Après un premier voyage où il s'était rendu chez les Kurdes de Syrie et avait alors publié
Kobane Calling, Zerocalcare fait une deuxième expédition dans cette région du monde, côté irakien cette fois-ci, chez les Ezidis. Quelques années après avoir subit les violences génocidaires de Daesh, le peuple Ezidi s'est octroyé une certaine autonomie, à la manière des Kurdes, en s'émancipant d'un pouvoir central incapable de les défendre. Ce n'est pas sans créer des tensions dont ils ne font que subir la violence. le voyage s'avère un périple dangereux, Zerocalcare raconte avec beaucoup d'humour, avec son ton désinvolte habituel, cette expédition assez glaçante.
Il s'attarde assez longtemps sur le trajet pour se rendre de Suleymanya à Shengal. On apprend assez peu de choses sur les Ezidis dans cette partie, mais beaucoup sur les tensions et la répression dans ce pays, avec les hommes en armes à tous les coins de rue et l'ingérence lamentable des Turcs. Dans la deuxième partie, on découvre la situation à Shengal. On apprend peut-être pas grand chose sur la géopolitique, tout ce que l'on sait, c'est que ce sont les peuples qui en subissent les frais.
Ce récit fait froid dans le dos, il a le mérite de faire parler de ce peuple, des méthodes politiques en cours dans cette région du monde, et des lâchetés occidentales. le ton humoristique de Zerocalcare est assez désabusé, mais salvateur , il permet de rendre cette lecture un peu moins pesante sans pour autant tomber dans la légèreté. Si le ton est en effet désabusé, cette lecture garde une petite place à l'espoir.
À nouveau, Zerocalcare nous raconte avec talent le destin d'un peuple en lutte dans un récit touchant et nécessaire.