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EAN : 9782360541751
273 pages
Le Mot et le reste (19/06/2015)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Alice Cooper est un personnage emblématique et fascinant de l’histoire du rock. Grand provocateur, initiateur d’un rock théâtral dans l’underground et la contre-culture à la toute fin des années 1960, il incarne la figure quasi papale d’un hard rock extrêmement riche et flamboyant pendant les années 1970. Son œuvre emprunte d’illustrations ciné- matographiques est affiliée au gré des époques à de nombreux styles (opéra rock, glam rock, post-punk, heavy metal…) et pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il y a peu d'artistes que j'aime autant qu'Alice Cooper, un chanteur découvert au lycée. Je me demande fréquemment ce que je peux tant aimer chez lui, n'étant pourtant pas un fan absolu de hard-rock, n'appréciant pas tant que cela les performances théâtralisées ou mêmes les thèmes (sex, death and money, baby) d'un certain nombre de ses chansons.
Pourtant j'achète absolument tous ses disques depuis que je suis au lycée, sans compter les dvds, certaines rééditions ou les coffrets. C'est l'un des deux ou trois artistes dont je ne rate aucun passage parisien. Confession : je suis même allé à Londres pour le voir, le temps d'un concert donné en compagnie de Motorhead et de Joan Jett.
Autour de moi, cette révérence à Alice a toujours paru suspecte et a souvent fait rire, les gens se focalisant sur certains aspects qui peuvent apparaître détestables dans l'oeuvre d'Alice : les riffs parfois gras, l'image du chanteur hurlant derrière son maquillage outrancier... Oui, cela peut faire cheap, je le concède. Et je l'ai souvent concédé autour de moi tout en insistant sur le seule chose qui compte vraiment : le songwriting.
C'est que depuis ses albums cultes comme Love It to Death ou Killer ( l'un des plus grands disques de rock ever, as simple as that.) enregistrés au début des années 1970 avec son groupe éponyme jusqu'à ses opus solo les plus récents, Alice Cooper a plus ou moins toujours réussi à sortir des grandes chansons.
Dans n'importe quel album, même le plus médiocre se cachent des pépites d'écriture, de songwriting. Bob Dylan, la référence absolue qui se situe pourtant à des milliards d'années lumière de l'univers d'Alice le concéda lui aussi un jour, alors qu'il était interviewé par le magazine Rolling Stone : « Alice Cooper is an ovelooked songwriter » soit « Alice Cooper est un songwriter sous estimé ». Oui, Dylan ne dit pas qu'il est un « grand »,un « bon » ou un « sympathique » songwriter, il dit qu'il est un songwriter « sous estimé », mettant ainsi au premier plan sa mauvaise réception plutôt que son talent pourtant reconnu.
Là se situe certainement le deuxième élément qui réunit, je pense, la plupart de ses fans qui le suivent depuis des années envers et contre tous : une certaine sympathie (et pour moi on peut dire un attachement très fort) envers un grand artiste souvent négligé et cantonné, parfois de son propre chef, à un rôle de parrain du shock-rock, certes honorifique mais aussi totalement anecdotique
Et cet attachement est redoublé à l'écoute de ses chansons où Alice parle souvent de lui, de son addiction à l'alcool et de son personnage d'Alice, objet d'une biographie qui vient de sortir chez l'une de mes maisons d'édition préférées, le Mot et le Reste et signée Jean-Charles Desgroux.

L'intro pour parler d'un livre remarquable est longue, je vous le concède, mais il m'était impossible de parler d'un livre sur Alice sans parler de moi. Quand j'entends quelqu'un, n'importe qui, parler d'Alice Cooper, je lève toujours la tête, comme si quelqu'un se mettait à parler de moi.

Jean-Charle Desgroux s'est donc mis à parler de moi à travers son ouvrage biographique d'Alice. Ouvrage biographique sur Alice plutôt que biographie puisqu'il n'est en effet pas question, dans Alice Cooper, Remember The Coop', d'un ouvrage qui reviendrait en long en large et en détail sur la vie de Vincent Furnier, l'homme qui se cache sous le maquillage d'Alice. Il s'agit plutôt d'une riche analyse de la seule chose qui compte véritablement : sa discographie et sa carrière de chanteur. L'auteur entreprend une analyse de chaque album officiel,dvd, album live ou coffret publié par Alice. Chaque album est disséqué à travers ses chansons mais aussi son contexte de production et sa réception. Les faits côtoient, comme chaque ouvrage biographique se doit de le faire, des commentaires plus subjectifs concernant la qualité desdites chansons. L'auteur n'hésite pas à pointer des faiblesses (ainsi à propos d'une chanson récente médiocre : « Euro-dance ratée, soulignée de guitares, choeurs martiaux, beats synthétiques, electro cheap, la chanson est loin d'être indispensable» ) ou au contraire de véritables moments de bravoure (là à propos de No more Mr Nice Guy, l'un de ses chefs-d'oeuvre : «Le morceau est court, instantanément mémorable et magnifié par les harmonies et les choeurs, ainsi que la mélodie centrale portée par Alice, signant l'un des refrains les plus accrocheurs de sa carrière » ). Évidemment, ici ou là j'ai parfois été en désaccord avec l'auteur, aurais aimé qu'il s'attarde plus sur une chanson ou moins sur une autre mais c'est le jeu de ce type d'ouvrage. La subjectivité fait partie de l'intérêt de toute tentative biographie un tant soit peu passionnée.

Pour parler d'un album, il est nécessaire, je le disais un peu plus haut, de revenir sur son contexte de création. Chaque album est le fruit à la fois d'influences extérieures et intérieures, personnelles. Avant de parler desdits albums l'auteur revient ainsi brièvement sur ces périodes pour aussi bien parler de l'état d'Alice, ses envies, ses échecs, que de l'époque dans lesquels ils s'inscrivent et qui peuvent expliquer, ou non, tel échec ou telle réussite. Ces pages d'introduction ne sont pas bien longues, auraient mérité de l'être un peu plus, mais sont indispensables pour comprendre l'importance d'Alice et ses nombreux echecs. La carrière d'un artiste ne se mesure en effet pas simplement à ses disques à leur succès éventuel mais également à ce qui joue derrière les rideaux, à l'influence qui grandit imperceptiblement ou au contraire au désintérêt qui se manifeste lorsque l'époque tourne cruellement la page à toute une esthétique, sans que l'artiste ou que ses fans ne s'en aperçoivent immédiatement. Toute la carrière d'Alice peut se schématiser à ces montagnes russes.
Éléments intérieurs : L'alcoolisme d'Alice explique un appauvrissement total de son art à la fin des années 1970 « Mais aussi spectaculaire que soit le show dans ce gigantesque stade, Alice Cooper est dans un triste état » . En 1976, alors qu'Alice a quitté son groupe aux multiples succès et à publié un succès avec son premier album solo Welcome to my Nigtmare (1975), l'auteur rappelle qu'Alice ne « tient plus debout » et que son alcoolisme est « hors de contrôle ». Il résulte de cet état intérieur, des albums médiocres : « Alice Cooper goes to Hell » (1976) ou « Lace and Whiskey »(1977). Ce sont des albums faibles mais lucides qui les rendent d'autant plus attachants pour les fans. On apprend ainsi qu'Alice a tenu à faire figurer sa bouteille de whiskey préférée sur la pochette de « Lace and Whiskey ». Alice est en loque et n'en cache rien. Il ne s'agit pas de misérabilisme ou d'auto-apitoiement mais d'un reflet sincère de sa condition d'ancienne rock-star totalement paumée. Alice sortira de cette période triomphalement -d'un point de vue artistique- avec From the Inside dans lequel Alice règle ses comptes avec l'alcool de magistrale manière. de cette période et de son sevrage, il aura ce bon mot : « Budweiser a failli fermer boutique le jour où j'ai arrêté de boire ». de fait, je défis quiconque de trouver une photo d'Alice de la période 1974-1976 où il ne tient pas une bouteille à la main.

Éléments extérieurs : Alors qu'Alice retrouve la grâce des radios et un véritable succès commercial à la fin des années 1980 avec un son plus FM (pas terrible, le son , mais les chanson sont mortelles), il se retrouve tout aussi vite sur le carreau et est rapidement ringardisé dès l'arrivée, au début des années 1990 de la scène alternative rock et grunge ; «Malgré sa notoriété, Alice est lui emporté dans cette tempête menée par ces jeunes musiciens rétablissant une honnêteté et une proximité qui manquaient dans le rock'n'roll ». Alice ne s'en est jamais tout à fait remis, en terme de vente et de notoriété. La chanson Poison, enregistrée en 1989 reste et restera peut-être sa chanson la plus connue. L'album qui suit en 1994, The Last Temptation, un putain de chef-d'oeuvre qui aurait pu plaire autant à ses fans de la première heure qu'aux fans de sa période hard-rock voire au grand public est un échec malgré l'aide de Neil Gaiman et de Dave McKean pour concocter un excellent comics accompagnant l'album et de Chris Cornell (de Soundgarden) à l'écriture.

Aujourd'hui, Alice fait des apparitions dans des films de Tim Burton, est l'objet d'articles élogieux du Monde, est cité comme référence d'un tas d'artistes les plus éloignés les uns des autres et est l'objet de documentaires projetés dans divers festivals indépendants et primés (le documentaire Super Duper.)

Tous ces épisodes, ces hauts vertigineux et ces bas misérables, sont rappelés par l'auteur sans que celui-ci n'en fasse des tonnes. Cet ouvrage est appelé à être approfondi par les lecteurs intéressés par tel ou tel aspect de la vie ou de la discographie d'Alice. C'est le but de ce genre d'ouvrages : amener le fans dans des territoires à approfondir tout en lui fournissant un guide complet sur lequel il peut revenir inlassablement. S'adresse-t-il au néophytes ? Je ne le pense pas. Aucun livre ne vous ferra aimer une chanson. Pour l'aimer il faut l'écouter et vous avez perdu beaucoup de temps aujourd'hui à ne pas écouter de chanson d'Alice Cooper.

Recommandation : il faut commencer par Killer, School's Out, Billion Dollar Babies, Welcome to my nigtmare, The Last Temptation, Dirty Diamonds;)
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Toute la fabuleuse carrière du Coop dans cette biographie complète. Pleins d'anecdotes et de moments que l'on peut ensuite retrouver sur YouTube. Une façon sympa d'associer les images réelles à la lecture.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Devil's food" est un morceau suffocant jusqu'à ce qu'un hurlement annonce une partition rythmique mix"e faiblement laissant place à l'intervention de Vincent Price, acteur dans des films d'épouvante de la Hammer et dont la présence honore le chanteur. Ce long monologue de deux minutes et interprété avec un tel réalisme qu'il poussera Michael Jackson et son producteur Qincy Jones à faire appel au même Price pour un autre monologue sépulcral à la fin de "Thriller" en 1982.
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Pour cette soirée exceptionnelle, [Alice Cooper] fait confiance à un groupe de hard rock de Los Angeles encore vierge de toute expérience majeure et sans le moindre album dans les bacs : Guns N'Roses. Ces jeunes gens [...] ont tapé dans l'oeil de Cooper qui voit en eux la relève assurée.
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C'est alors que Vincent se métamorphose littéralement en un tout nouveau personnage, optant lui-même pour ce patronyme d'Alice Cooper, bien décidé à incarner une figure ambiguë et obscure, empreinte de cynisme et de violence. Selon lui, contrairement au cinéma, il n'y a pas de méchants, de bad guy, dans le rock'n'roll. Pourquoi ne pas tout simplement en devenir un ? 
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Si 1973 s'inscrit comme l'une des années les plus riches de l'histoire du rock, elle marque le sommet de la carrière du Alice Cooper Group grâce à ce nouvel album [...]. Billion Dollar Babies accède non seulement à la première place du Billboard américain, mais également au sommet du hit parade anglais. Le NME, hebdomadaire britannique, classe Alice Cooper en tête de plusieurs catégories lors du traditionnel référendum des lecteurs.
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