La bulle culturelle du confinement… Je ne sais pas ce qui m'a pris. Après plusieurs semaines de lecture sur ma liseuse électronique, je faisais un peu de tri et je suis tombée sur ce document, de ces livres que j'y mets parfois en me disant que ce serait vraiment bien que je les lise, même si je sais pertinemment que je ne le ferai jamais… « Si je ne le lis pas pendant le confinement, je ne le lirai jamais », me suis-je dit. Alors samedi dernier, je m'y suis attelée ! Il m'a fallu deux bonnes heures, peut-être bien trois pour venir à bout de ces quatorze pages (dactylographiées serrées, certes, mais tout de même!). Avec à la fin, le sentiment de ne pas avoir tout à fait tout compris, mais aussi le sentiment du devoir accompli, d'une lecture qui me rend plus intelligente et que je suis contente d'avoir menée à son terme.
Cette leçon inaugurale respecte les règles du genre : hommage aux anciens et filiation intellectuelle sont là, puis l'établissement du cadre théorique dans lequel le cours (et les recherches actuelles de l'auteur) se déroulera, avec quelques esquisses des premiers messages clef de cette investigation.
Je n'ai pas les compétences pour faire une note de lecture circonstanciée de ce texte, mais j'ai été heureuse de lire ce texte qui, même pour la néophyte que je suis, a été une lecture très stimulante. J'y ai trouvé une conception de l'anthropologie à la fois ancrée dans son histoire et moderne, et surtout j'ai pu avoir une première idée de ce que
Philippe Descola appelle l'anthropologie de la nature, ce qui apparaît comme un bête oxymore et qui se révèle un cadre de pensée riche pour appréhender la culture de l'autre, mais aussi pour poser un regard neuf sur notre propre culture et les certitudes que nous avons.
A l'aune des débats actuels sur la moralité ou l'immoralité de manger ou non de la viande animale, ce que propose
Philippe Descola, même si ce texte a presque 20 ans déjà, permet de réfléchir aux directions que prend notre société, à ce qu'elles signifient profondément. Ce texte, très érudit, me laisse un étrange sentiment d'avoir voyagé dans l'ailleurs d'autres
cultures évoquées au gré de la pensée et de m'être dédoublée pour commencer à regarder d'un oeil aussi objectif que possible ma propre société.
Stimulant, passionnant, mais il faut se donner le temps pour cette lecture. Et j'ai tellement aimé cela, que j'ai mis sur ma liseuse deux autres leçons inaugurales du Collège de France. Je vais essayer de ne pas attendre un confinement futur (à Dieu ne plaise !, même si Dieu n'y est pas pour grand-chose…) pour les lire aussi !