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EAN : 9782246835394
416 pages
Grasset (11/10/2023)
4.33/5   3 notes
Résumé :
On entrera dans cette saga familiale comme on pénètre dans la grande histoire, par le bruit des obus et de la guerre. Nous sommes en avril 1944 et les bombardiers américains fondent sur Bucarest. La jeune Léna, assise sur les genoux de son père, Costa Cristu, contemple fascinée les machines volantes qui grondent dans le ciel. Les Cristu ont fui en voiture la capitale roumaine pour se réfugier à la campagne, loin des combats, mais l’espoir chevillé au cœur : l’Allema... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Écrire à 84 ans son premier roman. Un roman vrai. le roman de sa propre vie. C'est la prouesse incroyable que Lélia Dimitriu vient de réaliser avec succès !

Le déclic d'une telle entreprise laborieuse à cet âge vénérable : l'indignation et la colère à la suite de l'invasion militaire russe en Ukraine en février 2022, un événement qui lui a rappelé une autre invasion russe, celle de son pays natal, la Roumanie, le 4 avril 1944, lorsqu'elle avait tout juste 5 ans, et la fuite précipitée de sa famille de Bucarest à Vrăneşti, en l'actuelle Moldavie.

Avec une candeur remarquable, l'auteure nous raconte son enfance, adolescence et jeunesse dans le paradis communiste que la Roumanie est devenue après les accords de Yalta de février 1945, sous la botte de Moscou et la gestion peu éclairée d'une Ana Pauker, d'un Gheorghe Gheorghiu-Dej et finalement d'un Nicolae Ceauşescu, jusqu'à son départ en 1967 pour la ville dont elle avait toujours rêvé, Paris.

Le titre de l'ouvrage s'explique par la personnalité de son père bien-aimé, qui gérait sa propre usine de meubles d'art employant 80 personnes et qui disposait d'une belle petite fortune. En plus, papa Costa Cristu était d'origine macédonienne et né en Albanie. Bref, des qualités qui lui ont fait tout perdre en 1945 et qui lui ont valu, par ailleurs, en 1951, une année d'emprisonnement.

La façon d'évoquer les conditions déplorables de vie en République populaire de Roumanie, l'omniprésence menaçante de la police politique, la fameuse Securitate, l'émergence d'une nomenclature de favorisés et la délation généralisée, nous montre un témoin particulièrement lucide et honnête.

Dans son autobiographie, Lélia Dimitriu nous raconte également sa grande et dramatique histoire d'amour avec son écrivain préféré, Milo Dragu, un poète juif qui s'appelait en fait Camil Singler (1927-2005).

Je vous laisse découvrir cette "love story" un peu à part et comment cette jeune femme de 28 ans s'est débrouillée pour sortir de son bagne et commencer une nouvelle existence dans la capitale française.

À Paris, elle a obtenu un DEA et a travaillé à l'Institut national de recherche pédagogique (INRP) comme chercheuse. Elle y a aussi rencontré l'acteur de théâtre et de cinéma Jean Lescot (1938-2015) avec qui elle s'est mariée et de qui elle a eu 2 fils, le metteur en scène David Lescot et le comédien Micha Lescot. Elle s'y est aussi liée d'amitié avec Denise Baumann, l'auteure de "Une famille comme les autres" de 1985.

Personnellement, je dois dire que cette autobiographie, qui s'arrête en 1967 au Bourget, m'a beaucoup plu. Outre son récit qui m'a fasciné, j'ai fort apprécié son style qui est à la fois spécial et charmant, comme en peuvent témoigner les 3 citations que j'ai pu envoyer hier et avant-hier à notre site de lecteurs.

Rassurez-vous des phrases à citer il en reste plein, comme par exemple celle-ci à la page 395 : "L'ambiance qui régnait à Bucarest, après vingt ans de dictature du prolétariat, c'était l'absurdité mordant la queue de l'inefficacité."
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Lélia Dimitriu, quatre vingt quatre ans, nous offre le récit autobiographique de toute sa vie en Roumanie, un témoignage qu'elle gardait au tréfonds de son coeur, auquel elle a pu donner enfin vie en l'écrivant : «  Çà s'est réveillé en moi le 24 février 2022, le jour où l'armée russe a envahi l'Ukaine ».
Cette date fatidique lui a ravivé d'autres souvenirs douloureux, imprescriptibles, ceux résultant de l'entrée de l'Armée rouge en Roumanie, pays où elle grandissait heureuse au sein de sa riche famille. Désormais, la société roumaine subira le joug du régime stalinien. Elle vivra dorénavant une enfance, une adolescence, une jeunesse, vingt ans, empreintes de peur, de privation de liberté, avec une idée prégnante, fuir pour Paris, la ville symbole de liberté.
Quelques passages sont un peu trop romancés mais le style de Lélia Dimitriu est agréable, sa plume sincère, et au récit intime se mêlent des informations historiques, qui rendent cette lecture intéressante et captivante.
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critiques presse (1)
Lexpress
13 novembre 2023
Au soir de sa vie, une femme raconte ses souvenirs de la Roumanie, de sa naissance en 1939 jusqu’à sa fuite du communisme en 1967. Un récit poignant, qui n’est pas sans écho avec l’époque actuelle.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"...la réaction des Roumains en 1944 n’eut rien de commun avec la résistance des Ukrainiens en 2022, laquelle est très différente de celle des Afghans en 1979, qui n’est pas comparable à celle des Polonais en 1920. Mais ce sont toujours les mêmes humiliations, massacres, meurtres d’enfants, viols, ce sont toujours les mêmes crimes contre l’humanité.

(page 10).
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" On raconte encore aujourd'hui l’histoire de ce suicidé, jeté de la fenêtre du troisième étage... un couteau planté dans le dos. Une forme d’humour qui n’a rien de roumain, ni de juif, pas même british, ses origines se trouvent dans les vastes contrées du Désespoir. "

(page 179).
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" Le docteur Georgescu avait fait ses études à Paris et ma mère m’avait envoyée chez lui pour que j’apprenne le français et les bonnes manières, ce qui de son point de vue était la même chose, on ne pouvait pas apprendre le français sans les bonnes manières qui allaient avec. Inversement, personne ne pouvait prétendre avoir de bonnes manières s’il ne parlait pas français. "

(page 201).
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