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EAN : 9782226064172
306 pages
Albin Michel (04/06/1993)
3.3/5   45 notes
Résumé :
Énarque, conseiller au ministère des Finances, époux d'une ravissante et riche jeune femme, père de cinq enfants : à trente-neuf ans, Sylvain Cheviré, fils d'un pêcheur de la Manche, se partage entre son hôtel particulier de la rue du Bac et son voilier à Granville. Il n'a vraiment plus rien à désirer.
. Moraliste sans illusions, Geneviève Dormann n'ignore pas que c'est dans ce cas-là, en général, que tout se gâte. Aux approches d'une de « ces dizaines qui re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A l'aube de la quarantaine, Sylvain Cheviré ne peut exiger mieux de la vie. Énarque, il est attaché au cabinet du ministre des Finances, en attente d'en devenir le directeur adjoint. Après 14 ans de mariage, il est toujours amoureux de sa belle et riche Caroline, qui vient de lui donner un cinquième enfant et qui travaille dans la publicité. De ses ancêtres marins, il a hérité la passion pour la mer et pour les Iles Chausey où il y possède encore une petite maison familiale et un bateau. Mais sous l'apparence d'une Diane chasseresse, un grain de sable va venir enrayer les rouages de cet avenir tout tracé.

Geneviève Dormann est une auteure que j'ai pu apprécier par le passé, notamment à travers "Le bal du dodo" et "Fleur de péché", des histoires fort différentes mais dont la qualité d'écriture m'avait captivée. Au cours de cette nouvelle lecture, une de ses dernières productions, je suis passée par toute une palette d'émotions. La belle photo d'un voilier au soleil couchant sur la première de couverture invitait au voyage. Il a bien eu lieu puisqu'une partie de l'intrigue se déroule au large de la Normandie, en mer et sur les Iles Chausey. C'est ici que la plume de Geneviève Dormann se fait poésie pour nous décrire les beautés de cette nature sauvage et l'attachement indéfectible de ceux qui y sont nés pour ce bout de terre battu par les flots.
Quant à ce titre "La petite main" qui paraît plutôt énigmatique, on en comprend très vite la signification dès les premiers chapitres. J'ai été décontenancée par la tournure des évènements et par le langage plutôt cru. A croire que j'avais oublié la dualité de l'auteure aussi à l'aise dans le lyrisme que dans la trivialité, la soupçonnant même de se complaire dans la narration de cet adultère hors-norme. Si je n'ai pas eu une once de pitié pour ce "pauvre" Sylvain pris à son propre piège, j'ai admiré la dignité de Caroline. Pour fuir l'immoralité du présent, j'ai pris plaisir à me réfugier dans le passé à travers l'histoire de ces générations de Cheviré qui vécurent des corps à corps passionnés avec la mer. Et puis voilà que la fin dramatiquement surprenante m'a réconciliée avec l'auteure. J'ai beaucoup aimé la réflexion sur l'aveu d'une faute, dans la bouche de Caroline :
"Elle lui en voulait d'avoir avoué ce qu'elle aurait peut-être, et par bonheur, toujours ignoré. Ce qu'on ne sait pas ne fait pas de mal. Mais pourquoi ce con avait-il parlé, nom de Dieu ! Pourquoi ? Pour se délivrer sur elle de sa mauvaise conscience ? Pour être à moitié pardonné ? Parce que mentir lui pesait ? Par lâcheté, tout simplement..."

Au final, ce roman, auquel j'accorde un 14/20, qui mêle humour et sujet grave, beauté d'écriture et propos crus, reflète bien la personnalité de son auteure réputée pour son goût de la provocation et son sens de la polémique.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Tu as fait ça ? Tu as osé me faire ça ? Et sans me dire ? Tu as vendu sous-Bretagne et la Gênetaie ?
Avait suivi un flot de vilaines choses. Auguste s'était entendu traiter de sabot pourri, de congre enragé, de maudit calfat. Pour finir, Lazélie, les yeux étincelants de colère, lui avait promis que jamais, jamais plus, elle ne lui parlerait. Il allait le payer cher, son bateau neuf ! Elle n'aurait pas assez de toute sa vie pour le lui faire payer !
Toucher aux terres, s'en défaire, c'était, pour cette paysanne de souche, pire que de la mutiler elle-même. Surtout Chausey ! Ces îles, elle les avait dans le cœur et dans la peau depuis sa petite enfance. Elle était fière d'en posséder les quelques arpents qui lui étaient venus en épousant Auguste Cheviré. Peut-être même était-ce, en partie, parce qu'il était légalement propriétaire d'un morceau des îles qu'Auguste l'avait séduite, autrefois et qu'elle avait accepté de partager sa vie. (...) Et voilà que cette vente sournoise la rejetait de son royaume et la laissait dépossédée, étrangère à nouveau et désemparée comme ces barques brisées qu'on laisse pourrir au fond des anses.
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De l'âge bête à la fin de l'adolescence, il n'est pas de fille qui ne possède une "meilleure amie" à qui l'on ne cache rien, une oreille attentive, une personne du même âge avec qui l'on peut partager les fous rires et les larmes, les bonheurs et les indignations. On la trimbale partout, on la brandit, on ne peut s'en passer. Elle succède à l'ours en peluche de la petite enfance. Elle est l'intermédiaire entre les parents, les frères et sœurs à qui l'on ne peut tout dire et les autres, les étrangers innombrables d'un monde trop vaste pour ne pas être inquiétant.
Cette meilleure amie est une confidente, une suivante, une subalterne de toute façon, quelquefois un repoussoir, au mieux un faire-valoir. C'est une oreille attentive, complice, c'est aussi un conseil. Elle est ce qu'Œnone est à Phèdre ou Phénice pour Bérénice. Malléable, patiente, un peu maso, modeste, elle peut, à l'occasion, servir de punchingball, de passe-nerfs. Sa docilité et sa capacité d'admiration président à son élection mais peuvent, aussi, déterminer son éviction.
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Elle découvrait, trop tard, à quel point elle tenait aux moindres plantes de ces landes sauvages qu'Auguste avait vendues. Vendues ! Par la bêtise de cet homme, il lui semblait qu'elle avait perdu les scintillantes fleurs jaunes de la roquette, les églantines entrelacées aux ronces, les prunelles violettes, les mûres de septembre, les aubépines de mai, les grandes valérianes pourpres qui se haussent du col au revers des talus. Adieu, les lys de mer et les étoiles bleues de la bourrache ! Adieu, jacinthes des bois, bruyères vagabondes et rosiers pimprenelles ! Adieu, daturas et belladones ! Adieu, statices et joncs marins ! Adieu, les bouillons-blancs aux feuilles de velours, douces comme des oreilles de lapin ! Tiens, ce mot "lapin", si maudit, si honni des marins à qui il porte tant la poisse qu'ils n'osent le prononcer et ne désignent la bête que par "l'animal aux longues oreilles", ce mot, elle allait l'employer jusqu'au vertige, jusqu'en enfer ! Lapin ! Lapin ! Lapin ! Et que coulent tous les bateaux achetés traitreusement avec le sang des îles !
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Ce qui le trouble aussi, c'est le temps qu'il met à s'attacher à chaque nouvel enfant. Il lui faut, pour cela, des semaines et même des mois. Il aimerait s'attendrir immédiatement sur le nouveau-né ou comme on le lit dans les livres ou comme on le voit dans les films, se sentir soulevé par une vague d'amour à sa vue, au lieu de quoi le bébé à l'arrivée ne lui semble qu'une petite larve étrangère, vaguement usurpatrice et il se demande même comment Caroline peut, si vite roucouler sur la créature, la lécher, la humer, complètement captivée par elle, par son moindre souffle, sa plus légère grimace. A chaque fois, il l'a vue ainsi, illuminée, transportée d'admiration pour le minuscule enfant qu'elle proclame, à chaque fois, superbe, même quand lui, Sylvain, le trouve très vilain. Son fils Thomas, par exemple, lui était apparu comme un croisement regrettable de Galabru et de la mère Denis.
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Le chagrin est un méchant animal qu'il faut tenir en laisse courte pour éviter de se faire dévorer. Caroline ne cesse de le tenir en lisière mais, parfois, l'animal lui échappe et lui plante, à l'improviste, ses crocs dans le cœur. Le chagrin est ce qu'elle déteste le plus au monde et depuis toujours, plus encore que la peau du lait, les ploucs qui veulent se faire bourgeois, les sports d'hiver ou la toile de Jouy. Et qu'on ne vienne pas lui dire que personne n'aime le chagrin. Taisez-vous donc ! Il n'y a qu'à voir comme les gens se drapent dedans, s'en parent, s'en glorifient, le brandissant avec délectation. Comme si le chagrin était honorable ! La pire des crapules est innocentée au nom du chagrin. Elle a beaucoup souffert, pensez...
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Vidéo de Geneviève Dormann
L'INA vous revend des vidéos que vous avez déjà payées avec la redevance télé pour... ça: https://www.huffingtonpost.fr/2018/08/30/agnes-saal-ex-patronne-de-lina-condamnee-pour-des-frais-de-taxi-a-un-nouveau-poste-au-ministere-de-la-culture_a_23512576/ PRIVILEGIEZ YOUTUBE!
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