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3,68

sur 1087 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Guérir était pourtant un mot merveilleux. Sans doute le plus beau de tous avec cesta punta. »

Jusqu'à pratiquement les trois-quarts du roman, je me suis demandé où l'auteur voulait m'entrainer mais sans jamais m'inquiéter tant Jean-Paul Dubois à la classe. Peu importe la destination, le voyage avec lui est inlassablement captivant et infiniment attachant, toujours parsemé d'anecdotes poignantes et drôles sans cesse pavé d'historiettes souvent instructives.

De Miami ou est sa vie à Toulouse berceau de sa jeunesse en passant par le pays basque sa région de coeur, le parcours de Paul est douloureux. D'abord par sa filiation autant exotique qu'atypique puis par sa profession de médecin qu'il a du mal à accepter et qu'il quittera pour réaliser son rêve, devenir sportif professionnel de pelote basque à la world Jaï-alaï Inc. de la torride Floride où il sera heureux mais exploité.

Finalement ce roman m'a touché plus que je ne l'aurais imaginé. Je me suis naturellement attaché à cet homme qui porte le poids de son ascendance et les défauts de son hérédité sans les considérer tout en souhaitant les fuir.

Dans quasiment chacune des phrases de ce roman l'humour est omniprésent mais dissimule avec une extrême pudeur l'amour sous toutes ses formes : L'amour filial absent et ses effets dévastateurs, l'amour de sa vie qui surgit « kvinnen i mit liv » en norvégien, l'amour sans détour d'un chien, l'amour d'un sport élégant et offensif porté au pinacle.

Cette histoire est attendrissante, cet homme est émouvant, la finale est particulièrement surprenante. Un véritable cocktail de sensibilité baigné d'une couche de sincérité et d'authenticité. de belles tranches de vie avec une portion funèbre.


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C'est mon premier Dubois : je ne peux pas vous dire si c'est un cru faisant exception. En revanche, ce que je peux vous dire, c'est que j'ai A-D-O-R-É. Je ne sais pas pourquoi, je m'attendais à quelque chose de plus classique : quelle fantaisie, quel humour et surtout quelle humanité ! J'ai ri, souri et même pleuré. Je suis FAN ! Pourquoi n'ai-je jamais lu un livre de cet auteur avant ? Mystère… C'est comme les chaussettes uniques et les clefs qui disparaissent et que l'on retrouve à l'endroit pile où l'on pensait les avoir posées… Mais je m'égare, revenons à notre livre.
Le narrateur, Paul Katrakilis est joueur professionnel de pelote basque au Jaï-alaï de Miami (parfois je me demande où les auteurs vont chercher tout ça…). Sa passion ? Propulser des balles à plus de 300 km/h sur un immense fronton. de formation, il est médecin, comme son arrière-grand-père, Spyridon, qui après avoir autopsié le cadavre de Staline, a fui l'URSS avec une lamelle du cerveau de ce dernier plongée dans 100 centilitres de formol ( !) et médecin comme son père, Adrian Katrakilis qui, dès les premiers beaux jours, donnait ses consultations en short, voire en slip et criait « strofinaccio » à tue-tête.
Quant à sa mère, elle vécut essentiellement collée à son jumeau Jules.
Tout ce petit monde se croisait sans trop se parler dans la maison commune et surtout, ils se sont TOUS suicidés.
Le narrateur considère qu'il a vécu dans une famille de cinglés, qu'il ne leur ressemble en rien et qu'il ne finira certainement pas comme eux, Dieu l'en préserve : « Enfant, je grandis donc devant Spyridon qui marinait devant sa tranche de cervelet, un père court vêtu vivant comme un célibataire, et une mère quasiment mariée à son propre frère qui aimait dormir contre sa soeur et devant les litanies de la télévision. Je ne savais pas ce que je faisais parmi ces gens-là et visiblement, eux non plus. »
Il va rentrer en France pour les obsèques du père et basta, il repartira bien vite.
Derrière certains de ces personnages hautement rocambolesques, drôles à souhait, à la limite de la folie et de l'absurde, se cachent des êtres fragiles, sensibles, extrêmement humains qui m'ont bouleversée.
Si Dubois s'amuse à nous balader avec un immense plaisir de conteur dans des histoires un peu folles, s'aventurant dans des digressions et ouvrant par là-même cent mille romans possibles, cent mille pistes qu'il exploitera peut-être plus tard (on imagine qu'il doit avoir chez lui des tiroirs entiers remplis de débuts de romans), son propos demeure grave : il est question de la perte, des liens familiaux, de ce dont on hérite ou pas (qu'on le veuille ou non), il est question d'amour, d'amitié et de solitude, de ce que sont les gens vraiment, je veux dire, au-delà des apparences. C'est beau, sensible, tendre, plein d'humour désespéré et profondément humain.
Un livre qui, sous ses apparences de légèreté, touche au tragique de l'homme.
Un GRAND, GRAND coup de coeur…

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Pour une fois ça va être simple : dans ce bouquin j'ai tout aimé !
Et quand je dis tout, c'est tout !

Entre autres et dans le désordre : l'humour un peu désabusé du narrateur, sa famille loufoque aux mille anecdotes tragico-comiques, sa passion insolite pour la pelote basque, le sauvetage du chien Walter, la violente dichotomie entre le bonheur immaculé des premiers chapitres et la dégringolade qui suivra, l'exotisme des mots "Jalaï Alaï" et "cesta punta", le style alerte de Jean-Paul Dubois (que j'avoue honteusement découvrir ici, m'enfin mieux vaut tard que jamais...), l'originalité de son sujet, sa façon décalée de relater une histoire d'amour improbable ou une reconversion professionnelle forcée, la lutte du héros pour échapper à son destin, sa vision de la vie, mais aussi celle de la mort et de la maladie, l'émotion qui enrobe le tout et les inévitables questionnements qu'elle induit...
Stop.

Étirer à l'infini cette énumération maladroite et lourdingue, ce n'est pas rendre justice à la finesse du roman qui, servi par une écriture toujours juste, allie profondeur et légèreté, et transporte le lecteur dans une histoire de famille à la fois terrible (pensez donc, quatre suicides !), absurde, et impossible à résumer.

A la demande générale (de mon chat), je vous la fais brève : Paul, joueur professionnel de pelote basque, s'est exilé à Miami - où ce sport est apparemment très prisé - pour fuir un environnement familial agité (Paul parle plutôt de "grand barnum pathogène" !).
Hélas, à la mort de son docteur de père, il se voit contraint de revenir à Toulouse et de reprendre temporairement le cabinet médical. Débute alors une période plus sombre où Paul, en "médecin malgré lui", se heurte à la maladie, à la souffrance et au deuil. Il réalise que la malédiction qui s'est jadis abattue sur les siens est peut-être en passe de l'atteindre à son tour, et avec lui le lecteur s'interroge. Sommes-nous prédestinés ? Connaît-on jamais suffisamment ses proches ? Est-il permis de changer de vie pour échapper à la fatalité ?
Autant de questions graves et pertinentes, abordées ici avec une véritable maestria et une drôlerie décontractée.
Bref, un sans-faute !
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Cette maison, "qui donnait l'impression de porter un deuil minéral, d'émettre dans la fréquence des ténèbres.p121", cette maison, Jean-Paul Dubois l'esquive et sans cesse la fuit, la met « en orbite ».

Est-ce la sienne cette maison en plein coeur de Toulouse, il n'en est pas si sûr, des morts l'habitent encore, certains lits froissés, certains meubles attendent l'arrivée de quelqu'un mais jamais lui. Il en est sûr.

Et quand il y habitait, il avait cette impression de transparence, de ne pas être reconnu, sa maman le prenait rarement dans ses bras, la pendule de la tendresse était depuis longtemps arrêtée, en panne.
La tendresse n'était pas une priorité pour ces horlogers, les Gallieni, sa maman Anna, et son Oncle Jules semblaient, eux, mettre au point l'heure dernière.

Pourquoi parler de succession, même si son père médecin, lui avait imposé des études en médecine, ses goûts étaient ailleurs.
La découverte de la pelote basque, puis son entrée dans le Jaï-Alaï de Miami lui ouvre quatre années prodigieuses. Si loin de Toulouse il ne se doutait pas que ses gènes allaient le rattraper, et que son père Adrian Katrakilis viendrait lui rappeler une famille.

La succession, mais laquelle ? Quand "Ceux-là même qui m'engageait tant à leur ressembler, s'étaient donné la mort. le dernier juste après avoir franchi la barre de 77777 miles avec sa Triumph." p 30.

Il ne reste rien ou si peu.

En réalité, la découverte de deux carnets soigneusement annotés, va bouleverser sa vie. Il y a du Modiano dans la façon de donner du sens aux détails qui font son histoire.
Le soin avec lequel son père consignait certains faits, rend la découverte glaçante.

Et voilà que l'autre est réapparu !

Il ne sera plus le même ou peut être le successeur, méticuleux d'une famille qui s'était donné pour modèle la famille Hémingway, six suicides, le décompte n'y était pas, pas encore.

Ce récit de Jean-Paul Dubois résonne comme un cri, comme celui poussé à la dernière page, un cri de noirceur et de désespoir, l'amour qu'il avait enfin touché le fuit douloureusement, sa très belle Lunde, rose immarcescible se fanera.

Deux mondes se font face en Floride celui de l'amitié et de l'amour, à Toulouse celui des souvenirs, des légendes familiales et des morts. Ce jeu subtil Jean-Paul Dubois le poussera jusqu'à l'absurde, ses racines, son arbre de vie portent le deuil, dans l'indifférence des rescapés, comme son père, les Katrakilis et les Gallieni sont des artistes, ils savaient mourir à n'en plus finir.

On touche aussi au sublime dans cet amour si fort et si désintéressé pour Lunde.
L'amitié omniprésente, guide l'optimisme de deux amis, Paul et Epifanio, inséparables, Epifanio toujours là aux coté de Paul quels que soient leurs avatars, les grèves comme leurs triomphes.

L'absurde baigne, irrigue le roman, l'abreuve et lui donne ses plus belles répliques, comme : 'Je vomissais avec l'application et la constance d'un Anglais en vacances"  Watson son chien, l'autre inséparable ami, n'est pas en reste, « il avait plus d'élan vital que tous les Katrakilis réunis. »p38
La famille est en ébullition permanente dans cette maison de fou, le vieux en slip ne laisse rien paraître, le soir de la mort de sa femme, il dînait, et pris sa part de fromage Bethmale affiné. Et pourquoi avoir annoncé sa mort sous la forme d'un rébus d'équations factorielles !

Ce livre est un nouveau bijou, un langage raffiné comme la cuisine de Lunde, qui sert un récit d'une funeste âpreté, peut-on aller plus loin encore dans la douleur avec une telle retenue ?
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J'ai découvert Jean-Paul Dubois avec Une vie française, et souscris à cette phrase de la 4ème de couverture :
« Cette vie française, à laquelle chacun peut s'identifier, est inscrite dans une Histoire en marche et subit le monde autant qu'elle le construit. »
J'ai retrouvé dans Succession les mêmes qualités : nostalgie pragmatique, romantisme amer, bonheur fugitif, réalisme sans concession, atavisme refoulé.
Un roman qui se lit d'une seule traite, même si très vite on voit où il va se terminer.
Jean-Paul Dubois retrace la vie de son personnage dans une trajectoire à laquelle il croit pouvoir échapper. Paul Katrikilis ne sera pas médecin comme son père. Il a plus en commun avec sa mère. Il se dédie à devenir champion de pelote basque à Miami. Mais le destin, le hasard, la providence en ont décidé autrement.
Comme Paul Blik d'une vie française dont le frère meurt brutalement, le jour où la France entérine la Vᵉ République, Paul Ackerman qui se lève tous les matins à midi, Paul Miller qui s'est coupé du monde.
après le suicide de sa femme, Paul Tanner à qui ses artisans reprochent de trop plaisanter avec les confréries du bâtiment, Paul Sneijder l'unique survivant d'un accident d'ascenseur dans lequel sa fille est morte, Paul Stern l'anti-héros hollywoodien, Paul Hasselbank perdu dans le grand nord canadien, Paul Klein mari délaissé, amant fatigué, météorologue désabusé et interné volontaire dans un hôpital psychiatrique de Jérusalem, Paul Siegelman confronté à la mort de sa mère, aux acrobaties financières de son père, à ses relations tumultueuses avec les femmes, Paul Osterman, quarante-trois ans, arrête de travailler pour se consacrer à sa névrose et à sa dépression, Paul Katrikilis va assurer la succession de son père, avec tout ce qui l'accompagne…mais j'en ai déjà trop dit…
Une question me hante maintenant, pourquoi Jean-Paul Dubois prénomme-t-il tous ses héros, Paul ?
Si l'un des 126 chroniqueurs qui m'ont précédé le sait, qu'il me fasse parvenir la réponse au plus vite.
Merci. N'oubliez pas de lire Jean-Paul Dubois.
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Jean-Paul Dubois, toujours aussi désabusé, nous entraine sur les pas de Paul qui a mis entre lui et sa famille toute la distance qu'il a pu: l'éloignement (Miami-Toulouse), la différence de cadre de vie (vie chiche contre confort bourgeois), l'écart de statut social (médecin / Pelotari), ... Et pourtant il n'échappera pas au destin de sa famille jusqu'à ressembler au père qu'il détestait. le ton du roman teinté d'un humour parfois caustique fait accepter ce terrible fatalisme.
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La pelote basque, la médecine, les voitures, l'amour et… le suicide. Dans La succession, Jean-Paul Dubois nous lance dans une histoire familiale assez rocambolesque, racontée par Paul Katrakalis, celui qui se verra contraint de prendre cette fameuse succession, succession d'un père qui a mis fin à ses jours, comme sa mère, son oncle, son grand-père… Une habitude morbide et désespérante.

Un fois cela mis en place, il faut raconter et tenir son lecteur en haleine. Cela, Jean-Paul Dubois le fait très bien avec une précision dans la documentation impressionnante tant dans le sport, les voitures que la médecine. Il alterne son récit entre la Floride, à Miami, où la pelote basque est utilisée au maximum pour rapporter de l'argent grâce aux paris, et Toulouse où réside la famille Katrakalis, sans oublier quelques incursions du côté d'Hendaye.
La saga familiale remonte au grand-père, Spyridon Katrakalis qui fut, paraît-il, médecin de Staline… On y croit ou pas. Ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est cette folie familiale qui ravage les cerveaux, côté Katrakalis comme du côté Gallieni, la famille de sa mère. D'ailleurs, Jules Gallieni, oncle de Paul, vit avec sa soeur comme mari et femme…
Les détails sur la pelote basque ne manquent pas avec ce jaï-alaï, le fronton long, où excelle le narrateur, remarqué au Pays basque et recruté pour aller jouer à Miami où il noue une profonde amitié avec Joey Epifanio. Il sauve aussi un chien de la noyade, à bord de son petit bateau et le nomme Watson. Ce chien devient un compagnon essentiel juste avant qu'il rencontre l'amour dans l'hôtel où il est contraint de travailler alors qu'une grève très dure oppose les joueurs à ceux qui les exploitent.
Cet amour avec Ingrid Lunde, d'origine norvégienne, la directrice de l'hôtel, est un moment de grâce dans la vie de Paul : « Si les saintes existaient, elles auraient cette carnation… Et j'admirais la Norvège, dans cette étendue et sa splendeur, et cette femme de 58 ans me semblait chaque soir plus belle, plus attirante, plus désirable, plus subtile. » Hélas, au bout de deux mois, Ingrid arrête tout et licencie Paul mais on ne comprendra que plus tard.
Médecin était son père, médecin est devenu Paul qui avait mis entre parenthèses sa profession pour jouer à la pelote basque. Les aléas de la vie l'obligent à rentrer à Toulouse, à replonger dans les méandres familiaux et à découvrir enfin qui était son père en interrogeant celui qui était son meilleur ami : « Comme un enfant qui découvrait un monde inconnu, illisible à ses yeux, j'avais désormais des questions à poser à celui qui les avait suscitées. »
C'est un peu tard mais cela ouvre alors le livre sur un thème non abordé jusque-là : la fin de vie. Quelle succession ! « Il aurait dû me préparer à affronter la nuit que j'allais traverser. » Rongé par « les vers xylophages qui » lui « vrillaient maintenant l'esprit nuit et jour… », Paul ne peut que rester dans la logique familiale.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Un livre d'une grande qualité d'écriture qui parle de famille, de l'amour , du destin, de la mort , des objets , des maisons , des peurs, de la solitude, .........de la vie en fait , j'ai l'impression une fois fini ce livre que je vais avoir hâte de le relire et que j'y découvrirai encore d'autres aspects ; 180 pages de bonheur de littératude comme quoi ce n'est pas la quantité qui apporte de la qualité , un grand merci Mr Dubois et donc à très bientôt.
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Hérédité, succession. Rien que de les lire, voici des mots qui pèsent sur les épaules, qui plombent l'ambiance direct, même l'air devient matière et se bloque quelque part au niveau de la gorge. Vous voyez ce que je veux dire ? Moi je vois très bien.
Bon après c'est sûr, ça dépend dans quels chaussons il va falloir rentrer, y'en a pour qui c'est nettement plus facile…
Pour les autres… ben pour les autres… Une question : pourquoi on ne peut pas tout simplement naître les mains dans les poches, voyager à vide et s'envoler léger, pareil, les mains dans les poches et fingers in the nose ?
Ben parce que. Voilà, désolée, je n'ai pas de meilleure réponse en rayon, va falloir faire avec.
S'envoler d'ailleurs c'est de circonstance à propos de ce livre dans lequel nous assistons - impuissants - à plusieurs décollages, avec ou sans scotch. Ce mot pouvant être compris de différentes manières je vais laisser chacun choisir son camp entre la boisson ambrée ou le ruban adhésif (moi j'ai choisi, de toutes manières je préfère la patafix, si possible dans sa version blanche, ça laisse les murs propres).

Paul Katrakilis (le type dans le livre) est super bien servi niveau hérédité, au poker il pourrait tenter le carré d'as voire la quinte royale - et sans bluffer en plus. Comme quoi, même avec de supers cartes en main on n'a pas l'assurance de gagner. Ou alors ça laisse songeur en ce qui concerne le lot. N'importe comment Paul ne joue pas au poker mais à la cesta punta. Ouais c'est bon, baissez-moi ces sourcils interrogateurs, moi non plus je n'avais jamais entendu ce nom avant (ô inculte que je suis). Ça a à voir avec la pelote basque (et tout le monde sait que les basques parlent bizarrement hein ^^). Mais pas de panique, même si on n'est pas spécialiste, on arrive à suivre, c'est technique juste ce qu'il faut pour donner envie de s'intéresser au sujet. D'ailleurs un jour j'irai au Pays Basque - plusieurs jours même j'espère - et j'irai voir de quoi il retourne. Bref on s'en fiche, ce n'est pas le sujet.

Ce Paul donc, au lieu de jouer au poker où il aurait pu gagner (ou pas, en même temps life is a bitch ne l'oublions pas) essaye de rompre avec l'hérédité en se défonçant avec un gant en osier dans un jaï-alaï (allez jeter un oeil sur wiki pour visualiser le truc, ça aide). Et pendant un moment, ça marche. Pendant quatre ans il parvient à tromper l'ennemi et à vivre une vie de son choix. Pas forcément de rêve, mais de son choix, ce qui est le plus important au final. Quatre ans. Eh oui, c'est court (mais en même temps c'est mieux que rien non, j'ai envie de dire avec cet indécrottable optimisme qui me caractérise).
Et après ? Ben après il est rattrapé par la patrouille… Vous vous imaginiez quoi ? Hérédité et succession, on y revient toujours.

Donc voilà, la succession, c'est du lourd. Mais on était prévenu, il suffisait de lire le titre. Ce n'est pas une raison cependant pour s'arrêter au titre, vous pouvez lire le livre quand même, car Jean-Paul Dubois a beaucoup d'élégance dans son spleen et un cynisme à la hauteur de l'existentielle question de la vie. Belle construction dans la déconstruction en plus, force est de le reconnaître, j'ai bien fait de miser et maintenant je vous laisse, les jeux sont faits... (promis la prochaine fois j'utilise des termes de pelote basque mais faut d'abord que j'aille y faire un tour).
Lien : https://tracesdelire.blogspo..
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Ils ne sont finalement pas très nombreux ces romanciers dont on attend avec impatience le nouvel opus, avec la certitude que l'on prendra à chaque fois beaucoup de plaisir à les lire. Jean-Paul Dubois fait partie de cette catégorie et «La succession» ne déroge pas à la règle. Après «Le cas Sneijder», voici donc le cas Katrakilis, qui comme dans presque tous les romans de l'auteur se prénomme Paul.
Depuis plusieurs générations, la famille Katrakilis s'adonne à un passe-temps peu joyeux, le suicide. Quand Paul, le narrateur de ce délicieux roman, reçoit un courrier sibyllin de son père, composé d'une photo de sa voiture américaine et du compteur kilométrique marquant 77777, il ne sait pas encore qu'il est le dernier survivant de la dynastie. Car Paul vit en Floride et n'a quasiment plus aucun contact avec son géniteur.
Après des études – réussies – de médecine, ce Toulousain a en effet choisir de s'exiler aux Etats-Unis pour y pratiquer une variante de la pelote basque au Jaï-alaï de Miami. de 1983 à 1987, il passera les plus belles années de sa vie, sorte de parenthèse enchantée jusqu'à l'annonce du suicide paternel et son retour en France pour s'occuper des obsèques et de la succession.
Un voyage qu'il effectuera en compagnie de Watson, le chien qu'il a sauvé de la noyade entre Miami et Miami Beach, nageant au milieu de nulle part.
À Toulouse, il hérite de la grande maison familiale, dont on ne saura jamais vraiment avec quel argent elle aura été payée par le grand-père Spyridon, fuyant la purge post-stalinienne après avoir été l'un des médecins du leader communiste. Une maison bien trop grande pour un homme seul, d'autant qu'elle est «chargée» de l'histoire familiale et de tant de drames. Après le grand-père, c'est l'oncle qui, au volant d'une moto Ariel 1000 centimètres cubes, choisira de foncer contre un mur le 9 mai 1981, veille de l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir. Il avait 50 ans et vivait aux côtés de sa soeur, la mère de Paul, dans la grande demeure. Cette dernière ne supportera pas cette absence et choisira de la rejoindre dans la mort deux mois plus tard.
On comprendra dès lors que Paul n'a qu'une envie, c'est de repartir en Floride pour oublier ce poids du passé, même si le portrait que l'on dresse alors de son père est autrement plus sympathique que l'image qu'il en avait conservé.
Seulement voilà, à Miami, les joueurs de pelote revendiquent de meilleurs salaires, créent un syndicat et se mettent en grève. Paul doit rapidement trouver du travail pour subvenir à ses besoins, fussent-ils modestes.
Engagé au Wolfie's, il va faire tomber amoureuse de la patronne, une norvégienne de 25 ans son aînée qui répond au doux nom de Ingvild Lunde. Mais leur liaison s'arrêtera presque aussi vite qu'elle a commencé et il se retrouvera alors sans autre alternative que de retourner en France et reprendre le cabinet de son père.
«Il ne faut jamais son tromper de vie. Il n'y a pas de marche arrière.» lui avait enseigné son oncle. Si cette phrase l'a sans doute envoyé à Miami, elle continuera à le hanter. Echappera-t-il à la fatalité ? Réussira-t-il à briser la malédiction des Katrakilis ? A vous de le découvrir…
La Succession est pour moi l'un des plus beaux romans de Jean-Paul Dubois, celui dont la petite musique résonne le plus à mon oreille. Pourquoi ne serait-il pas celui de la consécration pour cette plume aussi attachante qu'érudite, parvenant avec tant de délicatesse à mettre du loufoque dans le tragique et de la mélancolie dans la gaieté.

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