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4,11

sur 2986 notes
Roman assez sensiblement différent du film (excellent) qu'il a inspiré. Cela dit, le roman est excellent. Sans doute est-il moins travaillé et moins abouti qu'Ubik, ce qui n'empêche que pourtant, pour moi il le supplante comme coup de coeur ! Après avoir envoyé aux oubliettes les lois de la robotique d'Asimov, il met en scène des robots androïdes presque parfaits, les Nexus-6, que des blade runners sont chargés de repérer et de désactiver. Tout cela n'est bien sûr que prétexte à s'interroger sur le propre de l'homme, le sens de la vie, la place et le rôle de l'empathie, …, bref rien que des questions intemporelles, et même plutôt assez d'actualité. C'est un roman peut-être un peu brouillon mais d'une très grande richesse thématique.
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Je suis fan du film de Ridley Scott et je suis fan de Dick et pourtant je n'avais pas encore lu « Blade runner » ou plutôt « les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ». C'est maintenant chose faite et je ressors ravie de cette lecture. J'ai adoré ce roman et il n'enlève en rien l'admiration que j'ai pour le film, et ce, même s'il s'avère très dissemblable. C'est peut-être même pour ça d'ailleurs. le plaisir que l'on prend à l'un et à l'autre est très différent.

Bien sûr, au long de ma lecture, j'ai joué au jeu des comparaisons avec le film. Mais, très vite, les deux oeuvres apparaissent comme totalement différentes. Si le déroulé de l'intrigue est quasiment similaire jusqu'à l'élimination de Zhora / Luba, par la suite les intrigues prennent des chemins très différents. Avant tout, ce qui différencie les deux oeuvres, ce sont leur tonalité et même le registre auquel ils appartiennent. le roman de Dick est à classer dans le registre de la science-fiction métaphysique alors que le film de Scott relève du tech-noir. Ce choix narratif très pertinent permet à Scott D installer une ambiance réussie, visuellement forte. Pour créer cette atmosphère noire futuriste, le film prend le parti de se placer dans un univers dystopique où Los Angeles apparait encore comme une mégalopole grouillante malgré la colonisation d'autres planètes. Au contraire, le roman ressemble plutôt à un post-apo où San-Francisco a des allures de quasi ville-fantôme. Là où « Blade runner » propose une intrigue de film noir teinté d'un certain romantisme pour être avant tout un récit d'ambiance, « les androïdes rêvent-ils… » s'attache à se questionner sur ce qui fait l'humain. Ainsi Deckard sera amené à s'interroger sur l'humanité des protagonistes qu'il rencontre mais aussi sur sa propre humanité. Dès lors, on retrouve ici une variation sur un thème Dickien récurrent : la réalité est-elle réelle. Mais dans « les androïdes rêvent-ils… » l'interrogation ne porte pas sur le monde extérieur mais sur l'essence même des personnages.

Cette richesse thématique est exploitée dans un récit très addictif. le récit est plus linéaire que beaucoup d'autres romans de l'auteur, il fait sans doute partie de ses oeuvres les plus accessibles. du coup, ce n'est pas le plus dickien des romans de Dick. Je préfère ses récits plus vertigineux, plus alambiqués mais « les androïdes rêvent-ils… » est un roman riche et profond qui se lit tout seul, un vrai page-turner.
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J'avoue, avec un peu de honte, que je n'ai pas vu le film culte Blade runner, ni Minority report, ni Total recall, ni d'ailleurs aucun des films tirés de romans ou de nouvelles du génial Philip K. Dick.
Mais, peut-être, en définitive, est-ce ce un avantage, je ne pouvais avoir d'idées à priori sur ce livre.
C'est le deuxième roman que je lis de cet auteur, après le Maître du Haut-Chateau.
Je ne sais si tous ses romans et nouvelles sont de la même trempe, mais, à nouveau, je suis émerveillé par la richesse et la profondeur de ce roman, et par la façon dont l'auteur a de nous mener dans un monde de l'incertitude et de l'énigme.

Alors que le Maître du Haut Château nous interrogeait avec intelligence sur la question de la réalité et de la fiction, plus précisément sur le fait que ce que nous raconte la fiction pourrait être plus vrai que la réalité, ici c'est la question de ce qui constitue l'humanité qui est le thème sous-jacent à toute l'histoire. Et c'est fascinant.

Le récit se déroule un monde « post-apocalyptique », après une guerre nucléaire qui a laissé une Terre dévastée, dont l'atmosphère est envahie de poussière radioactive, dont les effets ont été délétères pour la vie, au point que la majorité de la vie animale a disparu, que les humains rescapés ont émigré sur Mars, ne laissant sur notre planète que ceux qui sont trop déficients ou trop pauvres pour partir. Il y a aussi sur Terre quelques individus chargés de maintenir l'ordre, chargés, au moment où commence le récit, de «retirer » des androïdes de dernière génération, échappés de Mars après avoir tué celles et ceux pour lesquels ils travaillaient.
Parmi ces « justiciers », il y a Rick Deckard, un chasseur de primes, en réalité un tueur professionnel qui espère gagner suffisamment d'argent pour pouvoir s'acheter un vrai animal, alors qu'il ne possède qu'un mouton électrique.
En même temps que de suivre le destin de Rick Deckard, le lecteur suit le parcours d'un « spécial », encore surnommé « tête de piaf », J.R. Isidore, un homme trop atteint par les radiations pour pouvoir se reproduire ou émigrer sur Mars, qui fera la rencontre de quelque uns des androïdes.
Et puis intervient Mercer, une sorte de personnage christique, aux pouvoirs étonnants, auquel les humains humains cherchent à se connecter via une « boîte à empathie ».

Sans entrer dans les détails d'une intrigue qui démarre lentement, puis se dévoile et s'accélère, ce qui m'a beaucoup plu, c'est d'abord le doute et l'incertitude qu'elle installe sur les événements qui se passent, mais surtout les interrogations sur ce qui distingue les androïdes des humains.

Et ce que j'ai trouvé étonnant, et en cela Dick a ce génie qu'ont aussi d'autres auteurs d'anticipation ou de science-fiction (par exemple Jules Verne), c'est l'importance accordée à l'empathie: les humains et les androïdes sont distingués par un test qui permet de définir leur niveau d'empathie; une boîte à empathie permet de fusionner avec le médiateur «divin » Mercer.
Or, nous savons maintenant que l'empathie s'est développée au cours de l'évolution des êtres vivants, considérablement chez les grands primates, et encore plus chez les humains. Et que cette capacité à se mettre à la place de l'autre est liée à l'existence de neurones miroirs, neurones à la base des processus d'imitation, qui s'activent lorsque l'on observe l'autre effectuer une action, comme si on la réalisait soi-même, mais qui aussi, par le biais d'interactions complexes avec d'autres aires de notre cerveau, permettent de ressentir toutes les émotions d'un autre, bref de faire sienne la joie ou la souffrance d'un.e autre.
Mais ici, comme nous sommes dans un roman de Philip K. Dick, un doute apparaît dans la réponse d'une androïde au test d'empathie, et aussi, Rick Deckard se demande s'il n'est pas un androïde auquel on aurait greffé des souvenirs.
Deckard, c'est d'ailleurs l'homme qui doute, qui s'interroge sur sa mission, et qui finira par trouver la paix intérieure, d'accepter sa condition, d'accepter de ne pas tout comprendre, à l'issue d'une expérience quasi mystique. Bref, un anti- héros bien loin des Super-men musclés et invincibles.

Beaucoup d'autres thèmes traversent ce roman, la captation de notre «temps de cerveau disponible » par une télé abrutissante, l'émotion suscitée par l'oeuvre d'art, la question du bien et du mal, et bien d'autres que vous découvrirez en lisant ce beau et subtil récit. J'espère ne vous en avoir pas trop dit.

A noter qu'il y a une postface passionnante d'Etienne Barillier, un spécialiste de l'oeuvre de Philip K. Dick.
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« Le livre culte qui a inspiré les films » dit le bandeau, mais aussi plaisir de lecture dit la critique babeliote!

Nul besoin d'un « orgue d'humeur » pour soigner notre dépression lorsqu'on a de bons livres à sa disposition, mais comme pour les « notes » de l'orgue de Philip K. DIck, on choisit ses livres en fonction des besoins du moment. Après une éprouvante lecture portant sur la vieillesse, j'avais bien besoin d'une évasion dans un monde imaginaire…

Non pas que ce livre soit joyeux, loin de là, dans ce monde post-apocalyptique, les personnages sont aux prises avec leurs tourments intérieurs. Ils s'interrogent sur le bien et du mal, sur l'éthique et l'essence de la vie et de l'humanité (sans compter les androïdes et les moutons électriques…)

Ce qui rassure et apporte un peu de confiance en l'humanité, c'est la capacité d'empathie. Cette qualité qui permet de ressentir un peu ce que ressent l'autre, n'est-ce pas la faculté que nous exerçons en tant que lecteur? Si la magie de la littérature qui nous permet de vivre d'autres vie, n'est-ce pas grâce à une sorte d'empathie?

L'autre qualité humaine essentielle, c'est l'irrationnel, cette capacité de faire des erreurs et de recommencer. Et malgré mes erreurs humaines, je recommencerai demain une nouvelle critique…
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Blade Runner est de ces romans qui vous laissent perplexe après avoir achevé la lecture, avec la conviction que l'on n'a pas terminé d'y penser, encore et encore...
Rick Deckard est donc dans ce roman principalement défini par sa tâche, métier qu'il effectue par passion, au point de ne pas avoir voulu émigrer sur Mars, par exemple, même si l'Etat lui avait fourni gratuitement un androïde pour ce faire. Les androïdes, il les "réforme", c'est-à-dire platement qu'il les tue, lorsqu'ils entrent illégalement sur Terre. Nous sommes sur Terre dans un monde situé temporellement dans les années 2000 (sachant que le roman a été publié en 1968), un monde totalement démoli par les guerres et l'usage de l'arme atomique. Les humains qui n'ont pas encore émigré sont, pour quelques-uns, "normaux", pour d'autres "spéciaux" (en-dessous du niveau intellectuel requis), jugés trop abîmés par les radiations et la "poussière". Tous vivent ou survivent dans des immeubles désespérément vides, parfois totalement décatis, les meubles et objets inutiles s'accumulant et tombant eux-mêmes en poussière.

On ne sait pas réellement pourquoi les androïdes sont jugés si dangereux et hors-la-loi, sinon lorsqu'ils se révoltent et tuent des humains pour espérer échapper à la servitude et vivre une vie normale. Ils sont de toute façon considérés comme des sous-hommes, inférieurs même aux animaux, qui du reste ont pour l'essentiel disparu et sont jugés infiniment précieux. Les clins d'oeil à l'éthique des robots selon Isaac Asimov ne manquent pas (une des fondations fabriquant les robots est nommée Asimov). Les ennuis de Rick Deckard commencent lorsqu'une nouvelle gamme de robot, les Nexus-6, dont le cerveau approche encore plus celui des humains, a vu le jour et fait des siennes : huit androïdes se sont échappés de Mars pour se réfugier sur Terre. Rick en a la liste et doit tous les réformer.

L'ennui : ils sont si perfectionnés que seul le test Voigt-Kampff, qui décèle spécifiquement l'empathie, peut les identifier - oui, car on ne tue pas les robots directement, il existe toute une procédure pour les détecter formellement, en toute légalité. Or, la première fois qu'il effectue le test, Rick est trompé par une androïde présentée comme humaine, Rachel Rosen, de la fondation qui a créé les Nexus-6. Il accepte son aide pour retrouver les androïdes restants, et se sent rapidement attiré par la jeune femme. Ainsi, se rapprochant d'une androïde, il est gagné par le doute et commence à désespérer de tout.

Ce roman est si riche qu'il est difficile de tout mentionner : il reste pourtant la passion de Dick pour les animaux vivants, et non les ersatz électriques, passion qui jalonne solidement l'intrigue, se révélant parfois un point faible, parfois une récompense pour ses efforts. En filigrane, une réflexion sur la religion est menée, à travers le mercérisme, qui se pratique à l'aide d'une "boîte à empathie", permettant en quelque sorte de vivre le chemin de croix d'une figure christique au rabais, Mercer. Ayant lu auparavant le Maître du Haut-Château, je ne pense pas m'avancer trop en notant des thèmes récurrents : l'existence d'un homme essentiel qui pourrait détenir une vérité, ainsi qu'un "outil" qui sert à déchiffrer les rapports humains, que ce soit le Yi-King dans le Maître du Haut-Château, ou l'Argus des animaux dans Blade Runner.

C'est un livre que j'ai dévoré, et un coup de coeur, et de toute façon un pilier de la culture populaire, ne serait-ce que par le film de Ridley Scott (une des raisons pour lesquelles j'ai voulu lire Philip K. Dick est le fait que presque tous ses ouvrages aient été adaptés au cinéma).
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Sur une Terre polluée, où l'humanité survit avec de très rares et donc très chers animaux de compagnie côtés à l'argus, 8 androïdes sont pourchassés par le blade runner Rick Deckard. le récit pourrait se résumer à une traque mais il va bien au-delà.

Cela fait plaisir de retrouver P.K.Dick. Bien que ce roman soit moins approfondi que son chef d'oeuvre"Ubik", il conserve les obsessions de son auteur: deux mondes parallèles, l'un virtuel, l'autre (peut-être) réel, des rapports conflictuels avec l'alter ego féminin, quelques addictions par-ci par-là et un pessimisme bien réel.

Ce qui frappe c'est d'abord la vision du monde. 50 ans après sa rédaction, le roman, qui décrit une vie terrestre de plus en plus compliquée, semble rattraper notre réalité. Les animaux sont tous morts ou presque. Ce qui fait la valeur des vivants. Si bien qu'il n'est pas seulement le point de vue économique à prendre en compte: on en arrive à attribuer un prix exorbitant à la vie.

Et puis le meurtre est autorisé. Rick Deckard est un policier employé pour tuer. Uniquement des robots mais tellement développés qu'ils se confondent parfaitement à la population faite de chair, d'os et d'émotions.

Mais l'androïde n'a pas d'émotions. La détection de ces émotions est au coeur du roman. Si le blade runner n'en décèle aucune chez un individu, il le pulvérise avec son laser.

L'un des conclusions du roman pourrait être philosophique: si les émotions, non feintes, font de nous des êtres humains, à l'avenir, il faudra souhaiter qu'il n'y ait pas de blade runner dans les parages si l'on a un jour sans...
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«Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?»

Quand j'ai vu ce sous-titre au roman Blade Runner, je me suis demandée si c'était une note d'humour de l'auteur. En fait pas vraiment, mais cela résume plutôt bien le roman.

Nous sommes à la fin du XXème siècle et la vie s'éteint peu à peu sur notre planète. En effet, une nouvelle guerre mondiale a eu lieu et laisse chaque jour son souvenir par des dépôts de poussières radioactives. Quotidiennement s'éteignent des espèces animales, et les hommes et femmes qui ne sont pas touchés physiquement ou intellectuellement par les retombées radioactives émigrent vers les colonies de mars ou plus loin encore.

Rick Deckard vit sur Terre avec sa femme et possède un mouton. Posséder un animal, un vrai, est ce qu'il y a de plus précieux, rareté oblige. Mais cela permet aussi de mettre en pratique son empathie et d'apporter ainsi un certain équilibre psychologique à chacun. Mais cela coûte cher et ce n'est pas avec son petit salaire de flic que Deckard peut y subvenir. Il ne peut compter que sur les primes qu'il touche en tant que Blade Runner, lorsque sa mission consiste à repérer et «réformer» des androïdes illégaux - robots perfectionnés à la forme humaine qui ont fui Mars, où ils étaient au service d'humains, pour vivre clandestinement sur Terre. Et les «andros», on ne tombe pas dessus tous les jours. Mais Deckard a de la chance car un groupe a été repéré. Nous allons suivre sa «chasse» tout au long de ce roman...

Concept vraiment intéressant, je comprends qu'il ait inspiré Ridley Scott pour en faire un film, film que je préfère au livre in fine, assez rare en ce qui me concerne pour le souligner, et ce n'est pas QUE parce qu'il y a un certain Harrison Ford dedans, hein...! :)

C'est mon premier roman de Philip K. Dick et je découvre un style très abordable, on a envie de lire la suite car le rythme est soutenu, bien découpé au niveau du chapitrage, il n'y a presque pas de temps morts. L'auteur nous envoie régulièrement sur de fausses pistes qui nous font douter en permanence sur la nature, humaine ou androïde, de certains personnages et j'ai beaucoup aimé également la façon de penser un peu décalée des androïdes qui cherchent à ressembler aux humains.

En revanche, je dois avouer que j'ai été un peu frustrée à certains moments par le manque de détails concernant certains personnages () ou certains renseignements qui tombent du ciel ().

Ensuite, je ne me suis pas du tout attachée au personnage de Rick, personnage ambigu pour moi. Les circonstances de réussite de ses missions ne sont pas flatteuses pour lui tant on a le sentiment que c'est par un coup de chance qu'il réussit, un peu monsieur «je mets dans le mille» un peu par hasard. Et à d'autres moments, il nous envoie des révélations, mais on ne sait pas comment il en est arrivé à cette conclusion. Ce constat n'engage que moi, mais c'est en tout cas ce que j'ai ressenti et cela m'a un peu gênée...

Quant au «mercerisme», je ne suis pas certaine d'en avoir saisi parfaitement le sens et l'intérêt, sorte de culte pratiqué à travers une «boite à empathie» qui favorise l'union entre les hommes par l'esprit... L'empathie, c'est le fil rouge de ce roman, et ce qui distingue les hommes des machines. A noter la scène mémorable de l'araignée qui l'illustre magistralement.

Du bien et du moins bien donc, mais j'admire l'originalité de l'auteur qui m'incite à découvrir ses autres romans, car cela demeure un bon moment de lecture partagée avec mon amie Cricri124, un grand merci à elle pour les échanges.
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Ouf! Il nous emmène loin K.Dick, plus loin que les ténèbres mortifères de la Terre désolée dans laquelle il a jeté son anti-héros, assez loin en tout cas pour me permettre ce petit plaisir masochiste de lecteur de dépasser la zone d'inconfort dans laquelle m'emmène souvent son écriture singulière pour plonger dans l'eau lourde d'une lecture dérangeante, car elle donne le vertige.

C'est abyssal en effet ce qu'on voit dans les yeux d'un mouton électrique, quand on est un flic en charge de "retirer" (douce protection de novlangue pour ne pas dire tuer) les androïdes rentrés clandestinement de Mars, nécessairement inhumains, nécessairement dangereux. La prime en vaut la peine, mais si elle peut lui permettre d'acquérir le rare et cher animal vivant qu'il convoite, le prix à payer est lourd quand la mission se révèle être une confrontation avec ce que ce chasseur de prime a, ou pas, de réellement humain.
Comme souvent avec K.Dick, on bascule sans crier gare d'une perception de la réalité à une autre, au point que les frontières se brouillent entre l'humanité du chasseur et celle des androïdes, humanité que la seule empathie se révèle insuffisante à définir.
Le roman est lourd, noir et le propos désespérant, à l'image de ce personnage en déliquescence qui se retrouve comme un Sisyphe absurde à recevoir ses pierres dans un désert sans vie. Et sa portée, dans le contexte actuel ou la technologie brouille les sensations cognitives et envisage la digitalisation de l'homme-dieu, n'en a que plus de poids aujourd'hui.
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"Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" est une merveille et montre décidément la grande diversité du genre de la science-fiction, dans laquelle on trouve aussi bien des romans d'anticipation, tels que "1984", des romans jeunesse distrayants, tels que le premier tome des "Jeux de la Faim" ( le titre reste généralement en anglais, même dans les éditions traduites ) ou encore des contes philosophiques, tels que "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?"
C'est plutôt une manière de conte philosophique sur la nature humaine et la différence entre les humains et les robots, plus que jamais actuelle à l'heure où les appareils informatiques commencent à prendre une apparence de plus en plus humaine.
Et un texte d'une rare profondeur et d'une grande puissance.
L'écriture de K. Dick est efficace, simple et puissante de par sa simplicité.
Le texte est profond, pour les raisons dont j'ai parlé plus haut ; parce qu'il constitue une réflexion tout à fait intéressante et tout à fait pertinente sur la nature humaine.
L'histoire est admirable : l'intrigue bien trouvée, l'univers complexe, travaillé, finement élaboré, aucun détail n'étant laissé au hasard.
La fin, surtout, est merveilleuse ; c'est une fin superbe aux pérégrinations de Rick Deckard.
L'imagination de K. Dick est immense, mais il ne se laisse pas déborder par elle : chaque détail est à sa place, et aucun n'est de trop.
Ce roman a été fait d'une main d'orfèvre : chaque détail, chaque mot, chaque scène est précisément à sa place.
Et c'est ce que j'ai le plus aimé, ce qui fait l'étonnante cohérence d'un roman et ce qui permet à Philip K. Dick d'y mettre tant d'art, de nous faire progresser dans ce récit étonnant, jusqu'à la fin… Et quelle fin, je l'ai déjà dit !...
Un coup de coeur.
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Encore un grand classique de la SF, que je n'avais jamais lu jusqu'à cet été. J'ai vu le film de Ridley Scott il y a très longtemps, trop longtemps pour je sois gênée par une éventuelle comparaison avec le roman. Comme souvent avec une adaptation, le film comporte forcément des éléments du roman mais parvient à s'éloigner de la version de l'écrivain, sans trahir l'oeuvre.
Du coup, le livre a gardé sa fraîcheur pour moi, car je ne m'attendais pas à certaines péripéties ni à cette fin.
Cette vision du futur est-elle toujours crédible ? D'une certaine façon, oui. Et un peu comme avec Je suis une légende, j'ai trouvé le roman glaçant et le portrait de l'humanité cependant conforme à ce que je pourrais imaginer, moi aussi (car je suis de nature très pessimiste concernant le genre humain,hum...). Mais le thème est bien différent de celui du roman de Matheson. Ici, il s'agit d'une autre créature qui ne cesse de fasciner écrivains et cinéastes : les machines, les robots. Les androïdes de Dick représentent la forme la plus aboutie de la machine : ils ressemblent en tout point à des humains. Leur manquent l'émotion, l'empathie, d'où la nécessité de faire passer des tests pour traquer ces Nexus. Mais le héros solitaire de Dick manque pourtant singulièrement d'empathie lui aussi; Alors que faut-il en conclure ? Qui est un androïde, qui ne l'est pas ? le personnage de la cantatrice m'a semblé aussi important que celui de Deckard pour appréhender cette frontière ténue. Enfin, j'ai apprécié les références aux animaux disparus, aux laissés-pour-compte de la société qui vivent dans les endroits pollués. Sur ces deux points, ce n'est plus de la SF, nous y sommes...
Ma première rencontre avec Dick fut donc extrêmement positive, je récidiverai.
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