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"La Défaite des idoles est un polar enlevé et violent, qui coche toutes les cases du genre noir avec des flics désespérés et au bout du rouleau, des ex-flics pourris, des trafiquants des cités du 93, jeunes, doués, mauvais comme pas possible, des truands de l'île de Beauté, vieux et aguerris, un gang d'Albanais teigneux, des officines privées qui recyclent des flics à la retraite, vivent de la prostitution et de la drogue, des immersions dans des machinations politiques dingues qui paraissent très crédibles quand on connaît un peu l'affaire Sarkozy-Kadhafi. La collusion entre aventuriers internationaux et caisses noires de parti politique est détaillée, de même que le récit compliqué de l'élimination des traces des pétrodollars libyens qui ont abondé les caisses du parti Les Républicains, à cela s'ajoutent des réseaux djihadistes bien plus intéressés par le trafic de drogue que par l'appel à la guerre sainte.
C'est dire si le roman est riche. Dès le début, on est pris par le tourbillon des événements et la maestria de l'auteur. On le voit à l'aise aussi bien dans les scènes intimistes que dans les reconstitutions épiques comme la mort de Kadhafi, dans les règlements de compte entre malfrats que dans la plongée dans l'univers mental d'une flique, la capitaine Laurence Verhaeghen, qui prend très à coeur son métier, ou plutôt sa carrière, au risque de sa vie et de celle de son enfant.
Bon, tout cela ne va pas sans certains excès, et lire que la capitaine tabasse les gens qu'elle interroge dans leur propre bureau, ou qu'un commissaire d'un autre service la fait tabasser par ses sbires avant de l'enrôler, laisse un peu dubitatif, mais ça n'empêche pas de continuer à tourner les pages.

Car c'est aussi une écriture qui tabasse, elle est nerveuse, épurée, riches de détails sordides parfois, avec des effets de style assez réussis. Elle fait fortement penser à Ellroy, on y trouve la même méchanceté, la même violence, des personnages aussi déjantés, une histoire très politique, des politiques obnubilés par leur seule carrière.
Personne n'en réchappe, la droite est bien dans le collimateur avec ses hommes de main qui veulent récupérer encore plus d'argent libyen et surtout supprimer toutes les preuves, mais la gauche et ses réseaux savent aussi y faire question collusion, manipulation, extorsion de fonds. (...)
Bref un très bon polar, qui fait suite d'ailleurs à La Sirène qui fume, qui avait été remarqué en son temps."
François Muratet pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/la-d..
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Suite de "La sirène qui fume", et l'on retrouve Kertesz et Verhaeghen en Octobre 2011, alors que la campagne présidentielle débute en France et que la Libye sombre dans le chaos. Deux événements qui s'entrechoquent, et dans les coulisses desquels Kertesz et Verhaeghen vont se croiser et se perdre.

Impossible de résumer ce gros polar politique qui met en scène de multiples personnages réels, de Guéant à Kadhafi, en passant par Squarcini, Merah, Djourhi et tant d'autres. Benjamin Dierstein s'empare de sujets aussi multiples et lourds que les ambitions électorales, le trafic de drogue, le terrorisme islamiste, le financement libyen, la guerre des polices, les mafias corse et albanaise, les caïds des cités etc., pour en faire un récit aux nombreuses intrigues complexes, mais toujours habilement maîtrisées. S'y ajoutent une histoire d'amour douloureuse et un gros trauma de jeunesse (qui m'a semblé maladroitement amené et finalement inutile, mais c'est mon seul reproche), et on obtient un polar haut de gamme, qui ne prend pas son lecteur pour un imbécile, et l'éclaire même sur certaines magouilles de la Sarkozie qui ne peuvent que susciter (voire confirmer) le dégoût.
Forcément, c'est très noir et très violent, l'auteur nous fait entrer dans les corps et les cerveaux épuisés de deux obsessionnels qui ne craignent pas de tout sacrifier pour atteindre leurs buts, et par son écriture obsédante, il place le lecteur dans la même situation : on se sent prêt à tout sacrifier pour terminer ce roman, tant l'histoire est palpitante, tant le style est nerveux et haletant. Une fois encore, Dierstein se hisse à la hauteur de James Ellroy et David Peace, et c'est un bonheur total pour tout amateur de polars hallucinés dont on ne sort que le souffle coupé.

Lire ce roman, et toute la trilogie impitoyable dans laquelle il s'inscrit, est donc une expérience éprouvante, mais ô combien formidable ! Alors, si vous aimez les romans fiévreux et hargneux, n'hésitez pas un instant, débranchez le téléphone, préparez-vous du café bien noir, et immergez-vous dans l'univers sordide et désespéré de l'une des meilleures séries policières françaises actuelles (et sans doute la seule conséquence positive des années Sarko).
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Polar noir de chez noir où toutes les facettes du genre se trouvent entremêlées.
En pleine campagne présidentielle qui verra s'affronter, d'un côté N. Sarkozy, président sortant et F. Hollande prétendant au sacre, Laurence Verhaeghen, capitaine à la brigade criminelle, puis commandante à la DCRI, policière militante soutenant Sarkozy, s'oppose à Christian Kertesz, flic déchu, reconverti dans le grand banditisme.
De son passé, que nous recevons, par-ci, par-là, comme des confessions ou elle rabâche, sans cesse ses malheurs de jeunesse, elle a accumulé un tel sommet de frustrations, qu'elle déteste tout ce qui bouge sur terre et notamment Kertesz qui l'a humiliée du temps où ils étaient dans le même service de police.
Kertesz, lui s'est mué en gros bras de la mafia corse, Messieurs les hommes, le milieu comme on disait à une certaine époque, auquel est venu s'arrimer toute une population de nouveaux vauriens de tous bord dont le seul dieu est l'argent, le fric, le pognon...
Kertesz bras armé des fournisseurs de drogue, cocaïne principalement, mais autres variétés aussi, exécuteur des basses oeuvres, tueur et liquidateur des empêcheurs de fournir en rond.
Pour faire échouer la construction d'un hôtel, Kertesz y est dépêché pour tout casser. Une bavure et un tué mettront Verhaeghen sur la piste de celui-là, persuadée qu'elle est que c'est sa responsabilité.
S'ensuivra une course poursuite à multiples rebondissements et une haine féroce de l'autre.
L'auteur, B. Dierstein réalise, ici, un roman allant à cent à l'heure avec une époque 2011/2012 où l'on verra le monde bouger, les printemps arabes, la chute et la mort de certains responsables politiques, dont Kadhafi qui est accusé d'avoir financé la campagne de Sarkozy en 2007.
Le panier de crabes y va de fausses nouvelles, fausses accusations, mais quel que soit le camp de faire chuter l'autre en ajoutant une couche après une couche.
Le lecteur est épuisé par le changement continuel de rythme, les poursuites, les nuits sans sommeil, les coups de revolver ou autres joyeusetés, les abus de caféine, les poursuites en voiture, les modes de transports, bateaux, avions ainsi qu'une violence volontaire et malsaine.
Tout est bon pour arriver à ses fins, coups et blessures, chantage, vol, mensonges, exécutions, magouilles et corruption.
Et on voyage, Lybie, Autriche, Belgique, Albanie, Sahara pour faire coucou aux Touaregs et en France bien entendu. Mais ici les voyages sont mortifères et ne forment pas vraiment la jeunesse.
Un livre qui se lit d'une traite.
Âme sensible s'abstenir.
Je remercie Babelio pour cette masse critique ainsi que les éditions Points Policier pour l'envoi de ce livre.
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Clinique.
Incisif.
Percutant.
Étouffant.
Ancré dans notre Histoire.
Flics déchus, services de renseignement politisés.
Grand banditisme, politique.
Grand banditisme, terrorisme.

Tu ne sais pas encore où tu mets les pieds. Attention lecteur, Benjamin DIERSTEIN aime le noir et la violence.
Entamer "La défaite des idoles" équivaut à entrer dans une ruelle sinistre en pleine obscurité.
Maintenant que tu y es, soit méfiant, un pied après l'autre, les paragraphes s'enchainent.
N'aie pas peur cher lecteur, tu vas prendre ton pied.

Verhaegen, officier de police traînant sa haine et son désir de reconnaissance, veut à tout prix coincer Kertesz, ancien collègue, dorénavant au service des corses dans le grand banditisme, et d'une société de renseignements privée qui pratique occasionnellement l'espionnage industriel.

En plein coeur de l'élection présidentielle en France de 2012 et la mort de Kadhafi, ex dirigeant de la Lybie, les services de renseignements français utilisent leur arme de prédilection, à savoir l'information, pour faire pencher la balance du côté de Sarkozy ou du côté d' Hollande, selon le parti soutenu.

Tous les coups sont permis, ou presque, dans ce jeu de pouvoir, qui couronnera le futur président de la République française.

Récit de fiction, alimenté par des informations précises et réelles, tu seras happé dans les rouages de ce thriller politique teinté de pourpre. La suite de "La Sirène qui fume" est un roman coup de poing, à l'ambiance aussi noire et explosive que la série Braquo.
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La défaite des idoles m'a impressionné par certains côtés. Une documentation très foisonnante (googelez les noms du livres et vous verrez !), une intrigue complexe à souhait, une ambiance glauque comme on aime (...du moins dans les livres). C'est un pavé mais franchement cela se lit très bien. Et puis le livre donne à réfléchir sur pas mal de choses. Ici il est beaucoup question du potentiel financement de la campagne de Sarkozy par la Libye, mais le livre va au-delà de cela.
Ce qui m'a un peu moins emballé c'est l'extrême complexité du livre, il faut franchement suivre et j'étais parfois un peu perdu. Par ailleurs il y a un petit côté "tous pourris" qui ne m'emballe pas, même si je sais gré à l'auteur du livre de s'attacher à montrer la complexité des choses...Et enfin je trouve l'écriture un peu inégale. Parfois banale mais servant parfaitement le récit, et parfois un peu moins probante à mon goût. Pour parodier :
il tire
bing !
un souffle...
Il s'effondre.
Elle hurle.
Très fort.
Un deuxième coup de feu
Derrière elle quelqu'un qui s'effondre.
En hurlant...
Bref vous voyez le genre, dans le feu d'une scène d'action pourquoi pas. Mais bon...Et puis signalons, à toute fin utile, que le livre est particulièrement violent. L'adaptation du livre serait plus proche de Tarantino que de Gandhi !
L'héroïne du livre a parfois le moral dans les chaussettes, mais le lecteur n'en est parfois pas loin.
Quoi qu'il en soit
un livre...
riche et foisonnant...
un livre...
qu'on lira...
Avec plaisir et intérêt.
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Trash et déjanté sont les deux qualificatifs pouvant désigner l'ensemble de l'oeuvre de Benjamin Dierstein et plus particulièrement sa trilogie policière débutant notamment avec La Sirène Qui Fume qui nous plongeait dans les méandres du milieu de la prostitution et plus particulièrement d'un réseau d'escort-girls mineures, victimes d'un tueur sadique laissant toute une série de cadavres démembrés derrière lui. Il faut bien avouer que l'on était secoué par la violence qui émergeait d'un texte imprégné d'une énergie brute alimentant le périple halluciné d'un duo d'enquêteurs dévoyés dont les péripéties se succédaient au rythme infernal de leurs investigations se heurtant parfois de plein fouet en faisant émerger leurs dissensions respectives. Second volet de cette trilogie, on retrouve avec La Défaite Des Idoles le lieutenant Christian Kertesz tandis que la capitaine Laurence Verhaeghen, personnage secondaire du roman précédent, occupe désormais le devant de la scène en donnant une dimension plus politique au récit se situant durant la période électorale de 2012 où François Hollande, chef de file du Parti Socialiste, défiait le président en place Nicolas Sarkozy alors qu'émergeait les affaires de financement occulte de la campagne électorale alimentée par des fonds en provenance du pouvoir lybien.

France, octobre 2011. Même s'il a été acquitté des charges de corruptions qui pesaient sur lui, le lieutenant Christian Kertesz a préféré démissionner en évitant ainsi le risque de nouvelles enquêtes diligentées à son encontre par l'Inspection Général des Services de police. Déchu de ses prérogatives, il travaille désormais à plein temps pour le compte du Milieu corse avec lequel il s'était lié durant ses années au sein de la police judiciaire. Outre la remise à flot d'un trafic de cocaïne, Kertesz doit espionner, pour le compte d'une entreprise de sécurité privée, les dessous d'une multinationale qui souhaite s'implanter en Lybie alors que le pays est en pleine ébullition depuis la chute de son leader Mouammar Kadhafi. C'est dans ce contexte explosif que se déroulent la campagne présidentielle qui oppose François Hollande au président sortant Nicolas Sarkozy et que la capitaine Laurence Verhaegen, proche des hauts dirigeants Sarkozystes implantés au sein des états-majors de la police, enquête sur un meurtre qui va la mettre sur la piste de son ancien collègue Christian Kertesz en lui permettant de se confronter à d'autres policiers dont elle s'est jurée d'avoir la peau. Sur fond de rivalités entre deux courants politiques qui se livrent une lutte à mort pour accéder au pouvoir et aux hautes instances policières, Kertesz et Verhaegen vont s'affronter tout en soulevant des affaires peu reluisantes de corruption qui laminent les institutions du pays.

La Défaite Des Idoles fait référence à la chute de Mouammar Khadafi dont on découvre les péripéties de son exécution qui fait office de prologue à une intrigue sur laquelle plane l'ombre omniprésente de Nicolas Sarkozy, l'autre personnalité adulée, parfois idolâtrée, par un grand nombre de membres des forces de police française avec une hiérarchie noyautée par ses fervents partisans placés durant son mandat comme ministre de l'Intérieur qui lui servit de tremplin pour la conquête du pouvoir. C'est ce vacillement du pouvoir en place que l'on va observer durant la période électorale de 2012 où l'on découvre les mécanismes de corruption avec la Lybie afin d'alimenter les comptes de la campagne présidentielle de l'UMP. On distingue ainsi le télescopage de ces deux destinées au gré d'une intrigue construite sur la dualité entre les deux personnages centraux que sont l'ex lieutenant Christian Kertesz et la capitaine Laurence Verhaegen avec une alternance des investigations qui vont les conduire, parfois à leur corps défendant, à côtoyer toute une série de personnalités inquiétantes que sont les mercenaires, hommes d'affaire et politiciens de haut rang qui ont trempé dans le cloaque de ces connexions libyennes plus que douteuses. L'intérêt de ce roman énergique réside bien évidemment dans l'aspect réaliste des événements que Benjamin Dierstein égrène notamment par l'entremise des dépêches qui jalonnent l'ensemble d'un récit extrêmement complexe au cours duquel l'on pourrait aisément se perdre s'il n'y avait pas cette rigueur omniprésente qui nous ramène dans le fil de l'intrigue. On appréciera également la folie et le jusqu'au-boutisme de Kertesz, fou amoureux de Clotilde le Maréchal, "sirène" survivante de l'opus précédent, et dont le parcours semble s'acheminer vers un destin funeste tandis que l'on découvre l'extrême violence mais également la compromission et l'ambition de Verhaegen côtoyant les huiles de la direction de la police à l'instar de Guéant, de Squarcini et de Péchenard qui évoluent désormais dans un climat de fin de règne où tout le monde s'affole face à la montée en puissance du parti adverse que l'on tente de discréditer à tout prix. Tout cela nous donne un roman dantesque s'imprégnant du réalisme de l'histoire qui se décline au gré d'une intrigue policière et politique d'une puissance peu commune qui dévaste tout sur son passage.

Benjamin Dierstein : La Défaite Des Idoles. Editions Nouveau Monde 2020. Editions Points 2021.

A lire en écoutant : Make It Happen de The Record Compagny. Album : All Of This Life. 2018 Concord Records.

Lien : https://monromannoiretbiense..
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Le premier roman de Benjamin Dierstein voyait l'affrontement homérique entre deux flics : Gabriel Prigent et Christian Kertesz . Exit Prigent , l'ex-flic Kertesz blanchi , voici l'entrée en jeu de la capitaine Laurence Verhaegen .
Le combat sera tout aussi sanglant .

Rappel des forces en présence :
d'un côté un ancien flic de la Brigade de Répression du Proxénétisme , reconverti en gros bras pour la mafia corse et accessoirement enquêteur en Libye pour un ancien barbouze des RG . Fric, trafic de came en tout genre et quelques cadavres sur les bras . Côté sentiment Kertesz est fou amoureux de sa petite sirène qui n'est pas sorti en un seul morceau du précédent épisode .
de l'autre une flic de charme et de choc , syndicaliste typée droite , qui enquête sur une mort suspecte dans un hôtel en réfection où elle place Kertesz d'emblée comme suspect Numéro 1 . Laurence a les dents longues et elle se verrait bien monter en grade rapidement et passer de la Brigade Criminelle à la DCRI en tentant de mettre la main sur des documents compromettants dans les mains d'anciens officiels du régime Kadhafi qui risquerai de mettre en péril l'équipe Sarkozy à l'approche des élections ..

Le contexte géo politique de cette fin 2011 est effectivement en pleine ébullition avec la chute de Kadhadi et les élections présidentielles françaises qui battent leur plein . Tous les coups bas sont permis alors que le business «  as usual «  de la drogue cherche de nouveaux débouchés et que son acheminement se complique avec l'arrivée d'extrémistes islamistes en Afrique de l'Ouest et au Maghreb .
Chacun avance ses pions comme il peut dans cette atmosphère de fin de règne pour le Président Français , certains pontes de la Police et la Françafrique mais avec les premiers crimes des islamistes sur le sol français . Un bouillon incandescent parfaitement indigeste .


Benjamin Dierstein frappe à nouveau très fort avec ce deuxième opus ( il peut se lire indépendamment du premier ) . Roman politico-narco-financier dont les intrigues s'enchainent à vitesse grand V , laissant très peu de temps pour souffler à nos principaux protagonistes comme aux lecteurs - prévoir la dose de caféine adéquate pour tenir le tempo !
On retrouve chez l'auteur , le style et les graines semées par des DOA ( au meilleur de sa forme ) ou Frédéric Paulin , témoins de leur temps et de ses dérives . On sent derrière ces histoires protéiformes un gros travail de recherches et de documentation afin de rendre le récit plausible . Et il l'est ! On y croise une belle brochette de personnages réels qui s'entremêlent avec d'autres de fiction dans une osmose parfaite . En toile de fonds à ses histoires qui dépassent largement les frontières de l'hexagone, on retrouve les clefs de voute des relations entre figures politiques de tout acabit , services secrets , criminels en cols blancs et ceux qui mouillent leurs chemises sur le terrain . Magouilles, corruption , argent sale , gros bras , bras cassés , visages tuméfiés ou de beaux macchabées troués de part en part par quelque arme de poing non identifiée .
Une belle bouillabaisse comme savait si bien la préparer la mère de Michel Morroni .

Un roman terriblement addictif que je recommande !
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20 octobre 2011 : en Syrie, Mouammar Kadhafi vit ses dernières heures …

26 octobre 2011 : à Paris, Christian Kertesz, un flic ripou (voir « la sirène qui fume », premier opus) est libéré de prison, pour vice de procédure. Gabriel Prigent, son ex-collègue, a tout tenté pour faire tomber cet homme cruel et sans scrupules (qui ne s'adoucit qu'en présence de la jeune Clotilde le Marechal …) En vain. Gabriel Prigent est fatigué et dépressif …

Laurence Verhaeghen, de son côté, s'est battue pour arracher le commandement de l'équipe à son rival, Franck Beauvais. Laurence Verhaeghen est une femme dure, froide et brutale, voire violente. Laurence Verhaeghen se bat avec les démons de son enfance. Se bat aussi avec le fantôme de son collègue (Coco) tué en service. Se bat encore avec Océane, sa fille capricieuse … Se bat enfin pour que Nicolas Sarkozy reste au pouvoir dans quelques mois, et que François Hollande se ramasse en beauté …

Magouilles politiques, flics et élus corrompus, grande délinquance. Dossier Karachi, dossier Khadafi : l'argent et le pouvoir demeurent malheureusement les deux fléaux qui dirigent la France, tout comme le reste de la planète ! …

Ce deuxième volet de la trilogie « Échos des années grises » (du Génial Benjamin Dierstein !) est toujours aussi lucide, quant au mauvais état de santé de notre monde. Un monde qui part en sucette : c'est rude, implacable, sans langue de bois et tellement réaliste ! Un gros coup de coeur à nouveau, même si cette (« sombrissime ») lecture fait bien froid dans le dos !
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Au coeur de la police instrumentalisée des années Sarkozy-Valls et des « affaires », une plongée dans trois puissantes trajectoires obsessionnelles de flics sur leurs routes de collision. L'âpreté d'un grand art du choc des mots fiévreux là où il le faut.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/05/11/note-de-lecture-la-trilogie-echos-des-annees-grises-benjamin-dierstein/

Christian Kertesz, gigantesque gaillard rompu à tous les combats possibles ou imaginables, ou presque, a été l'un des meilleurs limiers parisiens de la Brigade de Répression du Proxénétisme. Désormais à la PJ, il fait aisément figure d'âme damnée de Michel Morroni, un vieux de la vieille qui est aussi, « dans le civil », un discret et efficace protecteur et agent d'influence d'un clan corse du grand banditisme.

Gabriel Prigent, ancien de la Légion Etrangère dans sa jeunesse, était l'un des plus brillants éléments de la police nationale à Rennes, avant qu'un drame personnel (dont on apprendra lorsque nécessaire tous les tenants et aboutissants) ne le propulse dans une spirale infernale de rage et de choc avec des collègues moins exigeants en matière d'enquêtes, et ne le recycle plus ou moins habilement au sein de la PJ parisienne.

Laurence Verhaeghen, manoeuvrière suprêmement habile, redoutable manieuse de journalistes et de syndicalistes policiers, est une enquêtrice parfaitement professionnelle, mais aussi dévorée d'ambition, et prête pour cela à bien des subtilités politiques.

Trois personnages d'une puissante épaisseur humaine, dans leurs différences irréductibles. Trois noeuds d'obsessions, bien distinctes mais pareillement dévorantes, in fine. Trois policiers lancés sur de sauvages trajectoires de collision qui emporteront tout ou presque sur leur passage.

Publiés en 2018, 2020 et 2022, chez Nouveau Monde pour « La sirène qui fume » et « La défaite des idoles », puis dans la collection Equinox des Arènes pour « La cour des mirages », ces trois volumes, regroupés sous l'appellation de trilogie « Échos des années grises », et désormais disponibles tous les trois en poche chez Points Policiers, proposent ensemble l'une des plus impressionnantes sagas policières françaises de ces dernières années.

Ce fleuve torrentiel à trois grandes voix intérieures dominant l'ensemble des péripéties nous entraîne d'abord, au premier chef, dans les eaux ô combien fangeuses, au hasard orienté des escales et des ruptures de direction , de la prostitution adolescente et jeune adulte, des réseaux multi-criminels, des chantages et des extorsions tirant parti des vices les moins communément acceptés du personnel politique et économique (on rencontrera ainsi au fil des pages bon nombre des protagonistes les plus notables des faits divers à retentissement politique des années 2008-2013), mais aussi, et c'est certainement là que Benjamin Dierstein révèle toute la capacité de cruauté (sans voyeurisme) de son clavier, de la criminalité pédophile et des enlèvements les plus tragiques d'enfants encore impubères – quelles que puissent en être les inavouables raisons, satisfaction de pulsions ou trafics rémunérateurs, sans qu'aucun complotisme absurde ne soit ici nécessaire, bien évidemment – et comme le notent plusieurs personnages, au passage.

Davantage encore, et comme les meilleurs parmi les romans contemporains de police procedural qui, à travers les flics se cognant ensemble dans les murs individuels et collectifs, décrivent souvent mieux que quiconque le désert du réel, cette formidable trilogie, à l'image des travaux de lointains prédécesseurs tels que Giorgio Scerbanenco ou le couple Sjöwall / Wahloö, dessine tout le paysage socio-politique de l'époque, en saisissant pleinement la rupture sarkozyste – qui poussa sans doute plus loin que quiconque l'instrumentalisation des forces de police et autres « services » autour d'un projet politique personnel à préserver quoi qu'il en coûte – et le choc en retour de la reprise en main hollando-vallsiste, sur fond d'affaires de plus en plus sulfureuses, que la presse d'investigation sérieuse (à laquelle l'auteur rend un hommage appuyé, dans son texte comme dans ses remerciements) soulève le plus souvent bien avant la justice – et dont le retentissement dans notre pays n'est sans doute pas prêt de s'arrêter, malgré la banalisation de ces asservissements politiques. le temps où un Frédéric H. Fajardie, dans sa série construite autour du fictif commissaire Padovani, pouvait évoquer presque en souriant la souplesse de l'échine du mentor du héros, et l'efficacité avec laquelle il maniait ses amitiés, gaullistes autant que socialistes, franc-maçonnes autant que résistantes, semble désormais bien loin – et Benjamin Dierstein témoigne avec un immense brio de cette véritable mutation.

Bien entendu, c'est du côté de James Ellroy et de David Peace, deux admirations revendiquées par l'auteur, que l'on trouvera le plus de résonance. Si la porosité entre la politique et le crime, dans la lignée du « Chicago-Ballade » (voire de l'ensemble de « Politique et crime ») de Hans Magnus Enzensberger, et donc du « Quatuor de Los Angeles » est manifeste, c'est peut-être toutefois dans la trilogie Lloyd Hopkins de l'auteur californien que l'on trouverait une approche aussi paroxystique des fantômes pas toujours très respectables qui hantent l'âme des enquêteurs. Mais l'art rare démontré ici par Benjamin Dierstein dans la traduction en mots fiévreux des obsessions intimes de flics confronté aux démons, les leurs et ceux des autres, n'a sans doute de véritable égal que chez David Peace, dans son « Quatuor du Yorkshire », certainement, mais aussi, et peut-être plus paradoxalement, dans la contagion émotionnelle et langagière qui habite son « Rouge ou mort » pourtant si éloigné en apparence du polar contemporain.

Au service de cette documentation massive qu'il s'agit de transmettre avec grâce (même si quelques menues scories demeurent encore du côté de certaines scènes d'exposition par informateurs interposés), mais surtout du vertige intime de l'obsession dévorante, qu'il s'agit de rendre dans toute sa violence, mais aussi dans toutes ses finesses et ses contradictions, Benjamin Dierstein a su trouver une langue bien particulière. Son maniement affûté et joueur (mais jamais souriant) des répétitions, des litanies, des trébuchements, des murmures intérieurs, des confusions ou bien des mots maladifs, par exemple, crée une grille de rythmes véritablement envoûtants, délétères, vengeurs – qui exaltent les deux ambiances grise et noire qui habitent son texte. Continuellement nimbée d'un humour noir dévastateur, cette exploration réaliste et crue d'un quotidien policier exposé aux dérives qui, du politique, contaminent bientôt l'intime dans des proportions insoupçonnables, s'affirme comme une fresque incontournable de la littérature policière contemporaine – et au-delà.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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2012, presque à 6 mois des élections, l'UMP et le PS, se livre un combat féroce.Sarkozy et Hollande, tous les coups bas sont permis.

C'est dans cette tension extrême, où j'ai retrouvé Christian Kertesz, qui est plus flic, il travaille pour la mafia corse et en même temps dans l'espionnage industriel. Ce n'est plus le même homme, on dirait un rescapé irrécupérable, qui joue sa vie à la roulette russe, l'argent est devenu son appât, la corruption, la malversation, le chantage, les sales combines, la drogue et les go fast, son gagne-pain, et tout cela sous fond de rail de coke et de médocs, quand le moral et au plus bas et que les affaires ne fonctionne pas comme il le faudrait.

Comme la red bull, ça lui donne des ailes et de l'entrain et c'est reparti pour un tour, il est au max. Il joue sa vie chaque jour, mais il s'en moque, car il fait tout cela pour sa belle sirène Clothilde. L'amour qui le rend toqué, aveuglé, drogué, il ne vit qu'au gré de ses émotions, de ce qu'il ressent pour elle, vraiment, c'est un homme à la dérive, dans une spirale infernale où la descente va le fracasser totalement.

Puis il y a Laurence Verhaeghen, capitaine de la Brigade Criminelle de Paris, ultra fan de Sarkozy, qui retrouve l'ancienne gloire des stups Christian et autant dire qu'entre ses deux-là, va se jouer un véritable duel à mort, où la corruption fait rage, où chacun va y laisser ses plumes, les deux sont déterminées, têtue, coriaces et prêtes à tout.

Ce deuxième roman de l'auteur et tout aussi fracassant que le premier " La sirène qui fume ", ici à nouveau, il est question de grosses magouilles, de drogues, d'argent sale, de chantage, de coups bas, de corruptions, des politiciens qui trempent dans de sales affaires, sous couvert et protéger par de hautes instances policières pour faire leur sale combine, bien comme il faut, sans oublier ce trafic de drogue rondement mené entre mafia corse, albanaise.

On n'est pas dans un polar politique où l'auteur s'amuserait à pointer du doigt les failles politiques, mais je dirais plutôt qu'il nous dépeint de quoi certains hommes politiques sont capables de faire pour accéder au pouvoir, télévision, journaux, réunion, chantage, rancune, et bien d'autres choses qui rythment le quotidien de ses hommes-là.

Avec brio, l'auteur aborde divers thèmes tous en corrélation les uns des autres : trafics de drogue, go fast, caïd de cité, chantage, menace, pouvoir, règlements de compte, faux documents, financement frauduleux, arrestations, fausses preuves, espionnage, mail, et tout un tas de choses qui gravite à travers chaque chapitre du roman.

L'auteur tape fort, son écriture est percutante et frappe juste, rien n'est laissé au hasard, tout et bien maîtrisé. Bien sûr, ça cogne, c'est addictif et incisif dans ce roman, et surtout tout et dans le titre.

Je continue ma lecture avec " La cour des mirages ".

C'est un deuxième coup de coeur." Plus un gars flambe dans la victoire, plus il a peur de la défaite."
Michel Novak
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