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4,18

sur 874 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai emmené Notes d'un souterrain de Dostoïevski lors de mon voyage à Saint-Pétersbourg pour mieux apprécier le décor dans lequel, le héros abject qu'il a concocté se mêle au monde d'en haut lorsqu'il ne le commente pas d'en bas ...Une perspective plutôt réussi que celle de cette part d'humanité montrée dans ses aspects les plus cyniques, les plus vils et repoussants.
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Un homme, la quarantaine, a fait le choix de vivre seul, cloîtré dans un souterrain, durant de nombreuses années. Un jour, il décide de prendre la plume pour expliquer ce choix - enfin, il écrit, selon lui, pour lui-même, et ne cherche en aucun cas à se justifier envers ses semblables - avant de raconter une de ses expériences, vécue il y a très longtemps, et qui paraît, finalement, être la raison de cette vie en sous-sol.

Monologue désabusé, très critique vis-à-vis de soi-même, mais plus encore vis-à-vis de l'être humain en général et de ses nombreux travers, que nous propose un narrateur cynique, désespéré tout autant que désespérant, à l'humour noir mais pas déplaisant, ces Carnets du sous-sol sont une lecture intéressante, qui mettent en jeu une vision violente, certes pessimiste tout autant qu'absurde, mais non dénuée de réalisme et de lucidité, de l'existence humaine.

Tout comme j'avais apprécié le joueur il y a déjà un moment, j'ai apprécié cette nouvelle lecture de Dostoïevski. Prochaine étape : me lancer, enfin, dans un de ses romans !
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Souterrain, certes ! Mais incroyablement bavard. « Les carnets du sous-sol » est comme un long monologue intérieur où l'écrivain russe défie l'homme dans ses comportements admis, et ses repères moraux et/ou sociaux.

«Je suis un homme repoussoir, voilà ce que je suis.», écrit Dostoïevski dans ses carnets ! Pour cause, son anti-héros (un petit fonctionnaire) est un homme mesquin et méprisant.
Emmarbré dans son sous-sol, et derrière une méchanceté sans borne, ce dernier déverse tout son fiel et ses angoisses contre l'espèce humaine.
Par sa franchise et sa subjectivité haineuse, il ne voit que des actions tendancieuses derrière les actes gratuits : tout son comportement découle de cette idée là !
Homme plat et sans relief, il se croit pourtant supérieur aux autres : « je suis seul, mais eux, ils sont tous ». En effet, dans sa quête de dévalorisation, notre anti-héros montre sa colère envers « les hommes d'action » : ceux qui vivent leur vie et agissent sans réfléchir.
En revanche, « l'homme de conscience » comme lui, est celui qui pense : trouvant dans la connaissance des raisons pour ne pas agir !
Parallèlement au thème de la conscience, le narrateur expose, également, dans les carnets du sous-sol, son deuxième grand thème : la raison ! le narrateur se révolte aussi contre le déterminisme au nom duquel l'homme essaie toujours d'expliquer ses actions sous l'égide des lois de la raison. Convaincu de son destin d'exception, l'anti-héros du roman de Dostoïevski, est un personnage qui doute (un doute omniprésent) et par corrélation, il ne peut comprendre les autres vu son conflit intérieur qui le ronge déjà.

Dostoïevski nous montre dans ce roman son grand talent en matière de psychologie. C'est un texte violent et tranchant dont les pages ouvriront la voie aux plus grands maîtres de la littérature contemporaine, notamment Kafka.
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A ce jour, je n'avais jamais lu d'ouvrage faisant état d'une névrose de façon si remarquable. Les Carnets du Sous-Sol mettent en exergue une écriture frénétique en immergeant le lecteur jusqu'au bord de la noyade. L'auteur fait part d'un combat incessant entre l'intériorité du narrateur que la symbolique du sous-sol vient matérialiser, et l'extérieur vécu comme une réalité profondément aliénante. Entre ces deux pôles, un gouffre au-dessus duquel une corde raide serait l'objet de toutes les tensions du personnage, gouffre qui s'ouvre dès les premières lignes dans un vertige à la croisée de questions existentielles, philosophiques, ethnologiques, et psychanalytiques avant l'heure.
Ce que je retiendrai du livre, c'est la grande question universelle de la liberté qui taraude les Hommes : quelle est la joie pour eux de s'aliéner dans le réel (qui plus est empirique) d'une société qui les bride ? Moi affranchi contre Sur-Moi rigide et inflexible, c'est là tout l'art de Dostoïevski de créer des situations entre ces deux pôles, situations dans lesquels des personnages mettent en relief la division d'un homme terrassé d'abord par lui-même. La "dialectique de la déviance" selon le titre de l'article de Louis-Thomas Leguerrier condamne une situation sans issue, et le critique affirme par les mots de Lukacs « [...] le tragique d'un homme qui vit directement, au plus profond de lui-même, ce qui est seul essentiel, mais qui ne peut qu'échouer de la plus pitoyable façon sitôt qu'il se heurte à la moindre réalité extérieure.»
Vous l'aurez compris, Les Carnets du Sous-Sol tentent de désaxer les lois statiques du réel par les faits et gestes déroutants et désespérés d'un protagoniste tout à fait conscient de la folie qui le guette. A lire absolument.
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Enfin j'en termine avec cette première incursion dans la littérature russe. Un petit roman de moins de 200 pages que j'ai mis plus de 3 semaines à lire, pas que le récit soit inintéressant, bien au contraire. C'est dense et certains passages méritent qu'on s'y arrête. J'ai été tantôt happée par le récit de ce narrateur dépressif et paranoïaque, tantôt ennuyée par sa vision négative et noire de la vie et de la société dans lesquelles il vit. Mais c'est globalement une bonne surprise et le texte est très intéressant et puissant. Aucun doute que ma découverte de la littérature russe ne va pas s'arrêter là.
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Dans « Les carnets du sous-sol », Fiodor Dostoïevski nous entraîne dans les méandres d'un homme particulièrement antipathique. Dès le début le héros se décrit dans un style que Lautréamont n'aurait pas désavoué. Un roman qui se lit avec fièvre et vous laisse sitôt terminé dans l'état d'un pauvre type qui prend un coup de marteau sur la calebasse. Un roman de grande qualité, excellemment traduit par André Markowicz.
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Il est bon de revenir aux classiques, il est bon de revenir à Dostoïevski. Les carnets du sous-sol est le dernier récit de l'auteur russe avant que celui-ci se lance dans ses grands romans : Crime et Châtiment, L'idiot, Les Démons, L'adolescent et Les Frères Karamazov. le sous-sol où sont écrits ces "carnets" est tout aussi bien une partie de l'intérieur du crâne de Dostoïevski. Une partie sombre d'où germe ce texte en forme de cri, transpirant le renoncement, le doute et la cruauté, texte que j'ai rapidement mis en images avec les "noirs" d'Odilon Redon (L'araignée de 1881 ou bien même Un masque sonne le glas funèbre de 1882, même si ce dernier est déjà dédié à Edgar Poe) ! Cette oeuvre à l'arrière-goût nihiliste possède en elle une somme de citations, ou plutôt d'"incitations", qui donnent au lecteur des impressions de livre à venir (Les carnets du sous-sol datant de 1864!), on croit y lire Bataille (Le bleu du ciel), Céline (Voyage au bout de la nuit), Blanchot (L'arrêt de mort), parfois même Cioran (Sur les cimes du désespoir), et bien sûr Beckett, Bernhard, Hankde, Duras... C'est donc bien à ça qu'on reconnaît un classique, a sa capacité de se réécrire à chaque lecture, à chaque époque.
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On a pu dire de Dostoïevski qu'il était le plus grand philosophe russe. En effet on peut oublier un court instant le romancier en lisant une oeuvre comme « Les carnets du sous-sol », du moins pendant la première partie de ce court roman où l'auteur se livre, par l'intermédiaire d'un personnage tourmenté, à des confidences sur les grandes questions de l'existence. L'auteur disserte notamment sur les notions de volonté et de liberté, qui ne seraient exercées que par les idiots, dans la mesure ou ceux-ci s'affranchissent du dictat de la rationalité : « C'est que les hommes partout et de tout temps, qui qu'ils puissent être, aiment agir comme ils le veulent, et non comme le leur dictent la raison et leur propre intérêt ; vouloir contre son intérêt est non seulement possible c'est quelques fois positivement obligatoire. » Les carnets du sous-sol page 38.

Une pensée qui semble décrire la réalité que nous vivons aujourd'hui en pleine crise sanitaire. Par la voix du narrateur Dostoeïsvki semble nous dire que si la raison gouverne tout il n'y a plus de volonté ni de choix (page 40). Il va plus loin : « Il n'y a qu'un seul cas où l'homme peut délibérément se souhaiter quelque chose de néfaste, de stupide : ne pas souhaitez devenir toujours plus intelligent. Parce que cette stupidité lui permet d'exercer sa volonté librement » (page 42).

L'histoire est en deux parties, une première ou le narrateur nous livre ses réflexions de nature philosophiques qui lui ont été inspirées par son expérience de vie solitaire « dans un sous-sol », il s'y dépeint comme un moins que rien, sans ambition, sans but, geignant sur son sort, maudissant son prochain. Dans la deuxième partie, il sort de chez lui, tente de rompre sa solitude et la monotonie de sa vie en rendant visite à d'anciens camarades qu'il déteste et qui le lui rendent bien. Il se comporte comme un grossier personnage et provoque l'un d'eux en duel. Puis il rencontre Lisa, une prostituée de 20 ans qu'il séduit par son discours (il est cultivé et intelligent), mais il ne l'attire que pour mieux la rejeter et l'humilier pour se venger des humiliations qu'il subit lui-même. Ce livre raconte la manière dont un antihéros a gâché sa vie. Un livre qui exprime le dégoût de l'humanité, la souffrance, la peur de vivre et d'affronter les réalités et où s'articule une théorie sur l'absurdité de la vie. le narrateur montre toutefois à de rares moments un peu d'humanité et de regrets sur son comportement. Un discours angoissant qui exprime une philosophie pessimiste de la vie et qui puise probablement ses sources dans les difficultés personnelles rencontrées par Dostoïevski, particulièrement à l'époque de la parution de ce roman (1864), au moment où il doit faire face à des dettes de jeu, à sa malade (épilepsie) et aux décès de sa femme et de son frère.

Ce court roman est très sombre à l'image de toute l'oeuvre de Dostoïevski. Son roman est étrange, hors du commun, perturbant, il peut choquer, mais offre néanmoins l'occasion de susciter la réflexion du lecteur sur les grandes questions que sont le bien, le mal, la volonté, la liberté. Une écriture hallucinante d'un homme habité par l'angoisse.

— « Les carnets du sous-sol », Dostoïevski, Babel Actes Sud 2021, 182 pages.
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Devant d'abord s'appeler Confessions, Les carnets du sous-sol nous ouvre le chemin vers l'âme de ce narrateur singulier, car sinistre et irrémédiablement pessimiste. La première partie s'apparente à un discours caractérisé par un humour cynique, sur l'être humain, ses déchéances, ses mensonges, son rapport avec l'autre et l'univers tout entier. Ce discours se transforme en long monologue intérieur où le narrateur se sentira obligé de se justifier face à un public absent ou imaginaire, et se chargera alors de répondre aux questions possibles de ce dernier. le lecteur peut se sentir au départ plutôt déboussolé par ce personnage, la forme et le fond de ses opinions. Mais il est plus aisé ensuite de se laisser aller au fil des pages pour être enfin captivé par ce monologue.

Puis le narrateur laisse dans la deuxième partie libre cours à l'évocation de certains de ses souvenirs douloureux, nous laissant entrevoir son lien avec ses semblables, ses réactions qui peuvent paraître surréalistes, déconnectées de la réalité, de la "vraie vie" auquel cet homme aspire mais qu'il n'arrivera pas à accéder. N'ayant vécu qu'à travers la littérature, faire un pas vers l'autre se montre toujours difficile pour lui et il parait toujours en décalage avec ses pairs. Il ne sait pas ce qu'il veut vraiment, se laisse guider par les tumultes des soirées alcoolisées et de ses hallucinations pour ensuite arrêter net lorsqu'il commence à se lier à quelqu'un.

Ce personnage, comme le style d'écriture, m'a fasciné. Cet homme est loin d'être parfait, au contraire. Il est arrogant, colérique, égoïste, asociale. Mais il n'a pas peur de montrer ce qu'il est, avec toute la noirceur et la solitude qui le caractérise. Il gravite dans un univers ou le grotesque et le tragique se mêlent pour donner un résultat dramatique, voire glauque. Et ce glauque apporte étonnamment une certaine beauté à ce récit qui a ouvert à un nouveau genre littéraire, celui du souterrain ou underground, où tout ce qui restait caché est mis en lumière. Les fantasmes, les peurs, les déboires, les tabous de l'homme. Plus rien n'est alors dans l'ombre.
Lien : http://entournantlespages.bl..
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Ce petit roman, d'une centaine de pages, est parfois titré «L'esprit souterrain».

Finkielkraut, dans son excellent essai sur la littérature «Un coeur intelligent» le surnomme «L'enfer de l'amour-propre».
Cette oeuvre noire fait partie de la bibliothèque idéale du philosophe.

«Je suis un homme malade, je suis un homme méchant» prévient le narrateur dès la première phrase. Réfugié dans un sous-sol, un homme sans nom, petit fonctionnaire (s'agit-il de Dostoïevski lui même?) monologue, peste contre la nature humaine, le monde entier et... lui même.
Haineux, il rejette tout... jusqu'aux promesses de l'amour... Les pages qui relatent la relation tumultueuse et désespérante de notre «héros» avec une prostituée sont remarquables.
«(...) mais elle avait parfaitement compris que j'étais un monstre, un homme incapable de l'aimer (...) c'est sa présence qui m'était odieuse, insupportable. Je voulais qu'elle disparaisse. "La paix", je voulais ça; je voulais rester seul dans mon sous-sol. "La vie vivante", par manque d'habitude, elle m'avait écrasé tellement que j'avais du mal à respirer.»

Un roman dérangeant qui, parfois, nous renvoie notre propre image.
Un livre anarchiste, véritable manifeste, qui a sûrement inspiré Céline ou Camus.

Selon moi, un premier chef d'oeuvre nihiliste et déjà sartrien du maître russe!
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