AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782746739567
170 pages
Autrement (08/10/2014)
3.7/5   10 notes
Résumé :
Une centaine de fragments inédits attribués au plus célèbre représentant de l'Ecole cynique sommeillait depuis près de 2 500 ans sous le doux soleil d'Orient. La voix de Diogène de Sinope, le philosophe-chien, l'homme au tonneau qui embrasse les statues l'hiver, retraverse les âges. Au terme d'une véritable chasse au trésor remontant jusqu'aux penseurs arabes du Xe siècle, Adeline Baldacchino propose pour la première fois en langue française ces nouveaux fragments. ... >Voir plus
Que lire après Fragments InéditsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
D'un essai de réussite commerciale. Voici comment je présenterais ce livre...
Trouvé par hasard en fouinant dans une librairie, aguiché par le nom de Diogène le Cynique, ce livre arbore en outre un bandeau d'accroche estampillé Onfray.
Je me tâte pour acquérir ce livre. Ce titre : Fragments inédits de Diogène le Cynique ! ça donne envie ! Je me mets donc à lire en rayon la 4ème de couverture : des fragments du philosophe auraient sommeillé "sous le doux soleil d'Orient" (entendre qu'on les a retrouvés dans des écrits médiévaux arabes). Il m'en faut plus ; je décide de lire la préface signée Onfray. Ce dernier nous présente l'auteur comme une jeune passionnée, loin des milieux universitaires qu'il aime tant conspuer, "à cheval sur plusieurs civilisations, et plusieurs langues". Oserais-je y croire ? Une passionnée de philosophie qui lirait l'arabe dans le texte ?
J'achète.

L'ouvrage se compose ainsi : la préface d'Onfray, 4 petits chapitres de l'auteur, et les fragments classés par thématiques.

La préface fait dans la surenchère : éloge de l'auteur, "sortie de nulle part" qui a mis "une claque" aux "fonctionnaires de la recherche qui passent leur vie le regard perdu dans la poubelle" ! On apprend plus tard que A. Baldacchino et Onfray se sont déjà rencontrés, et on devine que la première est une grande fan du second. A tel point que ses chapitres respirent tous le "style" Onfray.

Les quatre petits chapitres en soi n'apportent rien de bien consistant. L'auteur raconte comment elle est tombée sur ces fragments. On apprend au passage que ce n'est pas elle qui les a découvert (ce que reconnaît volontiers l'auteur) mais Dimitri Gutas qui les avait recensés et traduit en anglais. Adeline Baldacchino n'a donc fait que traduire ces fragments de l'anglais en français. Voilà donc ce que l'on nous présentait comme "à cheval sur deux civilisations" !?! Voilà donc que ce sont ces "fonctionnaires de la recherche" (D. Gutas) qui avaient fait tout le boulot !
J'aurais presque envie de déchirer les pages de la préface écrite par Onfray !
En outre, l'auteur reprend à son compte les idées et même ce style d'écriture "à la Onfray". Cette manie irritante de poétiser à tout bout de phrase ! Ces quatre chapitres n'ont donc pas beaucoup d'intérêt, hormis celui sur la méthodologie de D. Gutas, qu'elle paraphrase sans compter.

Les Fragments maintenant ! Ils sont présentés par thème, accompagnés de quelques commentaires de l'auteur.
Rien de bien nouveau nous prévient l'auteur. le Cynique a toujours cette répartie tonitruante contre les puissants, les arrogants, les discoureurs.. Et c'est un régal.
Mais il y a aussi quelques anomalies. Et c'est sur ce point qu'on doit s'arrêter et voire une lecture symptomatique de l'"Onfrayisme".
En effet quelques fragments présentent Diogène sous un jour nettement misogyne. D'office, A. Baldacchino, qui ne peut concevoir qu'un auteur classé par Onfray dans la catégorie des "hédonistes, libertaires, athées, immanents, etc." fasse un écart dans le mauvais sens. Travers typique de Onfray, un philosophe est nécessairement 100% progressiste ou ne l'est pas... L'auteur conclue : ce sont les traducteurs arabes qui ont probablement déformé les propos "à des fins théologiques ou idéologiques".
Et pourquoi donc Diogène ne serait pas cynique comme tous ces contemporains ? Théodore l'Athée a bien tenté de renvoyer sur son métier à tisser Hipparchia, femme cynique qui s'invitait dans les banquets réservés aux hommes. Or Théodore était par ailleurs un personnage intéressant ("progressiste") à plus d'un titre. Cela ne l'a pas empêché d'être un vieux macho de première.
A ce stade je m'interroge : et si on tombait sur un trait, avec un caractère nouveau, contre les dieux païens ? Est-ce que l'auteur préférerait y voir « le génie solaire » selon l'expression de son mentor, ou admettrait-elle la probabilité d'une déformation de l'idéologie monothéiste ?
Et, ô surprise ! Une occasion similaire arrive avec une mention de la vie après la mort. L'auteur accours aussitôt dans l'une de ses rares notes de bas de page : « le doute sur l'authenticité de ce fragment est fort possible ». Hé oui, on préfère botter en touche ce qui dérange.
Et encore ce fragment évoquant la « compassion » (qui apparemment à une connotation trop chrétienne aux yeux de l'auteur) : Tout de suite, on nous avertit qu'il est « sans doute apocryphe ».

Cette manière de discuter la philosophie me chagrine : Non ! Il n'y a pas les gentils philosophes et les méchants de l'autre. Il n'y a pas la face « solaire » et le côté obscur de l'autre... Nous n'avons pas le choix de nos sources. Il faut bien faire avec, même si cela ne nous plait pas. Cela ne veut pas dire qu'il faut admettre Diogène comme un misogyne et un fervent religieux, mais que sans preuve contraire, nous ne pouvons pas les écarter aussi rapidement, sans discussion aucune.




Commenter  J’apprécie          101
Belle surprise que cette découverte dans des écrits arabes du X et XIème siècle d'une centaine de fragments attribués à Diogène de Sinope. Découverte on ne peut plus précieuse puisque ces fragment viennent élargir significativement le maigre corpus qu'il nous reste de ce philosophe (environ 600 fragments dans des textes grecs et latins).

Mais quels enseignements nous apportent ces nouveaux fragments ? Si on retrouve avec plaisir le philosophe cynique et son sens de la répartie, son goût pour l'invective, son mépris des conventions, son éloge et sa pratique rigoureuse d'une existence indépendante ; ces nouvelles anecdotes, véritables paraboles philosophiques, ne présentent pas de traits proprement nouveaux du sage grec.
Seule exception notable : une dizaine de fragments dont l'authenticité est plus que douteuse. On s'étonne ainsi d'entendre Diogène parler avec déférence de Dieu (au singulier) ou tenir des propos profondément misogynes. Ces fragments contrefaits témoignent de la prédisposition de certains idéologues à déformer les textes anciens pour servir leur cause et invitent tous les lecteurs à la méfiance concernant les écrits de seconde main :
« Là encore souvenons-nous de cette leçon au moment de relire les fragments sauvés de Diogène : ils n'ont probablement pas été préservés par d'amoureux altruistes de la culture hellène, mais par de redoutables propagandistes poursuivant leurs visées propres, qui restent d'ailleurs à approfondir. » nous prévient la traductrice.

Mais l'intérêt majeur de ce livre est peut-être d'ouvrir des perspectives inattendues pour la recherche. Combien de fragments de ces philosophes grecs dont l'occident a préservé si peu d'écrits (Héraclite, Empédocle, Démocrite, Aristippe, Épicure, etc.) sommeillent encore dans les bibliothèque arabes ?
Commenter  J’apprécie          40
Le cynisme philosophique a fait l'objet de nombreuses recherches depuis l'Antiquité grecque, avec Diogène Laërte, jusqu'à nos jours, avec Léonce Paquet. Michel Onfray a relancé les travaux sur ce courant philosophique préplotinien, dans son ouvrage Cynismes Portrait du philosophe en chien. Adeline Baldacchino reprend le travail du traducteur, Dimitri Gutas qui démontre un grand intérêt de la philosophie arabe, pour cette tradition des cyniques grecs. Les abbassides ont été les transmetteurs de cet héritage, face aux bizantins qui en préconisaient un oubli manifeste.
Retrouvez l'humour, l'originalité et la lucidité de ce penseur, Diogène de Sinope, en dehors des normes et des conventions qui faisait de l'atharaxie et de l'autarcie, les possibilités d'une liberté dans les connaissances et les actes.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Alexandre lui rendit visite alors qu'il dormait, lui donna un coup de pied et lui dit : "Lève-toi, je viens de conquérir ta ville". Diogène répondit : "Conquérir des villes ne peut être reproché à un roi, mais donner des coups de pied est agir comme un âne".
Commenter  J’apprécie          141
Alexandre l'invita à venir le voir, mais Diogène demanda au messager de lui dire : "Ce qui t'empêche de venir à moi est ce qui m'empêche de venir à toi." "Alors qu'est-ce qui nous en empêche ?" "Tu es trop puissant pour avoir besoin de moi et je suis trop indépendant pour avoir besoin de toi."
Commenter  J’apprécie          110
C'est le prix de la disponibilité au monde. Ne plus admettre les masques, les voiles, mais seulement le monde tel qu'il est, tel qu'on ne le maîtrise pas, sauf à pouvoir l'accepter librement en supportant, voire en aimant, ses effets sur nous.
Commenter  J’apprécie          50
Un homme insulta Diogène mais il ne répondit pas. Quelqu'un l'interrogea et il dit : "Si un chien aboie sur vous, lui aboyez-vous dessus ? Si un âne rue, ruez-vous en retour ?"
Commenter  J’apprécie          70
On lui demanda : "quelle est la science la plus utile ?" et il dit "Celle qui est pratiquée".
Commenter  J’apprécie          70

autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Diogène de Sinope (1) Voir plus

Lecteurs (33) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}