AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Editions Il est Midi (Autre)
EAN : 9782491689766
330 pages
AFNIL (26/04/2022)
5/5   2 notes
Résumé :
Marion, jeune éleveuse ovine dans le Cantal affronte un monde d’hommes et se débat tant bien que mal pour faire accepter sa vie à sa famille.

Joséphine, consultante, voyage à travers le monde aux ordres d’un patron tyrannique.

Lucas, serveur dans un bar, vit encore chez sa mère et se laisse porter, sans réel but dans la vie.

Trois jeunes gens menant une vie très différente et que rien ne destinait à se croiser se percuten... >Voir plus
Que lire après La vie contemporaineVoir plus
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
- Tu fais quoi, toi, dans la vie ? »
Après un instant de recul, Lucas se lance et lui raconte, tout. Sa vie, son boulot, ses difficultés économiques, sa solitude, parfois. Il ne comprend pas bien pourquoi et est conscient qu’il y a de fortes chances pour que son pouvoir de séduction s’amenuise au fur et à mesure de ces détails sans importance et un peu sordides, mais il ne peut pas s’en empêcher. Quand enfin il a fini, il se retrouve un peu essoufflé et la tête un peu plus légère lui semble-t-il. Elle n’a pas pu en placer une depuis le début et s’est contentée de hocher la tête en finissant son verre. Il fait signe au barman de leur remettre la même chose.
« Ça va mieux ? demande-t-elle avec un petit sourire.
- Eh bien, tourne-t-il à la dérision, si je n’ai pas répondu à ta question de façon exhaustive, je n’ai pas répondu du tout. Et toi ? Tu fais quoi ? Tu m’as laissé parler comme si tu étais psy !
- Il y a des fois je me demande… rit-elle, j’ai dû rater ma vocation.
- Ça ne répond pas à ma question.
- J’ai sans doute moins de facilités que toi à raconter ma vie.
- Essaye… »
Elle soupire et repose les yeux sur son verre. Par quoi commencer ? Et puis, a-t-elle réellement envie de commencer, ce n’est pas sûr.
« Je t’aide, dit-il, voyant bien qu’elle paraît ennuyée. Tu es une jeune cadre dynamique qui a l’air de voyager beaucoup.
- C’est pas mal, hoche-t-elle la tête en continuant d’éviter son regard, ou bien en réfléchissant sur elle, il ne saurait dire. Et ?
- Et… disons… que comme tu voyages beaucoup, tu ne vois pas grand monde, tu te retranches sur ton petit univers et tu en as marre de bosser autant pour si peu d’avantages. Tu es un peu seule, pas de copain et tu n’as pas de temps pour toi, pour profiter de la vie. »
Il s’arrête net, s’apercevant qu’elle pâlit à mesure qu’il continue. Il voulait faire un peu d’humour, voilà que ça tombe à plat, une fois de plus, et pire, il a comme l’impression qu’il met le doigt sur un problème qui n’est pas si éloigné des préoccupations de la jeune femme. Triple idiot ! se morigène-t-il. Elle relève soudain la tête pour croiser son regard et s’ébroue comme si elle venait de se réveiller.
« On se demande qui est le psy maintenant, finit-elle par plaisanter avec un charme qui ne le laisse pas indifférent. On pourrait peut-être résumer ma vie comme ça, en effet, à un détail près.
- Ah oui ? Lequel ?
- J’ai un copain. »
C’est comme si un froid glacial venait de s’abattre sur eux. Trois mots qui cassent une ambiance, qui mettent un voile invisible entre eux. Est-ce qu’elle ne pouvait pas commencer par ça ? Il se noierait presque volontairement dans son verre et le regarde avec intensité, comme s’il allait soudainement y plonger tête la première, tournant et virant entre les glaçons.
Commenter  J’apprécie          20
Diantre. Connaissez-vous quiconque capable d’employer ce mot qui ne soit pas né au Moyen Age ? Marc reste, à bien des égards, un mystère pour elle qui a dû sacrément revoir son vocabulaire quand elle a commencé à le fréquenter. Diantre est l’un des mots les plus tordants aux yeux de Sidonie qui ne rate pas une occasion de le placer le peu de fois où elle est obligée de discuter avec Marc. (...)
« Ecoute Marc, je ne sais pas, je vais voir.
- Je t’attends, dit-il simplement avant de raccrocher. »
Joséphine soupire. Elle n’a aucune envie de discuter de quoi que ce soit avec Marc, surtout ce soir. Quand Marc « discute », à sa façon, il a une tendance moralisatrice et paternaliste qu’il a sans doute également auprès de ses clients. D’ailleurs, étant avocat, elle n’a jamais trop compris comment il pouvait parler ainsi à des gens dont il défendait parfois la mauvaise foi en même temps que les intérêts sans état d’âme. Ce soir il faut qu’elle se vide la tête, qu’elle pense à elle et qu’elle fasse la fête avec Sidonie. Sidonie est son fusible, sa bouée de sauvetage dans bien des cas. En jetant un œil par la fenêtre, elle s’aperçoit avec surprise que la Concorde est largement dépassée à présent et que le trafic est redevenu totalement fluide. En croisant le regard du chauffeur de taxi, elle prévoit ce qu’il va dire avant même qu’il n’ouvre la bouche :
« Demoiselle a vu ? Dieu des taxis clément ! Prière entendue ! Demoiselle devrait se pencher plus sur culture et croyances chinoises, ça bénéfique ! »
Il ne sait même pas à quel point il a raison.
Commenter  J’apprécie          20
La jeune femme hausse les épaules et se retourne pour considérer son amie. Comment lui expliquer que même les arrêts maladie dûment justifiés sont considérés avec méfiance et avec beaucoup de condescendance par la société dans laquelle elle travaille ? Comment lui dire que même une prime d’assiduité existe et que tout est comptabilisé, pour être, d’une manière ou d’une autre, retourné contre vous quand il y en a besoin. Comment pourrait-elle comprendre, elle qui vit avec ses animaux dans une campagne profonde, que le monde des grandes entreprises fonctionne comme cela et qu’elle ne se pose plus de question sur sa soumission totale à ce système. Une partie d’elle-même est conditionnée, l’autre considère qu’il y a quand même du bon à faire ce métier, à voyager, à exercer des responsabilités qu’elle n’aurait sans doute pas dans d’autres conditions. C’est un tout. On prend tout ou on laisse tout, mais on ne fait pas dans la demi-mesure.
Marion quant à elle, observe son amie et se demande comment une telle forme d’esclavagisme moderne existe encore. Comment une femme d’une trentaine d’années, dotée de toute sa raison, peut plonger dans des coups aussi énormes que ceux-ci. Et quelle est la suite si elle décide finalement de se rebeller. Est-ce la raison du taux de suicide en entreprise dont on parle tant en ce moment ? Est-ce là l’enjeu ?
Commenter  J’apprécie          20
« Je veux vivre vraiment tu comprends ? explose-t-il soudain. Quoi que tu en dises, quoi que tu penses de ma génération, c’est de moi qu’on parle là ! Et je ne supporte plus de passer ma vie dans un bar à côtoyer tous les poivrots du coin. Je ne veux plus entendre tous ces débats débiles comme s’ils pensaient tous détenir la vérité universelle ! Je me fiche éperdument de leurs déboires amoureux ou professionnels ! Et je ne supporte plus la vue d’une bouteille de Pastis ! Et qu’est-ce que je trouve quand je reviens ? Ma petite chambre bleu nuit, toujours la même, chez ma mère !
- Mais chéri, si tu as un problème avec l’endroit où tu vis, et que tu as d’ailleurs choisi…
- Arrête ! Tu ne comprends pas, tu ne comprends rien ! Oh, et puis j’ai besoin de sortir ! dit-il soudain en se levant et en jetant sa serviette sur la table.
Geneviève ne bouge pas et soupire. Il n’est pas réellement malheureux mais quelque chose cloche, quelque chose qu’elle ne saisit pas réellement.
« En même temps, murmure-t-elle pour elle-même une fois qu’il a claqué la porte, ça ressemble à s’y méprendre à une nouvelle crise d’adolescence… »
Commenter  J’apprécie          20
Un monde où les anglicismes sont plus courants dans la langue française que les mots français eux-mêmes, sans parler des abréviations. Un monde à 300 à l’heure. Un monde de globalisation, le terme actuellement très à la mode. La jeune femme y évolue sans trop de mal pour l’instant, mais avec, de temps en temps, quelques cas de conscience : qu’apporte-t-elle à cette Société (avec un grand S) et comment le lui rend-t-elle ? Que fait-elle pour son prochain ? A quoi sert son petit travail de fourmi, si ce n’est à engraisser les actionnaires de sa boîte. C’est idiot, mais elle les imagine toujours très gros et avec un cigare à la main, un peu comme dans les bandes dessinées. Et penser qu’elle travaille pour ces gens-là la met parfois mal à l’aise…
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : equilibreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3671 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}