IMMORTELLE POÉTESSE
Les mots sont chargés de fantômes, de femmes et de légèreté.
La poésie est énergique, elliptique, fragmentée de tirets.
La nature, immortelle (?), est fleurie, vivante et colorée.
Le temps est à l'évasion, à l'envol, à la fuite, la perte, la disparition; à l'image de l'écriture de la poétesse, il est comme suspendu, sur le fil, car tout est éphémère.
La nuit tombe sur les vivants et un jour elle tombera sur Emily. Alors l'idée d'Éternité se déploie comme pour lutter contre sa condition de mortelle.
Entre extase d'une vivante et angoisse face à la mort, c'est une écriture de l'urgence, de celle qui observe sa vie se resserrer et qui voit pointer inexorablement le Paradis dont elle ne veut pas vraiment passer la porte.
« La Coupable- La Vie ! »
Ces
poèmes, parmi les quelques 1800 écrits au cours de sa vie, ont été composés juste avant qu'elle ne se ferme presque définitivement au monde des vivants, qu'elle ne s'enferme dans la maison familiale d'Amherst, et devenir à jamais « la reine recluse ».
Emily Dickinson, figure mystérieuse, déploie un langage poétique unique, hors des conventions, porté par une sensibilité épousant remarquablement la vie dans sa fragilité, sa fugacité, mais aussi sa beauté.
Sa poésie est à son image: secrète, parfois insaisissable, mais libre.
Le poème est un refuge face à l'inéluctable temps qui passe.
Le poème est un confident idéal renfermant à jamais dans ses mots et ses silences, cet esprit et ce coeur animés par l'idée d'être «
du côté des mortels ».