoétique (I.I.G.), l'île est reliée depuis un bouquet de décennies à la terre ferme par un pont. Un sentier littoral de huit kilomètres enlace l'île. La population d'origine ouvrière a exploité durablement le granit gris des environs. Denise le Dantec entame son journal de belle manière avec des extraits affûtés du poète breton Guillevic. Elle introduit intelligemment sa façon de travailler l'émotion, la réflexion par le biais de l'écriture, ces « exercices d'admiration » : « Ces pages sont rétrospectives. Il ne m'est pas possible de vivre le temps et de l'écrire. » Quelques textes brefs précisent ensuite la topographie de l'île et son histoire locale. le journal proprement dit débute et de très courts paragraphes s'enchaînent. L'auteur à l'oeil du peintre : « le ciel déverse d'étranges lumières. Les oiseaux crachent du blanc./La mer noircit. » L'influence de Kenneth White est notable dans des expressions fortement estampillées comme celle de « terre de diamant » [Le Rocher du diamant : lettres de la Martinique / Kenneth White. – Actes Sud, 2002]. C'est toujours un bonheur de rencontrer de tel livre écrit sur des lieux qu'on ne peut circonscrire. le Journal de l'estran réunit plusieurs textes stratifiés les uns aux autres : Retour à l'Île Grande, Promenade première [plus attachée à raconter les déambulations contemplatives sur Île à Canton, îlot accessible à marée basse depuis l'Île Grande], Partition pour une île, L'estran autour d'Île Grande, Park ar Baron, et enfin L'Île d'Aval. La lecture du journal de Denise le Dantec pourrait amener un engourdissement lénifiant car il ne s'y passe rien et c'est bien dans cet intervalle vacant que le lecteur trouve plaisir à prendre le temps de muser en pensée sur l'estran, réactivant ses propres souvenirs. Quand l'auteur amasse et identifie les coquillages, sa hauteur de vue à fleur de sable botte et touche : « Les coquilles ont une histoire : la spirale logarithmique des gastéropodes… n'est plus dans sa perfection mathématique. C'est une spirale tourmentée qui s'est heurtée aux violences du monde ». A la fin du journal, la phrase introductive du livre prend tout son sens : « Entre le flux et le reflux, chacun peut mettre son nom. » le sentiment de son insignifiance native et de son appartenance au vaste monde, dans ses combinaisons géniales, rend modeste. Ecrire, oui, mais sur le sable de l'estran, cette « terre, sortie des flots, … d'une extrême luminosité » ; « rocs, lancées de dune, galets, granulats, luisants d'algues et d'écume ».
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Extrait 1


C’est une gigantesque irisation du monde. Le sable devient mica,
poussière presque noire. Le silice retombe beaucoup plus loin,
ajoutant l’ocre à l’ocre et se pétrifiant.
Tel est l’immense travail de décantation dans lequel le promeneur
est pris.
Le souffle se brusque lui-même. Une frénésie a tôt fait de s’emparer
de nous.
Nous voici transformés en un émiettement d’élans et d’impulsions
qui accélèrent et freinent dans le même temps. Le tragique
n’est pas loin.
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Extrait 2


Sous l’ondoiement sourd des laminaires les cheveux défaits
des sargasses forment des herbiers où flottent des éponges
axinelle de couleur or vif sous les thalles noirs d’algues venues
d’une lointaine Hyperborée.
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La machinerie cosmologique de la lune et de la mer s’est pour ainsi dire relâchée. Tout ce qui fut tenu secret par le couvert de l’eau se dégage dans l’éclatement, la fragmentation, l’émiettement. (p. 177)
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La terre, sortie des flots, est d’une extrême luminosité, même s’il pleut ; et lorsque le soleil perce, le regard glissant au loin, l’étendue paraît immense jusqu’à dépasser l’horizon. »
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Les coulées pénètrent le sable, s’infiltrent sous les puissantes assises des rocs et ressortent en une topographie de réseaux sur laquelle un nuage pose son ombre passagère. (p. 180)
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Video de Denise Le Dantec (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denise Le Dantec
Viviane & Morgane ou les portes du poétique, selon Denise Le Dantec (France Culture, 1984) Une émission de Jean-Pierre Le Dantec diffusée le 2 juin 1984 sur France Culture. Présence : Denise Le Dantec.
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