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EAN : 9781092011051
Anacharsis (13/02/2014)
3.73/5   11 notes
Résumé :
Enfermé dans « sa tour de glace » – le petit appartement d’une banlieue ouvrière d’Oslo –, puisant dans un quotidien où personne ne parle sa langue, ni à l’usine ni en famille, Luigi Di Ruscio a écrit le monde quarante ans durant.

Entraîné par le flot des crépitements incessants de sa machine à écrire, il mêle librement le roman, l’autobiographie, la poésie : « comment se fier à des témoins oculaires qui affirment avoir vu de magnifiques couchers de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Par un phénomène qui ne connaît pas de règle stricte dans le monde des écrivains polyglottes, l'auteur, bien qu'ayant vécu plus de quarante ans en Norvège, dont il parle et lit la langue, a fait le choix d'écrire dans sa langue maternelle, l'italien, qu'il lit et écrit mais avoue parler de plus en plus mal. C'est une chose à laquelle je m'intéresse et qui, ajoutée au fait qu'il est italophone, m'a aidée dans mon approche de cette prose qui n'est pas extrêmement facile.
Pour le fonds, l'auteur est en droit de supposer qu'il s'agit d'un dernier roman, d'une ultime occasion de régler des comptes ou plutôt de préciser des aspects de son travail, en réponse à des critiques, des réactions à ses écrits précédents. Il se présente comme ouvrier, autodidacte, engagé politiquement et artistiquement : son témoignage est passionnant à plus d'un titre car s'il a peu profité de l'école, il a énormément étudié, ses réflexions et ses références en témoignent. Etranger, migrant, exilé économique, il mêle reconnaissance et critique pour son pays d'accueil, fidélité à sa patrie et à sa culture natale.
Du point de vue formel, la langue est belle, claire, mais truffée de néologismes, d'inventions linguistiques (j'entrevois et admire la subtilité de la traduction en français). le texte donne l'impression d'une longue loghorrée sans aucune ponctuation ; chez Alain Mabanckou, cet aspect a été rédhibitoire et j'ai abandonné au bout de deux tentatives (Verre cassé et Mémoires de porc-épic) ; chez Luigi di Ruscio, je n'ai rencontré aucune difficulté à suivre le fil d'une pensée qui se dévide sur le papier via le clavier de la vieille machine à écrire et qui m'a fait penser aux expériences d'écriture automatique.
Je ne suis pas sûre que je serais à même d'apprécier ses poèmes néoréalistes, mais en ce qui concerne cet objet littéraire non identifié, j'ai été séduite par la langue de cet homme et j'ai envie de le découvrir en VO.
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Le soussigné est Italien, il a émigré en Norvège, travaille dans une usine et écrit des poésies. Un pitsch bien étrange pour un roman qui l'est tout autant.
L'auteur (car oui le texte fleure bon l'autobiographie) écrit frénétiquement, griffonne des poésies, barbouille des mots et des idées, sue à l'usine, se dispute avec sa femme, aime sa famille et dresse le portrait d'une Europe en crise. le ton est rapidement donné: de longues phrases, ponctuées de manière à suivre le fil de la pensée d'un homme qui a tant à dire, faussement décousues et donc très justes. Cette syntaxe si particulière bouscule dans les premières pages mais rend le livre impossible à déposer. Elle traduit aussi les interrogations linguistiques de l'auteur, ouvrier à la chaîne, issu d'une famille sous-prolétaire, il parle le norvégien et écrit l'italien. de là -vous me voyez venir?-, des interrogations sociales qui n'ont rien perdu de leur actualité : place de la femme, difficulté de l'intégration, différences de classes...
L'auteur dépeint les ambiances avec talent (celle d'Oslo, pourtant depuis devenue extrêmement riche, est parfaite, l'air, la lumière, les balades...) mais fait parfois preuve d'une trop grande érudition. Ne voyez pas de contradiction avec ce qui vient d'être exprimé; en effet, la langue est à la fois simple et soignée mais le texte est truffé de références à des poètes ou auteurs italiens. Autant dire que ces multiples références, heureusement expliquées par la traductrice, alourdissent et n'éclaircissent pas nécessairement la lecture.
À force de vouloir être subversif tant sur le fonds que sur la forme, le texte perd quelque peu de son efficacité. Mais Luigi di Ruscio m'a accompagnée, m'a secouée et, surtout, m'a touchée. "La neige noire d'Oslo", ultime de texte de l'auteur, mérite d'être lu par ceux qui rêvent d'un monde plus égalitaire, plus à l'écoute de l'Homme.
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Live découvert dans le cadre d'une opération Masse Critique

La neige noire d'Oslo, contrairement à ce qu'annonce sa couverture, n'est pas un roman, au sens où il ne s'agit pas d'un récit imaginaire. Il n'y a ni début, ni fin et encore moins quelque chose s'approchant d'une quelconque construction. Imaginez qu'on puisse brancher une machine à écrire directement sur le cerveau d'un auteur : c'est de ce résultat hypothétique que s'approche le plus ce livre.

En effet, on découvre ici les divagations plus ou moins intellectuelles de Luigi di Ruscio. Il décrit son émigration, ses engagements politiques, sa vie quotidienne à l'usine et avec sa famille, sa perception de la religion, son mépris des critiques littéraires et son rapport à la poésie : tout cela s'entremêle, se nourrit et se répète. Et elles sont nombreuses, les répétitions ! Des phrases, parfois des paragraphes entiers, reviennent à l'identique, ou peu s'en faut, comme si l'auteur ressassait ou radotait.

La suite sur mon blog :
Lien : http://tagrawlaineqqiqi.word..
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Monologue poétique éclatant, mêlant le sol de l'usine, le quotidien familial et la socio-politique.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/07/14/note-de-lecture-la-neige-noire-doslo-luigi-di-ruscio/
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Dans les anthologies qui avaient inclus mes poésies je voyais une sorte de résurrection du soussigné, bientôt sera publiée l’extraordinaire anthologie d’Antonio Porta dans laquelle j’aurai l’honneur de représenter la civilisation industrielle, et je passais en revue mes petites nomenclatures : Pince, pincettes, tréfileuse, élévatrice, les chaînes, la rouille, la cruauté des plâtres, les gants de cuir, le front brûlant, le badge, l’horloge centésimale de pointage, on ne m’autorise à aller au cabinet que deux fois par jour, le reste du temps j’urine dans une boîte de conserve vide, et puis la fiche de paye à laquelle on ne pige rien, prime de rendement et pourcentages incalculables, il faudrait un expert-comptable pour se retrouver dans ce bordel, et puis le coup de barre, le mal au dos, les ongles cassés, les pertes d’huile soudaines et les fils emmêlés, le Christ parmi les maçons, micromillimètres, la fumée, trop fumer, communistes et camionneurs, poussière à gogo et glaires grises, les yeux rougis par toutes les cornes que tu m’as mises, parfois d’illustres visiteurs viennent nous étudier et quand je sortais de l’atelier à la fin du dernier roulement, je me disais : Je vais enfin revoir les étoiles mais je ne voyais qu’une coupole noire et sans étoiles, il faut marcher longtemps, très loin des réverbères des villes, et si tu as de la chance tu les reverras toutes, les étoiles de ton enfance, même les étoiles filantes, et malgré tout j’étais content de moi.
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J’ai compris très tôt que si j’allais probablement réussir en tant que poète j’aurais été incapable de faire un métier intellectuel, j’ai donc fait en sorte de gagner ma vie comme ouvrier métallurgiste, conscient que la poésie ne m’apporterait pas un sou et qu’avec ma poésie je risquais en plus de prendre des coups. Mais avant tout, notre poète soussigné est persuadé que s’il va contre sa conscience, c’est-à-dire s’il écrit dans le sens contraire à sa conscience, il fera une chute dans les escaliers, il sera jeté sous le tram quotidien, il sera cocufié par sa conjointe et l’amant présumé me cassera la gueule, je serai envahi par les morpions canins et harcelé par le fameux moustique-tigre, j’aurai d’incessantes insomnies, les chats me grifferont sans parler de l’acharnement des chiens tandis qu’à mon insu et par erreur mon médecin traitant me fera boire de l’arsenic.
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C’était la déstalinisation et l’insurrection de Hongrie, les chars d’assaut tirent sur les ouvriers et me voilà, en plus de toutes les privations, sans parti, pas le moindre travail en vue, mes poésies avaient fait de moi un véritable "sujet de moquerie et de récréation", nous étions au bord de l’effondrement et j’étais prêt à commettre n’importe quel délit pour aller en prison où j’aurais pu enfin écrire en paix, un bon coup de marteau dans les vitrines du Corso, des armées d’Italiques émigraient vers tous les coins du monde et il aurait été étrange que parmi tous ces gens un poète de Fermo n’émigrât lui aussi, dans une usine métallurgique.
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Nous sommes restés des enfants trop longtemps, voilà la source de nos problèmes, beaucoup resteront jamais des enfants, quoi qu'il en soit rappelons-nous toujours qu'on ne peut faire aucun raisonnement sans être en contradiction avec quelque chose ou quelqu'un, il n'existe rien qui n'ait son envers, les raisonnements cohérents du début à la fin sont faussés dès départ, veuillez publier cette page dans l'anonymat, ne me compromettez pas, si ma femme la lit elle va se foutre en rogne.
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Je m'imaginais mettant la tête sur les rails et attendant que le tram me l'emporte mais le tram se paralyse à quelques centimètres de ma tête, foudroyé par l'absence soudaine d'énergie électrique, impossible de concevoir une école pour poètes car ce serait comme enseigner, l'échec total, Joyce recommande aux poètes: solitude, exil, ingéniosité et le soussigné ajouté qu'il faut aussi une longue vie sans abrutissements précoces.
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