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EAN : 9782757887370
720 pages
Points (11/03/2021)
4.2/5   85 notes
Résumé :
Octobre 2011 : ancienne gloire des Stups de Paris, le policier déchu Christian Kertesz est recruté par des truands corses pour relancer un trafic de cocaïne. En parallèle, il espionne pour une société de renseignement privée le haut responsable d'une multinationale du BTP afin de l'écarter d'un marché prometteur en Libye. Le pays est en pleine ébullition ; Kadhafi vient d'être renversé et tué.

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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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"La Défaite des idoles est un polar enlevé et violent, qui coche toutes les cases du genre noir avec des flics désespérés et au bout du rouleau, des ex-flics pourris, des trafiquants des cités du 93, jeunes, doués, mauvais comme pas possible, des truands de l'île de Beauté, vieux et aguerris, un gang d'Albanais teigneux, des officines privées qui recyclent des flics à la retraite, vivent de la prostitution et de la drogue, des immersions dans des machinations politiques dingues qui paraissent très crédibles quand on connaît un peu l'affaire Sarkozy-Kadhafi. La collusion entre aventuriers internationaux et caisses noires de parti politique est détaillée, de même que le récit compliqué de l'élimination des traces des pétrodollars libyens qui ont abondé les caisses du parti Les Républicains, à cela s'ajoutent des réseaux djihadistes bien plus intéressés par le trafic de drogue que par l'appel à la guerre sainte.
C'est dire si le roman est riche. Dès le début, on est pris par le tourbillon des événements et la maestria de l'auteur. On le voit à l'aise aussi bien dans les scènes intimistes que dans les reconstitutions épiques comme la mort de Kadhafi, dans les règlements de compte entre malfrats que dans la plongée dans l'univers mental d'une flique, la capitaine Laurence Verhaeghen, qui prend très à coeur son métier, ou plutôt sa carrière, au risque de sa vie et de celle de son enfant.
Bon, tout cela ne va pas sans certains excès, et lire que la capitaine tabasse les gens qu'elle interroge dans leur propre bureau, ou qu'un commissaire d'un autre service la fait tabasser par ses sbires avant de l'enrôler, laisse un peu dubitatif, mais ça n'empêche pas de continuer à tourner les pages.

Car c'est aussi une écriture qui tabasse, elle est nerveuse, épurée, riches de détails sordides parfois, avec des effets de style assez réussis. Elle fait fortement penser à Ellroy, on y trouve la même méchanceté, la même violence, des personnages aussi déjantés, une histoire très politique, des politiques obnubilés par leur seule carrière.
Personne n'en réchappe, la droite est bien dans le collimateur avec ses hommes de main qui veulent récupérer encore plus d'argent libyen et surtout supprimer toutes les preuves, mais la gauche et ses réseaux savent aussi y faire question collusion, manipulation, extorsion de fonds. (...)
Bref un très bon polar, qui fait suite d'ailleurs à La Sirène qui fume, qui avait été remarqué en son temps."
François Muratet pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/la-d..
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Suite de "La sirène qui fume", et l'on retrouve Kertesz et Verhaeghen en Octobre 2011, alors que la campagne présidentielle débute en France et que la Libye sombre dans le chaos. Deux événements qui s'entrechoquent, et dans les coulisses desquels Kertesz et Verhaeghen vont se croiser et se perdre.

Impossible de résumer ce gros polar politique qui met en scène de multiples personnages réels, de Guéant à Kadhafi, en passant par Squarcini, Merah, Djourhi et tant d'autres. Benjamin Dierstein s'empare de sujets aussi multiples et lourds que les ambitions électorales, le trafic de drogue, le terrorisme islamiste, le financement libyen, la guerre des polices, les mafias corse et albanaise, les caïds des cités etc., pour en faire un récit aux nombreuses intrigues complexes, mais toujours habilement maîtrisées. S'y ajoutent une histoire d'amour douloureuse et un gros trauma de jeunesse (qui m'a semblé maladroitement amené et finalement inutile, mais c'est mon seul reproche), et on obtient un polar haut de gamme, qui ne prend pas son lecteur pour un imbécile, et l'éclaire même sur certaines magouilles de la Sarkozie qui ne peuvent que susciter (voire confirmer) le dégoût.
Forcément, c'est très noir et très violent, l'auteur nous fait entrer dans les corps et les cerveaux épuisés de deux obsessionnels qui ne craignent pas de tout sacrifier pour atteindre leurs buts, et par son écriture obsédante, il place le lecteur dans la même situation : on se sent prêt à tout sacrifier pour terminer ce roman, tant l'histoire est palpitante, tant le style est nerveux et haletant. Une fois encore, Dierstein se hisse à la hauteur de James Ellroy et David Peace, et c'est un bonheur total pour tout amateur de polars hallucinés dont on ne sort que le souffle coupé.

Lire ce roman, et toute la trilogie impitoyable dans laquelle il s'inscrit, est donc une expérience éprouvante, mais ô combien formidable ! Alors, si vous aimez les romans fiévreux et hargneux, n'hésitez pas un instant, débranchez le téléphone, préparez-vous du café bien noir, et immergez-vous dans l'univers sordide et désespéré de l'une des meilleures séries policières françaises actuelles (et sans doute la seule conséquence positive des années Sarko).
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Polar noir de chez noir où toutes les facettes du genre se trouvent entremêlées.
En pleine campagne présidentielle qui verra s'affronter, d'un côté N. Sarkozy, président sortant et F. Hollande prétendant au sacre, Laurence Verhaeghen, capitaine à la brigade criminelle, puis commandante à la DCRI, policière militante soutenant Sarkozy, s'oppose à Christian Kertesz, flic déchu, reconverti dans le grand banditisme.
De son passé, que nous recevons, par-ci, par-là, comme des confessions ou elle rabâche, sans cesse ses malheurs de jeunesse, elle a accumulé un tel sommet de frustrations, qu'elle déteste tout ce qui bouge sur terre et notamment Kertesz qui l'a humiliée du temps où ils étaient dans le même service de police.
Kertesz, lui s'est mué en gros bras de la mafia corse, Messieurs les hommes, le milieu comme on disait à une certaine époque, auquel est venu s'arrimer toute une population de nouveaux vauriens de tous bord dont le seul dieu est l'argent, le fric, le pognon...
Kertesz bras armé des fournisseurs de drogue, cocaïne principalement, mais autres variétés aussi, exécuteur des basses oeuvres, tueur et liquidateur des empêcheurs de fournir en rond.
Pour faire échouer la construction d'un hôtel, Kertesz y est dépêché pour tout casser. Une bavure et un tué mettront Verhaeghen sur la piste de celui-là, persuadée qu'elle est que c'est sa responsabilité.
S'ensuivra une course poursuite à multiples rebondissements et une haine féroce de l'autre.
L'auteur, B. Dierstein réalise, ici, un roman allant à cent à l'heure avec une époque 2011/2012 où l'on verra le monde bouger, les printemps arabes, la chute et la mort de certains responsables politiques, dont Kadhafi qui est accusé d'avoir financé la campagne de Sarkozy en 2007.
Le panier de crabes y va de fausses nouvelles, fausses accusations, mais quel que soit le camp de faire chuter l'autre en ajoutant une couche après une couche.
Le lecteur est épuisé par le changement continuel de rythme, les poursuites, les nuits sans sommeil, les coups de revolver ou autres joyeusetés, les abus de caféine, les poursuites en voiture, les modes de transports, bateaux, avions ainsi qu'une violence volontaire et malsaine.
Tout est bon pour arriver à ses fins, coups et blessures, chantage, vol, mensonges, exécutions, magouilles et corruption.
Et on voyage, Lybie, Autriche, Belgique, Albanie, Sahara pour faire coucou aux Touaregs et en France bien entendu. Mais ici les voyages sont mortifères et ne forment pas vraiment la jeunesse.
Un livre qui se lit d'une traite.
Âme sensible s'abstenir.
Je remercie Babelio pour cette masse critique ainsi que les éditions Points Policier pour l'envoi de ce livre.
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Clinique.
Incisif.
Percutant.
Étouffant.
Ancré dans notre Histoire.
Flics déchus, services de renseignement politisés.
Grand banditisme, politique.
Grand banditisme, terrorisme.

Tu ne sais pas encore où tu mets les pieds. Attention lecteur, Benjamin DIERSTEIN aime le noir et la violence.
Entamer "La défaite des idoles" équivaut à entrer dans une ruelle sinistre en pleine obscurité.
Maintenant que tu y es, soit méfiant, un pied après l'autre, les paragraphes s'enchainent.
N'aie pas peur cher lecteur, tu vas prendre ton pied.

Verhaegen, officier de police traînant sa haine et son désir de reconnaissance, veut à tout prix coincer Kertesz, ancien collègue, dorénavant au service des corses dans le grand banditisme, et d'une société de renseignements privée qui pratique occasionnellement l'espionnage industriel.

En plein coeur de l'élection présidentielle en France de 2012 et la mort de Kadhafi, ex dirigeant de la Lybie, les services de renseignements français utilisent leur arme de prédilection, à savoir l'information, pour faire pencher la balance du côté de Sarkozy ou du côté d' Hollande, selon le parti soutenu.

Tous les coups sont permis, ou presque, dans ce jeu de pouvoir, qui couronnera le futur président de la République française.

Récit de fiction, alimenté par des informations précises et réelles, tu seras happé dans les rouages de ce thriller politique teinté de pourpre. La suite de "La Sirène qui fume" est un roman coup de poing, à l'ambiance aussi noire et explosive que la série Braquo.
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Trash et déjanté sont les deux qualificatifs pouvant désigner l'ensemble de l'oeuvre de Benjamin Dierstein et plus particulièrement sa trilogie policière débutant notamment avec La Sirène Qui Fume qui nous plongeait dans les méandres du milieu de la prostitution et plus particulièrement d'un réseau d'escort-girls mineures, victimes d'un tueur sadique laissant toute une série de cadavres démembrés derrière lui. Il faut bien avouer que l'on était secoué par la violence qui émergeait d'un texte imprégné d'une énergie brute alimentant le périple halluciné d'un duo d'enquêteurs dévoyés dont les péripéties se succédaient au rythme infernal de leurs investigations se heurtant parfois de plein fouet en faisant émerger leurs dissensions respectives. Second volet de cette trilogie, on retrouve avec La Défaite Des Idoles le lieutenant Christian Kertesz tandis que la capitaine Laurence Verhaeghen, personnage secondaire du roman précédent, occupe désormais le devant de la scène en donnant une dimension plus politique au récit se situant durant la période électorale de 2012 où François Hollande, chef de file du Parti Socialiste, défiait le président en place Nicolas Sarkozy alors qu'émergeait les affaires de financement occulte de la campagne électorale alimentée par des fonds en provenance du pouvoir lybien.

France, octobre 2011. Même s'il a été acquitté des charges de corruptions qui pesaient sur lui, le lieutenant Christian Kertesz a préféré démissionner en évitant ainsi le risque de nouvelles enquêtes diligentées à son encontre par l'Inspection Général des Services de police. Déchu de ses prérogatives, il travaille désormais à plein temps pour le compte du Milieu corse avec lequel il s'était lié durant ses années au sein de la police judiciaire. Outre la remise à flot d'un trafic de cocaïne, Kertesz doit espionner, pour le compte d'une entreprise de sécurité privée, les dessous d'une multinationale qui souhaite s'implanter en Lybie alors que le pays est en pleine ébullition depuis la chute de son leader Mouammar Kadhafi. C'est dans ce contexte explosif que se déroulent la campagne présidentielle qui oppose François Hollande au président sortant Nicolas Sarkozy et que la capitaine Laurence Verhaegen, proche des hauts dirigeants Sarkozystes implantés au sein des états-majors de la police, enquête sur un meurtre qui va la mettre sur la piste de son ancien collègue Christian Kertesz en lui permettant de se confronter à d'autres policiers dont elle s'est jurée d'avoir la peau. Sur fond de rivalités entre deux courants politiques qui se livrent une lutte à mort pour accéder au pouvoir et aux hautes instances policières, Kertesz et Verhaegen vont s'affronter tout en soulevant des affaires peu reluisantes de corruption qui laminent les institutions du pays.

La Défaite Des Idoles fait référence à la chute de Mouammar Khadafi dont on découvre les péripéties de son exécution qui fait office de prologue à une intrigue sur laquelle plane l'ombre omniprésente de Nicolas Sarkozy, l'autre personnalité adulée, parfois idolâtrée, par un grand nombre de membres des forces de police française avec une hiérarchie noyautée par ses fervents partisans placés durant son mandat comme ministre de l'Intérieur qui lui servit de tremplin pour la conquête du pouvoir. C'est ce vacillement du pouvoir en place que l'on va observer durant la période électorale de 2012 où l'on découvre les mécanismes de corruption avec la Lybie afin d'alimenter les comptes de la campagne présidentielle de l'UMP. On distingue ainsi le télescopage de ces deux destinées au gré d'une intrigue construite sur la dualité entre les deux personnages centraux que sont l'ex lieutenant Christian Kertesz et la capitaine Laurence Verhaegen avec une alternance des investigations qui vont les conduire, parfois à leur corps défendant, à côtoyer toute une série de personnalités inquiétantes que sont les mercenaires, hommes d'affaire et politiciens de haut rang qui ont trempé dans le cloaque de ces connexions libyennes plus que douteuses. L'intérêt de ce roman énergique réside bien évidemment dans l'aspect réaliste des événements que Benjamin Dierstein égrène notamment par l'entremise des dépêches qui jalonnent l'ensemble d'un récit extrêmement complexe au cours duquel l'on pourrait aisément se perdre s'il n'y avait pas cette rigueur omniprésente qui nous ramène dans le fil de l'intrigue. On appréciera également la folie et le jusqu'au-boutisme de Kertesz, fou amoureux de Clotilde le Maréchal, "sirène" survivante de l'opus précédent, et dont le parcours semble s'acheminer vers un destin funeste tandis que l'on découvre l'extrême violence mais également la compromission et l'ambition de Verhaegen côtoyant les huiles de la direction de la police à l'instar de Guéant, de Squarcini et de Péchenard qui évoluent désormais dans un climat de fin de règne où tout le monde s'affole face à la montée en puissance du parti adverse que l'on tente de discréditer à tout prix. Tout cela nous donne un roman dantesque s'imprégnant du réalisme de l'histoire qui se décline au gré d'une intrigue policière et politique d'une puissance peu commune qui dévaste tout sur son passage.

Benjamin Dierstein : La Défaite Des Idoles. Editions Nouveau Monde 2020. Editions Points 2021.

A lire en écoutant : Make It Happen de The Record Compagny. Album : All Of This Life. 2018 Concord Records.

Lien : https://monromannoiretbiense..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Dimanche 18 mars 2012.

Balle-Andrui retrouve son sourire.
-- On va rejoindre les collègues qui planquent devant chez Mohamed Merah. On a besoin que vous veniez avec nous, vous pouvez avoir des informations qui vont nous servir pour l'assaut.
-- C'est lui qui les a butés. Je le sais.
-- Ce n'est pas la question, commandant. Au risque de vous décevoir, nous n'avions pas besoin de vous pour nous l'assurer. Nous sommes tous persuadés que c'est lui, et ce depuis plusieurs jours. [...]
-- Pourquoi est-ce qu'on le tape seulement maintenant, alors ?
-- La DRRI a insisté auprès de vos supérieurs pour intervenir au plus tôt, mais Levallois ne nous écoute malheureusement pas toujours. Surtout avec un ministre qui a tout intérêt à ce que la piste de l'extrême droite perdure. Des points en moins pour Marine Le Pen, ce sont des points en plus pour l'UMP, n'est-ce pas ?
Verhaeghen opine en silence et suit le directeur...
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Elle craque tout d’un coup…
Elle pleure dans les bras de sa mère…
Elle pleure ...
Elle pleure ...
Elle ouvre la porte de la chambre…
Tout doucement, pour ne pas la réveiller…
Elle s’avance à tâtons …
Elle se déshabille…
Elle se glisse dans le lit …
Elle serre sa fille fort dans ses bras ...
Elle s’endort…
Plus de Barbier,
Plus de Prigent,
Plus de Kertesz,
Plus de Morroni,
Plus de Jacquie,
Plus de magouilles,
Plus de trahisons,
Plus de morts,
Juste
Elle et sa fille.
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– En quoi c’est un problème?
– Un nouveau projet d’hôpital se prépare à Tripoli, et je souhaite que ce soit ma société qui le construise. Sauf qu’en plus d’être mal vu par certains cadres du CNT, je ne suis pas seul sur le coup. En septembre, j’ai participé avec quatre cents patrons à une réunion d’information du Medef sur les perspectives d’investissement en Libye. Le CNT a évalué le marché de la reconstruction à deux cents milliards de dollars sur dix ans. Autant vous dire que c’est le nouvel eldorado. Tout le monde veut être dessus. Celui qui obtiendra la construction de l’hôpital à Tripoli sera en première ligne pour les futurs marchés publics.
– La Libye c’est le Far West, Christian. Sarkozy a fait n’importe quoi avec cette guerre. Il faut des entreprises responsables pour éviter que les requins bouffent tout. Il faut investir, donner sa chance au peuple libyen, et contrairement à d’autres boîtes, Patrick veut le faire avec de l’éthique. Maintenant que Kadhafi est mort, c’est Libye année zéro. Tout est à construire. Tout est à faire. Le gouvernement français n’a pas encore donné son feu vert pour y aller, mais dès que la zone sera sécurisée, la ruée vers l’or va commencer. Et maintenant que Kadhafi est mort, c’est une question de semaines.
Tu lèves la tête vers Rougier :
– Qui va financer cet hôpital?
– Un homme d’affaires de Benghazi.
– Tout seul?
– Avec des capitaux nigérians et soudanais. L’homme qui va piloter le projet connaît le Medical Center que j’ai construit, et il connaît donc mon sérieux à l’ouvrage. Il veut ouvrir un complexe hospitalier en plein centre de Tripoli. Un bâtiment de trente-cinq mille mètres carrés, équipé de quatre cent cinquante lits. Le budget est évalué à quatre-vingts millions d’euros, plus les commissions.
À l’intérieur, tu comptes: un zéro, deux zéros, trois zéros, quatre zéros, cinq zéros, six zéros, sept zéros. Ça veut dire potentiellement un chèque à cinq zéros pour toi si l’opération réussit.
Tu acquiesces. Didier embraye :
– On est plusieurs sur le coup, mais on sait qu’on passera devant des dossiers chinois et allemands qui n’ont pas de personnes aussi compétentes qu’Elias pour assurer leurs relations publiques. Notre seul souci est une entreprise française qui travaille avec un intermédiaire très bien placé. Et qui est notamment copain comme cochon avec le fils du président de la République nigérian, qui a des billes dans le montage financier.
– Une entreprise connue?
– Un trio d’entrepreneurs qui ont monté une nouvelle boîte pour faire des affaires en Libye. Ils sont soutenus par une filiale de Bouygues.
Tu comptes à nouveau: sept zéros. Du pipi de chat pour les types de Bouygues.
– Vous voulez faire quoi exactement?
– Cette filiale est dirigée par un homme que je connais bien, monsieur Kertesz. Serge Pommier. Il est très loin d’être irréprochable.
– Patrick nous a demandé de nous renseigner sur cet homme, Christian. Et vu que tu es à nouveau disponible, j’ai pensé à toi.
– De quel type de renseignements est-ce qu’on parle ?
– De tout ce qui peut l’empêcher de remporter la construction de l’hôpital.
– Je tiens à préciser que je veux une discrétion totale sur ce dossier, monsieur Kertesz. Il est hors de question que cela arrive jusqu’aux oreilles de la direction de Bouygues. Nous visons la personne en question, et elle uniquement.
Face à toi, Khoury arbore son sourire en coin.
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Les Corses, la DCRI, les magistrats, ils sont tous dans le même moule – tous des putains de gauchistes laxistes qui veulent l’empêcher de faire son boulot comme elle l’entend.
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Il est presque dix-sept heures trente quand tu passes les portes du Churchill, en plein Rivoli. Clin d’œil à ton vieux copain Terrence qui tient l’entrée. Un de ceux qui servaient ton business à l’époque où tu fournissais les riches touristes en putes de luxe.
Aussitôt à l’intérieur, tu te diriges vers les petits salons. Tu connais l’hôtel comme ta poche. Comme la plupart des établissements de luxe de ce côté-ci de la Seine. Bars, clubs, hôtels, tu les as tous ratissés de fond en comble pendant tes trois années à la BRP.
Tu fais tourner ton acuité visuelle comme un radar. Dix-huit sur dix à chaque œil. Tes collègues à la PJ t’appelaient Superman à l’époque. Avec un seul œil c’est plus difficile désormais, mais tu arrives malgré tout à obtenir une précision surhumaine.
Tu reconnais Didier Cheron à une table.
Didier est un ancien RG5 qui a fait tout un tas de saloperies à l’époque où le PS tenait la France par les couilles. Il continue à faire ses cochonneries, mais dans le privé. À la tête de Noticia, une boîte de sécurité et de renseignement qu’il a montée il y a six ans. Et pour qui tu as l’habitude de faire des missions grassement payées, dès qu’aucun gusse de la boîte ne veut se mouiller.
Didier est le premier à t’avoir appelé ce matin. Mon petit chat, maintenant que tu es un citoyen tout à fait respectable, je compte sur toi. Traduction : il y a du boulot chez Noticia. On a besoin de tes réseaux dans la came et dans le cul. On a besoin de ton mètre quatre-vingt-dix tout en muscles. On a besoin de tes talents en filoche et en cambriolage. On a besoin de tes copains à la BRP et chez les Stups. Rejoins-moi au Churchill à dix-sept heures pour fêter ça.
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