Réédité en 1983 aux éditions Desjonquères, donc un peu plus que deux cents ans après sa parution, ce roman épistolaire mériterait au moins une réédition chez Folio Classiques ou au
Livre de Poche.
Véritable précurseur des Liaisons dangereuses, le mauvais génie dans l'histoire du comte de Mirbelle et la marquise de Syrcé n'est toutefois pas une femme, mais un homme, au nom de Duc de X.
Econduit par Mme de Syrcé, il veut se venger et demande à son ami le comte de Mirbelle de faire le sale boulot. Ce dernier, sans avoir le caractère aussi dépravé qu'un Valmont, réussira dans cette affaire après moult conseils perfides du duc.
D'un très beau style raffiné et pur, typique pour le dix-huitième siècle, ce roman épistolaire se lit rapidement et se révèle être un vrai régal littéraire.
Voici ce que
Georges Poisson nous en dit dans sa biographie '
Choderlos de Laclos ou l'Obstination', publiée par Grasset en 1985 :
« L'idée d'un ouvrage de fiction commençait-elle à poindre dans l'esprit
De Laclos, alimentée tant par ses expériences personnelles que par ses lectures ?
Justement, on voit paraître en 1772, en pleine période de Grenoble, un des plus intéressants romans annonciateurs des Liaisons, Les Malheurs de l'inconstance, du même Dorat.
Laclos, l'a-t-il lu ? C'est vraisemblable : il connaissait l'existence de cet auteur à succès (…). S'en est-il inspiré ? C'est une autre affaire.
L'intrigue des Malheurs n'est pas sans rapport avec celle des Liaisons. le duc de X… éconduit par Mme de Syrcé, décide de se venger d'elle en la faisant séduire par le comte de Mirbelle. Ce dernier, bien que pris de l'amour secret et partagé de Lady Sidley, tente l'aventure, qui réussit au-delà de tout espoir : Mme de Syrcé se prend de passion pour lui, et le conflit entre les deux femmes se traduit par la mort de l'une, et l'entrée de l'autre au couvent. Mirbelle tue le duc, et s'exile. »