Le duo belge formé par le scénariste
Stephen Desberg et par le dessinateur
Bernard Vrancken nous avait déjà offert la série "IR$". Ici, il nous offre un moyen-âge fantastique de très bon aloi ou nous suivons les mésaventures d'un enquêteur face à la menace des multiformes…
Le climat de terreur continue de régner sur la ville avec une série d'overdoses due au poison bleu, la nouvelle drogue qui fait des ravages dans les bas-quartiers. En enquêtant plus avant, les forces du Donjon tombent sur de nouveaux multiformes : ceux-ci peuvent prendre l'apparence des humains, des animaux, mais aussi de monstres hybrides surpuissants… Quelle est donc la véritable apparence de ces créatures des ténèbres ?
C'est toujours au contact de la belle Nayade qui s'éprend de notre beau chevalier déchu, qu'Harmond en apprend de plus en plus sur les multiformes, divisés en castes selon la puissance de leurs dons : ceux qui travaillent dans les lupanars et les cirques ne sont que la lie de leur société, considérés comme des moins que rien… L'humanité persuadée que les mutilformes non domestiqués agissaient comme des meutes de loups chassés par la faim et le froid s'aperçoit avec effroi qu'ils sont infiltrés dans toutes les strates de la société depuis des lustres et des lustres, agissant comme des prédateurs sociaux et non comme des prédateurs sauvages...
C'est cool d'aller vers un truc à la "Underworld", mieux vers les changeformes dark fantasy des "Monarchies divines" de l'irlandais
Paul Kearney.
Car que d'intrigues dans ce tome : cela complote de tous les côtés !
- Allaman fait le forcing pour épouser Ermine et récupérer sa fortune, sans se rendre compte que le prédateur est proie…
- les anciens ennemis d'Harmon ne se satisfont pas de sa chute et après avoir oeuvré à sa perte ils oeuvrent désormais à sa mort…
- une série de flashbacks nous apprend qu'Harmon avait déjà failli être déshérité auparavant pour avoir frayé charnellement avec une créature de la nuit qui a déposé sa marque sur lui…
Qui travaille pour qui ? Qui est humain et qui ne l'est pas ? Bonjour l'ambiance parano digne des "Envahisseurs" !
Après l'attaque du Donjon par les multiformes la tentative d'assassinat du maître du guet, le roi laisse rappelle ses troupes et boucle son palais, espérant ainsi mettre une muraille entre la cour et les créatures des ténèbres mais en laissant ainsi la ville à son triste sort… Mais le poisson pourrit par la tête et la cour est infiltrée depuis toujours !
Peut-être des incohérences, puisque j'imagine mal un peuple misant sur la discrétion et l'infiltration se compromettre aussi bêtement en s'adonnant à des penchants anthropophages au vu et au su de tous, en laissant des témoins et des indices derrière eux pour remonter leur piste…
Mais carton jaune pour les dessins : alors que le tome 1 m'avait ensorcelé de la première case à dernière case, il y a ici des sautes de qualité assez coupables. Certaines planches sont clairement inférieures par les dessins (visages, décors), la mise en scène, l'encrage, la colorisation… donnant l'impression ou que la BD a été fini à l'arrache ou que le dessinateur a rencontré des pépins et qu'on a essayé de rattraper le coup. Les personnages perdent de leur classe, l'ambiance de sa superbe noirceur : sérieux les 2 dernières planches, je ne reconnaissais plus les personnages et j'ai été obligé de vérifier qu'il s'agissait bien du même dessinateur… J'espère que c'était un accident de parcours, parce que sinon c'est un peu du FDG ! (aguicher les lecteurs avec un style à la
Greg Land mais en mieux, pour ensuite aller vers un style mainstream à la Soleil mais en moins bien)