Elfie, tome 5

Elle se demanda ce que serait sa vie à venir. Elle n’avait pas un sou devant elle, n’ayant pas su économiser. Tous les gages que King lui avait versés, ainsi que ceux que lui avaient rapporté ses articles avaient servi à acheter ses robes et les quelques bijoux qu’elle avait commandés à Pierre Pastel. Et pourtant, sa garde-robe n’était pas bien fournie. Mais elle continuait à grandir, son corps changeait, alors elle avait dû racheter une bonne partie de sa garde-robe. Elle pensait qu’elle n’avait pas su gérer son argent, alors qu’elle avait fait des miracles de gestion. La vérité était qu’Angus la payait juste assez pour paraître à la hauteur des salons dans lesquels ils évoluaient. Mais le seul constat qu’elle faisait était qu’elle n’avait pas plus d’argent que quand elle était partie de chez elle. Combien de temps le produit de la revente des parures de Pierre Pastel lui permettrait-il de la tenir à l’abri du besoin ? Combien coûtait la location d’une chambre ? Quel travail pouvait faire une femme quand elle était enceinte ? Quel employeur voudrait d’elle ?

J’ai pensé, un temps, quand j’étais jeune, élever ma voix pour un monde plus juste. Mais je ne suis pas une héroïne. J’ai revu mes idéaux à la baisse. J’essaie de ne pas être une trop mauvaise personne, et d’éduquer mon fils dans le respect des autres, qu’ils soient hommes ou femmes, et quels que soient leurs penchants. C’est moins glorieux mais c’est plus à ma mesure.

Elle s’assit sur le lit et prit un à un chaque livre, en lisant les titres sur les couvertures. Elle n’avait pas besoin de les ouvrir, elle les avait déjà tous lus et en connaissait les contenus. Aucun ne disait comment faire face à un chagrin irréversible.